Chapitre 30



  - Tu es sûr que c'est une bonne idée Izar ?

Dans l'appartement luxueux et boisé, Rosa avait l'impression que les murs se refermaient sur elle.

Il alla jusqu'au bar et se servit un verre.

- Cet incendie n'a fait qu'accélérer les choses Rosa, expliqua-t-il en tirant sur son nœud papillon pour le jeter sur la table basse. Noël, ton noël est partit en fumé, Kelly a dû se douter qu'il y avait quelque chose de flagrant entre nous. Elle a sentie que la situation était en train de lui échapper.

Rosa s'entoura de ses bras en grimaçant. Depuis qu'ils avaient débuté leur relation, Rosa essayait de se persuader que cette vie merveilleuse qu'elle vivait n'avait rien de concret. Par peur de souffrir.

Cet incendie venait d'accélérer le déroulement des choses et en vain, Rosa tentait de se projeter dans l'avenir.

Est-ce que leur relation allait durer dans le temps ?

Rosa avait refusé de se bercer d'illusions.

- Izar je ne veux pas que tu te sentes obligé de te justifier auprès de la presse.

Il marcha dans sa direction avec un regard noir puis s'installa sur la première marche du petit escalier qui séparait le salon en deux.

- Je veux que tu viennes à moi.

Rosa se sentit avancer vers lui toute seule, incapable de résister à la tentation d'être près de lui.

Elle posa ses genoux sur la marche et il lui prit son visage en coupe.

- Il y a sept ans je me suis comporté comme un minable Rosa. Déclara-t-il le visage accablé par le remords. Je ne reproduirais pas la même erreur une seconde fois.

Rosa eut toute la peine du monde à respirer devant sa sincérité.

- En te cachant comme je le fais, je ne fais que t'humilier et ce n'est pas acceptable Rosa.

- Et Kelly ? Que va-t-il se passer ?

Il caressa son visage de ses pouces et resta pensif un moment.

- Je vais aller chez ses parents demain, très tôt et je lui dirais ce que va suivre.

Sa voix était dangereusement calme.

Rosa se redressa en passant un regard sur l'appartement et alla jusqu'à la baie vitrée qui donnait sur le panorama de Londres. Elle baissa le regard sur le trottoir.

Même d'aussi haut, elle pouvait distinguer les voitures et les journalistes campés devant l'immeuble.

- Izar ?

- Oui ?

Rosa croisa son regard dans le reflet de la vitre. La naissance de ses doigts vint se poser sur ses bras comme une légère caresse.

- J'ai crû que tout ça, que nôtre histoire n'était qu'un éphémère conte de fées. Est-ce que je me trompe ?

Il passa son bras sous son bras pour l'attirer à lui. Le dos plaqué contre son torse, il vint effleurer sa joue avec ses lèvres.

- Tu te trompes Rosa.

Elle ferma les yeux.

- J'ai fait des choses dans ma vie que je regrette amèrement mais toi, tu n'es ni une erreur, ni quelque chose d'éphémère.

Elle tourna la tête puis complètement et posa ses mains sur son torse.

- J'ai peur. Confia-t-elle en rejetant sa tête en arrière pour le regarder.

Il s'inclina et l'embrassa avec douceur et s'écarta de quelques centimètres pour plonger son regard dans ses yeux.

- Tu n'as plus rien à craindre avec moi Rosa, je te le promet.

Bouleversée par l'intégralité de cette soirée cauchemardesque, Rosa n'avait qu'une envie.

S'endormir dans ses bras et oublier qu'on était le 24 décembre.

Elle se hissa sur la pointe des pieds, et noua ses mains autour de sa nuque.

- Et pour le manoir ? Questionna-t-elle en plongeant ses doigts dans ses cheveux d'ébène.

- Ne t'en fais pas pour ça, j'ai déjà contacté mon architecte.

Il déposa ses lèvres sur son front puis la souleva par les fesses.

Rosa noua ses jambes autour de ses hanches et s'accrocha à son cou.

Son expression se modifia soudain.

- Je suis quand même en colère, tu n'aurais pas dû mettre ta vie en danger. Dit-il une lueur de mécontentement dans le regard.

- Mes parents, ce cadre est la seule chose qu'il me reste d'eux. Se défendit Rosa en posant un regard sur la photo de ses parents.

- Et si tu me l'avais dit, je serais partit le chercher. Riposta l'homme en montant les cinq marches tout en la serrant fermement contre lui...

Rosa prit conscience que sa folie de vouloir affronter le feu aurait pu lui coûter la vie.

- Tu m'as prouvé que tu n'avais pas peur, mais la prochaine fois montre-le-moi d'une autre manière.

Elle acquiesça et posa ses lèvres sur sa bouche ferme et dure. Cette expression de mécontentement s'effaça pour laisser place à une lueur de passion qui flamboyait au fond de ses yeux.

Sa main droite se glissa sur nuque et il l'obligea à poser sa tête contre son épaule.

- Comment un jour aussi important a pu se terminer d'une manière aussi si dramatique. Murmura-t-elle d'une voix presque inaudible.

- Je suis navré Rosa, je sais à quel point tu tenais à cette soirée, je sais à quel point tu aimes noël.

Rosa ferma les yeux pour retenir les petites larmes au creux de ses paupières.

Izar déposa la jeune femme sur le lit et remarqua à travers les faibles lueurs de la lampe de chevet que la jeune femme s'était presque endormie.

Il balaya ses cheveux d'or et glissa son pouce sur ses lèvres.

- Tu ferais mieux de dormir un peu mon ange. Chuchota-t-il à son oreille.

Le visage encore illuminé par les paillettes restées sur ses pommettes, la jeune femme lui sourit en poussant un soupir d'aise.

Izar embrassa son front et quitta la chambre pour aller contempler le dehors masqué par un magnifique manteau de neige.

Il soupira, son cœur se serra de douleur car ce soir un triste noël s'était dessiné pour Rosa.

Non, il ne pouvait pas laisser ça se produire ! Jura-t-il en consultant sa montre.

Il était à peine vingt-et-une heures. Izar avait encore le temps de sauver noël.

Il attrapa son manteau et quitta l'appartement en prenant soins de passer par-derrière. Au passage, il embarqua le gardien de l'immeuble tandis qu'un autre s'était proposé pour le remplacer.

Il était au cœur de Londres, et les boutiques les plus réputées restaient ouvertes jusqu'à tard dans la soirée. Izar termina les courses trente minutes plus tard et retourna à la l'appartement les bras chargés ainsi qu'Evans, le gardien de l'immeuble.

- Merci pour le coup de main Evans.

Il lui donna un généreux pourboire et le bonheur de l'homme s'inscrivit sur son visage la seconde suivante.

- Joyeux noël monsieur le comte.

Lorsque la porte se referma sur le gardien, Izar ouvrit le carton qui renfermait un sapin de noël artificiel et le déplia en constatant qu'il était bien fourni et assez grand pour embellir la pièce.

Bougies, décorations, cadeaux de dernières minutes, dinde et foie gras, Izar se rendit compte très vite qu'il faisait ça pour la première fois de sa vie.

Noël n'était pas sa fête préférée pour la raison qu'il l'avait toujours passé seul.

Ce soir, il s'appliquait à ce qu'aucun détail ne lui échappe. Rien n'était encore trop tard pour ravivé l'espoir de noël dans les yeux de Rosa.

Il appuya sur l'interrupteur et le sapin s'illumina de mille couleurs.

Il déposa les cadeaux au pied du sapin et décida d'aller réveiller Rosa qui s'était assoupie.

Des flashs l'envahirent soudain en la revoyant près des flammes, allongée sur le sol, le visage cendré. Cette image l'empêcha d'ébaucher toute suite le premier geste pour la réveiller. Il ne fallait pas qu'il lui montre à quel point sa colère se révélait à cet instant incontrôlable. Ni à quel point quelque chose en lui s'éveillé lorsqu'elle plongeait ses yeux bleus céruléen dans les siens.

Il lui caressa la joue et vint taquiner ses lèvres de quelques baisers furtifs.

Elle remua légèrement en battant lentement des cils.

- Réveillez-vous mademoiselle Ludington, j'ai une surprise pour vous.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top