16/ Initiation
-Prête.
Mitia s'assit bien en face de moi, toujours sur le bout de mon lit.
-Bien, dans ce cas commençons. Je vais t'expliquer comment je m'y prends pour t'écouter.
J'acquiesçais, prête à l'écouter lui.
-Pour y arriver, il faut que tu penses le plus possible à moi et au son de ma voix. Seulement, l'esprit humain est très complexe et ne laisse entrer personne qui n'en ait la force mentale. Pour cela, il faut ouvrir ton esprit et te sentir prête à accueillir mes pensées. La différence entre toi et moi vient compliquer l'exercice. Nous ne sommes pas de la même espèce. Pour se faire, il faut que tu sois absolument convaincue par ce que tu fais, sans ça mon esprit te claquera la porte au nez et je peux t'assurer que ce n'est pas ce qu'il y a de plus agréable. Mais surtout, et avant que tu n'essaies, il faut que tu saches que lorsque mes pensées entreront dans ton esprit tu risques d'avoir quelques effets secondaires. Enfin, tu verras. Alors tu as bien compris?
J'étais suspendue à ses lèvres, retenant chaque mots, chaque phrase. J'avais bien compris ce que je devais faire.
-En résumé je dois avoir un mental d'acier, penser à ta voix et à toi, et enfin me sentir prête à accueillir tes pensées. C'est simple.
Le bel hybride leva les yeux au ciel, cela voulait sans doutes dire que je ne prenais pas la chose assez au sérieux. Pourtant ça me tenait vraiment à cœur.
-Tu as l'air d'avoir compris alors commençons. Pour t'aider à penser à ma voix je vais te parler. Vas-y, ferme les yeux et fais ce que je te dis. Ouvre ton esprit, surtout concentre toi bien, c'est très important pour la suite. À présent je veux que tu penses à moi, ne penses plus à autre chose.
-Narcissique. Chuchotais-je
-Sofia! Je t'ai demandé de te concentrer, tu vas devoir tout recommencer.
Je soupirais, c'était un professeur bien à cheval sur les règles. Dans un sens ce n'était pas plus mal, ainsi je ne pouvais pas m'égarer. Au lycée j'étais concentrée sur ma tâche, j'écoutais le professeur avec attention, c'était une sorte de mission qui me permettait de réussir mes études. Mais ici, avec Mitia, je n'étais pas au lycée et n'avais absolument pas besoin, en temps normal, d'écouter si attentivement mon interlocuteur.
Et bien il va falloir m'écouter attentivement où tu ne réussiras jamais à m'entendre quand bon te semble et à commencer une discussion pensée avec moi.
-Oui monsieur le professeur. Dis-je en refermant les yeux.
-Reprenons. Ouvres ton esprit, tout en te concentrant sur ma voix. Voilà, surtout ne dit pas un mot. Maintenant pense le plus fort possible à moi. Tout ce que tu veux de moi du moment que tu y pense sans rien penser d'autre. À présent si tu te sens prête à m'accueillir dans ton esprit, tends l'oreille, tu devrais m'entendre.
Je sentis comme un étau se refermer autour de ma tête, et m'enserrer le crâne. La tête me tournait. J'entendis tout un flot de paroles issus de l'esprit de Mitia sans en comprendre le sens.
Malédiction....Edgar....Protéger Sofia....Pourquoi...mère....Le Duc...Finn....A-t-elle réussi?...Jamais....Nana...sauver...
-Sors! Me cria Mitia
Ma tête se vida d'un coup en un flux de paroles insensée. Je rouvris les yeux, j'étais allongée sur le sol, Mitia agenouillé auprès de moi. Toutes ses paroles d'un coup m'avaient laissé un horrible mal de crâne.
-Comment tu te sens? Dit-il lui même essouflé
-En dehors du fait que j'ai l'impression que ma tête va exploser tu veux dire?
-Tu n'étais pas prête à me laisser entrer.
Je haussais les épaules. Comment voulait-il que je le sache? Rien ne m'indiquait que je pouvais laisser ses pensées entrer.
-Tu saurais me dire ce qu'il s'est passé? Dis-je en me redressant avec son aide
J'avais encore la tête qui me tournait.
-Tu n'as entendu que des bouts de pensées? Elles n'avaient aucun sens?
-Oui, je n'ai entendu que des mots. Ou des morceaux de phrases.
-Mon esprit t'a refusé l'accès parce que tu n'étais pas assez forte. Tu as essayé mais ça n'a pas fonctionné.
-On peut recommencer?
-Avec ton mal de crâne?
-Je veux y arriver.
-Si tu le souhaites.
-Oui, mais je le fais toute seule, surtout ne dis rien.
-Comme tu veux.
Je me mis en tailleur, de façon à être à l'aise, Mitia en fit autant, devant moi . Nos genoux se touchaient presque. Pour tenir mon équilibre, je pris ses mains dans les miennes. Il parut surprit de mon entreprise, mais je fis comme si de rien était et fermais les yeux. J'étais prête. Je pensais à lui, à la douceur de ses mains dans les miennes, la fraîcheur de sa peau, le son de sa voix qui résonne dans ma tête, la couleur de ses cheveux cendrés, ses magnifiques yeux verts dans lesquelles je me perdais quelques fois lorsqu'il ne faisait pas attention à moi...
Tu peux le faire Sofia, j'ai confiance en toi.
La belle rousse serrait mes mains dans les siennes, je ne savais si c'était pour tenir assise après son mal de crâne ou pour penser à moi et trouver la force d'ouvrir son esprit à mes pensées. Sa peau était douce, chaude, tellement différente de la mienne. Nous étions deux opposés. Elle avait toujours un mot pour faire plaisir, elle rayonnait, chaque fois que je la voyais je voulais sourire, elle me rendait heureux sans même s'en rendre compte. Malheureusement, sa joie ne me rendait pas heureux naturellement, c'était à cause de la malédiction. Peut-être qu'un jour je retrouverais Edgar et qu'il nous aidera à reprendre possession de nos vies. Qu'elle mènera sa vie par choix et non par contrainte.
-Qui est Edgar? Demandai-je en ouvrant les yeux
Il me regarda les yeux écarquillés, nous nous tenions toujours les mains.
-Tu m'as entendu?
-Comment voudrais-tu que je le sache autrement?
-C'est fantastique Sofia, félicitations. Maintenant il faut que tu apprennes à me parler via ton esprit.
Je fronçais les sourcils, il n'avait pas répondu à ma question:
-Mitia, qui est Edgar?
-Plus tard. Alors pour commencer à parler à travers l'esprit il te suffit de te concentrer et de me parler simplement en pensant à tes paroles.
Je levais les yeux au ciel, je n'allais pas lâcher le morceau si facilement. Si il le pensait, c'était mal me connaitre.
Qui est Edgar? Tentai-je simplement
Mon frère
-Mais! Il n'est pas mort?! Dis-je à voix haute sans le vouloir
Non, il a survécu
Sur...Mitia, tu m'avais dit que tu étais le dernier!
Je le suis.
Alors Comment? Plus aucune femme de ma famille maternelle n'est en vie. Oh mon dieu! Il ne l'a pas...
Sofia je te défends de penser cela de mon frère! Et s'il l'avait fait, ce qui n'est pas le cas, nous ne serions pas dans cette situation.
C'est vrai, excuse-moi.
-Bien, il commence à se faire tard, je vais devoir te quitter.
Il se releva en hâte en dépoussiérant machinalement son jean foncé. Nous n'avions même pas terminé notre conversation. Je le raccompagnai ensuite en bas ou nous nous quittâmes sans qu'il me salua. C'était étrange venant de lui, il avait pourtant pour habitude d'être poli. Mais ce soir il était parti tellement brusquement qu'il en avait oublié ses bonnes manières. Frustrée, je remontais donc dans ma chambre et me couchais presque aussitôt.
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