Dix-neuf ★ Vivre ou survivre

❝ Fleurs fanées meurent
Noir et blanc
Seules couleurs d'un futur
Qui est déjà le passé pour nous deux

Et pourtant il faut vivre
Ou survivre
Sans poème
Sans blesser tous ceux qu'on aime
Être heureux
Malheureux

Vivre seul ou même à deux 

dortmund, janvier 2015

Y a les vacances qui se sont terminées et les entrainements qui ont repris, chacun de son côté. Il a rien dit Marco. Il a prétendu qu'il s'était rien passé cette nuit-là. Parce qu'il voulait pas tout foutre en l'air. Pourtant il pensait plus qu'à ça. À Mario. À ses lèvres contre les siennes. 

Ses nuits étaient peuplées de son souvenir, de son contact, de ses envies les plus profondes. Pourtant, il fallait qu'il arrête. Mario ne s'en souvenait pas et ce n'était certainement pas ce qu'il voulait ce soir-là. C'était juste un contact à cause de leur proximité. Il avait déjà lui aussi embrassé des gens en soirée sans qu'il n'y ait vraiment de raisons valables autre qu'un taux d'alcoolémie bien trop élevé. Un rapide baiser qui ne signifiait rien et qui relevait plus d'un défi ou d'un jeu que d'autre chose. 

Il n'aurait jamais dû l'embrasser une seconde fois. Il avait profité de la situation et il n'aurait pas dû le faire. Pourtant, il ne le regrettait pas, parce qu'il en avait tellement eu envie et depuis si longtemps que ça avait presque été un soulagement d'enfin pouvoir y goûter. Les questions obscurcissaient son esprit. Il était distrait. Les hurlements de Klopp sur le côté du terrain ne suffisaient pas à lui remettre la tête à l'endroit. Parce qu'il ne savait pas comment Mario réagirait s'il l'apprenait et ça le terrifiait. Il ne savait pas s'il devait en reparler ou prétendre qu'il l'avait oublié. Après tout, lui ne s'en souvenait pas. 

Prétendre était certainement la meilleure solution. De toute façon, le brun ne pourrait pas lui en vouloir s'il ne se souvenait de rien. Et il était hors de question qu'il lui en reparle. Ca n'aurait été que dans un sens, il en aurait peut-être ri avec lui. Mais il l'avait aussi embrassé, et bien plus profondément que lorsque le petit brun avait chastement posé sa bouche sur la sienne. Quel imbécile il pouvait être. 

Hey ! 

Y a Mats qui vient s'installer à côté de lui dans un canapé alors qu'ils viennent juste de quitter le vestiaire. Au loin, il y a les cris d'une partie de l'équipe qui joue au baby. Nuri et Marcel qui chahutent et qui quittent la pièce l'un poursuivant l'autre avec une bouteille à la main. 

Il redresse son regard vert en direction de celui brun de son coéquipier. Il plonge dedans un instant alors que le défenseur ne le lâche pas du regard.  

Ça va ? 

Léger soupir. 

Pourquoi ça n'irait pas ? 

Mais quand le regard du brun le scrute, il a l'impression qu'il peut lire en lui. Qu'il peut lire ses doutes et sa peine. Celle d'avoir un meilleur ami qui n'arrive pas à voir la vérité caché derrière les sourires de façade. Celle d'avoir un meilleur ami qui ne partagera jamais ses sentiments. 

─ Qu'est-ce qui s'est passé avec Mario le soir de l'anniv de Marcel ? 

Il a la bouche qui s'ouvre et qui se ferme. La réponse qui n'arrive pas. Parce qu'il bloque, il n'a pas envie de mettre des mots sur l'instant, de revivre ce à quoi il n'aura plus jamais droit. 

─ Qu...Quoi ?

Le regard du défenseur est doux quand il se pose sur le milieu de terrain. 

─ J'ai bien vu le regard que vous avez échangé quand vous êtes rentrés. Et ta réaction le lendemain matin aussi. - Pause. - Qu'est-ce qu'il s'est passé ? 

Il a la gorge qui se noue légèrement Marco. Parce qu'il ne sait même pas ce qu'il peut répondre à ça. Il a le regard qui erre sur les autres. Il ne fallait pas qu'ils l'apprennent. Lui, sa sexualité, son attirance pour son coéquipier, c'étaient des sujets dont il ne pouvait pas leur parler. Et rien que l'idée qu'ils puissent comprendre ou l'apprendre l'effrayait plus que tout. Parce que ce club, ce sport, c'était son rêve le plus cher et  il n'avait pas envie de se le faire arracher à cause de problématiques non-sportives.

─ Pas ici. 

Ils quittent discrètement la pièce pour aller s'installer sur un banc du terrain de foot. Y a la balle sous les pieds de l'un. 

Alors ? 

Il a le regard perçant Mats, celui auquel on ne peut pas mentir. De toute façon, c'était comme avec Lewy, il n'avait jamais vraiment réussi à lui mentir. La seule différence était peut-être que le défenseur insistait moins, parce qu'ils n'étaient pas si proches que ça avant qu'il soit le seul restant de son trio magique. Au final, le seul qu'il arrivait à duper c'était Mario, parce qu'il était un peu trop aveugle. Ou bien parce qu'il fermait les yeux et ne voulait pas voir. Parce que pour tout le reste, il n'avait jamais réussi à lui mentir. Il lisait en lui comme dans un livre ouvert, sachant avant même qu'il ait répondu à ses questions s'il allait bien ou non. Mais il n'évoquait jamais sa vie sentimentale. Peut-être que ça ne l'intéressait pas. Ou alors il ne voulait pas savoir parce qu'elle aurait posé soucis et qu'il préférait rester dans le noir.

On s'est embrassé. 

Il voit bien qu'il y a pas de surprise dans le regard de son ainé. Comme s'il s'attendait à cette réponse-là ou à quelque chose de similaire. 

Faut croire qu'il était vraiment arraché. 

Tristesse qui passe dans le regard. 

Et toi faut croire qu't'es devenu salement accro à ton meilleur pote. 

Marco baisse le regard. Il a ses mains qui l'occupent. Parce qu'il sait que c'est vrai. Qu'il n'arrive pas à penser à autre chose qu'à lui. Il était tombé amoureux et même la distance ne jouait pas sur la situation.

Je sais même pas si je dois lui en parler, j'ai pas envie de le perdre à cause d'un baiser.

Il sent le regard du brun qui est posé sur lui. 

Ça finira par passer, faut juste que je trouve la bonne personne. 

Une bouée de sauvetage. Une personne à laquelle se raccrocher pour oublier celui qui accaparait ses pensées. 

Et si ça passe pas Marco ? T'y as déjà pensé ? 

Il ne veut pas y penser. Il ne veut pas penser à ce qu'il n'aura jamais. Il ne veut pas revivre avec la douleur d'un amour brisé pendant des mois voire des années. Il pouvait encore se souvenir de son cœur brisé quand il avait abandonné son amour d'adolescence. Les mois à ne penser qu'à lui et à avoir le cœur qui saignait. Il avait mis des années à l'oublier. Il n'était plus jamais vraiment retombé amoureux après. Avant Mario.

C'est pas une blessure, ça va faire plus d'un an que t'es amoureux de lui, faudrait peut-être que tu tentes. - Léger silence. - Parce que je crois pas que la situation pourra être pire qu'elle l'est actuellement. 

Et il sait qu'une fois de plus Mats a certainement raison. 

munich, janvier 2015

Les lèvres s'attardent sur celles de sa compagne et un sentiment de culpabilité l'étreint immédiatement. Il augmente lorsque celle-ci le regarde amoureusement aussitôt le baiser terminé. Elle avait du rouge à lèvres et il ne pouvait s'empêcher de comparer. Celles de Marco étaient plus sèches, sa barbe tout juste naissante l'avait légèrement piqué. Mais il n'était pas certain qu'elles lui avaient plus plu. Il n'était pas non plus certains qu'elles lui aient déplu. Elles étaient juste différentes. Différentes et surtout il n'aurait jamais dû y toucher. Parce qu'il avait Ann-Kathrin et c'était juste à cause de ce stupide rêve qu'il avait voulu voir ce que ça faisait en vrai. Et maintenant, il était là à comparer ce qui n'aurait jamais dû l'être, juste à cause de sa stupide curiosité.

Lewy, je pourrais te parler après ? 

Le polonais a le regard qui s'attarde sur le brun qui vient de l'arrêter. Et il voit immédiatement l'air sérieux du plus jeune. Il allait commencer à répondre quand il se fait couper.

Ailleurs. 

Surtout pas ici. Ici, les murs avaient des oreilles et il n'avait aucune envie que ses coéquipiers entendent ce qu'il avait à dire à son vieil ami. Y a qu'avec lui qu'il pouvait en parler. Parce que Rob avait déjà une partie des éléments. Parce qu'il ne jugerait pas, il l'avait bien compris la première fois quand il n'avait rien dit. Alors ils terminent tranquillement l'entrainement. 

Mais Mario, il n'a que les lèvres de Marco en tête. Et aussi son mensonge le lendemain. Et il ne savait plus quoi faire, plus quoi penser. Y avait Marco qui n'en avait pas reparlé, comme s'il préférait oublier tout ça. Et c'était peut-être ça qui lui faisait le plus mal au cœur. Que le blond regrette lui aussi ou bien qu'il ne s'en souvienne pas. Parce que sinon, il lui en aurait reparlé, non ? Ils finissent pas quitter les lieux, à deux. 

Passe à la maison Ann-Kathrin est pas là. 

Au moins, ils seraient tranquilles, avec personne pour les déranger. 

Les gars, vous venez ? Franck organise une bouffe chez lui. 

Hochement négatif de la tête. 

Pas tout de suite, on vous rejoint peut-être plus tard. 

Et les autres ne se posent pas tant de questions que ça sur la situation. 

Alors, de quoi tu voulais me parler ? 

L'ainé le scrute et il déteste ça, cette façon qu'il a de le regarder. Mais Mario ne tourne pas autour du pot. Pas cette fois. 

On s'est embrassé avec Marco. 

Il sent le feu qui vient embraser ses joues. En face, la bouche s'ouvre, puis se ferme. 

Att... 

Pause. Il cherche à comprendre comment c'est possible. 

Quand ?

Le soir de l'anniv de Marcel. 

Le polonais sourit tandis que ses joues prennent une jolie teinte cramoisie. 

Ah, la fameuse sortie luge. 

Parce qu'il ne voit que ça, sinon ils avaient toujours été tous ensemble et ils avaient chacun leur chambre. 

Ou... Oui... 

C'est timide. Le jeune est gêné et il a le regard qui se baisse. 

Et c'est trop te demander de me dire comment vous en êtes arrivés là ? 

Il essaye de comprendre. 

Je lui ai foncé dedans. Et après, je me souviens juste que j'en ai eu envie pour voir ce que ça faisait. Et qu'il m'a laissé faire. 

Parce que dans son esprit c'était juste pour voir. Pour voir si c'était comme dans son rêve. Pour voir ce que ça faisait de l'embrasser lui. C'était uniquement de la curiosité qui ne voulait strictement rien dire à côté. Il y a de l'étonnement dans le regard de l'attaquant. 

Attends, c'est toi qui l'a embrassé ? 

Parce que pour lui ça aurait été l'inverse. Après tout, il l'avait poussé à le faire quelques temps plus tôt, lui avait dit de tenter. Alors ça, c'était un sacré revirement de situation. 

Oui... 

Il sent ses joues qui commencent à brûler alors que Robert semble être en train de réfléchir. 

Enfin la première fois. Parce qu'après c'est lui qui m'a embrassé. 

Quel bordel... C'était ça qu'il pensait le polonais. Qu'est-ce qu'il allait faire avec ces deux-là ? Déjà il fallait qu'il creuse du côté du dortmundois qui ne lui en avait pas parlé. 

Tu crois qu'il s'en souvient ? 

L'éclat de rire qui emplit l'espace en réponse le surprend. Il ne voyait pas en quoi cette question était idiote.  

Pourquoi il ne s'en souviendrait pas ? 

Haussement d'épaules. 

Je sais pas, on avait beaucoup bu et il m'en a pas reparlé. - Silence. - Tu crois que j'aurais dû lui dire que je me souvenais de la sortie luge ?

Mario, qu'est-ce que t'as encore fait ? - Silence. - Me dis pas que t'as prétendu ne pas t'en souvenir ? 

Il baisse juste les yeux le brun. 

Mais pourquoi ? 

Doigts qui se tordent. Regard fuyant. Le plus jeune déglutit. Il venait de comprendre l'erreur qu'il avait faite. Mais c'était tellement plus simple de ne pas en reparler.   

Je sais pas... - Silence. - On était tous les deux saouls. Je me suis dit qu'il avait peut-être rien dit parce qu'il avait trop bu, qu'il avait oublié.

Ouais t'as flippé à l'idée qu'il regrette ou que lui ne se souvienne pas. Et donc t'as préféré lui faire croire que tu te souvenais de rien pour éviter le sujet ou pour ne pas passer pour le con qui est le seul à s'en souvenir. Ta lâcheté vis-à-vis de Marco aura toujours le don de m'impressionner

Ça, le fait qu'il ne l'ait pas prévenu avant les autres de son départ, le fait qu'il ne lui parle plus après cette histoire invraisemblable de rêve. Oui, Mario collectionnait. Et il collectionnait un peu trop à son goût. 

J'avais peur que ça devienne bizarre entre nous... 

Et Robert éclate de rire, tandis que le brun souffle. Il n'y avait de toute façon rien à discuter. Il l'avait embrassé à cause de l'alcool. Il avait juste profité du moment pour voir si c'était comme dans son rêve idiot parce que cette question le tracassait depuis des semaines. Ce n'était qu'un baiser, et il était évident qu'il ne voulait rien dire. Entre Basti et Poldi au mondial, ça n'avait aussi voulu rien dire, c'était un simple baiser entre amis qui étaient heureux à deux en soirée. Et eux, ils étaient encore plus proches, alors c'était encore plus normal que pour les deux plus âgés de s'embrasser surtout pour une si courte durée. 

Parce que tu crois que ça l'est pas du côté de Marco ? Qu'il doit pas être en train de se demander s'il doit t'en reparler ou pas ? 

Encore plus du côté de Marco. Parce qu'il savait qu'il n'attendait que ça. Voilà, il allait encore avoir un meilleur ami au cœur brisé à cause des conneries du petit brun qui complétait le trio. 

je galère à poster parce que je ne sais pas quoi supprimer de la relecture... mais ça avance, le chap suivant sort à la suite !

j'espère que ça vous plait dans tous les cas

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