Vingt-quatre ★ Le Chemin
❝ Regarde-toi assis dans l'ombre
A la lueur de nos mensonges
Une main glacée jusqu'à l'ongle
Regarde toi à l'autre pôle
Fermer les yeux sur ce qui nous ronge
On a changé à la longue
On a parcouru les chemins
On a tenu la distance
Et je te hais de tout mon corps
Mais je t'adore
On a parcouru les chemins
On a souffert en silence
Et je te hais de tout mon corps
Mais je t'adore encore ❞
Le lendemain
Y a la sonnette de sa porte d'entrée qui sonne et le blond grogne, mécontent d'être dérangé dans ce moment précis. Mais il ne s'en occupe pas, alors même que le brun a un léger arrêt et qu'il cherche à croiser son regard.
─ T'arrête pas...
Il aime particulièrement ce qu'il lit dans le regard vert qui lui fait face.
─ S'te plait.
Ça attendrait. Le bonheur qu'était en train de lui prodiguait son meilleur ami était bien plus important que ce qui attendait à la porte. Il repasserait plus tard. Mais elle sonne une nouvelle fois la sonnette, puis une troisième. Et puis pendant très longtemps.
─ C'est Mario.
Ça a fait tilt dans l'esprit du blond. Il était revenu aussi, il devait vouloir lui parler. Ils s'étaient donné rendez-vous ce matin-là. Sonner comme ça, y avait que lui pour faire ça.
─ Et donc Mario passe avant nous ?
Robert a un léger sourire alors qu'il s'amuse de sa remarque.
─ Il sait où je planque mon double de clefs, donc mis à part si tu veux qu'il nous trouve comme ça, oui, il passe avant nous.
Il passait de toute façon toujours avant eux aux yeux du blond. Il n'aura pas fallu longtemps pour que l'autre se bouge et commence à s'habiller.
─ Il va devenir nécessaire que tu changes de planque.
Le brun a les mains qui restent baladeuses alors qu'un éclat de rire retentit en réponse à sa remarque. Aussitôt le rire arrêté, le blond se débarrasse des mains trainant toujours sur lui.
─ Faut que je pense à quelque chose d'horrible.
─ En effet !
L'éclat de rire du brun l'énerve une seconde alors qu'ils s'observent et Marco ne peut s'empêcher de soupirer.
─ Mais je doute que ça suffise. C'est ça de s'arrêter en cours de route.
Il souffle le blond. Est-ce que ça arrivait au polonais de se taire et d'arrêter avec ses remarques tendancieuses. Surtout avec un meilleur pote qui devait être en train d'ouvrir la porte à l'heure qu'il était ?
─ La ferme Rob, j'ai pas envie qu'il se doute de quelque chose. Et puis t'es pas mieux d'abord.
Ils allaient être cramés, ils ne pouvaient pas ne pas se faire cramer.
─ T'as qu'à penser au but de Robben, ça, ça calme.
Comme si ça allait suffire.
─ Option douche.
Il reste quelques secondes sans savoir quoi faire.
─ Chambre d'ami, grouille Lewy il va bientôt rentrer.
Mais le plus âgé était bien décidé à s'amuser.
─ T'es sûr que tu veux pas qu'on règle le problème ensemble.
Ce qu'il pouvait être énervant quand il s'y mettait. Mais c'était aussi parce qu'il était comme ça qu'il aimait tant passer du temps en sa compagnie.
─ Allez, bouge de là.
Et il le pousse dans le couloir.
─ Oh, tout doux, t'inquiète j'ai compris que tu voulais pas qu'il sache.
Il retient quelques secondes la porte que l'autre tente de fermer.
─ Sinon on peut aussi lui proposer de se joindre à nous.
Et là, il croise un regard noir. Parce qu'en cet instant, si le regard vert de Marco avait pu fusiller, Robert serait décédé sur le coup.
─ Ok, j'ai rien dit, je retire cette proposition.
Et Marco l'entend nettement se diriger vers l'autre chambre tout en ricanant.
─ T'es où ?
La voix retentit de l'étage en réponse. Il peut entendre l'eau qui coule. C'était pourtant étonnant, ils s'étaient donné rendez-vous la veille et il était déjà en retard. Mais il ne s'en formalise pas. Il se dirige vers les photos sur la cheminée du blond. Il les détaille, son regard chocolat se fixant pendant plusieurs secondes sur celle d'eux deux, de dos, Marco lui murmurant dans l'oreille alors qu'ils étaient encore dans le même club. Il avait la même, chez lui à Munich. C'était l'une de ses préférées. Il y en avait d'autres, en équipe, à deux ou à trois avec Lewy. Et puis il y avait les nouvelles photos, celles qui n'y étaient pas les fois d'avant. Ses yeux s'attardent sur la rousse qui accompagne son blond. Il détaille son visage souriant, ses cheveux flamboyants, ses mèches bouclées. Et au plus profond de lui, pendant une seconde, Mario espère qu'il ne s'agit pas de cette rousse dont Rob avait parlé une fois. Il espère qu'elle n'est pas là sur cette cheminée parce qu'elle partageait la vie de l'ailier.
C'était pourtant ridicule. Il avait bien le droit de faire ce qu'il voulait. Mais pourquoi ne lui en parlait-il pas ? Il lui avait tout dit pour Ann-K. Il ne lui avait jamais rien caché. Elle est belle. Ils vont bien ensemble. Il tente de trouver du positif. Est-ce que ça voulait dire que Marco n'aurait plus de temps pour lui ?
─ Salut Sunny.
La voix est douce dans son dos et deux bras viennent l'encercler. Il se sent revivre dans l'étreinte de son meilleur ami. Il reconnaît son odeur de savon si caractéristique.
─ Je t'ai pas fait attendre trop longtemps ?
Et alors que l'embrassade s'éternise un peu, il oublie la rouquine sur la joue de laquelle la bouche de Marco s'écrasait sur l'image. Il l'efface de son esprit installé dans les bras de son meilleur ami.
─ On s'installe dehors ?
Ils passent devant une porte entrouverte. A l'intérieur, il a le temps de voir les habits en train de sécher. Des habits féminins. Et il sent son sourire qui s'évanouit pendant quelques secondes. Depuis quand étaient-ils ensemble ? Et surtout depuis quand être en couple était quelque chose qui intéressait Marco ? Est-ce qu'il ne viendrait plus à Munich à cause d'elle ?
─ Qu'est-ce qui t'arrives ? T'as l'air bizarre ce matin.
Mario est assis dans son canapé d'extérieur alors que le blond le rejoint. Le soleil réchauffe doucement son visage alors qu'ils sont installés dans son jardin.
─ Ah bon ? Non, je suis normal.
─ T'as pu croiser tes parents un peu ?
Marco tait le fait que lui aussi agit certainement aussi de façon étrange. Parce que c'est ce qu'il fait depuis la veille, depuis des mois lorsqu'ils se voyaient. Mais il lui dit rien. Rien de ce qu'il peut ressentir en cet instant précis. Après tout, ça va faire des mois qu'il lui dit rien de tout ça. Des mois qu'il prétend que tout va pour le mieux alors qu'il se meurt à petit feu. Le blond se laisse tomber à côté de lui dans le canapé de sa terrasse. Il peut sentir sa peau bien trop proche de la sienne. Il a le cœur qui accélère, comme il l'avait fait alors qu'il avait profité de son contact quelques minutes plus tôt.
─ Tu veux boire un truc ?
─ Café ?
Le blond lui fait un léger sourire. Toujours café pour lui. Alors il va lui préparer, avec son nuage de lait et un sucre, comme il les aimait. En haut, y a l'eau qui coule toujours, Robert, toujours aussi lent à se préparer. Ça ne lui prend pas longtemps avant qu'il retrouve son petit brun, la tasse à la main.
─ Tiens.
─ Merci.
Pourquoi est-ce que ça lui plait, le fait qu'il se souvienne de comment il aimait son café ? Pourquoi est-ce que ça le rend aussi heureux ? Y a Marco qui ramène aussi quelques trucs à manger, alors qu'ils discutent de choses et d'autres. Y a leurs regards qui plongent l'un dans l'autre bien trop souvent. Les sourires échangés, les yeux plein de douceur.
Mais ils n'en parlent pas, de leurs cœurs qui battent un peu trop vite, de leurs regards qui se perdent un peu trop sur les lèvres de l'autre. Parce que Mario a l'impression qu'il veut pas de lui, plus que jamais aujourd'hui et qu'il essaie d'enfouir cette sensation au plus profond de lui. Et de son côté, Marco suit les directives qu'on lui a données.
─ Marco, t'aurais pas vu ma chemise ?
Y a le polonais qui les rejoint sur la terrasse, torse nu. Il a la main qui se pose doucement sur l'épaule du blond avant de prétendre qu'il n'avait pas vu le petit brun qui se trouvait dans la pièce.
─ Oh salut Mario, tu t'es bien remis d'hier ? Tes parents vont bien ?
Il a juste un regard noir comme réponse alors que ses yeux ne peuvent se détacher de la main glissant sur le bras du blond qui ne dit rien. Est-ce qu'il était en train de rêver ou Marco et Robert étaient vraiment beaucoup trop proches ? Et y a la colère qui passe dans son regard à la réponse du blond qui tourne enfin la tête vers le polonais.
─ T'as regardé dans la chambre ?
La chambre. Sa chambre. Pourquoi est-ce qu'il en parlait comme s'ils la partageaient cette chambre ? Pourquoi cette chemise avait une raison de trainer dans la chambre de Marco ? Pourquoi est-ce qu'il avait la désagréable impression qu'ils étaient en couple ? Et pourquoi est-ce que ça lui faisait si mal ? Mais il ne dit rien avant que l'autre ne quitte la pièce.
❝ Je vis dans une maison de verre
A moitié rempli de ton eau
Sans s'arrêter le niveau monte
Je suis le fantôme qui s'égare
Je suis étranger à ton cœur
Seulement regarde comme on est seul ❞
─ Robert a dormi chez toi ?
Le blond hausse les épaules. Le rendre jaloux qu'il avait dit Lewy, et pour une fois, il allait suivre ses conseils. Parce qu'il ne pouvait plus et il avait besoin d'être fixé, quitte à voir son cœur imploser.
─ Oui, tu sais, il a pas de famille ici.
Le plus jeune ne répond rien. Mais il pense qu'il aurait pu aller ailleurs, rester chez Mats par exemple. Après tout, c'était chez lui qu'ils avaient passé la journée. Ouais, il aurait même dû rester chez Mats.
─ Il vient souvent ?
Un éclat de rire résonne en réponse. Et il ne plait pas, pas du tout à Mario. Pas alors qu'il veut comprendre le lien existant entre ses deux meilleurs amis. Parce qu'il veut comprendre depuis que Rob lui a dit avoir une aventure avec celui resté à Dortmund. Parce qu'il veut comprendre ce que Marco fabrique de sa vie. Elle était si simple et en quelques mois tout semblait étrange. Robert, cette fille. Il ne comprenait plus ce qui était une évidence avant.
Marco ne pouvait pas jouer, il ne pouvait pas faire ce que Robert avait dit. Il n'était pas comme ça. Et pourtant, il ne disait rien de cette main glissant sur son bras. Mats avait pourtant dit qu'ils n'étaient pas différent de l'ordinaire le soir. Mais, à ses yeux, ils l'étaient. Ce n'était pas Robert dont Marco était censé être proche, ou qu'il invitait chez lui, normalement c'était lui, lui et personne d'autre.
─ C'est un interrogatoire Mario ?
─ N... Non...
Pourtant c'en était un. Il voulait savoir. Parce qu'il avait vu les photos, les remarques. Et il avait l'impression que Robert était souvent à Dortmund. Beaucoup plus qu'avant, beaucoup plus que lui-même. Pourtant ça avait toujours été lui que Marco invitait sans arrêt, avec lui qu'il passait des week-ends.
─ Il vient quand Anna est à l'étranger et qu'il a des jours libres.
Il marque une légère pause. Il a insisté sur le fait que c'était quand elle n'était pas là. Léger reproche de sa relation avec la brunette qu'il n'appréciait que peu. Elle qui lui volait le cœur de celui qu'il aimait.
─ Mais tu peux venir quand tu veux aussi tu sais.
Léger sourire.
─ Je sais.
Il se sent se détendre quand il se retrouve une nouvelle fois dans les bras du blond. Comment le plus âgé aurait pu s'en empêcher alors que Mario était à portée de main et que son étreinte était tout ce dont il rêvait. Il mettait un coup de pied dans cet éloignement qu'il avait pourtant tant essayé de maintenir, pour éviter de tomber encore plus sous le charme de son coéquipier. Mais la réalité le reprenait toujours lorsqu'ils se voyaient ou l'autre qu'il l'avait au téléphone et que sa voix résonnait. Les touches redeviennent simples alors qu'ils discutent juste à deux, oubliant le reste, le cœur désespéré de l'un et celui perdu de l'autre.
Le dernier membre du trio finit par revenir, une chemise enfilée. Et même si c'est sympa d'être à trois, il ne peut pas s'empêcher d'être énervé Mario. Parce qu'il aurait aimé être juste avec son blond. Juste pouvoir profiter avec lui et sans la saleté de polonais qui était là. Mais il semble être plus personne pour le blond désormais. Il a l'impression qu'il s'est fait remplacer comme ami depuis un moment. Parce que c'est Lewy qui a droit aux week-ends entre potes. Parce que c'est Mats qui a droit aux confidences. Et lui, lui il ne sait plus rien de son meilleur ami. Rien d'autre que le fait qu'il semble heureux. Mais il ne savait même pas grâce à qui, parce qu'il ne lui parlait ni de Robert, ni de la rousse dont il ignorait jusqu'au prénom.
Marco aussi il aurait préféré juste être avec lui, pouvoir se glisser dans ses bras, nicher sa tête dans son cou alors qu'ils auraient regardé un film. Mais il fait confiance à Rob sur ce coup-là, alors il suit les consignes telles qu'elles ont été données. Lui faire croire qu'il a oublié - comment est-ce possible ?, ou que ça ne lui avait pas plu - il en rêvait chaque nuit, lui laisser du temps - mais combien ?, et le rendre jaloux - il laissait cette partie à Rob, il avait d'excellentes idées.
Et puis était venu le temps du retour dans le Sud. Et l'embrassade qui durait quelques secondes de trop, le baiser doucement déposé sur la joue, les regards qui s'étaient égarés quelques secondes en territoire ami.
📱'Je sais que t'aurais préféré être qu'avec lui, tenter d'aborder le sujet, mais fais-moi confiance, c'est trop tôt, il n'a pas compris. Attends encore un peu et t'auras plus qu'à le cueillir comme un fruit mûr.'
C'était ça que le polonais lui avait envoyé comme message après coup. Et il ne savait pas quoi en penser. Parce qu'il n'était pas sûr qu'il serait un jour prêt. Qu'un jour il le verrait pour ce qu'il pourrait être. Il serait toujours le meilleur ami aux yeux de Mario, parce qu'il avait Ann-K et que c'était très bien comme ça. Et peut-être que c'était normal, des couples voués à l'échec, y en avait des dizaines, il passerait à autre chose.
📱
A Matsy : Tout se passe comme prévu, Mario est jaloux comme un pou. 💪
A Le Poloniak : Ouais, j'ai vu ça. Il m'a demandé si vous étiez toujours proches comme ça, je lui ai dit que c'était comme ça depuis son départ. Je crois qu'il a pas apprécié.
A Matsy : Bien joué mon Matsou, j'aurais pas cru que t'allais suivre le mouvement. 😉
A Le Poloniak : Comment ne pas le faire ? C'est moi qui ai le visage triste de Marco tous les jours à l'entrainement pas toi qui t'es barré à l'autre bout du pays ! 😡
A Matsy : Rien ne t'empêche de me rejoindre, t'auras plus à le supporter. 😄
A Le Poloniak : Ahah, très drôle.
A Matsy : Sinon, il est passé hier matin, j'ai joué l'idiot qui a perdu sa chemise, il a compris qu'elle était dans la chambre de Marco, il était des plus énervés.
A Le Poloniak : Arrête de parler de Marco et toi, je ne me fais pas à cette idée.
A Matsy : On te choque hein ?! 😂
A Le Poloniak : T'es con.
Ouais, un peu...
Si avec ça il finit pas par craquer.
Enfin, faut-il encore qu'il comprenne les raisons de ses réactions et je suis pas sûr qu'on en soit déjà là... 😒
A Matsy : Tant que c'est dans le bon sens et que ça finit pas dans le sang et les larmes cette histoire-là. 🙏
Munich
─ Je crois que Marco est en couple.
La phrase avait sonné étrangement dans son salon. C'était étrange, de mettre des mots sur ses doutes et ses craintes. Pourtant Ann-Kathryn l'avait juste regardé avec un sourire.
─ C'est génial. Elle s'appelle comment ?
Et Mario ne savait pas quoi répondre. Parce qu'il ne savait pas si c'était elle ou il. Parce qu'il ne connaissait pas le prénom et ne voulait pas penser que Robert puisse être une réalité. Et surtout parce qu'il n'était pas certain qu'il trouvait ça génial.
─ Je comprends pas, il m'en parle pas.
─ Peut-être que c'est récent et qu'il attend d'être sûr ?
Oui, c'était peut-être ça. Mais il doutait de plus en plus qu'il lui parle. Après tout, Mats et Rob savaient qu'il était bi, apparemment, mais pas lui. Il lui avait dit que jamais il ne lui aurait dit sans l'intervention du polonais. Peut-être que ce n'était pas une réalité, que c'était juste une blague qu'ils lui faisaient pour l'embêter. Il ferme les yeux une seconde, mais il n'arrive pas à mettre des mots sur la déception qui lui enserre le ventre. Le souvenir de ses lèvres sur les siennes lui revient. Il l'efface. Pourtant il prenait une autre dimension à la vue des révélations. Peut-être qu'il avait voulu testé et qu'il ne l'avait pas trouvé à son goût. Alors que Rob ou cette fille l'étaient.
Il déglutit, dans ses souvenirs embrumés, celles du blond lui avaient pourtant pas mal plu. Il enferme cette idée au fin fond de son cerveau. Pourquoi est-ce qu'il y repensait et cherchait à savoir ce qu'il pensait de ce baiser qui n'avait existé qu'entre deux amis bourrés ?
─ Ouais, ça doit être ça.
La suite tout bientôt.
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