Vingt-et-un ★ L'ami intime

❝ Je suis l'ami intime
Celui que tu appelles
Dans tes soirs de déprime
Quand l'espoir se fait la belle

Je suis celui qui reste
Quand l'ennui assassine
Qui veut bien faire les tests
Pourris des magazines

Je suis la bonne oreille
Qui sait tout de ta vie
Et quand tu as sommeil
Celui qui veille tes nuits 


munich, avril 2015

C'était devenu un rituel, une habitude après chaque rencontre. Quitter l'hôtel pour l'habitation de l'autre. Une fois à Munich, une fois à Dortmund. Et toutes les autres fois où ils se retrouvaient dans des soirées entre temps. Mais c'était surtout après leurs matchs qu'ils en avaient besoin. Y a la tête du blond qui vient se déposer sur l'épaule de l'autre alors que la tristesse règne en maitre dans son regard. Et il sait les mots à ne pas dire le polonais. Les 'c'est qu'un match'. Ou parler du championnat, du classement. 

En fait, il n'y avait rien à dire quand ils se retrouvaient après les matchs, à l'exception des matchs nuls. Parce qu'il ne pouvait pas cacher sa joie d'avoir gagné et il n'arrivait pas à cacher sa détresse de voir un titre lui échapper ou sa colère de l'avoir vu marquer face à eux. Il le savait, il lisait dans son regard la haine qu'il pouvait parfois avoir à son égard dans ces moments-là. Quand l'amitié s'abimait pendant quelques heures sur un terrain rival. 

Mais cette colère, jamais il ne la lisait quand il regardait Mario. Comme s'il lui en voulait pour deux parce qu'il était incapable de lui en vouloir à lui. Parce que s'il l'ignorait sur le terrain, Mario restait peut-être le seul du Bayern à pouvoir réellement approcher et discuter avec Marco lors d'une défaite. Il était le seul à lui arracher des rires et à avoir droit à de réelles étreintes en retour des siennes.

Elle leur ressemblait leur relation. Elle était à leur image. Elle était simple et naturelle. Elle ne se basait sur rien d'autre que leur confiance et leur amitié. Parce qu'ils savaient qu'il n'y avait rien d'autre à en attendre. C'était qu'une aventure qui durait. Une amitié qui dérivait un peu et qui repartait à la normale par la suite. Mais c'était peut-être ça qu'était devenue la normalité, les nuits partagées de temps en temps, les baisers fougueux le temps de quelques heures, leurs corps enlacés qu'ils avaient fini par connaître par cœur. 

Ils n'étaient pas accros l'un à l'autre, c'était juste plus simple pour eux chacun de leur côté. Parce qu'ils avaient entièrement confiance en l'autre. Parce qu'ils s'étaient toujours faits passer l'un et l'autre avant tout le reste. Parce qu'ils savaient qu'ils emporteraient leur aventure avec eux car ils avaient tout à perdre si elle devenait publique. Et c'était plus simple pour des personnes comme eux. Parce qu'ils savaient déjà pour l'autre. Parce qu'il n'y avait pas le risque que leurs sentiments évoluent. 

Robert savait qu'il n'y aurait jamais que Mario dans le cœur du blond sur le torse duquel ses lèvres s'égaraient. Et Marco savait que Robert était heureux dans son tout nouveau mariage même s'il avait besoin d'autre chose de temps en temps. Ils ne s'étaient jamais rien cachés, et ils ne l'avaient surtout pas fait sur ce sujet-là.

Mais ces jours-là, lorsqu'ils s'affrontaient, c'était différent. Parce qu'il n'y en avait qu'un des deux qui était doux. Parce que la colère se mêlait à leurs ébats. Parce qu'ils n'arrivaient pas vraiment à la contrôler, cette tristesse, cette colère vis-à-vis de l'autre. Encore moins le blond. Parce qu'il lui en voulait d'être parti et d'être devenu un adversaire. 

Alors Robert a la bouche qui vient parcourir le visage de celui qui se trouve à côté de lui, qui le parsème de légers baisers, le corps qu'il bascule sur ses genoux pour lui faire face et plonger son regard dans les yeux tristes de l'ailier de Dortmund. Il a le je suis désolé sur le bout des lèvres mais il ne veut pas sortir. Parce qu'il savait qu'il était des excuses que le blond n'accepterait jamais. Alors il se contente de tenter de le réconforter à l'aide de légères touches dans son cou et ses mèches dorées. Mais les prunelles continuent de luire dangereusement.

Et le blond finit par venir crasher ses lèvres sur les siennes. Il les abime de son baiser. Y a le sang qui se répand doucement dans leurs bouches alors qu'il a mordu un peu trop fort la lèvre de l'autre. Et il ne dit rien le brun, parce qu'il sait très bien qu'il ne vaut pas forcément mieux quand il perd. Que ces jours-là, il n'aimerait pas être à la place de Marco. 

Parce que ces jours-là il cherchait juste à oublier le match, à penser à autre chose, à canaliser sa colère et sa déception d'une quelconque manière et c'était celle qu'ils avaient trouvée. C'était la leur et ça leur allait bien comme ça. Et ces jours-là, quand il s'était retrouvé à la place à laquelle il se trouvait à cet instant, Marco ne disait rien, il lui laissait le champ libre et il ne disait même rien le lendemain matin. Parce que le postulat de base était que c'était le perdant qui choisissait. Mais il lui était arrivé de faire bien trop peu attention au blond dans un moment comme ça et il l'avait regretté pendant des jours entiers. Il fallait dire qu'il n'avait pas supporté tous leurs sourires moqueurs lorsqu'il avait perdu face à eux pour son premier retour dans la ville de la Ruhr. Evidemment que Marco avait dit que ce n'était pas un souci quand il s'était excusé au petit matin. Il s'était contenté de rappeler la règle, celle qui disait qu'il n'y en avait pas réellement. 

Ce soir, Marco était différent de la première fois où il s'était simplement glissé dans ses bras en quête d'un doux réconfort, complètement brisé par la dégringolade de son club au classement et plus abattu qu'énervé. Il pouvait sentir sa colère à ses mouvements. Pourtant d'un seul coup, Marco se recule dans le baiser, comme s'il venait se réveiller. Les doigts glissent doucement dans les mèches claires avant de trainer sur son visage aux traits fatigués autant qu'énervés.

Je ne t'en voudrai jamais tu sais.

Il vient lentement coller son front à celui de son vis-à-vis. Mais la colère sourde régnant dans le regard flamboyant qui venait de se fixer dans le sien était si puissante qu'il eut envie de reculer sur le champ. Son meilleur ami était énervé comme jamais. Et au plus profond de lui, il sentait que s'il laissait libre court à cette colère, il lui en voudrait, comme Marco lui en avait voulu ce soir-là, malgré son mensonge évident au petit matin. 

Je suis trop énervé. J'aurais jamais dû venir.

─ Ne dis pas n'importe quoi.

─ Tu nous en as collé six Robert et tu joues une demi-finale dans deux jours, tu m'en voudras si je laisse sortir mon énervement. Et j'ai pas envie de regretter d'ici trois heures. Tu vas le f...

Marco... 

Il ne lui avait pas laissé le choix de répondre. Les ongles venaient de capturer son visage. Les prunelles vertes étaient aussi assombries qu'assurées. Et il savait très bien qu'il ne lui dirait pas non une seconde fois, parce qu'il l'avait déjà fait et il l'avait amèrement regretté. 

Tu sais très bien que c'est soit toi, soit un autre. C'est ce que je veux ce soir et tu vas respecter la putain de règle Lewandowski ou je trouverai quelqu'un pour avoir ce dont j'ai besoin. Je veux oublier pendant au moins un moment cette putain d'humiliation.

Il rattrape le blond par la taille alors qu'il est déjà en train de se lever en quête de ses chaussures pour mettre les voiles pour n'importe quel bar de la ville. Il peut sentir le soupir de soulagement qui s'échappe de la bouche de son ami quand ses lèvres retrouvent les siennes. Et même s'il n'approuve pas cette idée, les battements de son cœur s'apaisent de le savoir malgré tout dans ses bras et pas perdu dans ceux d'un inconnu comme il l'avait bien trop fait auparavant. Il parcourt du bout de ses doigts la joue de son ami.

T'es vraiment sûr, Marco, je...

Le léger hochement de tête qui lui répond lui suffit pour savoir qu'il ne se trompe pas. Robert connaissait le blond par cœur et il savait tout de ces démons. Il était peut-être le seul à qui il les confiait, ne voulant surtout pas les partager à son autre meilleur-ami. 

Il sent les ongles qui s'enfoncent dans sa chair par instant, les voit qui se crispent dans les draps. Ils ont leurs lèvres qui se touchent et se détachent par moment. Le regard plein d'amour pour son amant blond qui plonge dans celui tempétueux et perdu de l'autre. Parce qu'il n'a jamais que rêvé de son bonheur, mais ils ne pouvaient plus l'avoir en même temps sur un terrain de foot. 

Dès qu'il se laisse retomber sur le plus jeune à bout de souffle et recouvert d'une fine pellicule de sueur, il vient déposer un baiser sur le front de l'ailier. Puis, il roule sur le matelas et l'attire dans ses bras. Ses doigts parcourent le dos du blond aux yeux brillants. De colère, de déception, de désillusion.

Ça va ? T'es calmé ? 

Et l'autre ne lui répond pas, il ne le faisait de toute façon jamais. Il ne lui parlait jamais lorsqu'il venait de perdre. Mais il aurait aimé que pour une fois il le fasse. Il entend ses sanglots et aimerait lui dire que ce n'était que du sport. Mais il sait très bien que ce n'était pas le cas. Le Borussia était toute la vie et une grande partie des rêves de Marco. Il l'embrasse une seconde sur la joue, niche son visage dans son cou, se contentant de lui rendre son étreinte. Il s'accroche à son meilleur ami comme à la bouée de sauvetage qu'il est bien trop souvent. Et c'était toujours comme ça qu'ils s'endormaient.

Putain Lewy, c'est quoi ça ? T'es un tigre mon vieux

C'est la douce voix de Marco qui vient de le réveiller. Il s'était attendu à se réveiller à côté de lui et à devoir le tirer du sommeil, mais il était là, devant le miroir de la chambre d'amis à s'observer, un air outré sur le visage.

Il est quelle heure ? 

Il a les yeux qui papillonnent, qui tentent de s'habituer à la lumière du soleil alors qu'il n'avait pas pris le temps de fermer sa vitre la veille au soir. 

On s'en fout de l'heure, regarde la tronche de mon torse. Tout le monde va se foutre de ma gueule à l'entrainement ! 

Il se redresse doucement pour voir un blond au corps un peu fort marqué. 

T'inquiète ça va partir.

Mais il n'obtient qu'un soufflement en réponse.

C'est bon Marco, le prends pas comme ça. T'avais qu'à être moins énervé et désirable hier soir, j'ai pas pu résister.

Le brun finit par se relever pour rejoindre le blond devant le miroir. Il lui dépose un baiser sur la joue et rit une seconde.

T'auras qu'à dire que t'es tombé, ils sont un peu cons dans la Ruhr, ils pourraient y croire. 

Et il est heureux quand il voit le rire qu'il arrive à arracher à son ami. 

Tu devrais savoir qu'ils ne sont cons que dans cette satanée ville de Gelsenmerde.

Il ne peut retenir son rire devant le regard taquin qui lui fait face. Toute la colère semblait s'être évanouie pendant la nuit et il retrouvait celui aux côtés de qui il aimait tant passer du temps. 

Ça va quand même ce matin ? 

Le blond se retourne doucement vers son ami. Il a les doigts qui se perdent dans les mèches brunes de l'autre. 

Ne t'inquiète pas pour moi Rob. Si j'avais pas voulu à un moment, je te l'aurais dit. Toi ?

─ Tenant à rester un minimum classe, je ne parlerai pas ce que j'ai pensé de cette nuit Reus. 

Mais y a la préoccupation qui ne quitte pas les yeux verts qui le fixent. Celle qui l'amuse. Parce que s'il avait eu une appréhension à l'idée de jouer ainsi avec son meilleur ami, elle avait certainement bien trop rapidement disparu. Elle avait disparu lorsqu'il avait compris l'effet qu'il pouvait avoir sur ce qui restait de son meilleur pote, en vrac dans ses bras. 

T'es vraiment sûr ? 

─ Tu n'as pas idée.

C'est un murmure dans l'oreille du blond. Le sourire en coin qui vient se peindre sur le visage du plus petit l'amuse une seconde. 

Content de te l'entendre dire. On irait pas manger maintenant ? 

❝ Je suis l'ami d'enfance
La voix du réconfort
Et qui prend ta défense
Que t'aies raison ou tort

Je suis un peu ton père
Celui qui te protège
Quand ils se font la paire
Pour une autre blanche neige

Je suis là quand il faut
Et j'accepte aussi bien
Quand tu me tournes le dos
Parce que tu vois quelqu'un 

Je sais ce qu'il faut que tu fasses. Il faut que tu le rendes jaloux.

─ N'importe quoi. 

La réponse était tombée du tac-au-tac en réponse à l'idée idiote de son meilleur ami polonais. Ils étaient à table devant des viennoiseries originaires de son pays que le brun avaient réussi à récupérer. Ne pouvant s'en passer, il avait soudoyé une des boulangeries de la ville de lui en fabriquer régulièrement en échange de la recette. Et ce n'était pas pour déplaire au blond qui adorait ça depuis qu'il l'avait un jour emmené visiter sa ville natale en compagnie du petit brun du trio.

Si, il le faut. Je suis persuadé qu'il faut qu'il te pense heureux avec quelqu'un pour qu'il réagisse. 

Regard qui se lève au ciel. A ses yeux, cette idée était très mauvaise et Rob en train de lui faire une énième blague.  

Il aime Ann-K Rob.

─ Oui mais il se pose des questions c'est une évidence. 

Il souffle une nouvelle fois le blond avant de lever une nouvelle fois les yeux au ciel. Mario était en couple. Mario aimait Ann-Kathryn plus que tout et Marco était le mieux placé pour être au courant. Parce que c'était avec lui que Mario parlait de sa vie de couple depuis de trop longs mois. Mario ne se posait aucune question, et surtout pas de questions le concernant lui.

Qu'est-ce que t'en sais d'abord ?

─ Je lui ai dit que t'étais bi et qu'on couchait ensemble.

Il se fige Marco. Y a la terreur qui glisse dans son regard. 

Qu'est-ce que t'as fait ? Non Rob t'as pas fait ça quand même ? 

Il sait que l'ailier va s'énerver. C'était un risque qu'il avait dû prendre et il était persuadé que c'était le bon. 

T'énerve pas Marco. Je l'ai fait pour toi. Et je suis certain qu'il me déteste en ce moment-même pour lui avoir dit ça. Et est-ce que ça a changé quelque chose depuis entre vous alors que ça fait plusieurs semaines que je lui ai dit ? Non. Alors c'est qu'il s'en moque du sexe des personnes que tu fous dans ton lit. Mais savoir que c'est potentiellement moi, ça, il ne le supporte pas.

─ N'importe quoi...

─ Non, pas n'importe quoi. Tu crois que j'ai pas vu la colère dans ses yeux quand je lui ai dit ça. Ou la jalousie j'en sais rien. Il faut que tu sois là pour lui, il faut que tu paraisses heureux avec moi, avec un autre. Il faut que tu le rendes dingue. 

Il éclate de rire le blond.

Mais dingue de quoi exactement Lewy ?

─ Dingue à l'idée que d'autres puissent coucher avec toi et pas lui. Je m'en moque qu'il croit que tu tapes toute l'équipe de Dortmund et toutes les filles de la ville, il doit y croire. Et il faut qu'il ait aussi l'impression que tu le remplaces en tant que meilleur ami. J'en sais rien, il doit bien y avoir un coéquipier là-bas avec qui tu peux jouer à ça. Il doit comprendre qu'il veut la place des autres à tes côtés.

Il laisse un léger silence s'installer. Il tente de se concentrer pour tenter de saisir les idées qui traversent trop rapidement l'esprit de son ami, de comprendre son cheminement de pensées qui l'a amené à proposer une telle idée.

─ Et quand vous vous retrouvez, il faut que son regard ne puisse pas se détacher de ton cul alors refais ta garde-robe si nécessaire.

─ T'en as d'autres des conseils comme ça ?

─ Oui. Tu ne me lâches pas à nos prochaines soirées en sa compagnie, il voudra savoir si c'est vrai ce que je lui ai dit, parce qu'il y croyait qu'à moitié. Il faut qu'il comprenne que ce n'était pas une blague et que tu aimes vraiment les hommes, que ce n'est pas un problème pour toi et que ça n'a donc pas à en être un pour lui. Tu te montres vraiment quand tu viens à Munich et je ferai pareil à Dortmund, il ne faut pas qu'il puisse passer à côté. 

Le blond mord dans sa viennoiserie. C'était du grand n'importe quoi.

Je vais mettre Mats aussi sur le coup, hors de question que ça foire.

─ C'est quoi ? Une mission ?

─ Oui blondinet, une mission cupidon. T'es dingue de lui et lui fait des rêves où il couche avec toi, alors il est temps qu'il réagisse enfin que non, ce n'était pas juste parce qu'il avait bu qu'il t'a embrassé pour rigoler entre amis à l'anniv de Schmelle, mais bel et bien parce qu'il ne pensait qu'à ça depuis des mois.

Il croise le regard du blond qui est là bouche bée devant les mots. Il rêvait de... lui ? Mario ne pouvait pas rêver... de lui ? Mario se confiait à lui et jamais il ne s'était posé la moindre question existentielle. C'était Ann-K ou rien. 

Tu pensais quand même pas qu'il y avait que toi qui te confiais à moi ? Je te rappelle qu'on est dans le même club avec le petit boulet qui nous sert de meilleur ami. Et tu veux savoir autre chose ? 

Il hoche doucement la tête, l'espoir renaît doucement dans son cœur. Et dans le fond c'était peut-être ça pire. Car il n'y avait rien de pire que l'espoir. Car quand on espérait, on pouvait se briser.

Il se souvient parfaitement de votre sortie luge et il était déçu que tu lui en aies pas reparlé. 

─ Il... Il s'en souvient ? 

Hochement de tête en retour. Le cœur du blond rate des battements. Il est perdu, ne comprend pas. Il aurait dû lui en parler. Il n'avait pas pu mentir comme ça le matin alors qu'il mourrait d'envie, et de peur aussi, de lui en reparler. 

Mais... Pourquoi ? 

Le regard bleuté du brun plonge dans le sien. 

Il a peur Marco. Il a jamais été attiré par autre chose que les femmes, il est en couple à l'extérieur depuis plus d'un an et je sais que ça se passe bien. Peut-être que c'était juste plus simple de prétendre que ça n'avait jamais eu lieu pour lui. Je pense qu'il pense vraiment que ça ne signifiait rien, ou il tente de s'en convaincre.

Il marque une légère pause. 

Mario a toujours évité les sujets qui fâchent, tu le sais aussi bien que moi. Là, il l'évite aussi. Il se persuade que c'était parce qu'il était saoul, que tu ne t'en souviens pas, que c'était une erreur due à la boisson sans sens caché. Et si tu ne t'en souvenais pas, il n'y avait pas de raison de se poser des questions ou que les choses changent entre vous, non ? 

Il souffle le blond. Parce qu'elle ne lui convient pas cette réponse. S'il ne lui en avait pas reparlé, c'était parce qu'il regrettait, parce que oui, Mario avait beaucoup trop bu ce soir-là, bien plus que lui-même. 

Non, c'est parce qu'il regrette. Il regrette et comme ça il n'avait pas à m'en reparler de vive-voix au cas où ça aurait pu représenter quelque chose pour moi. Mario a toujours été comme ça, à éviter de me blesser. 

Mario avait eu peur de lui faire du mal alors il n'avait pas osé lui dire qu'il partait, il devait être en train de faire la même chose. Il pouvait toujours tenter de le rendre jaloux ou même de le séduire qu'il finirait quand même le cœur brisé. Les yeux se contentent de se lever au ciel en réponse. La langue du polonais vient claquer une seconde contre son palais. 

Ce ne sont pas ses mots. Il était perdu, mettait ça sur le coup de son taux d'alcoolémie frisant des sommets, mais non, il ne m'a jamais dit avoir regretté. Y a deux mots d'ordre en ce moment Marco : le rendre jaloux et lui laisser du temps pour qu'il accepte ce qu'il peut ressentir pour toi. Donc non, tu ne lui reparles pas de l'anniversaire de Schmelle, c'est encore mieux s'il pense que tu ne t'en souviens pas, que ça ne t'a pas plu ou que tu regrettes. 

Parce qu'il en était persuadé que le brun voyait dans le blond bien plus qu'un ami même si aucun des deux ne voulait l'admettre. Mais il était surtout persuadé qu'il était complètement perdu, encore plus maintenant qu'il savait tout. Et qu'il était aussi mort de trouille à l'idée qu'il ait envie de plus avec lui. Ann-Kathryn, il l'aimait peut-être vraiment, certainement vraiment même. Mais plus que tout, il aimait la simplicité qu'elle pouvait représenter. 

Mario avait besoin de temps, de beaucoup de temps pour comprendre. Mais peut-être que voir Marco dans les bras d'autres le ferait réagir qu'il était celui qui voulait se trouver à cette place-là. C'était de toute façon l'unique solution censée. Mario était borné dans l'idée qu'il l'avait embrassé juste parce qu'il avait bu et seul Marco aurait pu le convaincre qu'il y avait quelque chose. Mais le blond n'y croyait pas et il avait bien trop peur de le perdre pour lui confier ses sentiments.

Qu'est-ce que je ferais sans toi... ?

─ Rien, mais ça c'est pas une nouveauté. 

Et il se met à rire le polonais arrachant un vrai sourire au blond qui se tient en face de lui. Ils changent de sujet, rient et parlent de tout et rien, de sujets plus sérieux aussi. Et bientôt, ils sont leurs verres et assiettes à la main devant le lave-vaisselle, finissant de ranger.

─ Il est nouveau cet ilot central ? 

─ Ouais pourquoi ?

─ Parce qu'il semble pas mal, que mon avion ne part qu'à 13h et je suis sûr qu'il y a moyen qu'on se quitte sur un souvenir plus joyeux que cette nuit malgré tout.

Il a un sourire malicieux lorsqu'il relève son regard taquin pour lui faire face. Un sourire qui se transforme en éclat de rire alors qu'il l'a soulevé pour le déposer sur l'ilot. Il y avait des propositions qu'il était dur de refuser, surtout qu'il avait toujours préféré un Marco doux et prévenant ou bien joueur et entreprenant qu'énervé et brisé.

j'ai tellement galéré sur la réécriture de ce chap bon sang. suite bientôt du coup (parce qu'elle est écrite, elle). j'espère que ça vous plait toujours !

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