Un ★ L'Adieu

Adieu,

Aux arbres mouillés de septembre
À leur soleil de souvenir
À ces mots doux, à ces mots tendres
Que je t'ai entendu me dire


23 avril 2013

Il part en claquant la porte Marco, quand il entend les mots à la télévision qui traîne dans le salon du club. Au départ, il pense à une blague. Parce que ça pouvait pas être vrai. C'était une caméra cachée. Mario ne pouvait pas partir. Il ne pouvait pas partir comme ça. Il ne pouvait pas l'abandonner.

Il a le cœur qui sombre. Et il n'y a pas un coéquipier pour le rappeler. Peut-être parce qu'ils sont tous autant sous le choc. Ou parce qu'il ne les entend pas.

Quand il arrive chez sa sœur, les larmes se mettent à rouler sur ses joues dès qu'elle ouvre la porte. Elles glissent les gouttes salées alors qu'il se jette dans ses bras.

Marco...

Elle a directement compris ce qu'il se passait. Parce qu'on ne parlait que de ça dans tout Dortmund. Le départ de l'enfant prodige. Le gamin qui jouait les traîtres pour un autre club. Et peut-être qu'elle s'attendait un peu à voir débarquer son petit frère dans cet état-là.

Elle referme ses bras autour de lui et l'entraîne derrière elle. Les larmes humidifient son chemisier et les sanglots ne semblent pas vouloir s'arrêter, seuls bruits venant briser le silence de son appartement.

Marco, ça va aller, tu vas pas le perdre.

Elle murmure dans son oreille alors qu'il la comprime contre lui. Elle le recule doucement. Mains qui viennent doucement sécher les joues pleines de larmes.

Je comprends pas...

Il ne comprenait pas comment il pouvait partir. Il ne comprenait pas parce qu'ils avaient tout ici. Parce qu'ils pouvaient mettre le monde à leurs pieds s'ils le voulaient. Ils avaient failli y mettre l'Europe et rien ni personne ne pourraient les arrêter s'ils restaient ensemble.

Et surtout il avait mal. Il avait mal parce que son meilleur ami partait et qu'il n'avait même pas eu le courage de lui en parler. Mais peut-être qu'il ne comptait pas suffisamment pour le brun qui était devenue la personne la plus importante dans sa vie ses derniers mois. Peut-être que son meilleur ami ne l'avait jamais considéré comme tel de son côté. Il n'en revenait toujours pas que l'année suivante il ne serait plus là. Il n'en revenait pas qu'il ait pu lui cacher quelque chose d'aussi important pour leur amitié que ça.

Il l'avait appris aux informations à la télévision et pas de vive voix. Et ça, il n'était pas sûr qu'il pourrait lui pardonner. Il n'était pas sûr qu'il pourrait lui pardonner son départ pour le club rival des dernières années tout court.

Dis-toi que ça aurait pu être pire. Il aurait pu rejoindre Scheiße.

Elle ne réussit même pas à le dérider avec sa remarque. C'est vrai que ça aurait pu être pire. Mais ça, c'était déjà le pire dans l'esprit de l'ailier blond. Parce qu'il y avait peu de choses dont Marco avait peur. Mais perdre ses proches était ce qui l'empêchait de dormir depuis qu'il était tout petit. Il avait refusé de dormir soir après soir de peur de se faire abandonner pendant la nuit. Il avait cru qu'elle ne reviendrait jamais quand son aînée était partie. Alors oui, cette situation, Mario loin et lui restant à Dortmund, appartenait à la catégorie du pire.

L'adieu est une lettre de toi
Que je garderai sur mon cœur
Une illusion de toi et moi
Une impression de vivre ailleurs

Il ne voulait pas l'annoncer comme ça Mario. Il voulait attendre. Il voulait d'abord en parler à ses coéquipiers. Il avait essayé plusieurs fois d'en parler à son meilleur ami. Mais il n'avait jamais réussi à trouver les mots. Parce qu'il savait qu'il allait le blesser et il n'était pas encore tout à fait prêt pour ça.

Alors il avait repoussé. Et puis il avait encore repoussé. Et encore repoussé. Et il n'avait jamais trouvé les mots. Parce que c'était trop dur. Parce qu'il avait pas envie de lire la déception dans son regard. Parce qu'il n'avait pas envie de voir son visage passant d'un sourire à la tristesse en quelques secondes.

Il fallait croire que désormais c'était un peu tard pour ça. Mais, alors que l'information venait de fuiter et qu'il n'avait pas eu le temps de le mettre au courant, il était l'unique personne qu'il avait envie de voir. Parce qu'il fallait qu'il lui explique. Peut-être qu'il comprendrait et lui pardonnerait son départ. Peut-être qu'il serait heureux pour lui. Pourtant au plus profond de lui Mario savait déjà ce qu'il avait fait. En partant, il avait forcément fait ce qu'il avait juré de ne jamais faire. En partant, il avait forcément fait du mal à Marco.

Il traverse en vitesse Brackel pour se rendre dans la salle commune du club, parce qu'il savait qu'il y serait. Après tout, il lui avait dit qu'il le retrouvait là-bas en quittant le vestiaire. Son regard traine dans toute la salle sans l'apercevoir. La colère qui règne sur les visages de ses coéquipiers le transperce. Et plus que tout, il aurait aimé qu'il soit là. Parce qu'alors, il aurait pu se réfugier dans ses bras et il l'aurait protégé de la colère des autres. Ou alors le brun l'aurait serré fort contre lui et lui aurait dit qu'il était désolé et que ça allait aller.

Où est-il ?

Devant leur silence en réponse, il décide de prendre la fuite. Parce que c'était beaucoup plus simple que de les affronter. Parce que c'était beaucoup plus simple que de voir le mal qu'il avait pu causer à ses amis et coéquipiers.

Marco est parti dès qu'il a entendu la nouvelle.

Une voix grave résonne dans le couloir. Il ferme les yeux un instant, puis finit par se retourner pour tomber sur l'un des polonais de la bande.

A quoi tu t'attendais sérieusement ? Que tu l'aies pas encore dit à tout le monde soit. Mais Marco, Marco merde ! Comment t'as pu lui cacher ça ? Déjà nous on ne méritait pas de l'apprendre aux informations, mais lui...

J'avais peur de lui faire mal.

─ Alors mieux vaut que tu n'ailles pas le voir maintenant si tu ne veux pas voir une personne brisée. Par toi.

La phrase casse quelque chose en lui. Son visage se décompose.

Toi aussi tu m'en veux ?

Le ton est sec, mais c'est la tristesse qui y pointe le plus. Il sent son cœur qui s'est violemment serré. Pourtant, le regard de son interlocuteur s'adoucit devant sa remarque.

─ Un peu, comme tout le monde. Essaie de réparer les choses Mario, on a un match important demain et on aura besoin que vous soyez un duo.

Tu crois qu'il m'en veut beaucoup ?

─ Pour poser une telle question, je crois surtout que tu n'as pas conscience de ce que tu représentes pour lui. - la voix est cassante - Viens, je te raccompagne chez toi vu qu'il ne le fera pas.

Il se laisse guider par un de ses meilleurs amis. Le silence est pesant dans la voiture, mais il est incapable de le briser. Pour la première fois, il ne savait pas comment engager la conversation. Il avait la désagréable impression que chacune de ses paroles pouvaient être le détonateur d'une colère de son coéquipier. Il n'était pas dupe, Robert lui en voulait aussi beaucoup même s'il ne voulait pas l'enfoncer. Mais peut-être qu'il lui en voulait encore plus d'avoir fait du mal au blond que de quitter le club.

Il pense au fait qu'il aurait dû être à côté de Marco, en train de chanter à tue-tête dans son Aston Martin jaune et noire. Il se souvenait encore de son sourire heureux quand il était arrivé un jour avec. De ses yeux pétillants de bonheur quand il lui avait raconté comment il avait dû négocier avec un autre client pour l'avoir dans ces couleurs là. Oui, Marco était amoureux de son club et de sa ville. Et en le quittant, il savait qu'il le blessait doublement.

Et maintenant, il était là, à lire les messages de haine sur les réseaux. A essayer d'appeler son meilleur ami sans qu'il ne lui réponde. Il lui avait laissé des dizaines de messages qui restaient sans réponse. Et le petit avait peur. Il avait peur qu'il ne lui pardonne pas. Il avait peur d'avoir brisé leur amitié à tout jamais. Est-ce qu'il était juste déçu et triste ? Ou est-ce qu'il lui avait brisé le cœur ? Il ne se supporterait pas si le dernier cas était avéré. Parce que Marco, c'était peut-être l'unique personne hors de sa famille dont il ne pouvait pas se passer.

Pourtant, Marco le savait qu'il rêvait de jouer sous les ordres de Guardiola. Mario ne lui avait jamais caché qu'il adorait le Barça depuis qu'il était gamin, qu'il adorait cet entraîneur. Et ce n'était plus un secret qu'il arrivait au Bayern pour la saison suivante. Alors il aurait peut-être dû s'en douter.

Il se souvient de toutes les perches lancées sur le sujet qu'il n'avait pas réussies à saisir. Mais pourquoi ne lui avait-il pas dit en face ? Qu'est-ce qu'il pouvait avoir été idiot sur ce coup-là ! Ou lâche. Ouais, plutôt lâche.

D'un bateau ivre de tristesse
Qui nous a rongé toi et moi
Les passagers sont en détresse
Et j'en connais deux qui se noient

Il avait fini par se calmer Marco dans les bras de sa sœur. Il avait mangé avec elle. Ils avaient parlé d'autres choses. De tout sauf de foot, de Dortmund, de match, du Bayern et de Mario. Elle avait eu bien soin d'éviter le sujet. Parce qu'elle ne savait pas vraiment quoi lui dire si ce n'était que ça ne changerait rien. Que les amitiés à distance ça pouvait facilement continuer. Mais tout ça, elle lui avait déjà dit des dizaines de fois alors qu'il pleurait dans ses bras. Alors elle avait arrêté d'en parler.

Il avait fini par se calmer sans vraiment y croire. Parce que ça changerait tout.

Parce qu'ils joueraient plus jamais côte à côte.
Parce qu'ils pourraient plus célébrer leurs buts à deux.
Parce qu'ils pourraient plus chanter dans les vestiaires à deux.
Parce qu'ils pourraient plus écouter de la musique à deux.
Parce qu'ils pourraient plus jouer à Fifa à deux.
Parce qu'ils pourraient plus venir à l'entrainement à deux.

Tant de choses qu'ils ne pourraient plus faire à deux. Parce qu'il partait et qu'il le laissait là. Parce qu'il l'abandonnait sans l'avoir prévenu avant.

Il se laisse tomber dans son lit et il y a les messages et les appels. Ceux présents par dizaines. Ceux des coéquipiers qui en discutent. Ceux de Mario aussi. Et ils sont nombreux. Il les parcourt mais n'y répond pas. Il avait tout sauf envie de lui parler.

Il lui en veut bien trop pour ça. Il n'a pas encore pris suffisamment de recul pour ça. Il a le cœur trop brisé pour ça surtout. Et si Mario n'a pas jugé bon de lui en parler avant, alors il n'a pas à lui répondre sur le coup.

Il a juste envie d'oublier, de dormir et peut-être que lorsqu'il se réveillerait le lendemain tout aurait changé. Ça n'aurait été qu'un mauvais rêve, un maudit cauchemar.


Il n'y croyait pas lui-même au dernier message quand il l'avait écrit Mario. Parce qu'il savait que ça changeait tout.

Parce qu'ils seraient éloignés par des centaines de kilomètres.
Parce qu'ils ne se verraient plus tous les jours comme c'était le cas actuellement.
Parce que Marco ne s'arrêterait pas pour goûter chez lui en même temps qu'il le ramènerait de l'entrainement.
Parce qu'il ne le rassurerait plus d'un sourire quand Kloppo lui aurait trop crié dessus à l'entrainement.
Parce qu'il ne le serrerait plus fort contre lui quand il marquerait un but.
Parce qu'ils ne pourraient plus improviser des soirées à deux à regarder un film ou une série.
Parce qu'ils ne s'endormiraient plus l'un contre l'autre dans le canapé trop épuisé de leur journée.
Parce qu'il ne pourrait plus voir son visage au réveil quand il lui aurait fait la surprise de préparer un petit-déjeuner.

Pourtant il voulait pas y croire. Parce qu'il se disait que son amitié était trop importante pour ça. Mais il en restait quoi de cette amitié alors qu'il avait même pas été capable de lui annoncer seul à seul ? Et s'il refusait de lui parler à nouveau ?

Il allume une nouvelle fois son téléphone. Mais il n'y a rien. Pas un message. Pas un appel manqué. Que le silence comme réponse. Et il a un peu trop peur qu'il refuse de lui pardonner. Alors il appelle son frère.

Fabian, je crois que j'ai merdé.

Il a la voix fébrile, celle qui tremble sans qu'il comprenne vraiment pourquoi.

Laisse moi deviner, t'as pas eu le courage de lui en parler avant et maintenant il veut plus te voir.

Il soupire le brun dans le combiné. Il le connaissait bien son aîné. Il lui en avait parlé avant.

Heureusement que je t'avais dit de tout faire pour pas te retrouver dans cette situation.

Mais...

La voix est brisée. Parce qu'il a peur d'avoir sacrifié son amitié sur l'autel de sa carrière. Pourtant il avait pas tant douté au moment de faire son choix. C'était presque trop naturel. Parce que c'était un rêve de gosse et qu'il avait rien laissé se mettre en travers de celui-ci.

Et s'il me pardonnait pas...

Il a les larmes qui commencent à briller dans le regard. Celles que personne ne voit. Le doute qui s'installe. La prise de conscience de la situation qu'il n'a pas encore bien saisie.

Laisse lui le temps de digérer la nouvelle. - Pause. - Il te pardonnera... - Silence. - Avec un peu de chance...

Quels mots de réconfort... Il n'était pas vraiment sûr d'y croire. Parce qu'il ne semblait pas vraiment convaincu son frangin.

Mario ?

─ Ouais ?

─ Faut que je te laisse, mais laisse-lui du temps et ça s'arrangera.

Du temps. Du temps. Ça voulait tout dire et rien dire du temps. C'était quoi du temps ? Une journée ? Une semaine ? Un mois ? Un an ? Une vie ? Il avait pas du temps à perdre Mario. Il voulait le retrouver plus rapidement que ça son ami.

─ Si tu l'dis. Bonne soirée.

Et, sur la réponse de son frère, il raccroche. Ça ne serait pas pour lui la bonne soirée. Parce qu'il y a Marco qui ne veut plus lui parler, et ça changeait tout à ce qu'il avait imaginé.

Il sent ses doigts qui tremblent une seconde Marco. Ils sont posés sur son téléphone alors qu'il s'apprête à lui envoyer un message. Il a lu les messages sur les réseaux sociaux. Il a vu la colère. Et au plus profond de lui, il sait qu'en cet instant Mario ne va pas bien. Et comme à chaque fois que Mario n'allait pas bien, il avait envie d'être là pour lui.

Mais il se contient. Parce qu'aujourd'hui le brun ne méritait pas qu'il soit là pour lui. Alors il repose son téléphone. Il s'enfouit dans ses draps. Les larmes se mettent de nouveau à couler alors qu'il pense à la suite. Elles ont le temps de mouiller son oreiller avant que le sommeil ne finisse par l'emporter.

et voilà pour ce premier chap. la suite arrive bientôt.

hésitez pas à commenter pour dire ce que vous en pensez ou papoter ça fait toujours plaisir

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