❝ Je voudrais partir
Jusqu'à la mer
Allongé sur le sable
Reprendre un peu l'air

Sentir les embruns
Rester encore
Rester jusqu'à
Ensalé le corps

On serait juste toi et moi
Près d'ici ou là-bas
Sans règles dignes et sans foi
Quand tu veux on y va

Toutes les couleurs du ciel
Un plein de bouteilles
Du rhum, du vin, du miel
Quand tu veux on y va ❞

dortmund, janvier 2018

Ligaments qui ont vrillé, organisme qui fait des siennes. Ils sont brisés. Y a leur santé qui les éloigne des terrains, leur santé qui les éloigne tout court. Ils sont loin l'un de l'autre, l'un à Dortmund, l'autre à se faire soigner à l'autre bout du monde. Il n'y a plus que les coups de fil pour venir rassasier leurs cœurs solitaires. 

Marco s'ennuie. Parce que le brun lui manque bien trop. Il n'avait pas bien vécu l'épisode du Bayern mais celui-ci était bien pire. Parce qu'il s'était habitué à se réveiller avec le brun à ses côtés quand sa compagne était en déplacement. Il s'était habitué à s'endormir à ses côtés, à le croiser à l'entrainement, à le serrer dans ses bras un poil trop longtemps, encore plus longtemps qu'avant et à lui glisser un mot doux dans le creux de l'oreille, ce qui avait comme conséquences de le faire rougir et sourire. Et il adorait ça, le voir sourire juste grâce à lui. Parce que ça lui rappelait le pouvoir qu'il avait sur lui malgré tout. Mais il doit se contenter de ce que l'autre lui donne, un peu de son temps par téléphones interposés. 

─ Alors comment va le nouveau fiancé ?

─ Bah écoute, ça va doucettement. Repos total encore pour l'instant le médecin m'a dit ce matin. 

Il marque une petite pause. 

─ Et ton genou ? Ça donne quoi le kiné ?

─ Bof bof comme on dit. Je te jure c'est horrible. J'ai vraiment trop mal. J'ai l'impression qu'il va me briser la jambe parfois. 

Y a un léger silence. Parce qu'ils sont dans le même cas et ils n'ont pas des trucs extraordinaires à se raconter malheureusement. 

─ Tu crois que t'arriverais à t'éclipser pour une semaine ? 

Et en une phrase, le brun gagne tout l'intérêt du blond. 

─ Tu proposes quoi ?

─ Toi, moi, une tente, un lac, personne autour. Rien que nous deux pendant une semaine, coupés du monde.

─ Ça semble tentant comme proposition.

─ Tu me manques tellement ici.

─ Je peux pas te garantir une semaine mais je vais réussir à m'arranger quelques jours de pause. 

Il ne pouvait pas la garantir la semaine, mais il allait tout faire pour l'obtenir. Parce qu'il n'en pouvait plus et qu'il avait besoin de sa présence.

❝ Cachés par les dunes
Entre terre et mer
Voler un peu de paix
Des refrains à la mer

Bien sûr tu serais là
Moi blotti contre toi
Je te raconterais ce rêve
Quand tu veux on y va

On serait juste toi et moi
Près d'ici ou là-bas
Sans règles dignes et sans foi
Quand tu veux on y va

Toutes les couleurs du ciel
Un plein de bouteilles
Du rhum, du vin, du miel
Quand tu veux on y va ❞

sud de l'italie, février 2018 

Rendez-vous donné dans un lieu paumé du sud de l'Europe. Il faisait beau, il faisait même chaud. 

Je suis arrivé.

Il se laisse tomber sur un banc au milieu du village le blond, après que son taxi l'ait déposé là sans poser la moindre question.

Là dans dix minutes.

Et il a hâte, hâte de le retrouver. 

─ Marco ! 

Main qui s'agite au loin alors qu'il arrive, son sac à dos bien chargé et une tente à la main. Et puis, il le serre contre lui fort. 

─ Tu m'as tellement manqué. 

Il inspire l'odeur, celle du blond qui lui avait tant manqué. Main qui glisse quelques secondes sur le visage, sur les lèvres. Mais il ne l'embrasse pas. Non, il n'y a personne et pourtant il se sent un peu trop observé. 

─ Tu peux marcher ?

─ Je peux pas faire des kilomètres mais oui, je peux marcher.

─ On fera des pauses t'en fais pas. 

Il a un sourire doux, heureux. 

─ Y a un spot sans personne pas loin avec un lac, j'ai envoyé Fabian en repérage. Je lui ai fait croire que c'était là que je voulais faire ma demande à Ann-K, il a gobé direct. 

Sourire malicieux qui illumine son visage. 

─ Y a déjà pas grand monde ici, mais là-bas on sera en solitaire. 

Et c'est ce qu'ils veulent tous les deux. 

Ils s'enfoncent dans la forêt suivant un chemin balisé. Et puis, quand ils ont fait quelques centaines de mètres, y a les sacs qui tombent et les bouches qui se retrouvent. Ils retrouvent la proximité de l'autre, celle qui leur avait tant manqué. Et ils finissent par reprendre leur route, les visages respirant le bonheur d'avoir retrouvé l'autre. Y a Marco qui lui parle de son neveu. Y a Mario qui lui raconte en détail sa demande en mariage, même s'il l'avait déjà fait par téléphone. Mais Marco l'écoute et il regarde son regard qui brille de bonheur, il se perd dedans et ça lui suffit. 

─ Merci. 

Regard interrogatif du blond. 

─ Pour être allé la voir.

Brun qui vient le serrer contre lui.

─ Je sais pas ce que tu lui as dit, mais je sais que c'est grâce à toi. Alors merci d'avoir fait ça pour moi. 

Et il le serre encore un peu plus contre lui avant de reprendre. 

─ Je t'aime, tu le sais ?

Fronts qui se collent, nez qui s'effleurent. Et il hoche juste la tête. Parce que parfois, il avait peur que Mario arrête de l'aimer, qu'il parte avec Ann-K et qu'il le laisse tout seul. Parce qu'il l'avait aussi alors que lui, il n'avait que le brun. Et même s'il lui montrait ses sentiments, qu'il les lui faisait comprendre, il ne lui disait pas souvent qu'il l'aimait. Peut-être même qu'il ne lui avait jamais dit directement avant aujourd'hui, qu'il avait toujours trouvé un moyen de détourner le sujet, de lui faire comprendre différemment. 

─ Moi aussi je t'aime Mario. 

Ils finissent par atteindre leur spot, après de nombreux arrêts pour que le blond repose son genou ou bien pour profiter d'un paysage côte à côte. Tente qui se monte rapidement avant qu'ils ne s'y engouffrent pour retrouver le corps de l'autre qui leur avait tant manqué.

─ Marco fais gaffe tu vas prendre un coup de soleil.

─ T'inquiète, je gère. 

Y a le brun dans l'eau alors que le blond se dore la pilule au soleil sur le bord du lac. Et il s'endort, réchauffé par les rayons du soleil qui tapent doucement dans son dos. Il profitait de sa chaleur après des semaines enfermé dans un bâtiment alors que le froid et la pluie s'abattaient sur Dortmund. Ce sont des gouttes d'eau froides tombant sur celui-ci qui le réveillent. 

─ Debout marmotte, c'est l'heure d'aller préparer le repas. 

Et puis le brun éclate de rire, achevant de le réveiller. 

─ Si tu voyais l'état de ton dos, on dirait une écrevisse, c'est pas faute de t'avoir prévenu. 

Il le suit, et puis il sent que ça fait mal, derrière ses genoux d'abord. Il grimace quand il marche. Ils mangent en se racontant des histoires, en se confiant leurs rêves. Et puis ils vont se glisser dans leur tente. 

─ Mario... J'ai mal... 

Le blond n'arrive pas à s'installer, il détestait dormir sur le ventre. Le brun rit un peu de la situation, parce qu'elle était si prévisible, avant de s'emparer de la crème après-soleil. 

─ Allonge-toi, je vais te mettre de la crème. Heureusement que je pense à tout, je le sentais venir ce coup-là. 

Il s'installe sur le haut des cuisses du blond, seul endroit non rougi par elles étaient protégées par son short de bain et il l'étale. Il sent les muscles qui se tendent quand il appuie un peu trop fort sur la peau abimée et qu'il lui fait mal. Il voit les grimaces sur les visages de son meilleur ami. 

─ Ça t'apprendra à pas suivre mes conseils va.

─ Arrête de te moquer, je souffre là. 

Il finit par lui déposer quelques baisers dans le haut du dos avant d'aller se rallonger à côté de lui. 

─ Je suis mal installé, je vais avoir un torticolis je suis sûr. J'aime pas le camping, je te l'avais pas dit ? 

Il bougonne, alors que le brun sourit. 

─ Je sais que c'est faux, tu crois que je t'aurais proposé des vacances sans être certain qu'elles allaient te plaire ? Tu m'as saoulé pendant des soirées entières avec tes vacances de gosse en camping à la montagne, et c'est vrai que c'est pas si mal... 

Le blond a un petit rire. 

─ Elles sont parfaites ces vacances, même si j'aurais préféré pouvoir dormir sur le dos. 

Il dépose un léger baiser sur ses lèvres. 

─ Je te ferai un massage quand ta peau se sera remise, enfin, seulement si tu te plains pas trop.

─ Ah dans ce cas...

─ Bonne nuit Marco. 

Et il s'installe à côté de lui alors qu'il meurt d'envie de pouvoir dormir avec son blond dans les bras, mais il sait que c'est impossible vu comment il grimaçait rien qu'au contact de son duvet si léger sur sa peau nue.

─ Tu me transportes ? 

Y a le blond qui saute sur le dos du brun alors qu'ils avancent en direction de leur lac. 

─ Juste pour cette fois.

─ Merci. 

Et il lui glisse des baisers dans le cou, sur la joue, dans les cheveux alors que le brun commence à avancer. Et arrivé pas loin, il accélère. 

─ Non, Mario, j'aime pas ça, laisse-moi descendre. 

Il ne l'écoute pas, il resserre sa prise et il fonce dans l'eau froide du lac de montagne alors que le blond pousse un hurlement quand il rentre en contact avec celle-ci. 

─ Mais t'es complètement malade à rentrer si vite dans l'eau !! 

Il peste alors que le brun rigole. 

─ Viens là bougon. 

Il ne met pas longtemps à s'arrêter et à profiter avec l'autre. Ils nagent, ils s'éclaboussent, ils s'embrassent, ils s'aiment. Ils finissent par sortir pour aller s'allonger sur la petite plage l'un à côté de l'autre. Y a le blond qui sort un bouquin et le brun qui l'observe alors qu'il est concentré sur les lignes qui s'étalent devant lui. 

─ Marco, souris. 

Il le prend en photo, ils se prennent en photo dans leur coin de paradis. Souvenirs gravés par un flash pour l'éternité. Ils sont heureux ici, coupés du monde, à pouvoir faire tout ce qu'ils rêvaient de faire dehors parfois. Ils savent que ça ne durera qu'un temps, comme souvent, alors ils en profitent jusqu'au dernier centième de seconde. 

❝ Si on vit cachés
Si on vit d'années
Si le temps se compte
On frustre nos hontes

Là-bas tu peux mentir
Là-bas tu peux tricher
Là-bas on peut salir
Là-bas on peut être juste

Toi et moi
Près d'ici ou là-bas
Sans règles dignes et sans foi
Quand tu veux on y va

Toutes les couleurs du ciel
Un plein de bouteilles
Du rhum, du vin, du miel
Quand tu veux on y va ❞

aujourd'hui c'était 2 chaps pour le prix d'un. suite demain j'espère !