11. Paparazzis
Joyeux 11 Décembre !
Aujourd'hui, nous ouvrons donc la onzième case de notre calendrier avec un OS un peu particulier, intitulé Paparazzis.
J'espère qu'il vous plaira. Bonne lecture !
Paparazzis
Peter inspira un grand coup, alors que Tony ouvrait la porte de la limousine, se faisant mitrailler de flashes et de questions posées par les journalistes. Peter pouvait même entendre des femmes crier son nom, et il regarda Pepper avec un air un peu interdit. Cette dernière soupira.
- Tu es sûr que ça va aller ? lui demanda-t-elle en lissant le col de sa chemise.
- Ouais. De toute façon, il fallait bien passer par là un jour, pas vrai ?
Elle lui sourit d'un air contrit avant de suivre son mari dehors, et Peter sentit son ventre se nouer à l'idée de sortir de la voiture à son tour. Il n'avait pas l'habitude d'être sous les projecteurs, épié, interrogé... mais voilà, aujourd'hui était le jour où il devait se révéler au monde, pour se présenter comme le fils de Tony Stark et futur dirigeant de Stark Industries.
Depuis qu'il était né, ses parents avaient toujours tout fait pour cacher le fait qu'il était leur fils, de manière à ce qu'il n'ait aucun ennui avec les médias et paparazzis en tous genres, grandissant sereinement.
Et aujourd'hui était le jour.
Tony toqua discrètement à la vitre pour lui dire qu'il était temps pour lui de sortir, et Peter vérifia que son costard n'avait aucun pli avant d'ouvrir lentement la portière. Immédiatement, il fut aveuglé par les flashes des appareils photos et il mit sa main devant ses yeux pour se retrouver face à un gigantesque tapis rouge, bordé de centaines de personnes en délire – on se serait cru à une soirée hollywoodienne.
Son père était juste à sa droite, tenant Pepper par la taille, et Peter prit sur lui pour ne pas repartir en courant dans la limousine. Au lieu de ça, il s'approcha de Tony, et ce dernier mit sa main sur son épaule, d'une part pour le rassurer sans doute, et d'autre part, pour montrer à la presse qu'il était avec eux et qu'un lien les unissait assurément.
Peter fit bonne figure et se prêta au jeu des caméras, même s'il avait l'impression que son sourire était complètement forcé et qu'il ne ressemblait à rien – il était loin d'avoir la classe décontractée de Tony, et la grâce de Pepper.
Rapidement, ils montèrent les marches, mitraillés de toutes parts, et Peter était plus gêné qu'autre chose. Heureusement, il sentait la poigne de son père sur son épaule et savait qu'il n'était pas seul. Au sommet, d'autres journalistes les attendaient, et ils se postèrent face à eux. Une journaliste posait des questions à Tony.
- Monsieur Stark ! Monsieur Stark, s'il-vous-plait ! Une question pour Vanity Fair !
- Allez-y, l'encouragea-t-il négligemment.
- Qui est ce jeune homme qui vous accompagne, et avec qui vous semblez proche ?
Tony se tourna vers Peter avec un sourire fier, et Peter le regarda avec sérieux, rassuré par le regard chaleureux de son père.
- Je vous présente mon fils, Peter. C'est lui qui prendra bientôt ma place à la tête de Stark Industries.
Un véritable engouement suivit sa déclaration, des flashes les mitraillaient encore et encore, les aveuglants. Les journalistes posaient des questions qu'ils ne comprenaient qu'à peine, demandant quel âge avait Peter, pourquoi avoir caché qu'il avait un fils, s'il était célibataire, aussi... Peter ne savait plus où donner de la tête et il se contenta donc de suivre le conseil de Pepper, à savoir : saluer, sourire et les ignorer.
- Allez, rentrons à l'intérieur, ils ont assez de photos comme ça, déclara Tony, au plus grand soulagement de son fils.
- MONSIEUR STARK, ATTENDEZ ! MONSIEUR STARK ! criaient les journalistes en se bousculant pour être les premiers à les atteindre, mais Happy et d'autres hommes de la sécurité en costard arrivèrent pour les retenir, laissant passer la famille Stark.
La soirée n'était pas si importante que ça en elle-même ; c'était une sorte de bal organisé pour les œuvres caritatives que présidaient Tony et Pepper. L'idée était de présenter Peter comme leur fils aux principaux comités qui les constituaient, afin de préparer le terrain et d'habituer le public et les médias à son visage.
C'était la partie du job qui déplaisait le plus à Peter. Il était immensément reconnaissant à son père de l'avoir préservé de tout ça jusqu'à maintenant, mais comme il avait accepté de reprendre les rennes de Stark Industries depuis qu'il avait fini ses études, il savait qu'il n'y échapperait pas. Ainsi, en attendant qu'il apprenne le métier aux côtés de Tony, il l'accompagnerait dans ses soirées, ferait des « sorties publiques », des photoshoots (ce que Peter appréhendait particulièrement) et des interviews.
Tony était une personnalité publique, et Peter savait qu'il allait devoir en devenir une à son tour.
Cependant, ce qu'il voulait le plus, c'était protéger son secret de Spider-Man, et préserver MJ de toute cette agitation médiatique. Il savait que ça allait être compliqué, mais il ne voulait pas faire comme son père et se dévoiler ainsi. Il n'était tout simplement pas prêt, et Tony et Pepper étaient entièrement d'accord avec ce fait.
- Monsieur Clarke ! s'exclama soudain Pepper en donnant un coup de coude à Tony qui avait attrapé une coupe de champagne, et qui la reposa immédiatement après avoir bu une gorgée. Quel plaisir de vous voir ce soir !
- Le plaisir est partagé, Madame Stark, répondit l'homme, qui devait avoir la cinquantaine, le visage jovial.
Il tendit sa coupe de champagne en direction de Tony avec un sourire de courtoisie, et ce dernier lui fit un hochement de tête.
- Monsieur Stark.
- Jeffrey, je vous présente mon fils, Peter, le présenta ensuite Tony en mettant une main sur l'épaule du plus jeune, qui avança sa main pour serrer celle de Clarke.
- Enchanté, répondit l'homme en serrant sa main et en le regardant sous un œil neuf. J'ignorais que vous aviez un fils.
- Nous voulions le préserver de tout tourment médiatique, sourit aimablement Pepper, vous savez ce que c'est.
- Oui, bien sûr. Et donc, c'est lui qui va prendre votre place, Tony ?
Peter n'aimait pas du tout le fait que l'homme ne s'adresse pas directement à lui, et il fronça les sourcils.
- En fait, oui, c'est moi qui vais diriger Stark Industries quand le moment sera venu, intervint-il en le regardant fixement et avec sérieux.
Clarke sembla surpris de l'entendre lui parler, et tourna sa tête vers lui avant de lui adresser un sourire crispé.
- Vous n'êtes pas un peu trop... jeune pour ça ?
- Sauf votre respect, Monsieur Clarke, mon père était bien plus jeune que moi et ça ne l'a pas empêché de réussir.
A côté de lui, Tony laissa échapper un petit rire satisfait, un sourire fier étirant ses lèvres, alors que Pepper souhaitait une bonne soirée à Clarke, avant de les faire s'éloigner.
Si Tony et Pepper trouvaient ça drôle, Peter, lui, ne s'amusait pas vraiment. Il savait que les actionnaires et les différents membres du comité de Stark Industries ne le verraient pas d'un bon œil et feraient leur possible pour l'éliminer du chemin, mais il détestait ça, et il devait faire ses preuves pour s'imposer auprès d'eux. C'était lui que son père avait choisi pour diriger son entreprise, et il ne laisserait personne lui dicter sa conduite.
Et puis, pour qui il se prenait, ce Clarke ?
Tony mit une main sur son épaule et le conduisit vers d'autres personnes.
- Tu t'en es bien sorti, lui murmura-t-il discrètement.
Peter souffla doucement. La soirée promettait d'être longue...
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Quand la soirée fut terminée, la famille Stark redescendit les marches où s'attardaient quelques éminentes personnes et certains journalistes auxquels ils ne firent pas attention. Peter n'avait qu'une hâte : celle de rentrer chez lui et retrouver sa petite-amie.
L'entrée dans la limousine fut libératrice pour lui, et il s'avachit dans le siège en cuir en desserrant sa cravate avec un soupir.
- Bon, on s'en est bien sortis, finalement, souffla Tony, semblant dans le même état que Peter.
Pepper se mordit l'intérieur de la joue pour ne pas rire, parce que les deux hommes étaient assis côte à côte, exactement dans la même position et avec exactement la même expression du visage. Sauf que le plus vieux était censé avoir l'habitude de ces soirées ridicules.
- Comment tu te sens, Peter ? se contenta-t-elle de demander en glissant une main dans ses cheveux plein de gel.
- Épuisé. Je déteste déjà ces soirées.
Tony et Pepper rigolèrent, parce qu'ils savaient tous deux que ce n'était pas la dernière soirée que ferait Peter, et il en était lui aussi conscient.
- T'as assuré, gamin, le félicita Tony avec un sourire. Ça s'est pas aussi mal passé que tu le croyais, tu vois ? T'en as mouché plus d'un, je dois dire.
- C'est vrai, tu trouves ?
- Tu les as tous impressionnés.
Peter sourit avant de laisser tomber sa tête contre le siège, alors qu'Happy les conduisait à travers New-York. Pepper discutait avec Tony de certaines formalités concernant Peter, mais il n'écoutait que d'une oreille distraite ; la seule chose à laquelle il aspirait, là, tout de suite, c'était un bon lit et les bras de sa petite-amie.
Ils arrivèrent finalement devant l'immeuble dans lequel vivait désormais Peter, et celui-ci soupira de soulagement. Il salua ses parents, qui le félicitèrent une nouvelle fois, et il remonta les escaliers quatre à quatre, pressé de rentrer chez lui.
Lorsqu'il pénétra dans l'appartement, il fut accueilli par une faible lumière et une MJ couchée dans le canapé, endormie, un bouquin dans la main. Peter sourit, attendri, avant de s'approcher d'elle pour lui enlever son livre et le poser sur la table basse, avant de caresser sa joue pour la réveiller. Elle ouvrit un œil puis l'autre avant de se redresser en se frottant le visage.
- Hey, t'as mis le temps pour rentrer...
Peter regarda l'heure sur sa montre et grimaça. Il était deux heures du matin.
- Je suis désolé.
Elle lui fit de la place sur le canapé et il s'assit en soufflant, entreprenant d'enlever ses chaussures cirées.
- Comment ça s'est passé ? lui demanda-t-elle en glissant ses deux mains sur ses épaules pour les masser doucement afin de le détendre.
- Exactement comme je l'imaginais. Des photographes partout, des journalistes... personne ne s'attendait à ce que mon père balance qu'il avait un fils de vingt-six ans, rigola Peter, mais ils sont très vite passés à moi en me demandant des choses complètement bizarres, des fois... N'importe quoi. Et les membres du comité sont tous des rats avides, je te jure, ils étaient là à me regarder comme si j'allais leur voler leur fric, ils me dégoutent.
Michelle éclata de rire à sa dernière remarque avant d'embrasser sa joue pour le détendre. Il était visiblement épuisé, et elle savait que ce n'était pas facile pour lui. Il détestait être mis en avant, tout comme son père qui, à la différence, cependant, aimait faire le spectacle.
- J'en peux plus, je suis mort, gémit-il en se laissant aller dans le canapé.
- Alors on va au lit, Spider-Monkey, le taquina-t-elle en se levant et en attrapant doucement ses mains pour l'aider à se redresser.
Il se mit rapidement sur ses pieds et, sans crier gare, la souleva de terre, un bras dans son dos, l'autre sous ses genoux, et elle s'accrocha à lui avec un petit cri de surprise.
- Mon Dieu, Peter, lâche-moi !
- T'es sûre ? se moqua-t-il, devant la porte de la chambre.
- Non, non, c'est bon ! Me lâche pas !
Il la déposa délicatement dans le lit et se pencha sur elle, son visage tout près du sien, et lui sourit doucement, ses yeux rivés dans ceux de Michelle.
- Jamais, souffla-t-il avant de l'embrasser tendrement.
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Quelques jours plus tard, Peter en avait déjà assez de toute cette mascarade, mais il prenait sur lui du mieux qu'il pouvait, car il ne voulait surtout pas décevoir son père. Si diriger Stark Industries ne lui posait pas de problème en soi, tout ce qui était lié à son image le dérangeait fortement. Il se disait qu'il fallait juste qu'il s'habitue à tout ça, que ce n'était qu'une question de temps, mais tout ça l'épuisait fortement.
Cette semaine, après la soirée, il avait déjà dû faire un paquet d'interviews en tous genres, où on lui posait toujours les mêmes questions et presque jamais centrées sur ses ambitions pour Stark Industries, il devait sourire, faire bonne figure, mais il se sentait plutôt gauche et maladroit. Son père lui disait qu'il s'en sortait très bien, mais il était persuadé que c'était pour le rassurer.
Peter avait également suivi son père dans un hôpital pour rendre visite à des enfants malades, et c'était lui que ça avait rendu malade ; si peu de spontanéité, tout était orchestré, minuté... il avait détesté chaque seconde.
Aujourd'hui, il allait s'essayer à quelque chose de tout à fait différent : un photoshoot. C'était un exercice qu'il appréhendait réellement depuis le début, et il savait qu'il ne pourrait y échapper. Son père avait annulé ses rendez-vous pour l'accompagner, histoire de le guider et de surveiller surtout qu'il ne se passe rien de gênant ou d'embarrassant pour l'image de son fils.
- Ah, Monsieur Stark ! s'exclama Damian, le photographe, lorsqu'ils arrivèrent au studio photos. Et Monsieur Stark aussi, j'imagine ? ajouta-t-il en voyant Peter juste derrière lui.
- Bonjour, Damian, le salua Tony, mains dans les poches. Voici mon fils, Peter, c'est avec lui que tu bosses aujourd'hui.
Damian était un jeune photographe qui devait avoir à peu près l'âge de Peter, et il avait l'air plutôt aimable. Peter lui serra la main en hochant la tête. Damian le dévisagea tandis que Tony vérifiait quelque chose sur son téléphone.
Une maquilleuse se posta juste à côté du photographe en étudiant elle aussi Peter, et Damian lui donna ses instructions en faisant comme si le jeune Stark n'était pas là, ce qui commençait réellement à le déranger.
- Déjà, il faut déstructurer un peu la coupe, tu lui fais un petit look un peu moins soigné, y a trop de gel, là, ouais –
Il continuait à parler tandis que Peter fronçait les sourcils. Il n'était pas trop soigné.
- Pour la tenue, tu sais quoi faire, je te fais confiance, tu sais ce qu'on veut montrer.
- Très bien, approuva la maquilleuse. Suivez-moi, Monsieur Stark.
S'en suivit alors une séance de relooking que Peter trouva étrange au possible ; il n'avait jamais pris la peine de soigner son look, il coiffait simplement ses cheveux sur le côté pour qu'ils ne le gênent pas, sans se soucier de son apparence globale ; il mettait depuis peu des costards comme son père parce qu'il savait que ça faisait partie du jeu, mais se laissait totalement guider par sa mère, car il n'y connaissait strictement rien.
Quand il ressortit de la loge, il avait l'impression de ne pas se ressembler. Évidemment, on l'avait maquillé (pour la première fois de sa vie), et ses cheveux donnaient l'impression de n'être pas coiffés, une mèche retombant négligemment sur son front. On lui avait fait revêtir un pantalon à pince beige, une chemise large et une veste en cuir marron. Décidément pas son look habituel.
- Waw, Peter, quel look ! s'exclama Tony avec un sourire en le voyant arriver, la démarche un peu gauche.
- Arrête, lui répondit-il, gêné.
- Voilà, c'était exactement ce que je voulais, merci, Samantha, sourit fièrement le photographe, son appareil dans la main. Bon, tu es prêt à commencer ?
Peter aurait bien voulu lui dire non, enlever ses fringues et repartir en courant à Stark Industries pour gérer des feuilles de calcul, mais il ne pouvait pas, alors il déglutit simplement et fit un léger signe de tête pour approuver. Son père lui donna une petite accolade pour lui signifier son soutien, et Peter suivit le photographe jusqu'au décor qu'ils avaient installé entre temps, sous les projecteurs.
- Bon, Peter – je peux t'appeler Peter ? – Ok, donc tu te places au milieu du décor, sous les projecteurs, et puis tu te laisses aller, ça marche ?
- Euh, je me laisse aller, c'est-à-dire ? demanda-t-il, sans comprendre, alors qu'il s'exécutait.
- Ah, oui, c'est vrai que c'est ton premier photoshoot... bon, écoute, ce qu'on veut, c'est que tu aies l'air à la fois sérieux, et mystérieux. Tu es Peter Stark, le futur PDG de Stark Industries, les gens ne te connaissent pas, il faut que tu aies l'air... inaccessible, je dirais. Monsieur Stark ? demanda Damian à Tony en se retourna, lequel hochait la tête.
- J'aurais pas dit mieux ! s'exclama-t-il en claquant des mains.
Comment était-il censé paraître mystérieux et inaccessible ?
- On va mettre un peu de musique pour t'aider, fais le beau gosse, ça devrait pas être très compliqué pour toi.
Damian eut un rictus amusé en le regardant, avant de saisir son appareil photo.
Malgré la musique, Peter ne parvenait pas à se détendre. Il détestait être sous ces projecteurs qui lui donnaient terriblement chaud, il ne savait pas comment se positionner dans le décor, et se contentait de rester debout au milieu, les bras ballants, le regard perdu.
Entre temps, Tony était sorti pour passer un coup de téléphone, laissant Peter seul avec le photographe et ses assistants.
- Essaie de te détendre..., répéta Damian en le mitraillant malgré tout, sans doute pour essayer de tirer un cliché potable. Je ne sais pas, regarde, mets tes mains dans tes poches, plante tes pieds dans le sol, vas-y, aie confiance en toi, tranquille. Voiiiiilà, tu baisses un peu la tête...
Peter écoutait ce que lui disait Damian, bien que gêné. Il se sentait le plus ridicule de tous les temps, et ses vêtements n'arrangeaient rien du tout. Si encore il avait été en costard.
- Très bien, et maintenant tu relèves simplement les yeux vers moi, un peu comme si tu me regardais par-dessous tes cils, tu vois ? Ouais, voilà, comme ça, babillait Damian, les yeux rivés sur Peter, derrière son objectif. Voilà, nickel.
Il était littéralement mitraillé, ses yeux étaient aveuglés. Il ne savait pas vraiment ce qu'il faisait, Damian lui donnait toutes les positions, et lui écoutait bêtement en ayant l'impression d'être un parfait pantin dont on tirait les ficelles invisibles.
- Voilà, adosse-toi au décor. Mains dans les poches, regarde l'extincteur, là-bas. Le visage sérieux, c'est bien. Maintenant relève la tête, tes yeux ne bougent pas...
La séance sembla durer une éternité, et quand son père revint, Peter soupira de soulagement. C'était enfin terminé. Il partit se changer rapidement, pressé de fuir cet endroit de malheur, salua ensuite le photographe ainsi que toute l'équipe, et quitta le studio en compagnie de Tony.
- Bon, tu vois, c'était pas si terrible, le tança son père avec un air amusé.
Peter lui lança un regard blasé.
- Je préfère mille fois avoir rendez-vous avec Hammer plutôt que revivre ça.
- Je note, sourit Tony.
Ils détestaient Hammer autant l'un que l'autre.
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Jusqu'à présent, leur stratégie communicationnelle était parfaite. Peter faisait la Une de la plupart des magazines, était invité dans des Talkshow dans lesquels il prenait de plus en plus ses aises, séduisant la plupart des journalistes qui le trouvaient adorables. Les photos du Photoshoot avaient fini par paraître et avaient également suscité l'engouement, notamment auprès d'un public plutôt jeune. Les gens le saluaient lors de ses sorties publiques, voulaient des photos avec lui, et on le surnommait désormais le « petit-ami d'Internet ». Le fait qu'on ne sache pas non plus s'il était célibataire ou non faisait monter une certaine tension, et chacun y allait de sa théorie.
Bref, il était le gendre idéal d'Internet. MJ avait explosé de rire quand elle avait lu un article intitulé : « Peter Stark, futur PDG de Stark Industries, option gendre idéal » avec une photo de lui en costard, en train de boutonner sa veste, la tête baissée et un léger sourire aux lèvres. Il ne se reconnaissait même pas sur la photo.
Peter ne comprenait pas cet engouement. Il faisait ce que ses parents lui disaient, mais il détestait toute cette attention. Par ailleurs, depuis que tout cela avait commencé, il n'avait de cesse de se sentir épié, où qu'il aille. Il avait l'impression d'être observé, ses sens d'araignée frémissaient, mais à chaque fois qu'il se retournait, il n'y avait personne.
En somme, il croyait être en train de devenir dingue. Il en avait parlé à Tony, qui lui avait dit que c'était normal de se sentir observé, parce que tout le monde avait littéralement le regard tourné vers lui.
A côté de tout ça, Peter travaillait dur pour apprendre aux côtés de son père. Il assistait à toutes les réunions, aux rendez-vous, approuvait ou désapprouvait les projets de certains ingénieurs, bossait sur des nouveaux projets pour l'entreprise, visitait des chantiers... en somme, ça n'avait pas grand-chose à voir avec les études qu'il avait menées.
Et puis, il était épuisé. Il devait faire ses preuves, tout le temps. Tout le monde le croyait trop jeune pour suivre les pas de son père. Alors, il finissait par douter, lui aussi. MJ le soutenait, mais il lui était difficile de faire la part des choses.
Alors, le reste du temps, il continuait à protéger New-York en étant Spider-Man, c'était la seule chose qu'il avait trouvé pour se défouler et extérioriser tout ça.
Ce soir-là ne fit pas exception, et la soirée était déjà bien avancée quand il rentra chez lui, plutôt satisfait du travail accompli. Il ne s'attendait simplement pas à trouver MJ dans un état d'inquiétude assez avancé.
- Peter ! s'exclama-t-elle, à peine eut-il franchi le seuil de la porte d'entrée.
Le jeune homme releva la tête vers elle, un peu surpris, et elle s'avança rapidement vers lui, une enveloppe dans les mains.
- MJ ? ça va ? qu'est-ce qui se passe ?
- Regarde ce que j'ai trouvé en rentrant, dans la boite aux lettres...
Elle lui tendit l'enveloppe d'une main un peu tremblante, et Peter eut un mauvais pressentiment quand il l'ouvrit pour en sortir un mot ainsi qu'une liasse de photos.
Des photos de lui.
- Qu'est-ce que...
- Lis le mot, le somma MJ.
Il retourna le petit morceau de papier un peu cartonné, sur lequel un mot était griffonné, dans une écriture penchée.
Tu devrais te dénuder plus souvent, même s'il est vrai qu'en costard, ton corps est tout autant appréciable. J'aime quand tu me regardes, et je donnerais n'importe quoi pour une nuit à tes côtés. Pour le moment, malheureusement, ces photos sont tout ce que j'ai de toi. Mais crois-moi, je ne m'arrêterai pas avant que tu sois mien, Peter.
Ton plus grand fan.
Peter sentit son cœur battre plus fort alors qu'il posait le mot sur la commode avant d'attraper les photos et de les faire défiler une à une, les mains fébriles. Ses yeux s'écarquillèrent. Toutes ces photos avaient été prises à son insu, on le voyait parfois à travers les baies vitrées de Stark Industries, lors de réunions, ou avec son père, quand il sortait de la Tour, en train de monter dans la limousine, répondre aux textos de MJ ou au téléphone... Il y en avait cinq autres, prises à un moment où il faisait du sport et allait prendre une douche, enlevant son t-shirt par la même occasion.
Selon les angles de vue, il avait l'air de regarder l'objectif, et il se sentit glacé d'effroi à l'idée qu'il avait dû voir celui qui le prenait en photo sans même s'en rendre compte.
Le choc le fit s'asseoir, les yeux rivés sur les photos.
Qu'est-ce que c'était que ce délire ?
- Peter, ça va ? demanda doucement MJ en posant une main sur sa joue.
Il se sentait comme pris au piège. Quelqu'un l'avait suivi, photographié à son insu. Cette personne savait où il habitait.
- Peter ? répéta Michelle, commençant à s'inquiéter pour Peter désormais, qui ne lâchait pas les photos des yeux, semblant abasourdi et profondément choqué. Peter, tu veux que j'appelle ton père ?
- Je...
Qu'est-ce que c'était que ce délire ? Et ce mot, ce mot qui lui apparaissait comme une menace claire et directe...
- J'appelle ton père, décida MJ en voyant qu'il ne bougeait pas, se redressant pour prendre le portable de Peter.
Elle parla quelques secondes avec Tony au téléphone, lui expliquant brièvement la situation, et il lui dit qu'il arriverait rapidement. Et en effet, quelques minutes plus tard, à peine, il toquait à la porte.
- Fais voir ces photos, demanda-t-il à Peter, qui s'était repris et qui était en colère, désormais.
Tony regarda les photos, puis le mot, et fronça les sourcils quand il eut fini.
- Comment ce – ce type, sait où on habite ? s'exclama le jeune Stark en se redressant. Et c'est quoi son délire, là ? Je sais même pas qui c'est ! Il pourrait venir dans l'appartement, il pourrait s'en prendre à MJ !
- Peter, Peter, calme-toi ! tenta Tony en posant les photos sur la table avant d'attraper son fils par les épaules. On va faire le nécessaire, tu n'as pas besoin de paniquer comme ça.
- Pas besoin de paniquer ? tu te fous de moi ?
- Parle-moi sur un autre ton, Peter, le reprit Tony d'un air sévère. C'est rien d'autre qu'un fan en délire qui ne sait pas faire la différence entre fantasme et réalité, on va engager des gardes du corps et tout ira bien, ok ? mon détective fera son enquête pour le retrouver, et ce sera fini.
Peter souffla un grand coup, un peu soulagé. Son père avait l'habitude de ce genre de choses. Il ne devait pas s'inquiéter, mais il s'était senti comme violé dans son intimité. Imaginer que quelqu'un... ça le rendait malade.
- Pardon de m'être énervé, souffla-t-il en se rasseyant.
Il s'obligea à se calmer et à réfléchir raisonnablement. Après tout, Tony avait raison. Il n'y avait aucune raison pour que Michelle risque quoi que ce soit avec des gardes du corps, et toute cette histoire serait rapidement réglée avec le détective. Oui, il fallait qu'il se calme.
- Tu as l'air d'avoir besoin de repos, gamin, lui dit Tony, sourcils froncés. Je m'occupe de régler le problème, d'accord ?
- D'accord, merci, soupira-t-il en passant une main dans ses cheveux.
MJ attrapa son bras avec un air concerné, Tony quitta l'appartement en attrapant son téléphone, et le couple décida d'aller se coucher.
Oui, il n'y avait pas de raisons de s'inquiéter. Ses parents avaient déjà eu à régler ce genre de problèmes.
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Du moins, c'était ce qu'il avait cru.
Deux semaines passèrent sans qu'ils reçoivent de photos ou de mots. Michelle et Peter étaient suivis par des gardes du corps, sans cesse, et bien que cela pèse sur leur moral, ils en étaient quand même soulagés et se sentaient plus en sécurité.
Leur sentiment de sécurité endormit donc leur confiance, et ils reprirent peu à peu une vie plus sereine, avec les nouveaux tracas de Spider-Man et la célébrité grandissante de Peter Stark. Il avait de plus en plus de mal à conjuguer tous ces aspects de sa nouvelle vie, mais il était soutenu par sa petite-amie et ses parents.
Et puis, à nouveau, une enveloppe, des photos. Pas de mot. Peter paniqua de nouveau et demanda des comptes au détective qui était censé s'occuper de tout ça, mais il n'avait rien trouvé de concluant.
Une semaine plus tard, de nouvelles photos. Pas de mot.
Deux jours plus tard, encore des photos, et tous les deux jours, ils en recevaient de nouvelles.
- Ce type sait tout ce que je fais, MJ, grinça Peter en balançant les photos dans la cheminée.
- Je sais, Peter...
- Et ça ne te fait rien de plus ? lui demanda-t-il avec colère, énervé par son absence de réaction.
- Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? réagit-elle. Ton père est sur le coup, on est entourés de gardes du corps ô combien imposants, un foutu détective s'occupe de trouver qui fait ça... on risque rien, ça va aller, Peter.
- Ouais.
Il passa une main dans ses cheveux avant de souffler bruyamment.
- Je savais que c'était une mauvaise idée, tout ça, la presse, Stark Industries...
- Peter, ne dis pas ça. Et de toute façon, il fallait bien que ça arrive un jour. T'as passé vingt-six ans de ta vie à l'abri des projecteurs...
Peter ne répondit rien et se laissa tomber dans le canapé.
- Je vais retrouver ce type, finit-il par dire d'une voix sombre.
- Et comment tu vas faire ? T'es plus un gamin de seize ans qui joue à être un super-héros, Peter, t'as des responsabilités, maintenant.
- Merci de me le rappeler.
Il avait l'impression de se faire gronder comme un enfant, et peut-être que Michelle avait raison, mais il ne supportait plus toute cette pression.
- Peter, je dis pas ça pour te mettre la pression... je sais très bien que tu le fais assez toi-même, tu veux toujours prouver à tout le monde que tu mérites ce que tu as, alors que tu ne devrais pas... tu n'as à te justifier auprès de personne. Ce que tu as, tu le mérites.
- Tu crois ? demanda-t-il faiblement, sans vraiment y croire lui-même.
- Bien sûr. Alors il faut que tu te détendes un peu, et ton père finira par trouver qui est l'auteur de toutes ces photos. D'accord ?
Peter acquiesça, décidant de laisser tomber pour le moment. MJ avait totalement raison, alors il se laissa emporter dans la chambre, dont il ferma la porte, sans se soucier de tout ce qui se trouvait à l'extérieur...
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- Papa, là il faut vraiment que je te parle, dit Peter d'une voix pressante, le lendemain matin, en entrant dans le bureau de Tony.
Il était suivi de près par une MJ visiblement soucieuse, et Tony sut au ton employé par son fils que ce qu'il allait lui dire n'allait peut-être pas lui plaire.
Peter s'avança jusqu'au bureau et lui jeta une grosse enveloppe marron sur laquelle il y avait juste écrit « Peter ». Tony l'ouvrit sans rien dire, devant l'air nerveux et impatient du jeune homme, et en sortit quatre photos ainsi qu'un mot.
- Quand est-ce que tu les as reçues ? demanda-t-il avec inquiétude, sans lâcher les photos des yeux.
- Ce matin. Et tu sais où elles étaient ?
Tony releva la tête vers Peter, qui semblait friser l'hystérie.
- Sur la table du salon.
Son père ne répondit rien, sourcils froncés, semblant réfléchir à toute vitesse.
- Papa, insista Peter, ce type s'est introduit chez moi cette nuit, pendant qu'on dormait. Il nous a observés et il a pris des photos de nous en train de dormir, merde ! ça veut dire qu'il aurait pu faire n'importe quoi d'autre !
- Peter...
- Il faut que tu fasses quelque chose, je refuse qu'il arrive quelque chose à MJ à cause de ce... de ce malade ! Non mais tu as vu ce qu'il a écrit, cette fois ?!
- Peter, calme-toi –
- NE ME DIS PAS DE ME CALMER !
Le jeune homme tapa du poing sur le bureau, surprenant son père et MJ.
- Vous avez voulu que je me calme, et je me suis calmé, et résultat quoi ? Ce mec est entré chez moi !
- Peter –
- NON ! y a pas de Peter qui tienne, j'en ai marre de vous écouter, alors je vais retrouver ce type moi-même, et je vais lui faire passer l'envie de recommencer ses conneries !
Sur ces mots, il n'attendit pas plus longtemps et se dirigea vers la sortie du bureau. Tony se releva immédiatement pour le retenir.
- Peter, attends !
Mais le jeune homme ne voulut rien entendre et quitta Stark Industries sans un mot de plus, fulminant de colère.
Je suis ton plus grand fan. Je te suivrai jusqu'à ce que tu m'aimes.
Les mots étaient gravés dans son esprit et le rendaient malade. Il ne supportait plus tout ça. Alors il se comportait sans doute comme un adolescent, mais il n'en avait plus rien à faire. Au diable ses foutues responsabilités, Spider-Man allait régler le problème.
Oui, c'était ce qu'il aurait dû faire depuis le début et il le savait. Il ne pouvait pas se permettre de mettre MJ en danger, et il en avait assez de se sentir épié à longueur de journée. Ce type avait pénétré dans son intimité, il avait franchi une ligne.
Sans réfléchir, il revêtit son costume de Spider-Man, qu'il avait largement amélioré depuis dix ans qu'il l'était, et sauta de toits en toits pour se défouler, avant de se rendre jusqu'à chez lui. Là où il se trouvait, il avait une vue parfaite sur son immeuble, et il pourrait voir le type lorsqu'il viendrait déposer de nouvelles photos chez lui.
Il attendit ainsi longtemps, sursautant à chaque fois qu'il voyait quelqu'un rentrer dans l'immeuble.
Et puis, finalement, il le vit.
Il avait revêtu une casquette de baseball bleue et blanche, et portait des lunettes de soleil, pour qu'on ne le reconnaisse pas, sans doute. Il pénétra dans l'immeuble en vérifiant que personne ne le voyait, une enveloppe marron sous le bras, avant d'en ressortir quelques secondes plus tard l'air de rien.
- J'te tiens, marmonna Peter sans le lâcher des yeux, une colère sans nom grandissant dans sa poitrine.
Il était là, celui qui n'avait pas hésité à rentrer chez lui pour des photos. Qui sait ce que ce malade avait bien pu faire d'autre.
- Karen, place un traceur sur ce gars, je veux pas le perdre maintenant que je l'ai.
- Traceur en place.
- Allez, montre-moi où tu vas, maintenant...
Il suivit donc son stalker pendant un long moment, à travers d'innombrables rues et ruelles.
Peter savait qu'il ne devait pas se présenter à lui en tant que Spider-Man, mais bien en tant que Peter Stark. Il le menacerait une bonne fois pour toutes et le gars les laisserait tranquilles, lui et MJ, en tout cas, il l'espérait (et à vrai dire, il avait même tout intérêt à se faire obéir).
Et puis, il s'arrêta finalement au coin d'une rue et, tout en vérifiant qu'il n'était pas suivi, entra dans une pièce, juste à côté de l'arrière salle d'un restaurant, là où se trouvaient les poubelles. Peter fronça les sourcils et, quand l'homme referma la porte, l'homme-araignée descendit sans bruit dans la ruelle avant d'appuyer sur l'araignée sur sa poitrine pour ôter son costume. Sans hésiter davantage, il se dirigea vers l'endroit où le type était parti, et y entra à son tour.
Tout était sombre, à l'intérieur, et Peter fronça les sourcils. Où est-ce que...
Ses yeux se firent à l'obscurité, qui faisait un contraste détonant avec la lumière éclatante de l'extérieur, et il se rendit compte que la pièce n'était pas plongée dans le noir ; c'était une lumière rouge. Il se trouvait dans un studio de développement de photos.
Cette fois, c'était bon. Il le tenait.
- Où est-ce que tu te caches ? demanda-t-il en haussant la voix. Hé !
Il entendit du bruit à sa droite et tourna la tête dans cette direction, avant de sentir un frisson désagréable lui parcourir la nuque, l'avertissant d'un danger.
- J'espérais bien te voir ici, Peter, susurra une voix d'homme.
- Montre-toi, au lieu de te cacher. Assume.
- Je suis quelqu'un qui aime bien rester dans l'ombre. Tu vois, je mets les autres dans la lumière et ça me permet de rester caché aux yeux des autres. Je vois, et on ne me voit pas. Ça a ses avantages. Mais j'ai cru comprendre que tu étais un peu comme moi...
- Je ne suis pas comme toi.
Peter avait les nerfs à rude épreuve. Il ne pouvait pas très bien voir, ici, et il n'apercevait que la silhouette de l'homme qui se jouait de lui.
L'autre rigola.
- C'est ce que tu penses. Mais regarde-toi, Peter. Tu détestes être sous les feux de la rampe, contrairement à tes parents qui ont connu ça toute leur vie.
- Qu'est-ce que t'en sais ?
- Je le sais. Toi, tu préfères être caché. En ce sens, tu es comme moi.
Peter s'avança. Maintenant, ses yeux s'étaient clairement adaptés à la lumière sombre et il s'avança vers le type, qu'il empoigna par le col de sa veste.
- Dis-moi qui tu es, grogna-t-il.
- Allez, c'est incroyable que tu m'aies oublié aussi vite alors que je suis incapable de te sortir de ma tête depuis que je t'ai rencontré.
Peter le secoua légèrement.
- Je suis ton premier photographe, se moqua le type. Ton paparazzi.
- ... Damian ?!
- Surprise ?
Sous le choc, Peter le relâcha, et Damian se recula pour aller dans une autre pièce. Le jeune Stark le suivit sans réfléchir et pénétra dans une sorte de bureau. Le photographe ferma la porte et alluma la lumière. Il n'y avait pas de fenêtre, mais quand Peter se retourna pour observer la pièce, il eut un haut-le-cœur et manqua de tomber.
Les murs étaient tapissés de photos. Des photos de lui.
Toutes ces photos qu'il lui avait envoyées, elles étaient là, sur le mur.
- Mais c'est quoi ce –
- Chut, chut, chut, murmura Damian avec un air de pure extase, comme si le fait de voir Peter ici était l'accomplissement même de son plus gros fantasme.
La colère gronda dans la poitrine de Peter. Ce qu'il voyait là était répugnant, révoltant, dégoûtant. Toute sa vie était étalée là, et il n'osait imaginer ce que ce type en faisait. Prenait-il un si malin plaisir à le regarder, le traquer, même ?
Et puis, il les vit. A gauche, dans un coin. Juste deux photos. Mais des photos de lui en tant que Spider-Man, son masque dans la main.
Pris d'une rage sourde, Peter se retourna vers Damian et l'empoigna de nouveau par le col de sa veste pour le plaquer contre la porte.
- Espèce de malade, siffla-t-il, tandis que l'autre se réjouissait.
- Oh non, c'est pas ma faute, tout ça, c'est toi qui as voulu tout ça !
- Certainement pas ! et maintenant, écoute-moi bien, Damian, tu vas nous laisser tranquilles, ma famille et moi, ou c'est moi personnellement qui m'occuperai de te pourrir la vie, t'as bien compris ?
- Qu'est-ce que tu vas faire ? ricana-t-il en le dévorant des yeux littéralement. Me tuer ?
- Ne me tente pas.
Le regard de Damian se fit plus dur et il le regarda droit dans les yeux.
- Alors quoi, Stark ? Ne me dis pas que t'as rien ressenti quand on s'est vus pour la première fois.
- Je ne me souvenais même pas de toi, répondit Peter sur un ton méprisant.
- Arrête tes conneries –
- Ferme-là, siffla Peter en le poussant contre le mur avant de le relâcher.
Il se tourna vers les murs tapissés de photos. Il allait falloir qu'il les enlève et qu'il les détruise, avant que Damian ait la chance de les publier, révélant ainsi son identité au reste du monde.
Son téléphone vibra dans sa poche, mais il ne prit pas la peine de répondre ; il savait que c'était sans doute son père ou MJ.
Il allait s'avancer vers le mur pour commencer à tout arracher, quand la voix de Damian derrière lui raviva sa colère :
- Je sais que t'as adoré me regarder quand je te prenais en photo, Peter, tu te voiles juste la face.
Il ne lui en fallut pas davantage pour qu'il se retourne vers lui pour lui asséner un coup de poing au visage, le faisant s'écrouler au sol.
- Je t'ai dit de la fermer.
Peter ne savait pas pourquoi il réagissait aussi violemment ; sans doute était-ce dû à toute cette accumulation d'angoisse et de nervosité, mais aussi au fait que Damian affirmât toutes ces choses infâmes. Et puis merde, il y avait des photos de lui partout dans ce bureau !
Ne pouvant le supporter davantage, Peter se dépêcha de tout détacher des murs, sans plus se soucier de Damian qui pleurait et gémissait juste derrière lui. Bien malgré lui, Spider-Man comprenait cet homme, en dépit de tout ce qu'il leur avait fait.
Quand il eut fini d'arracher toutes les photos, il les mit dans un sac qu'il prit avec lui, et juste avant de quitter la pièce, Damian s'adressa à lui, le visage barbouillé de larmes :
- J'ai fait tout ça pour toi, Peter.
- Je ne veux plus entendre parler de toi, Damian, lui répondit le jeune Stark, ou tu auras à faire à moi. Ne t'approche plus de nous.
O°O°O°O°O°O°O°O°O°O
Quand il arriva à Stark Industries, une heure après, il avait réussi à se calmer un peu.
Malheureusement pour lui, ce n'était pas le cas de Tony et de MJ, qui furent avertis de son arrivée par F.R.I.D.A.Y.
- Bon sang, Peter ! tu aurais pu me répondre au téléphone, quand même ! je me suis inquiétée pour toi ! s'exclama MJ, les yeux brillants, avant de le prendre dans ses bras.
Peter la serra dans ses bras en fermant les yeux. Il était soulagé d'avoir trouvé Damian et d'avoir réglé le problème.
Assis à son bureau, Tony ne disait rien, le visage fermé. Il était content de voir que son fils était de retour, mais profondément déçu par son comportement enfantin et impulsif. Quand Peter se redressa et vit le regard de son père, il ne put s'empêcher de ressentir une forte culpabilité.
- Papa, tenta-t-il, je –
- MJ, tu peux nous laisser, s'il-te-plait ? demanda Tony sans tenir compte de Peter, qui fronça les sourcils.
Quand la jeune femme fut sortie et eut refermé la porte, Tony leva les yeux vers son fils, et on pouvait lire sur son visage qu'il était contrarié. Peter soupira et s'assit sur la chaise qui lui faisait face, s'attendant à un sermon comme il en recevait rarement venant de son père.
- Avant que tu dises quoi que ce soit, commença Peter, en voyant qu'il ne se décidait pas à parler, laisse-moi juste te dire que je suis désolé d'avoir agi comme je l'ai fait. J'aurais pas dû être aussi... impulsif.
Il se gratta la nuque, parce que le regard inquisiteur de son père le rendait mal à l'aise.
- Tu as été irresponsable, asséna son père d'une voix dure. Tu t'es comporté comme si tu avais encore seize ans.
- Je sais, papa, mais –
- Ton comportement me déçoit vraiment.
Peter baissa la tête avec un intense sentiment de déchirement dans la poitrine. Il avait toujours tout fait pour que son père soit fier de lui, et maintenant, quoi ?
Il regrettait de ne plus être un enfant, en ce moment.
- Écoute, soupira Tony. Je sais pourquoi tu as agi comme ça, Peter. Je te connais. Et, je suis quand même un peu hypocrite, parce que moi aussi, j'avais envie de prendre l'armure et trouver cet enfoiré, mais... mon Dieu, Peter, tu as des responsabilités, maintenant. Tu ne peux plus être aussi impulsif. Tu ne peux tout simplement pas taper du poing sur la table et dire allez, je me casse.
- C'est toi qui dis ça ? ne put s'empêcher de répliquer Peter avec amertume.
Il n'aimait pas du tout la tournure que prenait la conversation, parce qu'il savait qu'il avait agi pour protéger sa famille. Il ne regrettait absolument pas.
- Je ne suis pas au-dessus de tout reproche, répondit simplement Tony en fronçant les sourcils, devant l'insolence audacieuse de son fils. J'essaie juste... j'essaie juste de t'enseigner ce qui est le mieux. Et je ne suis pas forcément le meilleur des exemples.
- Arrête ça, papa, soupira Peter. Tu sais très bien que... tu sais très bien que t'es le meilleur dans tout ce que tu fais.
Tony esquissa un rictus. Son fils avait une meilleure estime de lui que lui-même.
- Je veux juste être à la hauteur, ajouta Peter en haussant les épaules. Je veux pouvoir diriger Stark Industries aussi bien que tu l'as fait. Je veux pas tout faire foirer.
- Je sais, sourit Tony.
Il ne pouvait jamais rester fâché très longtemps envers Peter, parce que son fils était toujours honnête et juste. Impulsif et naïf, aussi, mais c'était ce qui faisait son charme, après tout, et lui-même était plutôt mal placé pour parler, somme toute.
- Alors... tu as trouvé qui avait fait ça ? demanda-t-il finalement après un court silence.
Peter soupira et passa une main dans ses cheveux.
- C'était Damian.
- Damian ?
Tony haussa un sourcil en essayant de savoir qui c'était, mais il n'était pas physionomiste et avait vraiment du mal avec les prénoms.
- Le photographe, se moqua Peter. Celui qui a fait mon photoshoot. Je l'ai retrouvé et... mon Dieu, tu aurais dû voir ça. Tout son bureau était littéralement tapissé avec des photos de moi !
Tony inspira doucement en se forçant à se calmer, les sourcils froncés.
- Tu les as détruites ?
- Ouais. Parce que... parce qu'il y a quelque chose qu'il faut que je te dise, justement –
Mais son père ne l'écoutait plus, son regard fixé sur la télévision juste derrière Peter. Il demanda à F.R.I.D.A.Y. de monter le son, et Peter crut que son cœur allait lâcher.
- Nous interrompons notre programme pour un flash spécial. Une photo est en ce moment diffusée un peu partout sur le net, et elle suscite l'émoi de tous les internautes : l'identité de Spider-Man aurait été révélée ! Voici la photo en question, où on peut clairement voir Peter Stark, portant le costume de Spider-Man, son masque à la main. On ignore pour le moment –
Tony coupa le son, éberlué, et Peter ne savait plus quoi dire ou quoi faire. Cet enfoiré de Damian. Il avait dû faire des copies de ses photos.
- Putain, comment j'ai pu être aussi con ! souffla Peter, sous le choc.
Tout le monde savait, maintenant. Tout le monde savait qu'il était Spider-Man. Ce secret qu'il cachait depuis plus de dix ans...
- Comment..., commença Tony, semblant tout aussi choqué que lui.
- Qu'est-ce qu'on peut faire ?
- J'en sais rien, Pete... J'en sais rien...
Tony réfléchissait à toute vitesse, mais clairement, la seule solution qu'il voyait, c'était que Peter avoue tout à la presse. Évidemment, ils parleraient de ça pendant des jours, jusqu'à ce qu'un scoop encore plus gros vienne le remplacer. Cependant, il faudrait qu'il assume ensuite que tout le monde connaisse son identité, et il ne savait pas si son fils était prêt à ça.
La porte du bureau s'ouvrit sur MJ qui tenait son portable allumé dans ses mains, le visage inquiet.
- Peter, dit-elle d'un air concerné alors qu'elle s'approchait de son petit-ami, qui avait caché son visage dans ses mains, en proie à une angoisse sans nom.
- Hé, gamin..., intervint Tony en se postant juste à côté de lui, lui aussi.
- Comment j'ai pu merder à ce point, souffla Peter.
- Ecoute, encore une fois, il fallait se douter que ça arriverait un jour ou l'autre... C'est à toi de décider ce que tu veux faire, je te soutiendrai quoi que tu fasses.
Peter inspira un grand coup. Il devait se comporter en adulte, maintenant. Il devait être à la hauteur. Alors il réfléchit, réfléchit, et réfléchit encore. Mais la seule solution qui s'imposait à lui était la même que celle qui s'était imposée à son père.
Il ferma brièvement les yeux, souffla doucement pour se calmer et releva vers son père et MJ un regard déterminé.
- Il faut convoquer une conférence de presse.
- Tu es sûr ? voulut s'assurer MJ alors que Tony attrapait son Starkphone.
- Oui, lui sourit faiblement Peter. Ça va aller.
- Je sais, répondit-elle en embrassant doucement sa joue.
Il savait que ça irait, parce qu'il était toujours bien entouré, et surtout parce qu'il ferait de son mieux pour arranger cette situation.
Il voulait être à la hauteur de Tony Stark. Et il le serait assurément...
Hey ! Qu'avez-vous pensé de cet OS, les amis ? :)
Je vous remercie de continuer à nous suivre, à voter, à commenter, c'est tellement gratifiant !
Demain, nous serons le 12 Décembre, on sera donc déjà à la moitié du calendrier, et nous découvrirons le douzième OS qui s'intitule All we want for Christmas is you.
En attendant, j'espère que vous allez bien, et d'ici demain, prenez soin de vous. ❤️
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