Chapitre 35
- Tu reconnais ? Lui souffla-t-il à l'oreille.
Après quelques heures de vol, Rosa n'avait pas arrêté de poser des questions jusqu'à le rendre incapable de se concentrer sur son travail.
Il n'avait pas craqué, et Rosa sentit des larmes de joies lui monter aux yeux.
Une émotion indicible l'empêcha de parler.
- Izar, souffla-t-elle en posant ses mains sur ses joues.
- Tu es heureuse ? Ta tante éloignée a hâte de te voir.
Elle se jeta dans ses bras et il la souleva sans attendre en plongeant sa main dans ses cheveux.
Submergée par l'émotion alors qu'une brise de vent glacial venait de les fouetter, Rosa l'embrassa en figea ses lèvres sur les siennes pour faire durer ce moment.
- Bienvenue au Pays de Galles ma chérie. Murmura-t-il en caressant sa joue de son pouce.
- Bienvenu dans mon monde.
Elle retomba à terre et prit sa valise en la tirant vers elle.
Izar éclata de rire en la voyant s'enfoncer dans la terre boueuse.
- Un coup de main peut-être ?
Rosa adorait ce pays. Mais la verdure magnifique avait quelques petites défauts.
- Si tu m'avais dit la destination j'aurais mis des bottes ! Se défendit-elle en levant le menton.
Izar l'aida à sortir du chemin boueux et lui prit sa valise.
- Je n'en reviens pas que ma tante Ida t'ait parlé au téléphone.
Izar grimaça.
- Au début si, mais quand je lui ai dit que j'étais Izar Darcy elle a fait un malaise et c'est son mari qui m'a prit au téléphone.
Rosa écarquilla les yeux.
- Rassure-toi elle va bien. S'empressa-t-il de rajouter. Elle est pressée de te voir.
Izar sentit une émotion envelopper son cœur en regardant Rosa sourire radieusement. Aucun garde, aucune voiture blindée, personne ne savais réellement où ils se trouvaient.
Longtemps, Izar s'était demandé ce que ça faisait d'être un homme normal. Aujourd'hui, il allait le découvrir.
- J'étais tellement persuadé que tu allais m'emmener sur une île paradisiaque. Dit-elle en prenant son temps pour contempler la mer qui bordait les immenses falaises.
Pour plus tard, songea Izar intérieurement en se promettant à cet instant précis qu'il n'échangerait sa vie pour rien au monde.
Au loin, une maison s'écartait volontairement des autres et un petit chemin bordait les allées verdoyantes.
Il aperçut aussitôt une femme agiter sa main.
- Ici ma chérie ! Héla Ida en parcourant le chemin les bras tendus vers eux.
Izar dut se séparer de la jeune femme pour la laisser retrouver sa tante.
- Tante Ida ! S'écria Rosa en l'enlaçant contre elle.
Leur retrouvaille était si fort qu'il resta en retrait un moment pour les laisser savourer.
- Oh ma chérie ! Tu as tellement changé ! S'exclama Ida en l'admirant.
- Ida je te présent Izar Darcy.
Il s'approcha et lui tendit sa main.
- Bonjour madame.
Toute étourdie, Ida le regardait la bouche ouverte, complètement rêveuse.
- Bo...bonjour votre seigneur de...comte.
Rosa mit sa main devant sa bouche pour se retenir de rire.
- Appelez-moi Izar ça sera plus simple.
Avec un rire nerveux, les joues écarlate, elle lissa son tablier.
- Enchanté Izar, c'est un honneur de faire votre connaissance.
Izar tourna son regard vers Rosa dont les cheveux cachaient son visage à cause du vent et lui prit le coude.
- Et si on rentrait ? Proposa-t-il en posant ses phalanges sur la joue gelée de sa belle irlandaise transis de froid.
- Oui ne restons pas là ! Venez vous mettre au chaud.
Il empoigna les deux valises et suivit Rosa dans la chaleureuse maison montée sur trois étages. Elle était certes petite, mais très conviviale et si l'espace lui parut restreint au départ à cause de sa grande taille, Izar souffla de soulagement en passant la poutre en bois.
Le plafond voûté fait uniquement de bois, donnait la possibilité d'avoir vu sur l'étage supérieur.
- Votre maison est très belle madame.
- Merci, je...oh mon dieu cette situation est si improbable que je ne trouve même plus le chemin de la cuisine.
Ils partirent dans un rire de concert en regardant Ida cherchait son chemin.
Une fois seul avec Rosa, il combla l'espace qui les séparé et lui retira son manteau.
- Ces quelques jours vont nous permettre de nous retrouver rien que nous et personne d'autre.
Ses yeux se mirent à briller.
- Romuald je te présente le comte d'Angleterre.
À la voix d'Ida, leur moment fut coupé. Le mari de sa tante entra dans le salon et lorsque les salutations furent terminées, Ida leur montra leur chambre.
- Elle est parfaite. Dis Izar en posant les valises.
De nouveaux seuls, Rosa ne put contenir l'émotion grandissante qui l'envahissait chaque seconde un peu plus et laissa quelques larmes couler sur ses joues en s'approchant de la fenêtre qui donnait sur les falaises.
- J'ai tant de souvenirs ici.
Il se mit derrière elle et lui caressa les bras.
Rosa replongea des années en arrière en se souvenant avoir tenu, ici même, un journal intime dans lequel chacun de ses secrets y étaient renfermés.
Un en particulier.
Et il se tenait juste derrière elle.
Pouvait-on accéder à autant de bonheur en si peu de temps ?
Il déposa un baiser sur le sommet de sa tête.
- As-tu envie de peindre aujourd'hui ? Questionna-t-il en allait sortir son matériel.
Rosa vit dans son regard sérieux qu'il désirait à tout prix refaire naître son talent. Elle ne se sentait pas tout à fait prête et décida d'atténuer au mieux la déception qui allait suivre.
- Peut-être demain, aujourd'hui je veux profiter de toi, de ma tante et de Romuald.
- Tu ne pourras pas toujours te défiler ma belle, je veux te voir peindre, et tu ne partiras pas d'ici sans m'avoir montré de quoi tu es capable.
Depuis l'incendie, Rosa n'avait pas pu esquisser la moindre chose sur une toile. C'était idiot, mais elle avait la certitude que si elle se mettait à peindre, une autre catastrophe allait se produire.
Pourtant, Rosa n'était pas du genre superstitieuse.
Pour gagner du temps elle sortir la toile nue et la déposa contre le mur pour lui prouver qu'elle allait faire un effort.
- Je te promet que j'essayerais de peindre dès demain.
Il se contenta de plisser les yeux pour détecter si elle mentait.
- Va rejoindre ta tante, j'ai deux ou trois coup de fil à passer.
- Très bien, à tout à l'heure.
Il déposa un baiser à l'intérieur de sa paume et la laissa partir.
Rosa referma la porte et s'y adossa un moment pour remettre de l'ordre dans ses pensées.
Quelques minutes plus tard, elle s'était installée avec sa tante dans le salon et pensivement toucha le collier qu'elle avait autour du cou.
- Quel ravissant collier. Commenta sa tante en portant sa tasse de thé à ses lèvres.
Rosa sortit de sa torpeur et se pencha pour lui montrer.
- C'est un cadeau d'Izar, Expliqua-t-elle en la laissant le toucher, depuis qu'il me l'a offert je ne le quitte plus.
Ida sourit et lui prit la main.
- Est-ce que tu l'aimes ?
Rosa s'attendait à cette question et y répondit avec le désespoir.
- Éperdument, je l'aime depuis le début, et ça me terrifie.
- Pourquoi ? Demanda-t-elle en fronçant des sourcils.
- Parce que j'ai peur que tout s'effondre, j'ai peur de devoir un jour me réveiller et me dire que tout n'était qu'un rêve.
- Allons, allons, s'exclama Ida en pressant sa main. Tu te fais trop de soucis ma chérie.
- Comment ne pas m'en faire, j'ai l'impression que l'on passe plus de temps à justifier nôtre histoire qu'à la vivre.
Rosa déglutit péniblement et ferma brièvement les yeux.
- Cesse de t'occuper des autres, tu es comme ta mère mon dieu ! Comme c'est troublant.
- Maman était comme ça ?
- Ta mère était fille de fermier, ton père un homme plus provincial. Elle a failli perde ton père en essayant de rassembler nos deux familles. Elle passait son temps à se justifier et un jour ton père est partit.
Rosa ouvrit de grand yeux ronds.
- Rassure-toi, il n'est pas partit bien longtemps, ajouta Ida en posant sa tasse de thé. L'amour a fini par triompher et ta mère à compris qu'elle devait vivre son histoire sans se préoccuper des autres. Au bout de quelques mois, tes grands-parents ont fini par comprendre qu'ils avaient commis un erreur et ils sont revenu d'eux-mêmes.
Rosa ravala ses larmes.
Cette histoire sur son passé lui fit un bien fou.
Elle sourit en pressant la main de sa tante.
- Sais-tu ce qu'il faut faire quand la vie te donne des citrons ?
Rosa renifla en cherchant la réponse.
- De la citronnade ? Éluda une voix grave derrière elles.
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