L'autre côté
''Salut, Levi.
Je savais que tu reviendrais. Je savais que ce serait trop tard, aussi.
Héhéhé... Alors, c'est bon. On y est. C'est fini. Je suis sûr que c'est calme, qu'il n'y a plus de bruit. Plus de son. Et pourtant, je suis tout aussi sur du fait, que tu entends encore les fantômes de nos éclats de rire.
Dis-moi, tu as ramassé nos photos ? Tu les as mis dans de nouveaux cadres ? Ou, les as-tu laissé au sol, brisées ? Je n'avais pas la force de le faire, désolé.
Est-ce que c' est vide sans moi ? La Terre s'est-elle arrêtée de tourner ? Tu penses que face à la mort, je me suis senti vivant ? Était-ce la bonne issue ? C'était probablement la dernière fois que je m'explosais au sol. Crois-tu que j'ai eu peur ? Il y a quoi après ? D'après toi, où suis-je ? Ça fait peut-être beaucoup de questions d'un coup. Mais tu sais, je ne suis pas en colère. Je ne suis pas triste non plus. Ça ne fait ni mal, ni bien. En fait, ça ne fait rien.
J'ai vu ce que je voulais voir, j'ai fait ce que je voulais faire, je suis devenu ce que je voulais devenir. J'ai vécu ce que je voulais vivre. C'est peut-être égocentrique, mais tu le savais très bien. Tu connaissais la finalité. On avait prévu de se faire mal, de se consumer, mais moi, j'aimais le feu. Je l'aimais jusqu'à la brûlure, j'aimais l'amour, jusqu'à la plaie et la vie jusqu'à la mort. Moi je n'étais pas raisonnable. Personne ne connaît mes faiblesses. J'ai bien soigné mon profil. Mais je vais te dévoiler quelque chose. Quelque chose que tu sais déjà:
Je suis fou.
Fou de toi.
Fou de tout ce qui m'entoure.
Fou d'après toi, d'après les médecins, les psy, les gens.
Mais on va toujours trop loin pour ceux qui ne vont nulle part.
Je vais te dire autre chose:
Je voudrais bien égoïstement que tu sois déchiré par le manque, que mon absence soit un tumulte d'angoisse incessantes, je voudrais que ton amour me crache à la gueule toute la présence que tu ne peux me donner.
On m'a dit: ''Écrire à un amour perdu, c'est arroser une fleur fanée.''
Mais on se trompe souvent, tu veux une preuve ? Les gares de l'amour sont pleines de gens qui avait promis de ne jamais partir.
Moi-même, j'y suis. J'attends le train de minuit. Et pourtant, on se l'était juré. C'est ça que j'aime chez toi, tu ne mens pas. En fait, j'aime toutes sortes de choses chez toi. La façon que tu as de tout nettoyer. Quand tu t'acharnes sur de tout petits détails. Le fait que tu ais toujours des lingettes Pampers dans ta poche arrière. Tes yeux froid, tes mains chaudes, ta bouche sur mon corps, quand t'es doigts effleurent mon torse...
Quand tu soupires de plaisir. Quand tu me hurle dessus... quand tes lèvres se posent sur les miennes, quand tu me mords, quand tu parles...
Ton odeur, tes cheveux, ta peau... Tout. Tes toques, tes manières, tes angoisses, tes peurs, tes fantasmes, je connais chacun d'entre eux...
Dis, tu te souviens ? Quand on parlait d'avenir. De notre futur à bord d'un bateau, à faire le tour du monde. Quand on se disait différent...
La fois où on est rentré par effraction dans une villa de vacances. On a repeint la gendarmerie pendant la nuit... Un arc-en-ciel... C'était ce qu'on avait fait...
Lorsqu'on est allé au cinéma à 3h du mat', tu avais passé quoi déjà ? Le Tombeau des lucioles, non? Ça nous ressemble bien. Deux gamins, livrés à eux-mêmes. Sans refuge. Sans repère. On avait plus rien. On ne vivait que la nuit, le jour on s'éteignait, comme ces ''lucioles''. Tu crois qu'on aurait pu s'en sortir ? Il nous en aurait fallu du temps. Bien plus qu'une minute, bien plus que l'infini. Je t'attends, de l'autre côté. On se retrouvera, on retombera amoureux, encore et encore, indéfiniment, sans s'arrêter. Cette vie est terminée, la prochaine me promets à nouveau l'éternité de notre histoire. Alors, je te souhaite bon voyage, mon ange.
Je t'aime plus que tout au monde, Levi.
Eren Jeäger''
Je le sais enfin...
Je peux avancer de nouveau...
Et dire que je n'avais jamais osé ouvrir cette putain de lettre...
Tu sais, je me rappelle, ton prénom.
Je l'ai vu des centaines de fois à la télévision, dans les journaux...
Il y'a 15 ans, l'incendie criminel dont tu es le seul survivant. On n'avait jamais retrouvé le coupable.
Tu sais, moi aussi j'aime le feu jusque la brûlure. Ne pars pas, je ne suis pas très loin.
4h05, je m'allonge sur les rails, où nous nous étions rencontrés, il est trop tard pour reculer. Le bruit du train se fait entendre, les phares m'aveuglent.
-On se retrouve de l'autre côté, Eren...
4h06.
see you next chapter ➡
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top