☠ Chapitre 30 ☠
- Maman, où es-tu ? je crie en entrant dans la maison, suivie de ma grand-mère.
Après notre discussion, au café, nous avons fini nos boissons et sommes rentrées. Les sujets de conversations ce sont diversifiés mais j'avais toujours ses suggestions au sujet de l'écriture du livre en tête. Je n'arrivais pas à passer à autre chose.
- Ma chérie, m'appelle ma mère en sortant du salon, Luc est venu te rendre visite pour le lycée.
- Oh, je laisse échapper, étonnée. J'arrive dans ce cas.
J'enlève ma veste, mes bottines, et m'en vais dans le salon, non sans lancer un petit sourire à ma grand-mère. J'entre dans la pièce en lissant ma robe et, comme l'avait dit ma mère, le proviseur de mon lycée se tient là, devant le canapé.
- Bonjour, je dis en m'approchant.
- Salut, enfin, bonjour. Peu importe, se reprend-il en levant les yeux au ciel. Comment vas-tu Allison, depuis hier ?
Je me rapproche de lui pour être à son niveau.
- Je vais mieux, merci. Finalement, les commémorations m'ont fait du bien. Je me sens revivre.
- Je suis véritablement heureux de te l'entendre dire, s'exclame-t-il en souriant. La dernière fois que je suis venu ici, c'était une tout autre ambiance.
- Les gens changent, je fais en haussant les épaules. C'est la vie. La mort, c'est dur, mais personne n'est immortel. Il faut simplement faire avec.
- J'apprécie ton état d'esprit, me félicite-il en s'asseyant sur le canapé, moi faisant de même.
Ma mère a quitté le salon plus tôt dans la conversation mais je la connais, elle écoute malgré tout.
- Vous êtes venu pour la faveur que je vous ai demandé hier ? Soit de me faire une nouvelle place au lycée.
- Exactement, acquiesce-t-il en confrontant son regard au mien.
Cet homme a toujours été direct. Il ne passe pas par quatre chemins, ou très rarement. Il continue sur sa lancée :
- J'ai préparé ton retour au lycée ce matin, je n'ai fait que cela à vrai dire, rit-il en se grattant l'arrière de la tête. Je t'ai mise dans une classe de ta filière, avec des personnes que tu connais, si je me souviens bien. J'ai avec moi ce qu'il te faut.
- Je vous remercie, je dis, sincèrement.
Il ouvre une petite mallette où est fourré un tas de paperasse. Il sort un petit papier et me le tend.
- C'est ton nouvel emploi du temps, m'apprend-il en poursuivant sa recherche.
Il fouille pendant plusieurs minutes dans son sac avant de me tendre un paquet de feuilles imprimées.
- J'ai pris les devants en faisant imprimer tous les cours que tu as ratés durant ces dernières semaines. J'ai pensé que tu voulais les lire ou même les apprendre avant de retourner au lycée. Studieuse comme tu es.
Je prends le tout et sourit à sa remarque.
- Ce n'est pas du sarcasme, j'espère ? je demande en haussant un sourcil.
- Non, pas du tout. Tu es quelqu'un de très bien, Allison. Studieuse, ravissante, serviable, tu as tout pour toi.
Ce qu'il me dit me réchauffe le cœur. Ça fait du bien d'entendre de telles paroles. Pour toutes réponses, j'étire mes lèvres dans un sourire plus que sincère.
- J'apprécie tout ce que vous faites pour moi depuis un an et demi. Merci.
- C'est normal, Allison. Ne me remercie pas.
Je souris et il enchaîne :
- À ce propos, es-tu sûre de vouloir reprendre les cours demain ? Il serait plus judicieux d'attendre lundi, non ? De la sorte, tu auras le temps de revoir tes cours et de te préparer à revenir.
- Je me suis posée la même question. Pourquoi pas ? Je vais essayer d'apprendre au mieux les cours pour reprendre dans les meilleures conditions possibles.
- Ça c'est la Allison studieuse, rit-il.
Il se lève du canapé et ma mère entre à ce moment-là.
- Dis-moi, Luc, tu ne voudrais pas déjeuner ici, ce midi ? Ça nous ferait plaisir.
- Et bien, c'est sûr que c'est mieux que de prendre un sandwich dans une boulangerie avant de retourner au lycée, sourit-il en posant son sac au sol.
- C'est vrai que tu travailles le mercredi après midi, se rappelle ma mère.
- On ne se repose jamais, nous, dit-il à mon attention en souriant.
Je ne le prends pas mal. Pas venant de lui.
- Du coup, il n'y aura que quatre couverts ce midi, marmonne ma mère, pour elle.
- Ma grand-mère est ici, j'apprends au proviseur.
Il hoche la tête en disant à ma mère qu'il s'en va poser son manteau. Mais avant qu'il ne parte, je le retiens par le bras et lui demande, hésitante :
- Je souhaiterais avoir un avis extérieur sur une question que je me pose.
- Je t'écoute, Allison.
- Pensez-vous qu'il est bon pour moi d'écrire un livre sur ce qui m'est arrivé ?
Un éclair de surprise passe dans ses yeux mais il n'est que bref. Il me fixe quelques secondes avant de me répondre :
- Oui, je pense que ce serait bien.
- Pourquoi ? j'enchaîne.
- Tu pourrais tourner définitivement la page. Pour de bon.
- Merci, je dis alors, en lâchant son bras.
Mais il ne part pas, il continue de me regarder avant de m'interroger :
- Une maison d'édition t'a contactée ?
- Des dizaines ! crie ma mère depuis la cuisine.
Il me tapote gentiment l'épaule avant de me dire :
- Dans ce cas, fonce Allison. Ça pourrait beaucoup t'aider.
Je rigole légèrement et le laisse déposer son manteau dans l'entrée tandis que moi, je mets tous mes papiers sur le meuble de l'entrée. Je rejoins ensuite ma mère dans la cuisine et l'aide à éplucher les légumes. Le déjeuner se passe dans la bonne humeur. Ma grand-mère n'a pas arrêté de raconter des anecdotes et le proviseur, ou plutôt Luc, riait aux éclats. Moi, j'étais gênée car, souvent, les souvenirs qu'évoquaient ma mamie me concernaient. Et cela ne me mettait pas toujours en valeur. Malgré tout, le repas a été un succès.
- Tu m'aides à débarrasser, ma chérie, m'incite ma mère en se levant.
- Laisse, je dis en la retenant par la main, je vais le faire. Reste à discuter.
Je rassemble les assiettes, les couverts ainsi que les verres et, en plusieurs voyages, les mets dans le lave-vaisselle. Je sers ensuite le café aux trois adultes et m'en vais dans ma chambre. Là-bas, je m'allonge simplement sur mon lit, l'esprit vide de pensées. Ça fait du bien, d'être au calme, seule, sans idée noir ni négative. Juste être soi, c'est cool.
J'ai dû m'endormir car, lorsque j'ouvre mes paupières lourdes, ma grand-mère se tient à mon chevet, les bras croisés. Elle donne l'impression d'attendre ici depuis des heures. Je tourne alors la tête vers mon réveil en frottant mes yeux. Presque seize heures.
- J'ai dormi plus de trois heures ? je m'étonne en m'adressant à ma grand-mère.
- Et oui, Allison. Luc est reparti travailler et ta maman est partie faire quelques courses.
- Et toi ? je demande. Pourquoi es-tu là ?
Il n'y avait aucune agression dans ma question, pourtant, mon intonation donne l'impression du contraire. Néanmoins, mamie n'y fait pas attention.
- Je lisais un livre quand j'ai voulu voir comment tu allais. Et puis, tu avais l'air tellement heureuse dans ton sommeil que je suis finalement restée pour te regarder.
- Tu es vraiment adorable, je murmure dans un filet de voix.
Et me relevant, je fais attention à la robe que je porte toujours. Je passe ma main dessus, une fois debout, pour enlever les quelques plis qui se sont formés.
- Que vas-tu faire, ma chérie ?
Je pose des yeux attendris sur le doux visage de ma grand-mère et lui réponds chaleureusement :
- Je vais aller à l'hôpital.
- Et ? m'interroge-t-elle.
- Comment ça ?
J'attrape ma brosse et la passe dans mes cheveux blonds. En même temps, mes pensées se dirigent vers Noémie. Cette petite fille que j'ai rencontrée peu de temps après les attentats et qui m'a marquée. De part sa maladie, mais surtout à cause de ses étranges visions de fantômes qu'elle n'a racontées qu'à moi. Je voudrais la revoir, une fois encore, pour poursuivre notre conversation d'il y a plusieurs jours, maintenant. Ma grand-mère me tire de mes pensées :
- Que vas-tu faire à l'hôpital ?
Sa question me surprend. Peut-être a-t-elle devinée que je souhaitais parler à Noémie ? Étant donné que je ne lui cache pratiquement rien, je lui explique simplement mes allées et venues quotidien à l'hôpital.
- J'ai mon rendez-vous quotidien avec mon psychologue, je l'ai décalé d'une heure pour pouvoir, si le hasard me le permet, croiser une petite fille dont j'ai une affection particulière.
Je m'affale sur mon lit, anticipant les questions de ma grand-mère.
- Je me sens proche de Noémie, cette petite, d'une certaine manière. Je l'aime beaucoup. Elle vit des moments difficiles et elle s'est confiée à moi sur sa maladie. Elle m'a avouée voir des fantômes.
- En a-t-elle parlée à ses parents ? s'inquiète-elle en passant une main sous son menton, les yeux fixés dans les miens.
- C'est ça le problème. C'est qu'elle n'en a parlé qu'à moi et à personne d'autre.
- Pourquoi ? s'enquit ma mamie.
- Je l'ignore. Et c'est cela que je vais lui demander lorsque je la verrai. Noémie est bipolaire et à moitié schizophrène. D'après sa mère, elle est agressive avec tout le monde, sauf avec moi. Je veux savoir pourquoi. Et puis, cette histoire me libère un peu l'esprit. Ça me fait penser à autre chose.
Ma grand-mère ne répond rien mais sourit. Je détourne le regard pour aller récupérer mon téléphone que je fourre dans une toute petite sacoche qui me fait office de sac à main.
- Tu es retournée sur tes réseaux sociaux depuis que tu as récupéré ton portable ?
La question m'étonne un peu mais je réponds honnêtement en enfilant quelques bagues.
- Non. Matthew et Erwan ce sont occupés de mes réseaux sociaux et m'ont rapporté ce qui s'y disait. Mais je ne veux pas y retourner. Cet univers est devenu tellement futile pour moi. Ça me passe au dessus.
- Tu as bien raison, ma chérie. Je l'ai toujours dit que c'était de la folie !
Malgré la situation, je rigole à sa remarque. Grand-mère a toujours été contre les réseaux sociaux. Ce n'est pas aujourd'hui, à presque soixante-dix ans, que ça va changer. Je m'approche d'elle en souriant et la serre fort dans mes bras en la remerciant pour tout ce qu'elle a fait pour moi. Puis, après un dernier bisou sur la joue, je redescends au rez-de-chaussé et enfile mes bottines et ma veste de ce matin.
- Tu veux que je t'accompagne ? m'interroge mamie en haut de l'escalier.
- Non, ça va aller. Et puis, vu les fréquentations dans le bus, c'est mieux que tu restes ici. Je rentre vite !
Je sors dans la fraîcheur d'une fin d'hiver. Arrivée à l'arrêt de bus, je sors mon portable et envoie un message à mon père pour lui demander de venir me chercher, dans deux heures, à l'hôpital. Il me répond à l'affirmatif lorsque le bus arrive dans mon champ de vision. J'entre à l'intérieur et, comme d'habitude, il y a foule. Mais il reste plusieurs place de libre. Néanmoins, étant donné que je suis en robe, je préfère rester debout. Le bus redémarre et je ferme quelques secondes les yeux, épuisée malgré la sieste que j'ai fait. Mais, lorsque je rouvre les yeux, un jeune homme se tient face à moi. Ou plutôt, Romain Tides se tient à quelques centimètres de moi. Je lui jette un regard noir et vais pour m'en aller lorsqu'il me retient par le bras.
- Je suis désolé, me murmure-t-il à l'oreille.
À ce moment-là, je ne bouge plus. Je n'ai jamais vu mon ex s'excuser auprès de quelqu'un. Encore moins auprès de moi.
- Pourquoi ces excuses ? je demande en retournant à ma place.
Le bus nous balance dans tous les sens et ma proximité avec ce garçon me met mal à l'aise.
- Hier, je t'ai vu à la télévision. Ils ont passé en boucle les commémorations et je t'ai vu parler. Tu étais magnifique.
Je continue de le fixer, impassible.
- J'ai écouté tes paroles pendant des heures. Et j'ai compris le message que tu as voulu faire passer. On doit profiter de ceux qu'on aime et, par la même occasion, ne pas manquer de respect aux personnes que nous n'aimons plus.
- Tiens, c'est nouveau ça ? je ne peux m'empêcher de laisser échapper en haussant les sourcils.
Je suis étonnée par sa remarque, vraiment. Il est imprévisible, j'ignore ce qu'il va me sortir dans les prochaines minutes.
- Oui. On m'a toujours dit qu'il n'y avait que les imbéciles qui ne changeait pas d'avis.
- Et tu n'as pas changé d'avis, donc ? je demande, me fichant ouvertement de lui.
- Toujours aussi mesquine, pas vrai ?
- À la vie, à la mort, je dis en souriant fièrement.
Il soupire et les soubresauts du bus nous rapproche un peu plus. Je pose alors ma main sur son torse et le pousse légèrement. Il comprend le message et se recule quelque peu, cognant dans une femme. Quel empoté !
- Bon, je continue, que veux-tu me dire par rapport à ton changement ?
- Allison, je t'ai aimé comme un fou, tu le sais. Quand tu es sorti avec Nathan, j'ai voulu te le faire payer. En vérité, j'étais jaloux de Nathan. Lui, il avait réussi à te rendre heureuse. Mais je suis un garçon, et ma fierté m'a fait dire des choses que je regrette.
Je sens mon portable vibrer dans mon sac mais n'y fait pas attention. Je suis captivée par les paroles de Romain.
- Et comme je te l'ai dit, il ne faut pas manquer de respect aux personnes que nous ne portons pas dans notre cœur. Alors, si Nathan s'en sort, j'effacerai l'ardoise et ne lui adresserai plus jamais la parole. C'est terminé.
- C'est très humble comme geste, je commente en souriant. Je suis fière de toi.
- Ce n'est pas tout. Toi, Allison, je te porterai toujours dans mon cœur. Tu as été mon premier amour, c'est comme ça, je n'y peux rien. Mais ton cœur ne m'appartiendra jamais. Te voir avec Nathan m'a toujours fait souffrir, d'une certaine manière.
À mes débuts de relations avec Nathan, il y a trois ans, je m'étais doutée que Romain souffrait. Mais aujourd'hui, cela me paraît absurde ! Pourtant, c'est bien de la sincérité que je vois dans ses yeux verts.
- Et après tout ce que j'ai vu à la télévision, je veux profiter de ma vie et ne plus rien avoir sur la conscience. C'est pour ça qu'on ne se reverra plus, Allison. C'est fini.
Ces mots me laissent sans voix. Je m'attendais à tout sauf à ça. Malgré tout ce qui a pu se passer, Romain a fait parti de ma vie. Je ne peux le nier.
- Je respecte ton choix. On ne se verra plus, à partir de maintenant. Si on se croise, on sera deux parfaits inconnus.
- Tu me le promets ? m'interroge-t-il en levant le petit doigt.
Je l'attrape, m'avance un peu et plonge mon regard dans le sien.
- Je te le promets, Romain.
Au vu du paysage qui défile, je devine que mon ex ne va pas tarder à descendre à son arrêt.
- On n'a pas besoin de haïr les gens, Allison. Il faut simplement savoir les ignorer.
Je hoche la tête, d'accord avec lui. Tout ce qu'il me dit reste encré dans ma tête. Le bus commence à ralentir pour finalement faire une pause à l'arrêt de bus où va descendre Romain. Mais avant qu'il ne parte, il s'approche de moi et pose doucement ses lèvres sur les miennes. Je reste complètement figée.
- Adieu, Allison, murmure-t-il en quittant mes lèvres.
Il descend du bus dans un dernier regard. Et c'est comme cela que Romain Tides est sorti définitivement de ma vie.
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Heureuse de vous avoir écrit ce long chapitre, je l'aime beaucoup 😏
Je voulais vous demander une faveur 😋 je souhaitais changer la couverture et aussi le titre mais je n'ai pas vraiment d'idée pour le titre. Vous qui la lisez, vous n'auriez pas quelques idées ? Merci d'avance pour ceux qui commenteront 😘
Bisous 💋
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