Vingt-huit ★ You'll never walk alone
❝ When you walk through a storm
Hold your head up high
And don't be afraid of the dark ❞
francfort, mars 2016
─ Mario ?
Le bruit est brumeux. Et le brun se retourne sur son oreiller avant d'attraper une nouvelle fois sa couette dans ses bras et de se rendormir. Qu'est-ce qu'il pouvait être énervant à réveiller.
─ Mario...
Est-ce qu'il devait le secouer ? Il l'aurait fait avant et il n'aurait rien dit. Et puis il aurait ouvert ses yeux chocolat endormis et il aurait eu l'air paumé. Et ça aurait fait marrer et sourire le blond. Parce qu'il avait toujours aimé son air pas réveillé du matin.
─ Mario, il est l'heure.
Il a la main qui se pose sur l'épaule et qui commence à le secouer doucement. En même temps, il prend le temps d'observer ses traits paisibles. Il ne peut s'empêcher de se mettre à sourire doucement devant ce qui recouvrait ses yeux. Parce qu'il l'avait malgré tout. Et parce qu'il avait fait exprès de lui laisser un peu de lumière la veille au soir, comme si tout était normal et rien n'était brisé entre eux. Le brun finit par se réveiller. Ses mains viennent doucement enlever son masque et il le regarde ouvrir lentement les yeux.
─ Il est quelle heure ?
Léger sourire.
─ L'heure de te lever si tu veux pas être en retard au petit-dej. Je suis déjà passé à la salle de bain, tu peux y aller.
Ils ont les regards qui se croisent et pendant quelques secondes ils restent silencieux. Et puis, le plus jeune finit par se redresser.
─ Ok.
Et il ne peut pas s'empêcher de détailler l'autre alors qu'il récupère sa serviette et ses habits et qu'il disparaît dans la pièce d'à côté.
Ils ne se sont pas parlés de la journée. S'éviter était presque un jeu d'enfant. Pourtant pendant quelques secondes, il avait cru que Marco allait dire quelque chose. Mais il s'était ravisé parce qu'ils étaient pressés le matin. Et puis le brun ne lui avait pas trop laissé le choix vu la vitesse à laquelle il avait été s'enfermer dans la salle de bain.
Camarades différents trouvés à l'entrainement, lors des repas et des jeux entre coéquipiers. Pourtant, ils se cherchaient. Il y avait les regards qui erraient en direction de l'autre. Les regards qui espéraient croiser l'autre et y lire une invitation à tout plaquer pour aller discuter dans leur chambre.
Mais ça n'était pas arrivé. Alors Mario était là, à tourner en rond dans son lit sans trouver le sommeil. À essayer de s'endormir depuis un certain temps sans y parvenir. Parce qu'il cherchait les mots qu'il pourrait dire pour enclencher une discussion. Parce qu'il repensait à Lewy qui lui conseillait de l'embrasser alors qu'il était pas sûr que c'était ce qu'il voulait. Ou si. Ou non. Il ne savait pas trop. Il voulait déjà que son meilleur ami soit de retour à ses côtés. Bien sûr qu'il avait compris qu'il était jaloux depuis des mois. Bien sûr qu'il savait qu'il n'aurait jamais dû lui parler de Rob et de la relation qu'il avait avec lui comme ça, mais il n'en aimait pas l'idée. Alors il avait compris, qu'il rêvait d'être à la place du polonais ou d'Erik. Mais pour quoi faire ? Il était en couple à côté. C'était franchement ridicule. Il fallait qu'il arrive à passer à autre chose, à le sortir de ses pensées. Et peut-être qu'il fallait pour ça qu'il cède juste une fois. Si ça tombe, ça ne lui plairait pas et ça réglerait le problème.
❝ At the end of a storm
There's a golden sky
And the sweet silver song of a lark ❞
C'est les cris à côté qui le réveillent. Il entend les sanglots, la peur qui semble présente, le corps qui tourne dans les draps.
─ Marco ?
Mais il n'y a aucune réponse. Rien d'autre qu'un nouveau léger son plein de crainte. Cauchemar. Il finit par allumer la lumière et retirer son masque pour apercevoir l'autre aux joues humides alors qu'il continue de dormir.
─ Marco, réveille toi.
Mais ça ne fonctionne pas. Pas même la troisième fois. Alors il finit par se lever pour aller retrouver l'autre.
─ Marco, calme-toi, c'est qu'un cauchemar.
Légers mouvements sur l'épaule pour le réveiller mais cela ne semble pas faire effet. Il bouge un peu plus, semble paniquer. Il finit par aller le prendre dans ses bras et le serrer contre lui. Comme il le faisait avant quand il était triste.
─ Ça va aller, c'est qu'un cauchemar.
Y a la chaleur du torse du blond qui se diffuse au sien et il sourit. Y a les doigts qui glissent dans le dos alors qu'il tente de le calmer en même temps qu'il lui parle doucement. Et y a le regard vert qui s'ouvre légèrement et qui croise le sien.
─ Mario...
C'est un murmure. Les bras du blond se referment sur lui alors qu'il semble se rendormir instantanément un sourire imprimé sur le visage posé sur son torse. Et pour la première fois depuis des mois, Mario a enfin l'impression de l'avoir retrouvé. À voir son sourire et à sentir les bras qui l'enserrent à ne plus le laisser partir, il a enfin l'impression qu'il pourrait être heureux. Il a les doigts qui trainent quelques secondes sur le visage, qui dessinent le contour des lèvres qu'il rêve parfois d'embrasser. Mais il les laisse là. Il glisse ses bras autour du blond qu'il rapproche un peu plus de lui et il finit par s'endormir dans ses bras. Comme avant.
Quand il se réveille ce matin-là, Marco ne comprend pas. Il met quelques secondes avant de se souvenir d'où il se trouve. Et puis, il sent la peau contre la sienne, les bras autour de son corps. Il bouge légèrement pour échapper à l'étreinte sans réussir. Il finit par ouvrir les yeux pour les poser sur le visage jadis amical. Mario.
Qu'est-ce qu'il faisait là ? Pourquoi est-ce qu'il était dans son lit ? Il a les yeux qui se posent sur les traits endormis de l'autre. Celui qu'il aurait tant aimé détester sans y parvenir. Il cherche à sortir de ses bras, mais alors qu'il cherche à s'éloigner de lui, la prise se fait plus forte, l'empêchant de partir alors que l'autre à un murmure brumeux, un sourire et qu'il semble de nouveau plonger dans ses rêves.
Et il réalise que quoi qu'il fasse, il ne pourra jamais lui en vouloir. Parce qu'il l'aime trop, bien trop, pour ça. Parce qu'il reste la personne dont il aura toujours le plus besoin. Parce que ça lui avait bien trop manqué, de se retrouver avec lui, même s'il avait tout tenté pour se convaincre de l'inverse. Il a les doigts qui jouent avec les mèches, qui s'y perdent.
─ Mario.
Main qui glisse doucement sur la joue. Doigts qui font lentement glisser la tête de Marsupilami pour dévoiler l'intégralité de son visage.
─ Mario ?
Il finit par ouvrir les yeux et ils plongent directement dans les yeux verts de l'autre.
─ Bonjour.
C'est timide. Mais y a le blond qui lui fait un léger sourire et qui retire la main de son visage alors que le brun se met à rougir en même temps qu'il relâche Marco et s'en éloigne.
─ Salut.
Y a l'interrogation qui traine dans le regard du blond.
─ J'suis désolé d'être là mais tu faisais un cauchemar et j'arrivais pas à te réveiller. Alors je suis venu et après tu m'as plus laissé repartir et comme j'avais pas envie de te réveiller.
Il reprend son souffle à la fin de sa tirade. Et y a Marco qui rit doucement. Un rire tout léger, mignon, avec les yeux qui brillent un peu et du bonheur dans les pupilles. Parce qu'il voit le Mario pas sûr de lui, celui qu'il était quand ils étaient qu'à deux, celui qui lui plaisait beaucoup trop. Pourtant, il ne sait pas quoi répondre. Parce qu'il y a bien trop de choses qu'il aimerait dire maintenant mais ça serait ridicule. Qu'il lui avait manqué. Qu'il l'aimait. Qu'il était content qu'il soit là dans son lit à être presque trop proche de lui. Mais il n'ose pas. Parce que rien n'était arrangé et il avait peur de voir son cœur être immédiatement abimé. Alors il se contente d'un simple.
─ Si ça nous a permis de dormir, alors...
Et il s'en veut directement de n'avoir sorti que ça. Mais il ne le prend pas mal le brun. Peut-être parce qu'il lit d'autres choses dans le regard du blond. Ou qu'il s'imagine ce qu'il n'ose pas dire. Parce qu'il ne trouve pas les mots lui-même.
─ Petit-déj ?
Hochement de tête et ils finissent par sortir de la couette, pour enfiler les vêtements et rejoindre les autres.
❝ Walk on through the wind
Walk on through the rain
Though your dreams be tossed and blown
Walk on, walk on
With hope in your heart
And you'll never walk alone ❞
Mats ne dit rien quand il les voit débarquer à table et s'installer l'un en face de l'autre à côté de lui. Y a le regard étrange de Lukas auquel il fait signe de ne pas faire de remarque et il continue de manger alors que les deux autres rentrent dans la conversation sans pour autant vraiment la lancer.
Ils enchainent sur l'entrainement. Y a les regards qui glissent sur l'autre dans le vestiaire, sur le terrain, sur le banc, tout le temps. Les yeux qui se cherchent et se trouvent pendant quelques secondes, le temps d'un léger sourire. Il prend plusieurs fois Mario sur le vif alors qu'il est en train de le regarder et il sourit à chaque fois quand il voit ses joues qui s'enflamment et son regard qu'il baisse. Mais il n'est pas mieux, il est peut-être juste un peu plus discret.
Et Marco se dit qu'il va falloir qu'ils discutent vraiment. Parce que ça ne pouvait pas continuer. Mettre le passé derrière eux pour aller de l'avant. Après tout, ils n'en ont pas parlé, de tout ça. Et il y a les plaies qui sont toujours là, peut-être plus aussi béantes, peut-être qu'elles ont un peu cicatrisé, mais elles n'ont certainement pas disparu. Et il n'est pas certain qu'elles disparaitront un jour. Parce qu'il aimerait parfois croire Mats quand il lui dit que Mario a mal vécu le fait qu'il soit avec Lewy, mais il ne comprend pas pourquoi ce serait vraiment le cas. Il était en couple.
Pourtant il sent une nouvelle fois le regard sur lui. Il ne dit rien, il ne se retourne pas, il se contente de relever lentement son maillot d'entrainement dans le vestiaire, un sourire plaqué sur le visage. Il teste. Et d'un seul coup, il se retourne et braque ses pupilles dans celles chocolat de l'autre qui déglutit. Est-ce qu'il avait vraiment rougi ? Non, ça devait être qu'il avait eu chaud à l'entrainement. Il ne pouvait pas être intéressé.
Il quitte le vestiaire rapidement Mario, déçu de sa production à l'entrainement. Ne supportant pas également le sourire de Marco, la lueur de défi présente dans son regard. Ou peut-être parce qu'il peut pas rester encore en sa compagnie alors qu'il semble être en train de jouer avec lui. Ou bien parce qu'il a l'impression que son corps réagit un peu trop. Il avait senti ses joues se mettre à le brûler fortement alors qu'il le détaillait en train de s'habiller.
Il retourne à l'hôtel et se laisse tomber dans son lit. Et puis, il ferme les yeux et réfléchit. Il avait été tellement nul à cet entrainement. Il était tellement nul dernièrement. Y avait plus rien qui fonctionnait. Klopp lui manquait, Marco lui manquait, Dortmund lui manquait. Sa famille lui manquait aussi un peu. Y avait sa vie et sa carrière qui étaient en train de filer entre ses doigts et il ne savait plus quoi faire. Il avait besoin de conseils. De conseils neutres. Il avait besoin de reprendre le contrôle alors que plus rien ne fonctionnait. Il était triste. Triste d'être sur le banc, triste de ne plus être titulaire, triste d'être loin des siens. Y a quelques larmes qui viennent rouler sur ses joues alors qu'il enroule ses bras autour de son oreiller.
─ Ah c'est bien t'es là, faut qu'on parle.
La porte se reclaque derrière Marco qui vient de le rejoindre. Il essaie de sécher ses larmes mais il a les yeux rougis quand il se redresse pour faire face à son meilleur ami avec qui il ne parle plus depuis si longtemps. Sa gorge se serre violemment alors que la peur de la suite l'étreint. De quoi allait-il vouloir lui parler ? Cela semblait aller mieux depuis peu et il s'y raccrochait avec bien trop d'espoir pour voir tout exploser. Mais le visage plutôt souriant du blond le rassure. Peut-être parce qu'avoir Marco quelque part dans son champ de vision le rassurait naturellement.
─ Mario ?
Y a le nœud qui se forme au fond de la gorge du plus âgé de le voir ainsi. Est-ce que c'était à cause de lui ?
─ Mario, je suis désolé pour l'autre jour, j'aurais pas dû et...
─ J'veux quitter Munich.
Ça tombe comme ça. Bombe déposée.
─ Quoi ?
Il était en train de lui faire une blague. Ça n'était pas possible autrement.
─ Mais pourquoi ?
Il a tout oublié Marco quand il lui a dit ça. Sa colère, leur distance, l'éloignement, le fait qu'il lui en voulait. Et il est là, assis sur le bord du lit du brun, le regard plongeant dans ses yeux tristes et paumés, les mains qu'il garde pour lui alors qu'elles sont à quelques centimètres de l'autre.
─ Je joue plus et je pense pas que ça va s'améliorer. Je suis pas heureux là-bas.
Il laisse un léger temps de silence.
─ Kloppo me manque. Dortmund me manque.
Y a une larme qui vient rouler sur la joue. D'un mouvement de pouce, Marco l'écrase. Parce qu'il détestait le voir pleurer et que sécher ses larmes avait toujours été l'une des choses qu'il faisait le mieux. Parce que s'il avait prétendu se moquer de l'état de forme du brun pendant des mois, il ne supportait pas de le voir souffrir.
─ Reviens.
Murmure, supplication. Cri du cœur qui sort trop vite. Pourtant il rêve de rien d'autre que de ça, Mario de retour chez eux, chez lui.
─ Je sais pas. Je suis nul. Aucune équipe va vouloir de moi.
Et le blond sent son cœur qui sombre. Parce que son ancien compère sur le terrain n'a plus aucune assurance en lui. Main qui glisse sur sa joue.
─ Mais qu'est-ce qu'ils ont fait de toi ?
L'autre secoue doucement la tête l'autre. Il vient le prendre dans ses bras, le serrer contre lui, fort. Il a une main qui glisse dans son cou, dans les mèches brunes de l'autre alors qu'il respire son savon qu'il aime tant, le même qu'il utilisait déjà à l'époque.
─ Les écoute pas. T'es un footballeur génial et n'importe quel club serait heureux de t'avoir. N'importe quel joueur a envie de jouer à tes côtés.
J'ai envie de jouer à tes côtés. Il sent les bras du brun qui l'entourent et qui rapprochent leurs torses. Et ils restent comme ça, silencieux, un moment.
─ Tu me manques.
C'est un murmure dans son oreille et il sent les frissons qui glissent le long de sa colonne vertébrale à ses mots. Il a le cœur qui s'affole pendant un court instant. Il se détache du brun. Y a son front qui vient se coller au sien. Ses yeux verts plongent dans ceux chocolat baignés de larmes. Et quand il le voit comme ça, il veut juste être là pour lui. Le protéger de tout le reste comme s'il s'agissait de son unique vocation dans le monde.
─ Reste pas là-bas, reviens.
─ Faut que j'en parle à ma famille.
Est-ce qu'il était le premier à savoir ? Est-ce qu'il venait de se confier à lui comme il ne l'avait fait à personne avant ? Il dépose doucement ses lèvres sur le front du brun avant de le serrer de nouveau dans ses bras.
─ Toi aussi tu me manques.
Il laisse quelques instants de silence.
─ Et je serais très heureux de jouer à nouveau avec toi.
Et d'aller manger des glaces, et de jouer à fifa, et de te serrer dans mes bras après chaque but, et de pouvoir t'observer dans le vestiaire quand tu te changeras. Tant de choses qu'il serait très heureux de faire à ses côtés.
─ Tu voulais me parler de quelque chose ?
Depuis combien de temps ils sont là quand la voix du brun brise le silence ? Il ne sait pas.
─ Oublie.
Parce qu'il n'y a plus de raison d'en parler. Parce que sentir dans son dos les bras de celui qui avait bien trop besoin de lui en ce moment était bien mieux que la plus longue des conversations. Parce qu'en quelques minutes, ils avaient tout dit, tout fait, tout compris.
J'espère que vous avez apprécié ce chapitre.
La suite arrive prochainement avec le retour du fils prodige à la maison ❤
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