Trente-six ★ C'était salement romantique
❝ Tu es plus facile à faire qu'à comprendre
Et tombée je n'ai pas pu te prendre
Partie trop loin de toi
J'ai voulu te manquer
À tes yeux feindre d'exister
Et au sud de mes peines j'ai volé loin de toi
Pour couvrir mon cœur d'une cire plus noire
Que tous les regards lancés à mon égard
J'ai tenté de voler loin de toi
J'ai tenté de voler loin de toi ❞
dortmund, août 2017
Un rayon de soleil vient frapper le visage du blond à travers le volet entrouvert le réveillant. Son cœur se serre quand il repense à la veille. Avait-il rêvé ? Pourtant, il entend les respirations juste à côté de lui. Il bouge légèrement, puis vient refermer les paupières, profitant encore un peu du contact du torse du brun collé à son dos.
─ Je sais que t'es réveillé.
La voix résonne dans son oreille, léger murmure. Il se retourne, l'estomac se serrant violemment. La veille lui revient et la douleur à venir également. Il n'aurait jamais dû faire ce défi et Mario aurait dû le stopper avant de tout recompliquer. Il n'aurait pas dû lui dire les mots qui arrachaient son cœur au petit jour, ceux qui lui rappelaient que Mario le voulait aussi.
Les yeux chocolat plongent dans ceux verts alors que le blond fait demi-tour et son cœur se brise sur la moment. La lumière jadis si malicieuse et heureuse du regard de l'ailier n'était une nouvelle fois pas là. Les yeux semblaient éteints et il peut y lire une profonde tristesse et appréhension de la suite. C'était à cause de lui et il ne le supportait plus. Parce qu'il le voulait heureux.
─ Je vais en parler à Ann-K.
Les mots s'élèvent dans l'air silencieux de la chambre, alors qu'ils étaient encore suspendus au temps et aux quelques minutes les séparant d'un retour à la réalité. Mais Mario ne voulait plus de cette réalité, il voulait en écrire une nouvelle, une à laquelle son meilleur-ami appartenait.
─ Quoi ?
─ J'en ai marre de tout ça. Qu'on prétende que tout va bien alors que c'est évident que ça va pas et que ça ne pourra jamais aller. Que tu me fasses croire que j'ai pris la bonne décision alors qu'on sait tous les deux dans le fond que c'est un mensonge. J'en ai marre de plus te voir sourire et savoir que j'en suis la cause. J'en ai marre de pas pouvoir t'embrasser parce que c'est soi-disant le mieux pour notre carrière, marre de lui faire croire qu'il n'y a qu'elle alors que je pense aussi à toi que je peux pas avoir, marre d'être triste avec elle à cause de ça parce qu'elle mérite mieux quand je suis avec elle. J'en ai marre de devoir faire un choix et que ce soit elle alors que j'ai tout autant envie d'être avec toi. Je vais lui dire.
─ Mario tu...
Les doigts du brun se posant sur ses lèvres le coupent avant qu'il ne puisse finir sa phrase. Et puis il finit par les éloigner et ils ont les yeux qui ne se quittent pas.
─ Faut qu'on arrête de penser juste pour une fois. C'est peut-être une connerie mais je m'en moque. Je veux tenter, parce que ça peut tout changer si c'est ce que tu veux aussi. Je peux rien te promettre, mais ce que je te promets, c'est de lui en parler.
Il s'en moquait de tout, tant qu'il pouvait être avec lui. Y a sa main qui vient prendre celle du blond.
─ Parce que je veux plus penser, réfléchir, je veux juste ressentir.
Il vient déposer ses lèvres à quelques millimètres de celles du blond.
─ Je veux sentir tes lèvres contre les miennes.
Elles glissent sur la joue, sur la peau blanche de l'autre.
─ Je veux sentir ta peau contre mes lèvres.
Main qui glisse le long du torse de l'autre.
─ Je veux sentir ta peau contre la mienne.
Et il finit par aller poser la main du blond sur son cœur avant d'aller déposer la sienne sur celle du blond.
─ Je veux sentir nos cœurs qui battent fort.
─ J'ai menti, quand j'ai dit que je voulais pas être l'amant dans ton bouquin.
Et il attend pas de réponse le blond. Il va juste embrasser le brun. C'est bref, il s'éloigne rapidement, parce qu'il sait que Mario ne l'embrassait pas depuis le réveil pour une bonne raison. Il plonge ses yeux verts dans ceux chocolat et s'empare du bout des doigts qu'il presse doucement.
─ Je m'en fous d'avoir que quelques heures dans tes bras tant que je les aie, si elle est d'accord avec ça.
Il voit le regard heureux de Mario, son sourire. Et il ne sait pas s'ils sont pas en train de faire l'erreur de leur vie, mais il s'en contrefiche. Parce que l'erreur, ça aurait été de le repousser, de le laisser partir une nouvelle fois. Parce que les cris du Westfalenstadion et ses chants ne vaudraient jamais la voix de Mario dans ses oreilles. Parce que les acclamations ne vaudraient jamais ses baisers. Parce que la joie de mettre un but ne serait jamais équivalente à celle qu'il pouvait ressentir quand son corps glissait contre celui du brun.
Il ferme ses paupières alors qu'il serre le brun contre lui, inspire son odeur. Peut-être que bientôt, il pourra en profiter autant qu'il le veut. L'espoir qui naît dans son cœur est immense. Et puis, il finit par s'éloigner du brun. Il fait glisser son pouce sur sa joue en lui souriant. Son estomac se tord en un mélange d'appréhension de la suite selon la réaction de la petite-amie du brun et d'espoir d'un bonheur à portée de main.
─ Je t'aime.
Il braque son regard dans l'autre. Il n'a jamais autant aimé et il n'en revient pas de ce que Mario est prêt à faire pour lui.
─ Je sais.
Et y a le brun qui éclate de rire, alors que le blond prend un air boudeur. Pourtant, il n'avait pas besoin de déclarations pour savoir que le brun partageait ses sentiments, même s'il savait aussi en lui disant qu'il n'aurait jamais répondu en cet instant précis.
─ T'aurais pu la trouver ailleurs que dans un film ta réponse.
─ Arrête, c'est toi qui m'as dit quand on l'a regardé que tu trouvais ça trop romantique.
─ Eh ben je m'étais trompé, j'aurais pas aimé être à la place de Leïa.
─ Même si ça voulait dire que t'avais Han Solo dans ton lit ?
─ Alors clairement et puis t'as vu son âge maintenant ? Quitte à mettre un acteur dans mon lit, je préférerais largement Schümann et je suis ouvert à toutes propositions de la part du couple Lively-Reynolds.
Un rire éclate en retour avant qu'il ne reçoive un léger coup sur le bras.
─ Et je me suis déjà fait Douglas Booth. Belle gueule mais je garde pas un souvenir impérissable de la suite.
─ Sérieux ?
─ Quoi ? Que j'ai couché avec ou que c'était pas terrible ? Les deux !
─ T'es bête, mais si on doit parler acteur, moi je choisis Emma Stone.
─ Ouh belle rousse. Tu partageras si par miracle t'y arrives ? Tu préférerais pas Emma Watson ?
Ils finissent par éclater de rire. Et puis après avoir trainé encore un peu dans le lit plus que confortable du blond, à moins que ça ne soient ses bras, à parler comme ils l'ont toujours fait, ils finissent par rejoindre les autres qu'ils entendent déjà parler en bas.
─ Eh bien, je vois que ça se sert dans mes placards.
Le blond a un grand sourire, celui qui rayonne et qui fait rayonner les autres. Et le brun le suivant avait les yeux qui pétillaient. Ceux qui pétillaient vraiment et qui rendaient le monde un peu plus beau.
─ C'est pas de notre faute si vous avez voulu faire un matin câlins.
Marco lève les yeux au ciel, et il n'a pas besoin de se tourner vers le brun pour savoir qu'il a piqué un fard vu le regard malicieux que fait le turc semblant bien fier de sa remarque.
─ Nuri, on t'en fait des remarques sur le fait que t'as pioncé avec Lukasz et Schmelle ? Tu crois qu'on vous a pas entendus quitter votre chambre seulement y a dix minutes ?
Et y a Marcel qui éclate de rire. Belle répartie qu'il a envie de dire.
─ Mario, si tu veux y a du lait au chocolat.
─ Pourquoi il en prendrait ?
Y a les regards qui se tournent vers le blond qui a dit ça d'un ton plus que naturel, comme si c'était une évidence, et qui est déjà en train de lui faire couler un café et de lui apporter avec tout ce qu'il faut, sucre, crème. La totale, comme il les aimait. En plus, il avait jamais pris un chocolat le matin, il avait toujours pris du jus d'orange. C'est fou ce qu'ils pouvaient ne pas être observateurs. Jus d'orange le matin, chocolat au goûter, c'était ça avant et depuis son retour de Bavière café de bon matin.
─ Tiens. Si tu préfères y a du jus dans le frigo, enfin s'ils t'en ont laissé.
Il laisse glisser son regard accusateur sur les plus jeunes qui avaient un verre de jus devant eux. Mario prend une gorgée avant de sourire au blond
─ Parfait, merci.
Et là seulement il voit le regard étonné des autres, celui de l'américain qui l'observe. Alors il récupère la tasse de chocolat.
─ Donne-moi ça, je vais le boire ton chocolat moi.
Et il se laisse tomber à table à côté du brun.
─ T'aurais pas un truc pour le crâne ?
─ Oh, petit Jadon a trop bu...
─ Non, c'est quand je manque de sommeil.
Et ils rient tous autour de la table à cette réponse.
─ Ouais, Marco aussi c'est quand il manque de sommeil.
─ Mais tais-toi toi, t'es pas obligé de raconter à tout le monde ici mon excuse après notre soirée qui avait mal tourné après l'euro.
Légère tape sur le brun au sourire moqueur. Celui qui dépose sa tasse vide.
─ Tu veux que j'aille les chercher ?
Main doucement déposée sur l'épaule nue du blond. Léger hochement de tête et il quitte la table en direction de la chambre du blond. Et il finit par revenir quelques temps plus tard.
─ Eh ben, t'en as mis du temps !
Main qui se repose trop naturellement dans le haut de son dos.
─ Ouais, je les trouvais pas dans ta table de nuit. Tiens Jadon.
─ D'où tu sais qu'il a des dolipranes dans sa table de nuit toi ?
─ Tout le monde sait qu'ils sont dedans.
Justement pas tellement qu'ils se disent les autres.
─ Mais encore ?
─ Je suis sûr que Mats sait aussi.
─ Et donc ?
─ T'es chiant ce matin Nuri, qu'est-ce qui te prend ? Je sais depuis 2014, quand vous m'aviez fait revenir de Munich en urgence, ça te va, ça, comme réponse ? Et j'imagine que Mats sait aussi depuis là.
Il ne rentre pas dans le détail, personne ne rentre dans le détail. Et y a un blanc qui se fait, un malaise qui s'installe, un temps où le blond pâli. Et y a Nuri qui se sent idiot d'avoir mis un tel sujet sur le tapis avec sa question, les jeunes qui s'observent sans comprendre, les vieux qui cherchent un nouveau sujet à lancer.
Et Mario ne dit pas, qu'avant ils étaient pas là, mais dans la salle de bain et que le blond avait fait un rapprochement stratégique à ce moment là parce qu'il s'en servait tous les matins. Parce qu'il savait d'avant, quand c'était dans son lit qu'ils finissaient leurs soirées, laissant le canap sur le côté au polonais du trio, et qu'ils se faisaient une tournée doliprane au petit matin. C'était souvent Lewy d'ailleurs qui leur servait leur verre d'eau et leur doliprane au lit.
Il fulmine contre le turc. A quoi jouait-il depuis leur réveil ? Il avait l'impression d'être observé, testé. Et puis, il reporte son regard sur le blond qui n'a pas l'air bien. Il vient doucement glisser sa main dans celle du blond sous la table et il la serre quelques instants contre la sienne. Il voit son visage qui se détend, le sourire qui finit par réapparaitre.
─ Désolé, je sais pas ce qui m'a pris.
Excuse de l'autre, pour les deux.
─ Bon, débarrassage et tournoi Fifa ?
Ca se lève.
─ J'suis désolé d'avoir remis ça sur le tapis.
Murmure dans l'oreille de son blond.
─ T'inquiète, c'est du passé tout ça maintenant.
Léger rire.
─ J'espère bien, j'ai pas envie devoir à nouveau te menacer de me trouver un autre binôme en équipe nationale.
Le blond rit.
─ Je suis sûr que tu tiendrais pas une journée avant de supplier Löw de me récupérer.
Il n'y a plus qu'eux dans le lieu. Léger regard sur l'arrière de la cuisine.
─ Je crois bien que t'as raison, mais tu le savais déjà.
Ils rejoignent les autres, le bras du blond glissé dans le dos du brun pour le faire avancer avant qu'il ne le lâche alors qu'ils passent le coin de la porte.
─ Pizsczu, t'es d'accord, ils ont dormi ensemble hier soir ?
─ Ouais je pense, on les entendait rire à travers le mur.
─ Et alors ? C'est pas la première fois, ils ont toujours partagé un lit quand on était en soirée et qu'on manquait de couchage, parfois aussi quand il manquait une chambre en camp d'entrainement. - Y a une pause. Et je veux bien que t'aies envie d'avoir des preuves de tes doutes, mais c'était dégueulasse ce que t'as fait à Marco ce matin.
─ C'était pas fait exprès. Qu'est-ce que j'en savais que c'était de ce moment-là qu'il savait. J'avais oublié, j'étais pas à Dortmund à ce moment là je te rappelle.
─ Moins fort, ils sont dans la pièce d'à côté. Et quand même, t'avais qu'à arrêter d'insister comme un gros lourdeau avant. Ils se connaissent depuis six ans, tu crois pas que c'est normal vu toutes les soirées qu'ils ont fait ensemble. Moi aussi je sais où est ta pharmacie je te rappelle. Et je suis sûr que Lewy sait aussi où sont les dolipranes chez Marco vu le nombre de fois où ils se sont pintés la tronche ensemble.
─ Ouais, enfin là on parle pas d'une pharmacie, on va pas me faire croire qu'il a pas aussi des dolipranes dans sa pharmacie Marco.
─ Quand même, tu fais chier ! Même s'ils sont ensemble, s'ils veulent pas nous le dire tu respectes leur vie privée, on était pas juste à cinq là.
─ En fait, ils sont peut-être déjà ensemble. T'as vu comment il connaissait par cœur ses goûts pour le café ? Et il a accès à sa table de nuit.
─ Ouais, mais la réponse à Nuri se tenait et il a plus du tout insisté après.
─ C'était tellement bizarre. Il s'est passé quoi en 2014 ?
─ J'en sais rien. Et je crois que personne avait vraiment envie d'en parler, surtout Marco. T'as vu comment il était blanc et tendu.
─ Je vais demander à Schmelle, il nous dira.
─ Ou pas. Purée, t'es vraiment une grosse fouine Christian.
─ Ose me dire en me regardant dans les yeux que t'es pas curieux de savoir ce qu'il s'est passé pour que Mario revienne en urgence.
─ Schmelle ?
─ Ouais Christian.
─ Avec Jadon, on se demandait, bon, c'est un peu délicat, c'est en lien avec tout à l'heure pendant le petit-dej...
─ Quoi ?
─ En lien avec la remarque de Nuri et la réponse de Mario.
─ Quelle remarque ? Parce qu'il n'a pas arrêté d'en faire...
Pour son plus grand déplaisir.
─ Celle sur 2014.
─ Ah...
Y a le sourire du capitaine qui tombe.
─ Ça vous regarde pas.
─ On est dans l'équipe quand même.
Il sent le sujet un peu trop sensible pour tout le monde.
─ Bon de toute façon, c'est pas comme si c'était un secret, toute la ville le sait ou presque. Marco allait pas bien, Mats a fait venir Mario en urgence.
─ Pas bien, mais pas bien comment ?
─ Pas bien comme un mec qui voulait plus venir aux entraînements et passait ses nuits à boire, fumer et à s'envoyer en l'air, ça satisfait ta curiosité, c'est bon ?
─ Mais pourquoi ?
─ Christian je veux bien répondre à tes questions, mais réfléchis au moins deux minutes.
Il souffle le blond, y a l'énervement qui brille dans son regard. Parce que lui non plus il n'y était pas, aussi parce qu'il s'était blessé mais plus tôt. Alors ça n'était pas non plus le plus beau souvenir de sa vie.
─ Qu'est-ce qu'il s'est passé l'été 2014 ?
─ La coupe du monde ?
─ Ouais et qui a gagné la coupe du monde ?
─ L'Allemagne.
─ Bien Christian, maintenant je suis certain que tu peux comprendre. Où il était Marco ?
Ok, il avait compris.
─ Oui, Marco il était à Dortmund, à pleurer son rêve et sa cheville brisés.
─ Et Mario dans tout ça ?
─ Ah Mario, Mats l'a appelé un midi parce qu'il savait plus quoi faire, le soir même il était là, je sais pas ce qu'il lui a dit ou fait, mais le surlendemain, Marco était à l'entrainement et motivé.
─ Et ensuite ?
─ Et ben apparemment, Mario est revenu juste une journée mais il a réussi à le remotiver et à la trêve internationale suivante, ils étaient tous les deux sélectionnés par Löw.
─ Tu déconnes là ?
─ Non, c'est Schmelle qui me l'a dit. Je savais qu'on pouvait le faire parler !
─ Juste une journée ?
─ Ouais...
─ C'est quand même bizarre leur relation.
─ Tu crois pas qu'ils seraient bien en couple ?
─ C'est déjà un vieux couple de toute façon.
Ils rient.
─ On met en place une mission, on les case ensemble, et voilà.
Et ça sonnait bien dans leurs esprits cette idée idiote.
❝ Tu fus plus facile à suivre
Dans la ville qui devint notre plus grande fuite
Et moi étendu dans ce lit
Je contemple ce que je t'ai donné de ma vie
Et au sud de mes peines j'ai volé loin de toi
Pour couvrir mon cœur d'une cire plus noire
Que tous les regards lancés à mon égard
J'ai tenté de voler loin de toi
J'ai tenté de voler loin de toi ❞
chapitre catastrophique à cause de la réécriture, je sais pas quoi en faire, mais il fallait que j'enchaine parce qu'ensuite tout va mieux... donc le voilà même s'il y a qqc qui va pas je trouve.
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