Vingt-deux ★ Karma girls

❝ Je sais de toi
Tout de toi
Mon ami, viens, je sais tout de toi
Je sais tout de ta vie
Dieu m'a dit
Mon ami, viens, je sais tout de toi
Marcher jusqu'à la mort
Et avec toi
Mon ami, à ton bras
Oui, je sais tout de toi 


dortmund, juin 2014

Ça sonne à la porte et lorsque Robert voit le visage de l'autre côté il comprend immédiatement ce qu'il va se passer. Et il ne peut pas dire qu'il ne l'avait pas vu venir, ni même qu'il n'était pas responsable de ce qui allait très certainement se produire dans les minutes à venir. Alors il ouvre la porte et c'est une tempête qui rentre dans son salon. 

T'es qu'un salaud Rob ! 

Y a le blond qui le pousse des deux mains le faisant reculer de quelques dizaines de centimètres. 

J'te déteste ! 

Et ça lui fait mal de voir la tristesse dans son regard, la colère, la déception aussi. 

T'avais promis. Tu m'avais promis l'année dernière. Tu m'avais promis que tu m'abandonnerais pas. 

Les mains de Marco le repoussent à chaque phrase prononcée. Les mots s'enfoncent dans son cœur tels des coups de poignard alors qu'il voit la réelle souffrance sur le visage de son meilleur ami, les larmes qu'il contient avec difficulté. 

Marco... Marco écoute moi. 

Mais il ne semble pas prêt à ça. 

Mais qu'est-ce que tu penses trouver là-bas Rob ? Dis-moi parce que je comprends pas tellement. Des titres ? La Champions League ? Tu peux aussi les avoir ici et tu le sais très bien. Tu les as eus ici. T'aurais pu l'avoir ici aussi. - Y a un silence. - Mais c'est sûr que si vous vous barrez tous, on n'aura plus aucune chance ! 

Ils faisaient chier, lui, Mario, tous ! A aller ailleurs. A penser qu'ils auraient quelque chose de plus ailleurs alors qu'en restant ensemble ils avaient le monde qui leur tendait les bras. Parce qu'ils avaient effleuré leur rêve et qu'il était évident que l'avenir était pour eux si Mario ne s'était pas barré.

Je suis pas comme toi, Dortmund ça a jamais été mon club de cœur et tu le sais très bien. 

Mais ça ne lui fait rien à l'autre, parce qu'il savait aussi que c'était pas une excuse. Il savait aussi qu'il allait devoir faire face aux reproches des polonais de la troupe, ceux qui lui en voudraient nécessairement aussi. 

T'avais promis. 

Il le voit écraser rageusement une larme qui lui échappe. Et Robert sait qu'il n'aurait jamais dû le faire l'année d'avant. 

J'ai dit ce qu'il fallait pour que tu sentes un peu mieux ce jour-là, parce que c'était ce que t'attendais que je dise. 

Il a le regard qui se vide, il est perdu, il semble tomber de haut. Il a les bras ballants. 

Non, non, t'avais promis... 

Y a les sanglots dans sa voix et il finit par se retrouver dans les bras de l'attaquant alors que les larmes commencent à rouler sur le T-shirt de Robert. 

Tu m'avais promis Lewy...

Je sais... 

Sa voix est douce alors qu'il resserre un peu plus sa prise sur l'ailier en même temps. La culpabilité le rattrape quand il sent le corps secoué de secousses à chaque sanglot pressé contre le sien. 

Ça changera rien entre nous tu sais. 

Les mots qu'il ne fallait certainement pas prononcer. Le blond tente de se dégager. 

Me mens pas, tu sais très bien que c'est faux. Ça a tout changé avec Mario. 

Il se débat encore un peu mais face à la force du polonais, il est vite obligé de rendre les armes. 

Lâche-moi Rob.

Non. 

Et il plaque encore un peu plus l'allemand contre sa poitrine. Il a les mains qui glissent dans ses cheveux, y laissant quelques caresses. Il sent les sanglots du blond qui se calment à moitié. Alors il le recule lentement et il vient doucement essuyer le flot de larmes de ses pouces. Il a les mains qui viennent encadrer son visage le forçant à plonger son regard vert dans le bleu du sien. 

Ça changera rien parce que je suis pas Mario et je serai jamais Mario. Maintenant tu comprends peut-être pas mais tu comprendras avec le temps. On sera juste encore plus heureux lorsqu'on se reverra. 

Il n'était pas sûr qu'il voulait le croire. Il n'en était plus capable. Il n'en voulait plus des promesses qui n'amenaient à rien. Pourtant il sait aussi ce que Rob avait représenté pour lui quand il était parti. Et il a tellement envie de le croire en cet instant. Parce que c'était Robert et que Robert était tout pour lui. 

❝ Toujours mon cœur sait où tu vas
Mon ami, mon cœur bat pour toi
Oui, je sais tout de toi
Tout de toi
Mon ami, viens, je sais tout de toi 

Aller viens on va aller boire. Ça te fera du bien. 

Y a les bouteilles qui sont sorties. Les verres qui s'enchainent alors qu'ils se rappellent le bon vieux temps. Y a les larmes qui ont disparu, les rires qui s'élèvent du salon où les deux compères sont installés. Y a les regards qui se font vitreux alors que la soirée s'engage de plus en plus. Une soirée à parler de tout et de rien. A se raconter leurs peurs, leurs doutes, leurs passions et leurs envies. Une soirée comme ils en avaient déjà faits des dizaines, à deux, avec Mario, ou avec d'autres coéquipiers.

Faut que tu me goûtes ça ! 

Une nouvelle bouteille est sortie, celle de trop certainement. Parce que Marco a pris un verre de rhum, et puis un deuxième. Pourtant il n'était pas censé aimer le rhum, il n'avait jamais aimé ça, n'en buvait jamais. Mais en cet instant, il le trouvait même bon alors qu'il lui brulait l'œsophage. 

Et puis c'est le flou, le vide intersidéral, le trou noir, celui des souvenirs qui manquent. 

Un rayon de soleil vient le réveiller. La première chose que Marco voit est qu'il est pas chez lui. Il a les yeux qui papillonnent un peu, qui s'habituent à la lumière extérieure. Le début de soirée lui revient, Robert avait dû lui interdire de repartir. La seconde chose qu'il sent sont les bras qui l'entourent. Il ne met pas longtemps à reconnaître l'odeur du polonais qui lui sert de meilleur ami. Il a les mains qui viennent frotter contre son visage. 

Il se dégage de l'autre étonné d'avoir dormi avec lui. C'était avec Mario qu'il dormait parfois. Mais il l'avait déjà fait, quand il n'allait pas bien. Robert ne se sentait jamais de lui dire non dans des cas comme ça. Pourtant lorsqu'il retire les draps, un détail le dérange. Parce qu'ils étaient nus dans les bras l'un de l'autre. Il grommelle une injure. C'était pas possible. Mais, il y avait les habits qui ne laissaient pas vraiment de place de doute, parce qu'ils étaient éparpillés aux quatre coins de la chambre. 

Rob... 

Il le secoue doucement et reçoit un grognement en réponse. Alors il recommence.

Rob... 

Il le voit qui bouge légèrement. 

Hey Marco... 

Sa voix est légèrement cassée par la fatigue. Il a un léger sourire quand leurs regards se croisent. 

Mec... Il s'est passé quoi hier soir ? 

Et il voit l'autre qui se tourne cherchant à comprendre. Il se redresse, les draps tombant au niveau de sa taille avant de se prendre la tête entre les mains. 

T'étais énervé, on a bu et...

─ Me dis pas que tu te souviens pas non plus ? 

Le polonais hoche négativement la tête, la laissant par la suite retomber dans son oreiller. Le blond l'observe quelques instants alors qu'il semble chercher des brides de leur soirée au plus profond de sa mémoire. Il finit par relever la tête. Et puis il éclate de rire. 

Mais l'état de ton dos laisse peu de place à l'imagination. 

Et lorsqu'il voit Marco se tourner dans tous les sens dans l'espoir de voir ce qu'il se passe sur son dos, il rit encore plus fort. Et puis Robert se redresse et le brun comprend dès son premier mouvement. 

Mais apparemment t'as fait ça bien blondinet. 

L'éclat de rire résonne dans la chambre alors que le blond se tourne vers lui, les joues se mettant à légèrement rougir. Comment pouvait-il en rire sérieusement ? Déjà une fois, ça n'aurait jamais dû se produire. Mais deux... Surtout que ça semblait être bien différent de cette nuit passée dans ses bras un an plus tôt.  

Comment on en est arrivé là ? 

Il a le regard vert qui se plante dans celui du brun. Le sourire de son acolyte est amusé alors qu'il se tourne vers lui, se levant et haussant les épaules.

L'envie j'imagine.

Et ça te dérange pas ? 

Il observe le polonais qui ne semble aucunement gêné alors qu'il se lève en direction de sa salle de bain. 

Pourquoi ça me dérangerait ? Ça te dérange ? 

Il hausse les épaules le blond, il ne sait pas quoi répondre aux remarques directes de son meilleur pote. 

Oh Marco, tu faisais moins le timide quand c'était avec un inconnu que je t'ai trouvé. Tu vas quand même pas l'être avec moi qui te connais mieux que personne.  Profiter des plaisirs que la vie nous offre, non ? 

Il soupire à ce souvenir, un léger sourire au coin des lèvres. La tête du brun glisse à travers la porte alors qu'il continue, la voix toujours plus amusée. 

Faut croire que je me suis offert sur un plateau hier soir et que tu en as bien profité.

─ T'es con ! 

Il finit par se lever. Et puis il se glisse dans la salle de bain. Immédiatement il cherche le miroir du regard. Il sourit à la vue qui s'affiche. Sa tête tourne immédiatement vers le polonais en train de faire couler l'eau de la douche.

Ah ouais, on a pas dû faire les choses à moitié.

Tu me trouves du genre à faire les choses à moitié ?

Je sais pas, à toi de me le dire.

Personnellement si ça te dérange pas je préférerai te montrer. 

Ils ont les regards qui se croisent, qui se jaugent. Le défi luit dans les prunelles. Les sourires s'étirent alors qu'ils ne veulent pas  lâcher, ni l'un, ni l'autre. Les iris parcourent le corps  de l'attaquant, la gêne ayant disparu depuis un moment à présent. Il redresse ses pupilles brillant à la lumière des lieux, les braquent dans celles amies. Le blond s'avance, rapprochant leurs corps de façon nette. 

Et qu'est-ce que tu veux me montrer Robert Lewandowski ?

─ Bordel...

Une seconde avant que leur relation ne rebascule vers ce qu'elle n'aurait jamais dû être. Une seconde avant que le brun attire le blond avec lui dans la douche. L'eau chaude coulant déjà depuis quelques minutes s'écrase sur eux. Une seconde avant qu'il ne le plaque contre la paroi, pressant son corps contre le sien. Une seconde avant que leurs lèvres et leurs mains retrouvent le corps de l'autre. Quelques minutes avant qu'ils cèdent tous deux à ce désir dévorant et qu'ils se montrent à quel point c'était simple, facile et évident entre eux tellement ils pouvaient s'aimer à côté. Quelques dizaines de minutes avant qu'ils ne s'asseyent propres et habillés dans la cuisine du polonais pour prendre leur petit-déjeuner.

❝ Sur la terre chaque nuit
Avec toi
Partout à ton bras
Je sais tout de ta vie
Dieu m'a dit
Mon ami, viens, je sais tout de toi
Marcher jusqu'à la mort avec toi
Mon ami, oui, on y croit encore
Jusqu'ici dans la nuit
Au hasard
Oui, je sais tout de toi
Oui, je prends tout de toi 

T'auras mis des années à saisir mes sous-entendus mine de rien.

T'aurais pu continuer longtemps je pensais que tu déconnais. 

Le blond a un sourire moqueur alors qu'ils sont cote à cote dans le canapé. S'il ne pouvait pas nier qu'il avait toujours trouvé son coéquipier attirant, il n'avait jamais envisagé la possibilité que l'inverse soit tout aussi vrai.

Même après l'année dernière ?

Ouais. C'était pas grand chose et je pensais juste que t'avais fait ça parce que tu voyais que j'allais pas bien. 

Ils ont les regards qui se croisent et ils n'ont pas besoin de parler pour savoir ce que l'autre pense. Le silence les enveloppe et ils restent silencieux comme ça un bon moment. Parce qu'ils n'ont jamais eu besoin de parler pour se comprendre. La tête finit par se reposer sur l'épaule du plus grand qui passe naturellement une main autour des épaules de l'ailier, le serrant contre lui. 

Tu vas me manquer là-bas... 

Le polonais a un léger soupir triste à la remarque de son meilleur ami. Il préférerait tellement ne pas en entendre parler, éviter le sujet, déformer la réalité. 

Moi ou mon corps très à ton goût ? 

Ils ont les regards qui se croisent et ils éclatent de rire. Et puis il se décide enfin à lui répondre. À mettre des mots sur la douleur qu'il ressent en cet instant à l'idée que d'ici quelques jours, il n'aura plus Marco avec qui refaire le monde ou à qui confier ses plus grands secrets. 

Tu vas me manquer aussi. 

Il sait que là-bas il va retrouver le brun. Mais c'était différent, parce qu'il n'était pas le confident. Il n'avait jamais été le confident. C'était Marco l'oreille attentive, Marco celui qui pouvait un peu le conseiller, Marco le dévergondé qui ne serait jamais choqué. C'était lui qu'il allait voir quand il était vraiment trop bourré, lui qu'il avait trouvé quand il pensait avoir été drogué parce que sa boisson avait un goût étrange. Ce n'était pas avec Mario qu'il pourrait parler de sa vision du couple, parce qu'il ne le comprendrait pas. 

Mais Anna... avec un visage où une moue apparaissait avaient été les premiers mots énoncés par Marco, immédiatement sorti de la douche. Il s'était contenté de lui sourire, heureux que malgré tout, la raison lui revienne et qu'il l'empêche immédiatement de faire une connerie plus importante si ça en avait été une. Il s'était bien retenu de lui répondre du tac-au-tac Mario ? Mais le blond n'avait toujours pas réagi alors il n'aurait certainement pas compris. 

Il lui avait expliqué pendant qu'ils prenaient leur petit-déjeuner et il avait juste vu la lueur taquine qui s'était installée dans son regard en réponse une fois rassuré. Très peu pour moi comme truc, mais cool si ça vous convient comme ça. Peut-être qu'il avait réagi ainsi parce que malgré sa discrétion, il aurait été bien mal placé pour le juger. Ou bien parce qu'il avait vu tellement de choses qu'il était devenu même un peu trop ouvert d'esprit. Parfois, il préférait mieux ne pas tout savoir sur lui. Et il avait encore plus compris qu'il lui manquerait parce qu'il pouvait parler de vraiment n'importe quel sujet avec lui, même ceux qui auraient outré une grande partie de la société. 

Il le serre encore un peu plus contre lui. Et puis il cherche à changer de sujet. 

Bon, film ?

Ok. 

C'est comme ça qu'ils passent la matinée. Et puis, le téléphone du blond se met à sonner. Il le récupère et son visage s'illumine dès qu'il voit le nom qui s'y affiche. Il ne se pose même pas la question de décrocher ou non. Parce qu'il n'allait pas le faire attendre quand même. 

Hey Sunny ! 

Et il s'éloigne un petit peu du polonais pour répondre à son brun. 

Marco ! Je t'appelais parce que j'ai appris pour Rob, tu vas bien ? 

Et pendant quelques secondes il a la gorge qui se serre un peu. La réalité qu'il avait oublié pendant quelques heures remontent.

Ouais, ouais, ça va.

T'es sûr ? 

Il peut sentir l'inquiétude de l'autre de l'autre côté du téléphone et il apprécie, peut-être un peu trop, qu'il se fasse du souci pour lui. 

Oui. De toute façon qu'est-ce que je peux y faire. 

Il a un léger soupir. 

Tu veux que je vienne à Dortmund ? 

Il a son sourire qui s'agrandit encore un peu. Est-ce qu'il devait lui dire qu'il avait plus qu'envie de le revoir ? Qu'il débarque tout de suite à Dortmund. 

Si tu veux. Mais on se voit dans même pas une semaine avec le reste de l'équipe.

Ouais c'est vrai, mais bon, autant profiter des quelques jours avant non ? En plus Ann-Kathrin est pas là on pourra faire nos trucs de gars tranquillement. 

Est-ce qu'il est en train de sourire comme un débile ? Est-ce que ça a échappé à Robert qui ne le quitte pas du regard ? Non, bien sûr que non, parce que ça faisait un moment que ça ne lui échappait pas. Mais ça ne lui avait jamais autant sauté aux yeux. Et il se demandait quelle tête faisait le brun de son côté du téléphone. Est-ce qu'il souriait autant et semblait aussi heureux de lui parler que Marco ? Parce que c'était là le nerf de la guerre. Il y avait Marco qui rêvait de retrouver le brun, qui avait des étoiles dans les yeux quand on en parlait, lorsqu'il recevait un message ou un coup de fil, qui devait en être tombé amoureux au fil du temps, mais l'autre ne ressentait potentiellement pas du tout la même chose... Et plus les jours passaient, plus la situation devenait une évidence aux yeux du brun. Et plus cela devenait une évidence, plus il craignait de finir avec un Marco au cœur complètement brisé.

C'est Mario tu veux lui dire quelque chose ? 

Y a un léger silence. 

Ouais, je suis chez Rob, tu veux lui parler ? 

Il tend son téléphone au brun et les voilà qui commencent une légère discussion. 

J'espère que tu m'accueilleras bien mec. 

Il n'entend pas tout l'allemand. Mais il peut entendre le rire du brun dans le combiné par moment quand il se mêle à celui du futur bavarois. 

Bon je te laisse, Marco est jaloux. 

Et il éclate de rire alors que le blond lève les yeux au ciel. Il finit par raccrocher et le blond revient se caler contre lui. 

On peut reprendre. 

Et il l'observe en souriant le brun, parce qu'il semble réellement heureux en ce moment précis. 

suite bientôt et on repartira dans le vrai cours de l'histoire suite à ce flash-back, mais j'ai des retouches à faire, à voir le temps qu'elles me prendront ! j'espère que ça vous plait, hésitez pas à faire des retours.

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