Chapitre 21
À la moindre lueur du feu, Rosa sursauta.
- La mauvaise nouvelle c'est que la tempête semble plus forte que prévu. Déclara-t-il en posant une caisse en bois sur la table dans un bruit sourd.
Rosa serra son gilet contre elle.
- Et la bonne nouvelle ?
Manches remontées, chemise entrouverte, laissant entrevoir une toison ombrée sur un torse cuivré, il ouvrit la caisse d'un coup sec.
- La bonne nouvelle c'est que nous avons de quoi survivre au moins un an.
Rosa n'était guère soulagée mais rit doucement à sa déclaration.
- Pourquoi ai-je l'impression que tu n'es pas si mécontent d'être au cœur d'une tempête ? Demanda-t-elle en appuyant ses mains sur le plan de travail.
Il planta son regard dans le sien tout en sortant une bouteille de vin de la caisse.
- Parce que je ne le suis pas. Murmura-t-il sans la quitter des yeux.
Rosa se mordit la lèvre pour s'empêcher lui offrir ce qu'il voulait.
Une affirmation à son tour.
Ils étaient seuls au milieu de nulle part. Avec pour seul point de repère.
L'un l'autre...
Rosa inspira péniblement et se retourna pour éplucher les dernières pommes de terre.
Izar posa la bouteille de vin et sut très vite qu'elle était anxieuse. Et elle avait le droit. Izar devait admettre que tout ce qui les liés avant de s'être enfin retrouver, c'était un baiser volé.
Hanté par le souvenir de la honte qui s'était peint sur son visage, Izar savait qu'il avait autant de preuves à faire qu'elle avait de confiance à lui donner.
Sans mettre un mot sur ce qu'il ressentait, Izar était sûr d'une chose.
Rosa n'était pas comme les autres femmes.
Il n'avait cette répulsion qu'il avait l'habitude d'avoir en présence d'une femme comme Kelly. Le genre de femme qui n'aspire qu'à plus d'opulence et de pouvoir.
Non Rosa était ce qu'un homme comme lui espérait secrètement.
Mais certains détails l'empêchaient d'avancer vers elle...
Notamment la presse qui se donnait à cœur joie de lui rappeler qu'il était un monstre assoiffé. Désignant Rosa comme une étudiante envoûtée par son charme.
De surcroît, Izar n'oublierait pas cette confidence qu'elle lui avait fait sans le vouloir.
Lorsqu'il avait insisté pour savoir si elle avait quelqu'un dans sa vie et qu'elle lui avait répondu dans le plus simple appareil qu'elle était seule depuis des années.
Alors Izar n'avait pas pu bouger, figé en essayant de retracer sa vie pour en venir à une conclusion aussi surprenante que troublante.
Les probabilités pour que Rosa soit vierge étaient élevées et à cette seule pensée, son cœur se mit à battre déraisonnablement.
La peur était un sentiment étrange. Izar l'avait connue à la guerre, lorsqu'il était devenu comte, et quand il était enfant. Mais cette fois-ci la peur qu'il ressentait était différente.
Celle de ne pas pouvoir démontrer à Rosa qu'il n'était pas le monstre qu'il laissait paraître. Que derrière cette façade toujours sévère se cachait un homme avec des faiblesses.
- Il commence à faire froid non ? Dit-elle en se retournant.
Izar fit le tour de plan de travail pour venir frotter ses épaules. Elle exhala un soupir avec un regard soucieux.
- N'ai pas peur, murmura-t-il afin d'apaiser les tensions entre eux. Je ne vais pas te faire du mal, je veux juste te réchauffer.
- Cette situation me met mal à l'aise. Confia-t-elle en rejetant sa tête en arrière.
- Si tu fais allusion à Kelly sache que tu n'as pas à avoir peur. Dis Izar en continuant à la réchauffer. Tôt ou tard tu comprendras Rosa...
Elle se pinça la lèvre.
- Pourquoi tant de mystère ?
- Parce que parfois c'est nécessaire.
Il s'écarta pour aller jusqu'à la fenêtre et décida de mettre fin à cette conversation lorsqu'il constata que la neige redoublait d'intensité.
- La météo disait vrai, bientôt la neige va recouvrir l'intégralité du domaine.
Inquiet pour sa sécurité qui primait avant tout, Izar tira son téléphone de sa poche tout en s'approchant d'elle.
- Est-ce que c'est dangereux ? Demanda-t-elle en se frottant les épaules, les traits tourmentés.
- Je préfère tout fermer maintenant avant que la coupure nous empêche de nous mettre à l'abris.
Izar quitta son téléphone des yeux un instant et rajouta :
- J'ai un générateur de secours Rosa et assez de bois pour faire du feu.
Elle opina de la tête.
Izar composa le numéro pour entrer dans le système de sécurité et de sa main, lui prit le menton et lui caressa la lèvre inférieure de son pouce.
- Tu n'as rien à craindre. Lui dit-il en faisant glisser son pouce sur les contours de ses lèvres douces. Prends la bouteille de vin et attend-moi au troisième étage.
Sans plus de précisions Izar la laissa partir avec un regard à la fois écarlate et confus.
Rosa manqua de renverser la bouteille dans les escaliers. Et ce n'était pas dû à la tempête mais à l'indication qu'il lui avait donné.
《 Le troisième étage est le mien 》
Rosa se souvenait parfaitement de cette phrase et crut que son cœur allait lâcher lorsqu'elle s'y arrêta et avança de quelques pas vers l'entrée du couloir qui s'étendait sur des mètres.
D'habitude, Rosa filait à l'étage suivant sans regarder curieusement ce troisième étage. Pourquoi ?
Sans doute parce qu'il appartenait au maître de maison...
- N'ai pas peur, il n'y a personne dans ce couloir qui attend de te manger. Souffla une voix derrière elle.
Rosa faillit lâcher la bouteille de vin.
Il passa devant en elle et l'invita à le suivre avec un sourire en coin.
Une fois devant les deux immenses portes, Rosa retint son souffle lorsqu'il les poussa pour lui dévoiler un charmant salon.
Au fond de ce magnifique salon vernie d'une lisse peinture blanche, un piano s'imposait comme une œuvre d'art. Après quelques pas vers les canapés en cuir nacré, Rosa entrevit l'ouverture d'une cuisine moderne avec des lustres en acier.
- C'est magnifique ! Je n'en reviens pas ! On dirait un appartement qui...
Rosa s'interrompit lorsqu'il lui prit la main pour lui faire traverser un petit couloir chargé de tableaux antiques qui servaient de tampons entre ce majestueux salon et sa chambre.
Rosa réprima les assauts de son cœur en découvrant un lit dont le bois était de couleur chocolat avec de magnifiques couvertures nacrées. La tête de lit semblait avoir été tissée à même le mur.
Une douleur irrationnelle lui donna la nausée à l'idée de savoir que Kelly avait dormi dans ce lit.
- C'est vraiment très charmant. Commenta-t-elle en faisant mine d'être désintéressée.
- Charmant ? Répéta l'homme en haussant un sourcil ironique.
- Oui ! Enfin c'est masculin et très charmant dans son genre.
Izar s'approcha et posa son index sous son menton.
Un désir flambait clairement dans ses yeux gris argenté.
Rosa fit tomber les dernières défenses qu'elle avait dressé et esquissa un sourire en coin.
- Ce soir nous resterons ici, cette partie du manoir est la plus sûre. Es-tu d'accord pour rester ici pour la nuit ?
Rosa déglutit et se rendit compte que jamais personne lui avait manifesté d'autant de bienveillance et d'une attitude aussi protectrice.
Au diable Kelly ! S'écria Rosa intérieurement. Au diable cette différence d'âge !
Elle plongea son regard dans le sien et acquiesça.
Ce soir et cette nuit...peu importe ce qu'il allait se passer.
Rosa se préparait déjà à le garder en secret.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top