Quatorze ★ Hit sale
❝ Y a les phrases que tu dis, les phrases de mec facile
Les phrases que j'oublie, bourré dans la nuit
Et ton corps qui se tord seulement pour me plaire
Mais tu sais moi je mords tes rêves imaginaires
Y a des bugs dans ma tête
Des rêves imaginaires
Y a des bugs dans ma tête
Quand j'écrase ma cigarette ❞
dortmund, novembre 2014
Il quitte la salle les doigts glissés dans ceux d'une fille Marco. C'était le principe des soirées, faire des rencontres. Et il y venait, souvent. Il n'était pas le seul parmi ses coéquipiers d'ailleurs. Ils étaient toujours trois quatre à se motiver. Mais aujourd'hui c'était pas pour ça qu'il était là, à la base. C'était surtout l'anniversaire d'Ann-Kathryn qui l'avait invité. Mais l'un n'empêchait pas l'autre. D'autant plus que la voir dans ses bras était un véritable supplice.
Il n'était pas dupe. C'était aussi pour ça qu'elles étaient là. Belles, élancées, fines, maquillées, comme dans les magazines, parce que c'était elles qui y posaient. L'argent se mêlait à l'argent. La gloire à la gloire. Les corps appréciés médiatiquement aux autres corps appréciés médiatiquement.
Mais ce n'était pas vraiment pour ça qu'il s'y rendait. Non. Il y venait parce que la débauche ne sortait jamais de la pièce où il se trouvait. Il n'aurait pas fallu se faire salir par la presse suite à des événements se produisant dans sa propre soirée.
Ils poussent une première porte mais la pièce ne convient pas. La suivante fera l'affaire. Il détourne la tête lorsqu'elle cherche à s'emparer de ses lèvres. Il les sent qui s'échouent sur sa joue. Il voit qu'elle ne comprend pas mais reste silencieuse sur le sujet. Il s'attaque à sa peau, mais il la trouve trop blanche, pas assez bronzée. Elle ne contrastait pas suffisamment avec la sienne comme celle de Mario pouvait le faire. Il efface cette pensée de son esprit quand sa main à elle se pose sur lui. Il joue avec la poupée pendant un moment, profitant de la situation qu'elle avait provoquée.
Un verre de champagne lui est tendu. Les doigts parcourent une seconde son torse alors qu'il pose son regard sur elle. Il sent ses battements cardiaques en train de diminuer, la fine couche de transpiration qui le recouvre. Il récupère la boisson. La main amie passe dans ses cheveux.
─ Je crois que je t'ai un peu décoiffé.
Elle rit alors que ses yeux bleus pétillent quelques secondes. Elle vient faire taper sa flute contre la sienne et un léger tintement résonne.
─ Je pensais que vous seriez plus compliqué à ajouter sur le tableau de mes conquêtes Monsieur Reus.
Il rit une seconde.
─ Je ne peux pas en dire autant.
L'air taquin est présent sur son visage alors qu'elle boude faussement.
─Est-ce que je peux officiellement ne pas apparaître dans cette liste ?
─ Cachotier, je comprends mieux. Il suffit de demander mon chou.
Elle effleure de ses lèvres les siennes, lui volant un rapide baiser.
─ Santé beau blond. C'est quand tu veux qu'on remet ça.
Il observe ses lèvres qui se referment sur son verre alors qu'elle avale une gorgée de boisson. Il en prend à son tour. Les bulles pétillent contre son palais. Il ferme les yeux une seconde, les détournant du corps de la créature installée sur lui.
Cela faisait bien longtemps qu'il ne s'en voulait plus. Au début, il s'était dit qu'il se servait des autres uniquement pour lui, au gré de ses envies. Et puis au fil du temps il avait compris qu'il n'était pas le seul à le faire. Ce qu'ils venaient de faire, ils étaient tous les deux d'accord pour ça. Alors il avait arrêté de culpabiliser. Ils étaient adultes. Ils étaient célibataires ou alors elle lui avait caché ne pas l'être. Il n'avait pas à s'en vouloir encore plus qu'ils ne s'étaient jamais rien promis.
Ils savaient très bien tous les deux que c'était l'histoire d'un soir, de quelques heures passées ensemble. Et jamais il ne jouait, se servant de personnes qu'il aurait vues trop dépendantes de lui. Si ça continuait, c'était qu'il croyait à la possibilité qu'il y ait vraiment quelque chose. Et surtout, ça débutait rarement en soirée défoncé.
─ T'étais où Woody ? Ca fait une demi-heure que je te cherche.
Ses joues se mettent à le brûler. Il est heureux d'être dans le noir. Parce qu'il ne savait pas comment Mario aurait pu ne pas se poser de questions. Mario qui ne voyait rien depuis des semaines, peut-être même plus. Mario qui le connaissait mieux que quiconque mais à qui il était si facile de mentir.
─ Je prenais l'air. AK a bien aimé son cadeau ?
Mario, dans les bras de qui il venait de se retrouver alors qu'il le remerciait. Mario, dont il n'arrivait pas à se détacher alors qu'il aurait dû le faire immédiatement. Parce que ses câlins et baisers lui faisaient un mal immesurable. Parce qu'ils étaient tout pour lui alors qu'ils ne signifiaient rien pour le brun.
─ J'peux rentrer ? T'es pas accompagné ?
Il soupire écrasant son deuxième oreiller sur son visage. Mats était si bruyant lorsqu'il s'y mettait.
─ Qu'est-ce que tu veux Mats ?
─ Vérifier que mon blond préféré est toujours en vie, ça te va comme réponse ?
Il ne peut s'empêcher de sourire à la remarque.
─ Alors je peux ?
─ Oui.
La porte est ouverte un peu trop brusquement à son goût. Le visage du brun apparaît immédiatement.
─ Incroyable, il a vraiment fini la soirée seul.
Un voile de tristesse passe dans son regard verdâtre. Parce qu'il les finissait toujours seul. Ou lorsqu'il ne l'était pas, c'était rarement avec une personne qui aurait comptée pour lui. Mats avait Cathy. Lewy avait Anna. Marcel avait Jennifer. Mario avait Ann. Et lui n'avait personne. Et il n'était pas certain que cela changerait un jour. Son cœur semblait incapable de palpiter pour quiconque. Et plus les années passaient, plus cela devenait difficile à vivre malgré les nombreuses blagues qu'il faisait sur ce sujet. Encore plus depuis que celui sur lequel il avait jeté son dévolu était en couple et hétéro.
─ Cathy est déjà partie, elle a une émission à animer ce midi. Si tu veux on peut aller se faire une balade dans la campagne, quitter les gros canards que sont nos coéquipiers avec leurs meufs en lendemain de soirée. J'ai vu un chemin qui passe devant le château.
Il ne refuse pas la proposition. Parce qu'elle tombait plus qu'à pic. Et il sait que c'est de la compréhension qu'il lit dans le regard du brun qui lui fait face. Il ne parlait jamais vraiment avec Mats, pas de sa vie privée à une rare exception. Mais peut-être que le brun saisissait ses expressions faciales un peu trop facilement. Il fixe le plafond avant de poser une question, cherchant à éviter le regard de son ami.
─ Tu crois que c'est vrai l'histoire qu'une fois qu'on a eu trop de partenaires, on ne peut plus s'attacher ? J'ai pas été seul toute la soirée tu sais.
─ Non j'y crois pas. Et je sais, je vous ai vus quitter la pièce et quand Mario m'a dit qu'il te cherchait sans succès depuis vingt-cinq minutes j'ai compris. Parce qu'il est bien trop doué pour te retrouver quand il te cherche autrement.
Il ne peut pas s'empêcher de laisser échapper un léger rire. Mais il ne respire pas de bonheur. Parce qu'il est paumé. Il s'est perdu sur le plan sentimental le jour où le destin a fait de lui un footballeur reconnu dans le monde entier. Et il ne voit pas comment les choses pourraient s'arranger. Peut-être qu'il aurait dû tenter à l'époque plutôt que de prendre peur pour sa carrière. Oui, il aurait pu vivre dans le secret avec son amour de jeunesse. Aussi avec le plus récent. Il était tellement lâche à préférer son sport à une belle histoire. Ou bien il aurait dû essayer un peu plus avec Rose, avec le temps il serait peut-être tombé amoureux. En plus, elle ignorait tout de lui, elle ne cherchait pas la gloire à ses côtés.
Il passe ses mains sur son visage. Il fallait qu'il arrête. Il avait pris les bonnes décisions. Au moins, il était le seul qui était sorti de tout cela blessé. Et il prenait encore les bonnes en ne parlant pas à son meilleur ami. Parce que s'il le faisait, il finirait broyé.
─ Allez lève-toi Don Juan, on va aller se balader, t'arrêteras peut-être de te morfondre comme ça.
❝ Ici tout l'monde déraille
T'es cent fois trop, cent fois trop bon
T'as bugué nos entrailles
T'es mille fois trop, mille fois trop sexe
Tu continues à danser sur des hits sales
Si t'étais tout à moi tu s'rais mon casse-dalle
Tu continues à danser sur des hits sales
Si t'étais tout à moi tu s'rais mon casse-dalle ❞
munich, novembre 2014
Y a les mains qui glissent, les joues qui rougissent et le souffle qui s'accélère, les battements de cœur désordonnés, les frissons qui le transpercent. Il est bien Mario. Il a les yeux fermés de bonheur. Les baisers qui brûlent sa peau, qui remontent. Y a les lèvres qui reviennent s'emparer des siennes, les langues qui dansent à l'unisson. Et puis il reprend son souffle, il sourit, et il ouvre les yeux.
Et y a le regard qui plonge dans le sien.
Et il est pas bleuté.
C'est des yeux verts dans lesquels il se perd.
Un regard vert perçant qui veut plus le lâcher.
Y a les cheveux, un peu trop blonds, un peu trop courts.
Marco.
Réveil en sursaut.
Mario est là, assis au milieu de son lit. C'était quoi ce rêve ? Il se lève. L'eau froide se retrouve bientôt sur son visage. Parce que ça allait peut-être lui remettre les idées en place.
Depuis quand il rêvait de Marco ?
Bon, c'était une mauvaise question. Ce n'était pas la première fois qu'il rêvait de Marco ou d'un autre coéquipier. Mais comme ça, ouais comme ça, c'était la première fois. Qu'est-ce qui lui arrivait ? Il s'enfile un verre d'eau et retourne s'allonger à côté d'elle. Comment il pouvait rêver des caresses de quelqu'un d'autre alors qu'elle était là ? Depuis quand il rêvait de mec ? De son meilleur ami en plus.
Il se laisse tomber un peu trop fortement dans l'oreiller. Et il la sent déjà qui bouge à côté de lui.
─ Ca va ?
Il a le regard qui glisse sur elle.
─ Oui oui, t'inquiète pas. - Léger silence - J'ai juste fait un mauvais rêve.
Menteur !
─ Rendors-toi.
Y a ses lèvres qu'il pose doucement sur les siennes comme pour la rassurer. Un mauvais rêve... Il n'avait rien de mauvais ce rêve quand il était encore dedans. Pourtant, maintenant c'était l'impression qu'il lui faisait.
Il n'avait pas fermé l'œil de la nuit. Il avait l'esprit trop occupé par ce dont il avait rêvé. Il avait les questions qui tourbillonnaient dans son esprit paumé. Quand le réveil avait sonné pour qu'il se prépare pour l'entrainement, il avait l'impression qu'il n'avait pas dormi la moindre minute. Regard qui croise un miroir. Ouais, il avait vraiment une sale tronche. Après un café rapidement avalé, il récupère son sac, ses clés de bagnole et il part pour l'entrainement.
─ Salut Mario !
La voix de Lewy qui résonne au loin et elle l'apaise légèrement. C'est avec un sourire qu'il se tourne dans sa direction. Il est accompagné de Thomas.
─ Salut les gars !
Y a l'éclat de rire de celui qui a fait toutes ses classes en Bavière qui résonne lorsque son regard se pose sur lui. Et il ne comprend pas ce qu'il lui prend. Mais c'était Thomas. Il ne cherchait plus à le comprendre depuis longtemps.
─ T'as une gueule mon vieux ! Ann-Kathrin t'as pas laissé dormir de la nuit, c'est ça ?
Plusieurs rires s'élèvent. Il ne les avait pas vus arriver les autres.
─ T'es con !
Il la colère gronde une seconde dans sa voix alors que sa réponse tombe. Elle est légère. Ou peut-être un peu trop marquée pour une simple blague. Pourtant, il a aussi les joues qui rougissent un peu trop. Il le sent. Ca brûle un peu, ça chauffe. Ils l'ont forcément vu aussi. Il se mure dans le silence alors que l'attaquant se tourne déjà avec un sourire victorieux, pensant avoir tapé dans le mille, en direction des autres joueurs présents. Quand il s'agissait de mettre les plus jeunes mal à l'aise, il était toujours là le Müller. Les remarques fusent alors qu'il aimerait disparaître.
Il aimerait aussi avoir quelqu'un avec qui en discuter. Mais il n'avait personne. Parce que sur un tel sujet, normalement c'était à son meilleur ami au loin qu'il se serait confié. C'était toujours avec lui qu'il avait discuté de ses affaires de cœur. Mais il ne pouvait pas le faire dans ce cas précis. Parce que ça serait bien trop gênant. Il était le roi de la gaffe en plus, Marco aurait forcément fini par comprendre que c'était de lui qu'il avait rêvé.
L'entrainement démarre rapidement et il arrive à oublier quelques secondes la situation. Il est à côté de ses pompes Mario, parce qu'il manquait d'heures de sommeil et il le payait cash. Mais peut-être surtout parce qu'il réfléchissait bien trop.
on enchaine avec 3 chaps parce qu'ils sont plutôt fort liés !
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