Chapitre 38



Une heure et demi venait de s'écouler et il n'était toujours pas de retour.

Rosa refoula ses larmes en refusant de craquer devant sa tante.

Toutes ses affaires étaient à l'étage. Son ordinateur portable était resté allumé. Rosa était persuadé qu'il avait eu une bonne raison de partir précipitamment. Du moins elle essayait de s'en convaincre.

Le ventre noué, elle posa ses mains sur sa tête et tenta de recouvrer son calme.

La pluie redoublait d'intensité. Sa tante guettait à la fenêtre en tricotant. Romuald garda le silence à son plus grand désarroi.

- Je suis certaine qu'il avait une bonne raison de partir. Insista Rosa en essayant de rassembler ses forces pour se lever du fauteuil.

- Évidemment. S'empressa de dire Romuald en mettant une bûche dans la cheminée.

Les mains moites, Rosa arpentait la salle à manger en fixant le sol. Son cœur se serra douloureuse à l'idée qu'il est pu envisager de la quitter là, ce soir, sans une explication.

- Mon dieu...murmura-t-elle le visage crispé.

- Il est là ! Ça y est je le vois ! S'écria Ida en bondissant de sa chaise.

Au lieu de se précipiter à la fenêtre pour être sûre que sa tante n'avait pas rêvé, Rosa essuya ses larmes rapidement avant d'entendre la porte claquer.

Émergeant du hall d'entrée trempé de la tête aux pieds, il chercha son regard tout en retirant son manteau.

- Où étais-tu ? Demanda-t-elle d'une voix tremblante.

- Monte avec moi, je dois te parler.

Sa voix sérieuse ne présageait rien de bon. Rosa monta à l'étage alors qu'il s'excusait après de sa tante et de son mari puis ses pas terrifiants montèrent l'étage supérieur.

Une fois la porte refermée, Rosa explosa.

- Où étais-tu ! J'ai cru que..n

- Que quoi ? Que j'allais te quitter ?

- Oui !

Au lieu d'en être choqué, il déballa un sachet les sourcils légèrement plissés.

- J'étais à la pharmacie. Expliqua l'homme d'un ton égal, ça m'a pris du temps à en trouver une.

Il lui tendit une boîte d'un geste pressé.

- Tiens, va le faire maintenant qu'on soit fixé.

Eberluée, Rosa prit la boîte et hoqueta.

- Un test de grossesse ? Mais pourquoi ?

Il se passa un main nerveuse dans ses cheveux trempés.

- Parce que je veux savoir si tu es enceinte ou pas et maintenant. Dit-il d'une voix inflexible.

Déroutée, Rosa cilla.

- Qu'est-ce qui te fais croire que je suis enceinte enfin !

- Va faire le test Rosa. Fit-il complément indifférent à ce qu'elle pouvait bien lui dire.

Abasourdie, Rosa s'enferma dans les toilettes mais c'est sans compter sur la détermination de son amant qu'elle comprit qu'elle allait devoir ouvrir la porte et sur-le-champ.

- Tiens ! Te voilà soulagé ? Lança-t-elle sèchement en lui plaquant le test sur le torse.

- Pas encore.

- Mais enfin qu'est-ce qui te prends Izar tu es tombé fou ?

- La veille de noël nous avons fait l'amour sans protection, et selon mes calculs tu es probablement enceinte.

Fixé sur le test et la notice il ne se donna même pas la peine de la regarder.

Enceinte ?

Rosa avait-elle envisagé un jour avoir un bébé avec lui ?

Évidemment ! Même dix !

Mais visiblement, Izar Darcy n'était pas dans le même état qu'elle à l'idée d'avoir des enfants avec elle.

Trois minutes plus tard, il se leva en posant le test sur la table.

- Tu es enceinte. Murmura-t-il l'air abattu par la nouvelle. Je viens de gâcher ta vie.

Rosa le gifla puis alla s'enfermer dans la salle de bains.

- Rosa ouvre immédiatement la porte !

- Non ! Va-t'en d'ici !

- Je ne voulais pas dire ça...

- Et pourtant tu l'as dit ! Riposta Rosa en s'asseyant au bord de la baignoire.

Enceinte ? Elle était enceinte ?

Rosa mit plusieurs secondes à réaliser en portant une main sur son front.

Seigneur !

- Je m'en veux, j'ai l'impression de t'arracher à tes rêves. Déclara-t-il de l'autre côté de la porte.

L'esprit de Rosa tournait à cent à l'heure.

- Pourquoi dis-tu une chose aussi stupide ? Dit-elle enfin toujours en colère.

Rosa attendit dans un supplice insupportable qu'il réponde.

- Parce que le soir de noël, j'ai délibérément oublié de me protéger, j'ai l'impression d'avoir été égoïste.

Rosa se leva au ralentit tout en fixant la porte d'un air perplexe.

- Tu veux un bébé ? Demanda-t-elle d'une voix hésitante.

- Évidemment que je veux un bébé espèce d'idiote ! Ouvre-moi la porte maintenant que l'on puisse discuter.

Rosa hésita un moment avant de déverrouiller la porte. Il ne tarda pas à entrer dans la salle de bains.

- Tu ne t'ais pas protéger parce que tu voulais un bébé avec moi ?

- Oui, avoua-t-il d'un soupir. J'ai perdu la tête, je t'ai vu là dans ce lit, nue, tu venais de réchapper à un incendie et j'ai songé ce que serais ma vie avec toi et un bébé et je n'ai pas réfléchi.

Rosa en resta muette mais néanmoins touchée qu'il lui témoigne son regret.

Mais pouvait-on parler d'un regret ?

- Et puis il y a eu Stacy. Reprit-il en se frottant la nuque l'air bouleversé. Quand elle t'a annoncé sa grossesse j'étais jaloux.

- Jaloux ?

- Oui ! S'écria-t-il en sortant de la salle de bains. Jaloux d'elle, jaloux d'Anton, jaloux de ne pas ressentir toute cette joie.

- Et là ? Au lieu d'être heureux tu dis que tu as gâché ma vie drôle de sentiment non ? Dit-elle pince-sans-rire.

Il attrapa la serviette qu'elle lui tendait et essuya son visage trempé.

Il resta pensif, le regard impassible alors qu'elle mourrait de l'entendre parler.

- Tu as vingt-trois ans et je sais que tu désires suivre des cours de dessins, je...

- Et tu penses sincèrement que c'est cette éventualité de prendre des cours va m'empêcher d'avoir un enfant. S'indigna Rosa en riant avec incrédulité. Tu ne crois pas que tu réagis comme un homme des années cinquante ?

Comme il ne répondit rien, Rosa se claqua les hanches.

- Avant de te rencontrer j'étais indépendante, et je le suis toujours, avec ou sans toi je sais que je peux concilier un bébé et....

- Tu as abandonné ta boutique pour moi, coupa-t-il sèchement comme s'il s'en voulait à lui-même.

- Je ne l'ai pas quitté, elle est fermé c'est différent. Rectifia Rosa en refusant catégoriquement qu'il utilise ça comme un moyen de se fustiger.

- Depuis que je t'ai fait venir à cette soirée j'ai l'impression de t'avoir coupé de ta vie d'avant.

Rosa s'approcha le visage empli de tristesse alors qu'il n'avait pas bouger.

Seuls ses yeux se baissèrent.

Ses mâchoires étaient serrée.

- Avant toi ma vie me terrifiait. Murmura-t-elle les larmes aux yeux. Aujourd'hui je ne peux plus mettre un pas devant l'autre sans avoir peur que tout ce que je vis...

Rosa ne parvenait même pas à terminer sa phrase.

Tourmenté, Izar la dévisagea. Ses yeux céruléen n'étaient plus que deux abîmes de désespoir.

Izar déglutit et posa sa main sur sa joue mouillée.

- Rosa...je...

- Je t'aime Izar.

Il ferma les yeux avec un souffle erratique.

- Depuis sept ans. Ajouta la jeune femme avec un sourire timide. Je suis éperdument amoureux de toi Izar Darcy.

Incapable de prononcer le moindre mot, Izar sentit une larme rouler sur sa joue.

Il était temps pour lui de dépasser sa peur.

- Je t'aime depuis ce soir d'été. J'ai dû user de tous les moyens possibles pour te faire revenir et je suis désolé d'avoir mis autant de temps à me rendre compte que c'était toi et personne d'autre.

Rosa faillit défaillir quand il prit possession de ses lèvres en la soulevant dans ses bras.

Rosa aurait tout donné pour que cet instant dure à jamais.

Mais son téléphone sonna et mit fin à tout espoir de le poursuivre.

- Allo ! Dit-il d'une voix âpres.

Rosa vit son expression changer la seconde suivant.

- Vous pouvez répéter !

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