Chapitre 11



Le lendemain, alors que soleil enflammait la forêt qui entourait le domaine majestueux, Rosa enfila son béret rouge et ses gants. Après de mûres réflexions, elle avait fini par accepter de rester. Mais quelque chose en elle lui tiraillé le ventre.

Comment avait-elle pu se montrer si idiote ? Évidemment qu'il l'avait reconnu dès l'instant où leurs regard s'étaient croisés. Pire ! Il avait usé d'un stratagème machiavélique pour la faire venir jusqu'ici.

Rosa avait fini par se dire que maintenant que son identité n'avait plus de secret pour le comte la situation entre eux serait différente. Elle n'aurait plus besoin de faire semblant. Elle pourrait enfin se concentrer sur son travail. Même si au fond d'elle, Rosa n'avait qu'à le regarder pour que son esprit se retrouve embrumé.

Et aussitôt cette pensée émise, aussitôt le comte aux yeux gris argenté déboula dans l'entrée vêtu de son beau manteau noir.

- Bonjour, Rosa.

Sa voix fut contre toute attente, chaud et chaleureuse. Mais à son triste constat, aucun sourire ne s'afficha sur sa bouche dure et sensuelle.

La veille, Henri lui avait remis une enveloppe dans laquelle un mot lui informait qu'elle devait se tenir prête à neuf heures tapante dans le hall d'entrée.

- Bonjour.

Un instant de gêne flagrant s'installa entre eux. Mais très vite, Izar y mit un terme en allongeant son bras vers les escaliers.

Rosa fronça des sourcils.

- Où va-t-on ?

- Sur le toit.

Rosa plissa du front en se pinça la lèvre.

- Vous avez pour projet de me jeter du toit ? Questionna-t-elle d'une voix nerveuse.

Les commissures de ses lèvres tremblèrent.

Signe qu'il retenait un sourire.

- Si j'avais voulu vous tuer Rosa, je l'aurais fait plus tôt c'est évident non ? S'enquit-il en levant un sourcil.

Quelle idiote !

D'un sourire en coin, elle passa devant lui pour grimper les marches.

- Où est Kelly ?

- Kelly, commença-t-il d'un soupir lassé, je crois qu'elle monte un plan contre vous.

Rosa s'arrêta dans sa montée pour le dévisager.

- Vous n'êtes pas sérieux ?

- Si je le suis, je suis toujours sérieux. Dit-il d'une voix profonde en montant deux marches afin de la dominer de toute sa hauteur et bien plus encore.

- Elle ne supporte pas l'idée que ce soit vous qui soit l'organisatrice du mariage alors elle doit sûrement tenter de me contrer. Expliqua-t-il dénué de toutes émotions. Laissons-là s'épuiser pour rien, je n'ai pas pour habitude de céder à qui que ce soit.

Il se retourna pour monter les dernières marches en pierre qui menaient à une porte en bois massif.

Rosa n'en revenait pas que Kelly soit aussi méprisante et toujours aussi hautaine.

Son petit sourire de la veille aurait dû la mettre sur la voie ! Sa façon de balayer ses idées d'un geste de la main, parfaitement désintéressée de ses croquis qu'elle avait mis des heures à réaliser.

Rosa le suivit et une fois sur le toit admira brièvement le paysage à couper le souffle.

- Maintenant que nous sommes sur le toit qu'est-ce que...

Rosa s'interrompit brutalement en voyant au loin un hélicoptère.

- Oh non non ! Refusa-t-elle en faisant demi-tour.

- Pourquoi ? Vous n'aimez pas les hélicoptères ?

Rosa se retourna le cœur battant.

- Je n'ai jamais fait de l'hélicoptère.

- Raison pour essayer non ?

Rosa secoua de la tête.

- Non je...j'ai...

- Allons, ne faites pas l'enfant, coupa-t-il en s'avançant vers elle. Vous allez voir c'est très amusant.

- Si au moins j'avais le luxe de vous voir sourire quand vous dites cela, peut-être que je trouverais cela " Amusant " rétorqua Rosa pince-sans-rire.

Elle jeta un coup d'œil vers l'hélicoptère impressionnant et chercha le pilote.

- Et puis d'abord le pilote n'est pas là ! Regardez !

Cette fois-ci, un sourire dansa sur ses lèvres comme une brume légère au-dessus des eaux.

- C'est moi le pilote.

Rosa cilla en peinant à croire ce qu'il venait de dire.

- Je vous demande pardon ? Parvint-elle à dire d'une voix étranglée.

- C'est moi le pilote. Répéta-t-il avec une lenteur délibérée.

Il lui tendit sa main.

- Faites-moi confiance Rosa.

Lui faire confiance ?

Devait-elle mettre sa vie dans les mains de cet homme dont la beauté glaciale excellait avec sa carrure impressionnante.

Lentement, sans savoir si elle faisait le bon choix elle glissa sa main dans la sienne et ne fut pas mécontente de porter des gants.

Cela lui permettait de ne pas sentir le contacte de sa peau au risque de frissonner de nouveau.

Plus ils rapprochaient de cet engin gigantesque, plus Rosa sentait ses jambes flageoler.

Il ouvrit la porte pour qu'elle monte. Rose se tourna qu'à demi et leva la tête.

- Est-ce que je pourrais voir un certificat qui prouve que vous savez piloter ?

- J'ai fait l'armée, j'ai piloté un hélicoptère tigre plus d'une fois au-dessus de la mer cela vous suffit comme certificat ?

Le Tigre était un hélicoptère d'attaque franco-allemand des plus impressionnant. Rosa se souvint alors d'en avoir vu lors de nombreux défilés.

Mais ce n'est pas ce détail qui la marqua le plus.

Mais de savoir qu'il avait fait l'armée.

Il pressa ses mains sur son bassin et la souleva comme si elle pesait le poids d'un livre et l'installa sur le siège.

Il grimpa sur la marche et manipula avec aisance les ceintures.

Son eau de toilette s'amusa subtilement à la rendre toute étourdie. Il était si proche d'elle que lorsqu'il baissa la tête, Rosa coupa da respiration en regardant la ligne de sa mâchoire ombrée d'une barbe naissante.

Ses mains effleurèrent son ventre, Rosa frissonna, grisée par ce contact pourtant totalement anodins.

- Je suis claustrophobe. Lança-t-elle nerveusement.

- C'est faux. Dit-il en serrant d'un coup sec la boucle.

Elle hoqueta en voyant déjà sa tentative de sortir de l'appareil échouer.

- Comment ça c'est faux ? Dis Rosa en prenant un ton indigné.

Il redressa sa tête.

Leurs visages étaient à quelques centimètres, si bien qu'elle pouvait sentir son souffle tiède se posait sur sa peau.

Il baissa brièvement ses yeux sombres sur sa bouche.

- Vous tentez simplement de m'amadouer avec un mensonge susceptible de vous faire descendre de l'appareil. Or je n'ai pas l'intention de céder maintenant que vous êtes fermement attachée.

Rosa en eut le souffle coupé.

Son cœur battait si sourdement qu'elle crut qu'il allait exploser.

Rosa le dévisagea la bouche entrouverte sans trouver la bonne repartie.

- Allons-y maintenant. Déclara-t-il en posant un casque sur sa tête en rapprochant le micro de ses lèvres, manquant de les effleurer.

Rosa frémit.

- Nous sommes déjà en retard.

Il referma la portière.

- Mais pour aller où ? Murmura-t-elle désespérément.

Il s'installa sur le siège, mit son casque et démarra l'appareil.

Déjà les pales de l'hélicoptère tournaient à pleine vitesse.

Extrêmement professionnel, le comte lui offrit un regard rassurant avant de reporter son regard droit devant lui en soulevant l'appareil lentement. Rosa retint sa respiration et ferma les yeux.

- Ne laissez pas votre peur vous soumettre de fermer les yeux Rosa. L'entendit-elle lui dire dans le casque. Vous allez rater quelque chose de merveilleux.

Rosa inspira profondément en sentant sous ses pieds qu'ils étaient à présent dans les airs.

Elle ouvrit lentement les yeux et tourna discrètement sa tête sur sa droite.

Rosa ravala un " Vous aviez raison ! " et cacha son sourire émerveillé. Seulement le comte n'était pas dupe.

- Je vous l'avais bien dit...

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