Le 30 juin 2014, à Azawad, Mali.

Mathilde, ma chérie,

Je reviendrai, je te le promets. Mort ou vivant, je reviendrai. Je me suis assuré que mes compagnons ne laissent pas mon corps ici si jamais il arrive le pire. 

Mon supérieur m'a d'ailleurs proposé de partir et d'abandonner ma mission ici. Seulement... Comment pourrais-je partir en laissant derrière moi mes amis et mes collègues qui se battent pour la paix ? C'est ma mission, mon métier, j'ai choisi de faire ça... Comment pourrais-je les abandonner ? Et comment pourrais-je ignorer la détresse des habitants de ce pays qui luttent chaque jour autant que moi pour la paix ? J'ai choisi de faire ce métier pour libérer des pays, sauver les habitants... Quand je vois ce qu'ils vivent chaque jour, quand j'entends leurs histoires familiales... Ils ont presque tous perdu un proche. Comment pourrais-je leur expliquer que je pars parce que ma famille, vivante, me manque ? Quel égoïste je serais ! 

Mais d'un côté, j'ai tellement envie de vous retrouver, toi et ta mère... Vous me manquez tellement que ça m'en fait saigner le cœur ! Je m'en veux de ne pas te voir évoluer, de ne pas pouvoir t'aider avec tes devoirs et de ne pas pouvoir passer de simples moments avec toi. Je m'en veux aussi d'alourdir les épaules de ta mère pendant ces longs mois. Je sais qu'elle en souffre et je me sens également égoïste par rapport à ça. 

C'est un véritable dilemme qui s'impose à moi...

Que choisir entre mon cœur ou ma raison ?

Ton père, qui ne sait plus quoi faire...