Vingt-neuf ★ Lass mich nie mehr los
munich, mai 2016
Ann-Kathrin ne savait plus quoi penser. Son petit-ami lui avait dit qu'il voulait retourner dans la Ruhr et elle ne comprenait pas tellement ce choix. C'était son passé et il fallait qu'il vive dans le futur. Pourtant elle n'était pas dupe. Il fallait qu'il quitte Munich. Elle le sentait grandement dépérir et ce n'était pas ses coéquipiers qui pourraient l'aider à redresser la barre. Ils avaient essayé mais le mal était plus profond.
Pourtant, parfois elle le surprenait à sourire, à avoir un regard un peu plus rêveur. De temps en temps, ses yeux étaient plus pétillants qu'ils avaient pu l'être à un moment.
Les cris résonnaient dans le stade alors que les deux équipes faisaient leur entrée. Ses yeux bleus s'attardent sur les hommes en jaune et noir. Elle distingue nettement le blond qui servait jadis de meilleur ami à son mari. Elle s'étonne une seconde lorsqu'il l'attire à lui le serrant brièvement dans ses bras alors qu'ils échangent une poignée de mains avant le début du match.
Elle supporte, s'énerve, crie, applaudit. Elle était heureuse parce qu'il semblait heureux sur le terrain ce jour-là.
Elle finit par descendre, rejoignant la salle où les joueurs allaient les retrouver plus tard. Elle salue Mats qui demande de ses nouvelles. Le défenseur semblait déçu du résultat du match mais il cachait habilement sa colère. Ses yeux dérivent en même temps de l'autre côté de la pièce. Son petit-ami était en compagnie du blond du Borussia qui semblait lui raconter une histoire. Ils se souriaient. Bientôt la main du blond poussait le brun plus loin et il éclatait de rire avant de répliquer.
Depuis quand est-ce qu'ils se parlaient de nouveau ? Pourtant, elle aurait dû comprendre, c'était tellement évident. Elle continue de les observer un instant, heureuse qu'il soit revenu dans sa vie. Parce que c'était certainement pour ça qu'il allait mieux. Et s'il avait besoin de lui pour reprendre du plaisir à jouer au foot, elle pouvait bien accepter de déménager dans une ville aussi grise et triste que Dortmund.
─ T'es la copine de Mario ?
Elle sursaute puis s'attarde sur une rousse qui se tient à côté d'elle, un maillot floqué d'un onze sur le dos. Elle ne met pas longtemps à identifier celle qu'elle avait déjà vu bien trop souvent accompagner Marco sur des photos. Son regard erre une seconde sur sa jambe avant de le forcer à se reconcentrer sur son visage. Elle hoche positivement la tête.
─ Marco me parle souvent de vous.
Elle reste silencieuse. Elle ne pouvait pas dire que l'inverse était aussi vrai. Il lui avait parlé de Marco, beaucoup, mais jamais d'autres personnes, ou très rarement. Et puis, cela faisait des mois qu'il ne lui parlait plus de lui surtout. Et c'était ça qu'elle ne comprenait pas. Après tout, elle ne voyait pas pour quelles raisons il ne lui avait pas dit qu'ils se reparlaient. Mais il lui avait bien caché qu'ils ne s'adressaient plus la parole.
─ Rose, on peut y aller si tu veux.
Elle observe celui responsable des hauts et des bas de son compagnon alors qu'il rejoint la rouquine.
─ Salut Ann.
Elle plonge une seconde dans ses prunelles vertes avant qu'il ne se détourne. Les doigts glissent une seconde doucement sur la joue de son brun qui venait d'arriver. Et cela lui fait une drôle d'impression. Encore plus quand les yeux verts ne se détachent pas de lui alors qu'un A bientôt Sunny retentit. Mais ce n'était pas possible, il ne pouvait pas le regarder de la même façon qu'elle le regardait. La désagréable sensation ne disparaît que lorsque le rire du blond éclate quand Rose lui glisse quelque chose dans l'oreille. Il avait lui aussi quelqu'un et ce n'était certainement pas parce que Mario lui avait brisé le cœur qu'il avait arrêté de lui parler pendant un instant. C'était même ridicule que cette idée ait pu lui traverser une seconde l'esprit, on n'était pas dans un film.
dortmund, début août 2016
─ Hey !
Y a un visage souriant devant la porte d'entrée.
─ Rentre, reste pas là.
Regard rieur, bouche au sourire éclatant. Il finit par refermer la porte derrière le brun et venir le serrer dans ses bras.
─ Bon retour.
Joie dans les pupilles, sur les visages, dans les cœurs. Il est heureux. Ouais, heureux qu'il soit de retour son pote.
─ Qu'est-ce que tu veux boire ?
Il se dirige déjà dans la cuisine alors que l'autre le suit.
─ Faudra que tu me racontes l'euro.
Son regard vert ne quitte pas le brun alors qu'il se déplace habilement dans sa maison.
─ T'as du jus d'orange ?
─ Yep !
Ils finissent par arriver dans son salon. Le blond tient une bouteille tout juste sortie du frigo dans une main et deux verres qu'il dépose sur la table basse dans l'autre. Il déplace les tas d'habits pliés sur le canapé les plaçant sur la table à manger quelques mètres plus loin. Il revient ensuite s'assoir et le brun le suit. D'un léger mouvement de doigt, il fait démarrer l'enceinte du salon sur un volume assez bas et la musique commence.
flash-back juillet 2016 (pdv marco)
Il est de retour. Il est de re-tour ! T'as le sourire qui étire ton visage depuis qu'ils ont fait l'annonce, et surtout depuis que tu l'as croisé à Brackel en allant à l'entrainement. Mario était de retour, à Dortmund, chez lui, chez toi, à la maison. Tu lui avais juste remis un message après que l'annonce officielle ait été faite. Vous aviez reparlé depuis le camp d'entrainement. Vous aviez prévu de vous revoir, vous attendiez juin et l'Euro avec impatience.
Et puis tu t'étais blessé et tu avais raté l'occasion de vraiment tirer un trait sur les huit longs mois de silence en étant ensemble pendant plus d'un mois. Mais peut-être que c'était déjà fait depuis longtemps et que c'était juste la distance qui changeait les interactions. Alors t'attends juste qu'il revienne. Qu'il reprenne l'entrainement. T'as même pas râlé quand Mats a annoncé son départ, de toute façon, tu t'en souvenais pas que tu l'avais prédit complètement saoul deux ans plus tôt, parce que dans ton esprit, y avait que son retour qui t'importait.
─ Ça va mieux ta jambe ?
Inquiétude dans le regard.
─ Je devrais pouvoir reprendre pour le début de saison normalement.
Gorgée de boisson portée à sa bouche. Il laisse le liquide frais couler, finit par reposer son verre et il fait sombrer ses prunelles dans celles de son vis-à-vis.
─ Cool.
Lippes qui s'étirent doucement.
─ Alors la France ?
Regard rieur.
─ La France ou l'Euro ?
Haussement d'épaules.
─ Les deux.
─ Faut que t'y ailles. C'est vraiment beau.
Léger rire.
─ J'y ai été quand j'étais petit. En Bretagne.
─ Tu m'avais jamais dit.
─ Tu m'avais jamais demandé.
Ouais, c'était vrai, ils avaient rarement parlé des pays qu'ils avaient visités.
─ Et l'euro ?
Il voit la grimace.
─ Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? J'ai fini sur le banc, les français nous ont fait sauter. Un rêve de gosse.
Soupir.
─ Ça va s'arranger.
Ça ne pouvait que s'arranger, maintenant qu'il était de retour. Et pendant quelques secondes il y croit quand il croise le regard du blond. Y a le silence qui s'installe quelques instants, silence uniquement brisé par la nouvelle chanson qui démarre.
❝ Wie New York ohne Sinatra
Wie Wien ohne den Prater
Wie ein Herzschlag ohne Blut
Wie Lindenberg ohne Hut
Wie ne Eiszeit ohne Schnee
England ohne Tee
So als ob bei Steve McQueen die ganze Coolheit fehlt
Jeder Boxer braucht ne Linke,
Kiss braucht viermal Schminke
Tonic braucht Gin.
Wie wär ein Leben ohne Sinn?
Wie ein leeres Paket
Wie ein Rad das sich nicht dreht
So als ob anstatt nem Sturm nur ein leichter Wind weht
So bin ich ohne dich
Du hältst mich mir fehlt nichts
Lass mich nie mehr los
Lass mich lass mich nie mehr los
Lass mich nie mehr los
Lass mich lass mich nie mehr los ❞
Silence qui se fait. Et ils laissent les paroles se dérouler dans le salon. Douceur dans les oreilles. Les mots qu'ils n'osent pas se dire. Ceux qu'ils aimeraient pourtant réussir à sortir. Mais ils savaient tous les deux qu'ils n'en auraient pas le courage. Alors ils sont juste là, silencieux, à se sourire sans se quitter des yeux, à écouter un autre dire ce qu'ils avaient envie de se dire.
❝ Wie das All ohne Planeten
Astronauten ohne Raketen
Paul Newman ohne Clou
Old Shatterhand ohne Winnetou
Wie ein Dieb der nicht stiehlt
Wie ein Wort das nicht zählt
So als ob dem Alphabet ein Buchstabe fehlt
So bin ich ohne dich
Du hältst mich mir fehlt nichts
Lass mich nie mehr los
Lass mich lass mich nie mehr los
Ich lass dich nie mehr los
Lass mich lass mich nie mehr los
Lass mich nie mehr los
Lass mich lass mich nie mehr los
Lass mich nie mehr los
Lass mich lass mich nie mehr los
So bin ich ohne dich
So bin ich ohne dich
So bin ich ohne dich (wie ein Herzschlag ohne Blut)
So bin ich ohne dich (lass mich nie mehr los!)
Lass mich nie mehr los ❞
Y a la dernière note qui s'envole dans l'atmosphère et ils sortent de leurs pensées, de leur rêve éveillé. Celui de tous les possibles. Le brun sent ses joues qui le brûlent un petit peu. Le blond sent son cœur qui bat un peu trop fort. Et peut-être qu'il aurait fait le premier pas. Parce qu'il avait l'impression qu'ils s'étaient un peu rapprochés au cours des dernières minutes passées. Ouais, il l'aurait certainement fait, si le téléphone de l'autre ne s'était pas mis à sonner, les interrompant brusquement. Et subitement l'appel lui avait instantanément fait perdre son sourire.
Le brun ne décroche pourtant pas. Il se contente de laisser sonner. Et puis, quand ça finit par s'arrêter il a un petit sourire désolé.
─ Faut que j'y aille, j'ai pas encore tout déménagé.
─ J'comprends.
Marco a la gorge un peu nouée, parce qu'il y a la réalité qui venait de les rattraper une nouvelle fois, et qu'il se dit que ça serait peut-être toujours ainsi. Parce qu'il ne voyait pas comment Mats et Lewy arrivaient à voir un futur entre eux deux. Pourtant, lui aussi il le voit, dans les lèvres qui se déposent doucement sur sa joue, dans les bras qui le serrent quelques secondes, dans le léger sourire qu'il lui fait, dans le regard désolé qu'il lui lance et dans sa voix quand il lui dit un petit
─ On se voit demain à l'entrainement, passe une bonne fin de journée.
Il écoute la porte qui claque et il se laisse tomber dans son canapé. Ça ne pouvait vraiment plus durer...
(traduction des paroles en commentaires, ça peut grandement aider certains je pense haha)
j'essaie de vous poster le chap suivant dans le week-end :)
pour rappel puisque je sais plus si j'en parle dans les chaps d'avant, rose c'est le perso principal de ma nouvelle « UNE DEMOISELLE » même si c'est pas les mêmes contextes de rencontre ni la même suite d'histoire - mais si vous la lisez, vous pouvez la lire avec marco en tête pour le gars (ou pas), vous verrez ça collera parfaitement haha (parce qu'en vérité, ça a été écrit avec lui en tête).
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