Cinq ★ Someone in the crowd

You got the invitation
You got the right address
You need some medication?
The answer's always yes

munich, novembre 2013

Il se perd dans la foule le brun. C'est grand Munich. C'est différent Munich. C'est pas chez lui surtout Munich. Il y avait retrouvé des connaissances, mais quand venait le soir, quand venait l'absence d'entrainement, il n'y avait plus personne. Parce qu'il ne s'était pas trouvé un Marco ici, une personne capable de l'emmener tous les jours à l'entrainement, une personne avec qui passer du temps, beaucoup de temps, en dehors des entraînements. Ils étaient peut-être tous un peu trop vieux. Peut-être qu'il était juste trop jeune.

Il y avait bien David. Mais David était déjà le petit protégé de Franck qui le trainait à peu près partout avec lui. Et puis, il était un enfant du coin, il connaissait tout le monde depuis des années. Ce n'était pas son cas.

Hey ! Mario, je fais une soirée ce soir, ça te dit de venir ?

Il s'est pas posé longtemps la question avant d'hocher la tête en réponse au français du Bayern.

Peut-être même que tu pourras te trouver une demoiselle.

Y a une légère tapette qui est portée sur le visage de l'ailier alors que la voix de Thomas résonne.

Franck, va pas nous pervertir le gosse. On n'est pas en France ici !

Je suis sûr qu'il a pas besoin de moi pour ça.

Et il éclate de rire celui à l'allemand peu parfait, tandis que le petit brun sent ses joues qui le brûlent un peu et qu'il ne sait pas trop quoi répondre. Encore moins quand l'allemand en rajoute une couche.

Oh, il est mignon, tu nous l'as gêné Franck. T'inquiète pas, je te surveillerai petit Götze.

Il lève les yeux au ciel en réponse. Pourquoi est-ce qu'il fallait toujours qu'ils le prennent pour un gamin ? Il avait vingt-et-un an quand même. Ils n'étaient pas beaucoup plus vieux que lui. Même avec David qui était plus jeune que lui ils n'agissaient pas comme ça.

Y a le brun qui récupère une boisson, la musique qui claque dans les enceintes de la villa de l'autre, la foule à l'extérieur. Ce n'était pas une petite soirée, il fallait le dire. Non, c'était le genre de soirée où il y avait beaucoup de monde. Et lui il cherchait un peu quoi faire.

J't'ai vu !

Il se retourne pour faire face au regard rieur du numéro vingt-cinq.

Et ?

Il comprend pas.

T'es sûr que t'as le droit à l'alcool ?

Et le voilà qui éclate de rire, fier de ses blagues.

Bon aller, je te laisse petit Mario, fais pas de bêtise, je te surveille.

Pourquoi est-ce qu'il ne doutait pas un seul instant que ce n'était pas une menace en l'air ? Il rejoint quelques coéquipiers qui sont en compagnie de filles.

Mario, Jennifer, ma petite amie, et voilà Annika, une de ses amies.

Pourquoi est-ce qu'il a la désagréable impression qu'on est en train de le caser ? Peut-être parce qu'après quelques temps de discussion, ils venaient de se faire laisser en plan, le couple prétextant aller danser. Et peut-être parce qu'elle vient de lui proposer de danser aussi. Il se sent idiot comme ça. Il ne sait pas danser, il n'aime pas ça. Et il se dit qu'il se serait moins fait chier avec Marco. Ils auraient fait les idiots et ça aurait été très bien.

Il croise le regard de son coéquipier qui lui fait un clin d'œil, un sourire gravé sur le visage et qui lève le pouce comme pour l'encourager. Ils étaient vraiment pas possibles. Que quelqu'un le sorte de cette situation. Ils enchaînent sur une autre danse, puis une troisième. Et puis il prétexte une envie pressante pour s'éclipser. Il n'était pas très fan de tout ça. Et puis, ils n'avaient rien à se dire surtout.

Toi aussi ça te fait chier les soirées comme ça ?

Il a le regard qui se pose sur une petite brune, un verre à la main. Il hausse les épaules et hoche à moitié la tête. Ouais, c'était certainement le cas.

Alors pourquoi tu viens ?

Il l'observe quelques instants. Etait-elle sérieuse ?

Et toi ?

Elle rit. Un rire léger. Et en même temps, ses prunelles pétillent une seconde.

Ma meilleure pote m'a traînée ici, elle sort avec David depuis le lycée.

Franck est un coéquipier, ils m'ont dit que ce se serait bien pour « m'intégrer ».

Il mine des guillemets en même temps qu'il finit sa phrase. Elle a un hochement de tête alors qu'un « Ah d'accord. » semble lui échapper. Il est étonné qu'elle semble ignorer qui il est.

T'es nouveau à Munich du coup ?

Ouais...

Tu connais la ville ?

Il a une légère moue. La Bavière c'était chez lui, c'était sa région, celle où il était né et avait vécu gamin. Mais la Bavière, c'était vaste et Munich n'en était qu'une ville. Une ville dans une région qu'il avait quitté des années plus tôt.

Pas trop.

Elle se redresse, dépose son verre, récupère son sac qui était posé à côté d'elle. Il l'observe quelques instants alors qu'elle s'éloigne.

Ben qu'est-ce que tu fais, ramène-toi, je vais te faire visiter tout ce qu'il faut voir ici.

Et c'est presque naturellement qu'il la suit. Parce qu'elle a l'air sympa. Parce qu'elle s'en moque bien de tout ça. Alors elle l'entraîne derrière elle, elle lui fait visiter la ville, les recoins connus de ses seuls habitants. Elle lui raconte l'histoire de la ville, elle lui montre les petits restos sympas auxquels il faut aller. Et ils ne la voient pas passer leur soirée. Parce qu'il boit ses paroles, parce qu'elle semble passionnée par sa ville.

Et ça lui rappelle un peu Marco quand il lui parlait de Dortmund. Parce qu'il avait beau y être arrivé gamin, il ne l'aimait pas comme le blond pouvait l'aimer cette ville. Elle avait le même pétillement dans son regard quand elle en parlait. Et puis ils s'étaient quittés comme ça. Et c'est quand il a franchi le seuil de son pallier qu'il s'est dit qu'il n'avait même pas pensé à lui demander son prénom.

Mariooooo ! Où as-tu fini hier soir ?

Thomas. Evidemment. Il arrivait à grandes enjambées dans sa direction.

Comment as-tu osé échapper à ma surveillance ?

Thomas, quand tu seras papa c'est pas comme ça que tu vas te faire respecter par tes enfants, ça donne plus envie de rire qu'autre chose là.

C'est Manuel qui vient de prendre la parole, le rire dans la voix.

C'était pas trop mon truc, un peu trop de monde.

Pourtant, la dernière fois que je t'ai vu tu semblais en bonne compagnie.

Il a le regard qui se pose sur le néerlandais qui s'est intégré à la conversation.

T'as bon goût, elle était mignonne.

Il sent ses joues qui rougissent et il baisse un peu le regard. Il a honte de s'être fait remarquer. Et il craint les remarques à venir.

Mario ? Mario ! Raconte à papa Müller ce qu'il s'est passé ?

Sérieusement ?

Mais rien, elle m'a juste montré les coins à voir en ville.

Marioooo est un rooomantiiiique je le savais. Il préfère les balades de nuit dans Munich aux grosses beuveries.

Mais il ne sait même pas quoi répondre à ça, parce qu'ils ont été trop nombreux à parler en même temps. Y a les phrases qui se sont mêlées et un immense brouhaha s'en est suivi.

Tour en ville tu parles !

Et après ?

C'est tout ?

BON LES GARS, C'EST FINI LES DISCUSSIONS ! TROIS TOURS DE TERRAIN !

Et il remercie l'entraîneur de l'avoir sorti de cette mauvaise passe.

A little chance encounter
Could be the one you've waited for
Just squeeze a bit more

Il ne la voit plus pendant quelques semaines. Et puis elle réapparaît, au milieu d'un parc où il traîne. Et il ne sait pas pourquoi mais il sourit quand il la croise. Elle semble seule, marchant, des courses à la main.

Salut.

Elle lui rend son sourire.

Salut.

Y a un léger blanc, qui s'éternise un peu.

Comment tu t'appelles ?

Ça claque, ça vient de nulle part. Et puis il se sent bête alors il tente de rattraper les choses.

Enfin, c'est parce que je me suis dit que je savais même pas ton prénom après la fois dernière. Et donc voilà...

Elle a un petit rire.

Ann-Kathrin.

Moi c'est Mario.

Elle lui sourit.

J'savais, j'ai été voir entre temps.

Elle replace une de ses mèches de cheveux avant de poursuivre.

Y a un concert ce soir en ville, ça te dit de venir ?

Il l'observe quelques instants.

C'est quoi ?

Elle hausse les épaules.

C'est tous les styles, y a ça tous les ans. C'est cool souvent.

Il ne met pas longtemps à réfléchir le footballeur. Parce qu'il a envie de voir d'autres têtes que ses coéquipiers et son frère. Il a envie de rencontrer d'autres personnes, des personnes de son âge.

Ok.

Parfait, c'est au jardin anglais vers 20h, on se retrouve là-bas.

Il hoche la tête alors qu'elle repart déjà.

Mange pas avant, y aura plein de spécialités locales sur place.

Et y a les sorties qui s'enchaînent. Parfois à deux, parfois avec d'autres amis qu'elle lui présente. Mais ce soir Mario est à une soirée chez Thomas qui ne manque pas de faire encore des réflexions.

Toi aussi ça te fait chier les soirées comme ça ?

Il sursaute légèrement et se tourne vers la petite brune, un verre à la main. Il a le sourire qui s'agrandit un peu. Il lui répond du tac au tac, prenant son rôle de la fois précédente.

Alors pourquoi tu viens ?

Et toi ?

Ils rient et il voit pas le regard de Thomas qui se pose sur lui depuis l'autre côté du jardin dans lequel ils sont. Ils boivent, discutent, rient, se coupent du monde. Et puis, ils finissent par danser. C'est sans prétention, c'est amusant, c'est deux amis qui passent le temps en bonne compagnie. Alors pourquoi est-ce que ça l'énerve tant à chaque fois qu'on est venu les interrompre ? Pourquoi est-ce qu'il n'a pas envie de discuter avec d'autres personnes qu'elle ?

Et quand vient le moment de l'au-revoir dans la rue déserte, y a les visages qui se tournent dans la même direction, les lèvres qui ont failli s'effleurer.

Euh... Je...

Il se recule, sent le rouge pivoine qui lui monte aux joues, peut-être autant que sur les siennes. Regards qui ne se quittent pourtant pas. Et il fait rien. Parce qu'il veut pas tout gâcher. Parce qu'elle n'était certainement qu'une amie. Pourtant, y a son regard qui oscille quelques secondes entre le sien et les lèvres de l'autre. Son souffle qu'il retient un peu, les battements de son cœur qui sont un petit peu plus rapides qu'à l'ordinaire.

Et qui le sont encore plus alors qu'elle s'approche et qu'elle vient doucement déposer ses lèvres sur les siennes. Et après quelques secondes de surprise, il répond à son baiser. Et puis elle se recule.

Bon ben, à bientôt alors.

Et elle le laisse là, seul avec ses pensées, ne sachant pas quoi penser de tout ça.

Beau baiser beau-gosse.

Il se retourne pour faire face à... Thomas évidemment ! Comment avait-il fait pour savoir bon sang ? C'était même pas chez lui.

Je t'avais dit que je te surveillerais jeune Mario.

Et Thomas tente de jouer avec ses cheveux, ce que Mario essaie d'éviter une moue boudeuse venant se peindre sur son visage quand les doigts atteignent ses mèches et les décoiffent.

Laisse mes cheveux.

Mais bien sûr Monsieur l'Amoureux.

Il lève les yeux au ciel.

C'est qui Monsieur l'Amoureux ?

Merde. Voilà ce qu'il pense. Il avait fallu que quelqu'un d'autre entende cette conversation. Ne pouvait-il pas être plus discret ?

Mario évidemment.

Y a un léger silence.

Il a embrassé sa demoiselle hier soir.

Mais arrête, ça veut rien dire.

Il éclate de rire l'autre.

Mario, comment oses-tu mentir à tes coéquipiers ?

Et puis il ne lui laisse même pas le temps de répondre.

Vous auriez dû voir son sourire idiot après qu'elle l'ait embrassé... Ohlala, mon petit Mario amoureux !

Et y a les autres qui rigolent, qui charrient un peu, tandis que lui a le visage qui se transforme en tomate, ce qui déclenche encore plus de rires. Parce que peut-être que c'était vrai. Peut-être bien qu'il avait hâte de se retrouver à nouveau seul avec elle. Peut-être bien qu'il avait envie de saisir son courage à deux mains et de l'embrasser la prochaine fois qu'il la verrait. Peut-être bien qu'il était tombé amoureux d'elle. Et peut-être bien qu'il en était de même pour elle.

Someone in the crowd could be the one you need to know
The one to finally lift you off the ground
Someone in the crowd could take you where you wanna go
If you're the someone ready to be found

dortmund, novembre 2013

Est-ce que tu m'aimes Marco ? Ou est-ce que tu ressens au moins quelque chose pour moi autre que du désir ?

La voix brise le silence de la chambre alors qu'il sent ses battements de cœur en train de ralentir. Il était en train de s'endormir et ça le réveille instantanément. La voix était calme et le regard s'était fixé dans le sien attendant une réponse à cette question ô combien complexe. L'instant qu'il redoutait tant venait d'arriver, parce qu'il allait devoir parler de ses sentiments. Ou plutôt il allait devoir parler de son absence de sentiments. Et il détestait à chaque fois qu'il en faisait le constat.

Son regard navigue entre la rousse à côté de lui dans son lit et tout le reste de la pièce. Il s'attarde sur son maillot rouge et blanc. Il l'avait beaucoup aimé ce club. Autant qu'il l'avait détesté. Parce que depuis qu'il l'avait quitté pour ce club un peu loin aux couleurs rouge et blanche, non, il n'avait plus jamais rien ressenti pour personne à quelques rares exceptions près qu'il avait écrasées.

Il sentait son corps s'enflammer pour des gens, mais son cœur n'accélérait jamais. Il ne ratait jamais un battement. Il avait cessé de battre le jour où il l'avait abandonné à l'aube de ses dix-sept ans. Depuis, il avait beaucoup cherché, et il n'avait que très peu trouvé. Il avait eu quelques histoires, toutes courtes, qui ne valait pas la peine d'être racontées. Il en gardait pourtant des souvenirs heureux du temps passé en compagnie des autres.

Parfois, ils échangeaient encore des messages si ça s'était bien terminé. Il les croisait aussi parfois pour boire un verre ou le temps d'une soirée. Il en résultait par moment des belles amitiés avec des personnes sur qui il savait désormais pouvoir compter, et d'autres fois un silence dont il se moquait bien. Il y avait aussi ceux dont il s'était forcé à s'éloigner et à qui il ne donnait pas de nouvelles pour préserver deux cœurs qui pendant un très bref instant s'étaient mis à palpiter.

Rose lui plaisait, il aimait passer du temps avec elle, discuter. Oui elle l'attirait et c'était simple de se convaincre pendant quelques heures qu'il ne faisait pas une erreur quand il partageait leurs draps. Mais non, jamais son cœur ne s'était emballé lorsqu'elle lui souriait ou même lorsqu'elle l'embrassait. C'était juste une douceur bienvenue dans sa vie alors qu'il détestait être seul chez lui. C'était peut-être un peu plus que de l'amitié, mais ce n'était pas de l'amour même s'il tentait parfois de se convaincre du contraire.

Je t'aime beaucoup, mais non pas comme ça.

Pourtant avec Rose, il avait cru que ce serait différent. Parce qu'elle l'était. Contrairement à d'autres, elle ignorait qui il était. Elle était là pour finir ses études et son accent français l'avait immédiatement fait craquer. A vrai dire, il n'était pas vraiment sûr qu'elle sache réellement qui il était. C'était au détour d'un parc qu'ils s'étaient croisés alors qu'elle tentait de récupérer dans un arbre le ballon de l'enfant qu'elle gardait pour se faire un peu d'argent de poche. Elle n'était pas grande et il lui avait tout simplement proposé de l'aider.

Elle ne lui parlait jamais de foot, parce qu'elle n'en regardait pas et elle haussait juste les épaules de façon peu convaincue lorsqu'il disait qu'il ne serait pas là parce qu'il avait match. Il se souvenait encore de la fois où elle lui avait lancé peu persuadée de la réalité Tu pars deux semaines pour quoi ? Un stage de foot ? comme s'il jouait toujours au niveau amateur. Il y avait aussi eu ce jour où qu'elle avait critiqué le maillot allemand qui était encadré dans son salon d'un quelle drôle d'idée d'afficher ça sans comprendre que c'était celui de sa toute première sélection.

J'aurais aimé t'aimer tu sais.

Ses yeux verts désolés se plantent dans les siens qui étaient un peu plus foncés. Les doigts se mêlent aux siens. Il replace une petite mèche de cheveux bouclés derrière son oreille délicatement.

Je sais Marco.

Cela faisait bien longtemps que le blond ne promettait rien. Mais parfois, il aurait aimé, juste une fois, réussir à s'attacher, construire quelque chose de vrai. Ou ne pas paniquer.

Sa main glisse sur sa joue à la barbe naissante alors qu'elle vient déposer ses lèvres sur les siennes calmement. Il ferme ses paupières sur ses prunelles vertes alors qu'ils s'embrassent tendrement pendant un moment. Et puis elle recule.

Je préfère qu'on arrête avant que je m'attache, mais ce n'est pas pour autant que je regrette Marco Reus.

Il lui sourit faiblement. Des sentiments contraires s'opposent en lui. Le soulagement qu'elle comprenne et la déception de la perdre.

J'espère que tu trouveras quelqu'un qui te conviendra, tu mérites le meilleur. - Un léger silence s'installe. - Et pas seulement dans ta carrière de footballeur. Ils t'aiment beaucoup tu sais.

Pour la première fois, elle lui en parlait, du football. Il la regarde avec étonnement.

Qui ?

Les habitants de Dortmund, les supporters.

Il ne comprend pas vraiment. Et puis tout semble faire sens. Elle savait forcément qui il était.

Depuis quand tu sais ? Pourquoi tu m'en as pas parlé ?

Elle rit et l'éclat réchauffe l'atmosphère légèrement pesante.

Depuis pas longtemps. C'est un gars de ma promo qui t'a reconnu sur une de mes photos. Il m'a expliqué. J'ai été te voir là-bas avec lui, il est abonné. T'avais marqué. Tu devrais t'habiller plus coloré dans la vie de tous les jours d'ailleurs, le jaune te va bien.

Ça lui arrache un sourire puis un rire. Ses doigts s'échouent une seconde sur les contours de son visage.

Tu peux rester dormir. Il est tard, je prendrai le canapé.

Il se redresse, prêt à quitter les lieux.

On était jusqu'il y a encore trois secondes en train de discuter nus dans ton lit, je peux t'assurer que tu peux rester ici pour dormir, plutôt que d'aller dans ton canapé que ton meilleur pote polonais a cassé à la dernière soirée que vous avez faite.

Et sur ces mots, elle lui envoie au visage des vêtements qui trainaient au sol avant d'elle-même enfiler un T-shirt et un short.

Bonne nuit Marco.

Qu'est-ce que tu es en train de faire ?

Elle avait encore les cheveux légèrement emmêlés alors qu'elle avait enfilé un sweat au-dessus de son pyjama.

Laisse ce fouet tranquille, j'avais dit que je te ferai une spécialité française.

Elle récupère le saladier de ses mains avant de le déposer sur la table.

Ramène-moi des œufs, du lait, de la farine.

Il le fait. Et puis il l'observe un peu.

Rends-toi utile, t'as qu'à battre ça.

Il lève les yeux au ciel avant de le faire.

T'es pas obligée de rester. C'est pas parce qu'on avait parlé de petit-déjeuner ensemble au repas hier soir que tu dois...

Une promesse est une promesse. Et je t'avais promis de te montrer comment on faisait des crêpes et de t'en faire ce matin pas plus tard qu'hier.

Pas autant de pâte, ça va jamais cuire. C'est pas des pancakes qu'on est en train de faire.

Son rire avait éclaté dans la cuisine. Il lui envoie une poignée de farine dans le visage en réponse. La vengeance ne tarde pas à arriver quand un œuf est écrasé sur son crâne.

Ça tu vas me le payer !

Il est bientôt à la poursuivre dans sa maison, la main recouverte de l'œuf.

Pas mes cheveux s'te plait. Ils sont impossibles à nettoyer.

Il prend pitié d'elle à la dernière seconde, se contentant de lui écraser sur le visage. Il la soulève et elle se retrouve bientôt la tête en bas.

Marco, lâche-moi. Marcoooo, lâche-moi.

─ D'accord.

Le corps s'écrase dans le canapé sous un rire s'élevant.

Ça sent le brulé je crois...

Il se précipite à la cuisine pour trouver sa poêle complètement cramée.

Oups... Je crois qu'il va falloir en changer si on  veut continuer.

Ils dévorent leur repas tout en discutant de leurs futurs respectifs, le regard porté sur l'extérieur. Le blond finit par fouiller dans la poche de son sweat aux couleurs de son club adoré.

Tiens c'est pour toi.

Il fait glisser un paquet sur la table. Lorsqu'elle le déballe, un petit renard en pendentif se trouve dans sa boite.

Tu n'es pas obligé de m'acheter Marco, je ne vais pas me venger du fait que tu n'as pas de sentiments pour moi. C'est la vie et on ne s'était rien promis.

Il lui verse un verre de jus d'orange alors qu'ils sont installés dans sa véranda, profitant des rayons automnaux transperçant le plafond de verre.

Je ne t'achète pas, je l'ai vu à travers une vitrine la semaine dernière et il m'avait fait penser à toi. Je ne vais pas le ramener au magasin, ce serait ridicule et je n'ai aucune raison d'offrir quelque chose qui t'étais destiné à quelqu'un d'autre. Si tu ne veux pas le garder, tu n'auras qu'à le revendre.

Il observe ses doigts qui effleurent les contours de l'animal.

On ne revend pas les cadeaux. Il est magnifique. - Elle soulève son épaisse chevelure. - Tu me le mets ?

Il lui fixe habillement.

Voilà.

Les lèvres s'écrasent sur sa joue.

Merci beaucoup.

Ses doigts jouent déjà avec et il ne peut s'empêcher de sourire.

Hésite pas si tu as le moindre souci, ça ne me dérange pas de t'aider tu sais.

Parce qu'elle, elle avait toujours été là pour lui et pas pour le reste. Elle ne lui avait jamais rien demandé. Elle n'avait jamais insisté pour aller dans un restaurant. Elle faisait toujours des courses qu'elle ramenait quand elle passait la soirée chez lui.

Alors, je voudrais une maison, une voiture, un tapin-volant, un chien et un éléphant rose. C'est peut-être trop demander ?

Il te faudra aussi beaucoup de fil pour tout grillager alors, je le rajoute sur ma note.

Leurs rires se mêlent.

Merci.

Pour quoi Marco ?

Pour avoir été là pour moi et pas pour l'image que t'avais de moi. Ça faisait longtemps que ça n'avait pas été le cas.

Sa gorge se noue. Parce qu'il n'est pas sûr qu'il trouvera quelqu'un qui sera vraiment là pour lui un jour.

Je suis certaine qu'il y a des personnes dans le monde qui t'aimeront pour qui tu es et pas pour la gloire de ton nom.

Je ne sais pas.

Le silence s'installe alors qu'elle est en train de boire dans son verre.

Et moi je suis certaine que c'est le cas. Tout le monde ne cherche pas la gloire et tout le monde ne rêve pas de luxe. Il en existe certainement déjà plus ou moins près de toi.

Il soupire et elle change habillement de sujet.

Ils s'observent dans son entrée. Il ne sait pas trop comment réagir.

Bonne journée, drague pas trop à la fac.

Il prend un coup dans l'épaule après qu'il lui ait fait un clin d'œil.

Je peux te retourner la remarque.

Enfin, tu me connais.

Justement Marco... Justement.

Leurs rires envahissent l'espace une seconde. Et puis le silence se fait. Est-ce qu'il devait l'embrasser une dernière fois ? Est-ce qu'il la reverrait ? Une caresse passe sur sa joue.

A bientôt Marco. Prends soin de toi.

La bouche se pose une très courte seconde sur ses lèvres avant qu'elle ne la repose plus fortement sur sa joue.

Il referme la porte derrière elle. Et puis, il se laisse tomber dans son canapé. Le silence lui est insupportable. La solitude le frappe de plein fouet. Il hésite à appeler Robert. Mais il ne le fait pas, il était avec Anna ce jour-là, il l'avait bien spécifié. Mats était hors de la ville. Il ne se voyait pas en parler avec ses autres coéquipiers. Il écrase une larme qui lui a échappé.

Les mots réchauffent un instant son cœur. Il se demande comment elle pouvait aussi bien le comprendre après aussi peu de temps. Et il regrette que ça ne soit pas elle. Parce que c'était si agréable de vivre avec une fille comme elle au quotidien. Mais comme bien d'autres, elle serait une amie. Une personne sur qui se reposer, mais vouée un jour ou l'autre à passer du temps avec d'autres personnes parce qu'elle finirait par trouver quelqu'un qui lui correspondrait. Comme Mats, comme Robert, comme Lukasz, comme Marcel. Comme quasiment tous ses coéquipiers.

Et quand ils sortiraient, il serait comme il était aujourd'hui : seul chez lui.

hésitez pas à laisser des avis les gens & on se retrouve très vite pour la suite.

ce chapitre est assez important pour comprendre le fonctionnement de marco qui est bcp plus complexe et perdu que mario dans sa vie personnelle comme vous avez déjà pu avoir un aperçu. 

pour ceux qui la relise j'espère que les ajouts vous plaisent (oui j'ai même ajouté un personnage, mais elle est cool ^^ ). rose est d'ailleurs développée entièrement dans une histoire qu'à elle : la demoiselle où marco n'est pas présent.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top