Chapitre 18



Rosa sursauta en se retournant tandis qu'Holly s'était instantanément reculée.

Les bras croisés, vêtu d'un tee-shirt noir qui soulignait ses pectoraux, Rosa fut surprise de découvrir une peau hâlée qui contrastait avec le temps de l'Angleterre.

Les muscles puissants de ses avant-bras dévoilées laissaient entrevoir à quel point l'armée lui avait servie pour devenir qu'une masse de béton. Immédiatement le feu lui monta aux joues.

Son regard assombri l'empêcha de trouver ses mots.

- J'ai réussi à convaincre Rosa de me donner la recette des sablés monsieur le comte. Déclara Holly en s'inclinant.

- Vraiment ? Dis l'homme en s'approchant dangereusement d'elle. Ainsi vous admettez qu'ils sont meilleurs que les vôtres Holly ?

- Je déclare forfait ! Dis Holly avec un sourire joyeux.

Cette petite diversion semblait marcher à la perfection. Signe que le comte n'avait pas entendu leur conversation.

Soulagée, elle esquissa un sourire en direction d'Holly.

- Rosa ? J'aimerais vous parler.

Aimantée par son regard, Rosa opina et lui emboîta le pas. Elle se retourna brièvement la tête en direction des deux cuisiniers qui ne tardèrent pas à l'encourager silencieusement en mimant des gestes de la main.

Trois jours sans le voir et alors qu'elle pensait farouchement être immunisée contre son charme, Rosa sentait déjà son cœur battre à bonds désordonnés.

- Vous avez fait bon voyage ? Demanda-t-elle pour détendre l'atmosphère.

- Assez oui, répondit-il en refermant la porte de son bureau.

L'espace d'un instant, Rosa crut qu'il la dévorait du regard sans vergogne avant qu'il ne détourne la tête.

- Alors ? Comment se passe les préparatifs du mariage ?

Rosa demeura silencieuse le temps de trouver la bonne manière de lui annoncer qu'elle renonçait à l'organiser.

- Je ne veux plus l'organiser. Lâcha-t-elle si vite qu'il se figea l'air rembruni.

- Je vous demande pardon ?

Les yeux aussi glacial qu'un iceberg, il la considérait de la tête aux pieds avant de lui ordonner d'une main de s'asseoir très rapidement.

- Voyons les choses en face monsieur le comte.

- Izar ! Rectifia-t-il d'une voix aussi dure qu'une roche incassable.

Rosa frémit en se racla la gorge.

- Kelly ne souhaite pas que je m'occupe de ce mariage alors je cède ma place.

- Je vous rappelle que vous avez signé un contrat qui vous engage à travailler pour moi jusqu'au mois de Mai. Fit-il durement. Je refuse de casser le contrat.

Rosa fut surprise de sa réaction bien trop sévère à son goût.

Serait-il possible qu'il ne veuille pas qu'elle parte ?

Troublée, elle chassa cette question dans un coin de sa tête et se lança à corps perdu dans un arrangement qui lui convenait bien mieux.

- J'ai une alternative à vous proposer.

Perplexe, l'homme plissa des yeux et l'invita à développer d'un geste impatient de la tête.

- Je pourrais m'occuper du bal de noël ?

Dans une surprise non dissimulée, il se redressa en crispant légèrement ses sourcils. Ce geste obligea Rosa à argumenter.

- Je pourrais m'occuper de toute l'organisation, c'est un peu comme un mariage sauf que je n'aurais pas besoin de consulter qui que ce soit.

Il leva un sourcil éloquent.

- Sauf vous bien évidemment. S'empressa-t-elle de rajouter. C'est vôtre manoir, il est évident que je vous consulterais à chaque fois qu'il en sera nécessaire.

Pensif, il se mit à frotter sa barbe sans la quitter du regard. Rosa éprouva une émotion tout aussi violente que la chaleur qui n'avait de cesse d'évoluer un peu plus chaque jour.

En grand professionnel, il se carra dans son fauteuil.

- Même si j'acceptais de vous laisser organiser le bal, cela vous emmènerez seulement jusqu'au vingt-cinq décembre. Or le contrat va jusqu'en mai et je vous le répète, je ne casserais pas le contrat.

Sous cette injonction qui révélait une menace à peine dissimulée, Rosa se pinça la lèvre furieusement et rassembla son courage pour rétorquer :

- Vous êtes le comte d'Angleterre, je suis certaine que vous organisez beaucoup de réception non ?

Il plissa des yeux et se mura dans un silence de suspens.

Izar serrait si fort l'accoudoir de son fauteuil qu'il crut que ce dernier allait céder. Durant son voyage à New-York, Izar avait cessé de compter le nombre incalculable de fois où il avait menacé quiconque qui venait le perturber en pleine réflexion.

Seul en solitaire, il n'avait pas pour habitude de se retrouver dans une situation aussi insupportable.

Celle d'avoir un manque indéchiffrable au point d'en oublier de dormir. Il avait fini par se rendre à l'évidence.

Rosa Ludington l'obsédait.

Leur échange dans son bureau là où il avait cédé à cette envie dévorante de lui toucher les lèvres et ensuite...à la porte de sa chambre, vêtue d'une chemise de nuit en coton...respirant le charme dépourvu d'artifice, d'une beauté naturelle.

Un poussa un juron intérieur.

Car s'il parvenait mal à cacher le désir qu'il éprouvait, à cela il devait conjugué une colère qui venait de l'atteindre profondément.

Hors de question qu'elle s'en aille ! Jura-t-il en son fort intérieur.

- En effet j'ai beaucoup d'événements ainsi vous contribuerez au bon déroulement d'une...

- Oh merci ! S'écria la jeune femme en bondissant de sa chaise.

- Je ne vous décevrez pas ! Je suis soulagée si vous saviez ! Kelly a été si...

Elle s'interrompit brutalement éveillant sa curiosité.

- Si quoi ? Elle est venue vous voir ?

- On peut dire ça oui. Avoua-t-elle en repoussant une mèche de son visage. Mais ça n'a plus aucune importance puisque je ne m'occupe plus du mariage.

Izar n'avait pas l'intention d'en rester là. Il connaissait suffisamment Kelly pour lui savoir des dons machiavéliques. Et le brusquement changement d'avis de la jeune femme, Izar en était sûr, Kelly y était pour quelque chose.

- Alors vous êtes libre de laisser votre créativité s'épanouir sans craindre Kelly, je vais me charger d'elle.

D'un sourire chaleureux elle quitta le bureau sans lui laisser le temps de se lever, de l'approcher, de la toucher...

Il se frotta l'arrière du crâne et se leva agacé en se postant devant le fenêtre.

Il détestait noël mais fut toujours contraint de le fêter pour au final terminer seul après le saccage des invités.

Le bal de noël était pour lui un engagement de communication comme lui avait expliqué Luis. Mais si Rosa tenait tant à s'en occuper alors il était prêt à lui laisser le bal de noël entre les mains dans le seul but de la garder.

Alors que la nuit tombée, Izar traversa les couloirs après avoir clôturé de nombreux dossiers. Son regard erra sur les pièces du manoir et il fut immédiatement attiré par le crépitement du feu de la cheminé de la bibliothèque.

Soupçonnant Holly de ne pas avoir coupé le feu, il entra sans délicatesse dans la pièce avant de demeurer interdit.

Étourdi devant la vision d'une extrême pureté, Izar fixa la silhouette de Rosa étendue dans le fauteuil endormie, un livre ouvert dans les mains. Izar récupéra ses capacités à réfléchir quelques secondes plus tard et s'approcha sous le crépitement des flammes.

Comme un rideau de soie, ses cheveux tressés tombaient au creux de son épaule. Son regard candide enflammé par les reflets du feu laissait présager qu'elle s'était endormie depuis longtemps.

Izar la souleva dans ses bras après avoir refermer le livre et la porta jusqu'à l'étage supérieur.

Il la déposa sur le lit et remonta les couvertures sur elle. Izar s'interdisait de la toucher mais le désir qui le taraudait était bien trop puissant...

Il s'approcha, effleurant ses lèvres.

Il l'embrassa avec la plus grande prudence. La sensation était comme le délice d'un tourbillon de sensations inexplicables. Izar s'écarta juste assez pour être au-dessus de son visage et crispa ses yeux en se reculant pour totalement disparaître de la chambre. Le gout de ses lèvres resta inévitablement sur les siennes et Izar dut s'armer d'un effort surhumain pour combattre le flux sanguins qui courait dangereusement dans ses veines.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top