☠ Chapitre 12 ☠
Petite note importante à la fin (ceux qui lisent Mon Coin Tranquille n'ont pas besoin d'aller la voir) 😏
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Une semaine est passée depuis mon retour à la maison et mon état ne fait qu'empirer de jour en jour. Je mange à peine un repas par jour, je passe mes journées seule dans ma chambre à écouter de la musique dans le noir, je sors seulement pour rendre ma visite quotidienne à Nathan et aller voir le psychologue. Sauf, samedi dernier, la famille de Sarah et quelques autres familles de mes amis défunts, sont venues à la maison pour me « soutenir dans cette épreuve ». Mais, pour ma mère, ce n'est pas assez. Je ne sors pas assez. Elle me prend la tête tous les jours, ne comprenant simplement pas que la solitude est mon seul remède.
Alors que je suis en train de m'habiller pour sortir, comme tous les jours à la même heure, c'est-à-dire seize heures, la sonnerie retentit. Je panique. Je n'ai pas revu une de mes connaissances depuis l'accident, hormis Nathan, sa famille, et celle de mes amis décédés. Je recule un peu plus dans ma chambre et me prend les pieds de mon lit. Je crie de surprise, complètement paranoïaque. J'ai peur et me méfie de tout le monde à présent.
- Allison ?! Tu es prête pas chérie ?
Je suppose que pendant que j'avais peur de mon lit, elle a ouvert la porte. Elle sait donc qui se trouve à présent dans l'entrée.
- Maman... Qui est dans l'entrée ? je demande, la voix chevrotante.
- Tu ne le sauras que si tu descends, me répond-elle, légèrement sarcastique.
Je régule ma respiration et enfile mon éternel sweat à capuche bleu foncé que je mets tous les jours ainsi que mon leggings. Je rabats ma capuche sur ma tête bien avant de descendre. Lorsque je franchis la première marche, sans aucun bruit, j'en profite pour tendre l'oreille. Je voudrais savoir qui se trouve dans mon salon, à présent, avant de me retrouver face à cette personne. Mais je n'entends que des bribes de phrases, à croire qu'il ou elle chuchote à ma mère. Plus je m'approche de la fin des escaliers, plus j'ai peur. Une boule vient se former au creux de mon ventre au fur et à mesure que j'avance. Je n'ai revu strictement personne et revoir quelqu'un me fait peur. J'ignore comment il ou elle va réagir, ce qu'il ou elle va penser de moi. J'ignore tout ce qui va se passer.
Je n'ai fait aucun bruit en descendant les marches, à croire que je suis une habituée des descentes silencieuses. Lorsque je passe doucement la tête dans le salon, ma mère me remarque tout de suite et la personne s'avère être un homme, plutôt robuste, de dos. Lorsqu'il se retourne, je reste complètement figée. Le proviseur de mon lycée est chez moi. Mais qu'est-ce qu'il fait là ? Pourquoi est-il venu ?
- Oh... Bonjour Allison, me salut-il.
- Pourquoi cette surprise ? je demande en répondant du tac au tac. Vous avez eu une hésitation en me voyant, qu'est-ce que vous avez vu ?
Il semble désemparé face à mes questions. Quant à ma mère, elle me donne l'impression de vouloir se cacher au fond d'un trou. Néanmoins, elle décide de ne pas intervenir, pour le moment.
- Oui, tu as raison. J'ai eu une hésitation d'à peine une seconde. Pourquoi ? Je trouve que... tu as beaucoup changé. Je te voyais toutes les semaines dans mon bureau et la jeune fille qui se tient actuellement en face de moi n'est plus la même que celle que j'avais l'habitude de garder pour ses devoirs.
C'est étrange, je vous l'accorde, d'avoir votre proviseur qui vous parle de cette manière. Mais moi et lui, nous avions une sorte d'échange régulier. On se voyait au moins deux fois par semaine car les professeurs me renvoyaient de cours pour « sarcasme trop prononcé » et m'envoyaient directement chez lui. Les premières fois où ça avait commencé, c'est-à-dire le deuxième jour de cours en seconde, on m'a envoyé chez le proviseur pour qu'il me donne une bonne leçon. Mais il n'en a pas été incapable, j'ignore toujours pourquoi. Mais je n'arrêtais pas, même dans son bureau, je lui lançais des piques de sarcasmes. Ça le faisait rire et il me gardait dans son bureau. Pendant ce temps, je faisais mes devoirs. Il m'aidait de temps en temps, d'où mes bonnes notes fréquentes. C'était cool car je m'arrangeais pour me faire virer les jours où j'avais beaucoup de devoirs pour le lendemain. C'est drôle qu'un proviseur soit comme ça avec une élève. Mon père s'était beaucoup méfié, normal, et, avec le temps, ils se sont découverts des loisirs communs et ils sont vite devenus amis. Je n'y comprenais plus rien. C'est une sorte d'ami de la famille maintenant !
- Parce que vous croyez peut-être que je sortirai indemne de cette accident ? je l'interroge en croisant les bras. Vous croyez que je serai la même, que j'allais reprendre ma petite vie là où je l'avais laissé ?
- Non mais... Je ne pense pas que ce soit une raison pour se laisser mourir de faim.
Je me tourne vers ma mère :
- C'est toi qui lui a rabâché ton histoire d'anorexie ?
- Non, je ne lui en ai même pas parlé, pas vrai, Luc ?
L'intéressé répond négativement.
- Ta maman n'a pas eu besoin de me le dire, je l'ai remarqué dès que tu es entré dans la pièce. D'où mon moment d'hésitation...
« Il faut que je trouve un moyen de changer de sujets, je pense. Vite, vite, une idée ! »
- Bon..., je commence. Je ne crois pas que vous soyez venu ici pour me parler de mes changements alimentaires ? Je me trompe ?
Un sourire en coin apparaît au coin de son visage alors que je m'assois sur le rebord du canapé, en face de lui.
- Toujours autant de sarcasmes dans un si petit corps...
- Toujours, je réponds.
Son visage redevient d'un seul coup on ne peut plus sérieux. Toutes traces d'humours ou de gentillesses ont disparu. Je fronce les sourcils, appréhendant ce qu'il va m'annoncer.
- Je suis venu te rendre visite pour, tout d'abord, savoir comment tu te portais, comment tu allais. Ensuite pour t'annoncer que les commémorations des victimes des attentats se tiendra dans deux jours, à la salle des fêtes de la ville. Il y aura seulement les familles et les amis des victimes. Ainsi que les élèves et les professeurs du lycée...
Les commémorations... Je n'ai jamais participé à des commémorations. Á vrai dire, je n'avais jamais été confrontée à la mort avant. J'ai d'un seul coup connu trente morts dans ma vie. Je suis passée de zéro à trente...
Je balance mes pieds contre le fauteuil en réfléchissant.
- Je ne suis même pas encore allée sur leurs tombes. Je n'ai pas encore fait mon deuil... Je n'ai encore rien fait.
« Et pourtant, ça vient simplement de commencer... », je pense avec désespoir.
Je sais que je n'ai pas pu assister à leur enterrement, j'étais toujours à l'hôpital, dans le coma. Les savoir six pieds sous terres, ça me donne des envies de vomir. Je ne suis pas bien rien qu'en y pensant. Néanmoins, je garde de bons souvenirs de tous ces gens avec qui j'ai partagé une demi-année et, pour certains, toute mon enfance.
- Je viendrais aux commémorations, ne vous inquiétez pas. Je serai là...
- Mais... J'ai aussi une faveur à te demander, me prévient le proviseur.
- Je vous écoute..., je l'incite à parler en jouant machinalement avec mes doigts.
Je n'arrive pas à l'appeler Luc ou même à le tutoyer, même si c'est un ami de mes parents. Ça reste malgré tout mon proviseur et je n'arrive pas à me le sortir de la tête.
- Nous voudrions, les professeurs et moi-même, ainsi que plusieurs familles, que tu fasses une sorte de discours, une éloge funèbre. C'est important que tu en dises un pour tous ces décès. Tu es la seule survivante, ou presque, de cette tragédie et nous voudrions connaître tes ressentis. De plus, c'étaient tous tes amis, pour la plupart.
Je reste quelques minutes dans le silence triant mes pensées et le pour du contre. Pendant ce temps, le proviseur me fixe intensément de ses yeux noisettes et ma mère revient de la cuisine avec trois tasses de thé.
- Je veux bien faire ce discours, mais je dirai ce que je voudrai. Si je ne veux pas parler de mes ressentis, je n'en parlerai pas.
- Nous respecterons ton silence, bien évidemment.
Ma mère lui tend sa tasse de thé, il y ajoute deux morceaux de sucres et mélange le tout. Ma mère fait de même et me demande :
- Je suppose que tu ne veux pas du thé ?
- Si tu es aussi sûre, pourquoi tu m'en a préparé un ?
Elle souffle d'exaspération devant mon comportement et je prends malgré tout la tasse de thé, sans sucre. Après avoir bu une gorgée du liquide chaud, je remarque que le proviseur m'observe discrètement. Je l'interroge d'un simple regard et il prend la parole :
- L'état de Nathan s'est-il amélioré ?
J'aurai voulu lui répondre qu'il n'a qu'à aller le voir pour constater les dégâts. Mais, il n'a été autorisé que la famille et les amis à aller lui rendre visite. Je ne peux donc pas lui reprocher de ne pas avoir essayer.
- Et bien... Son état est stable mais... il reste stable en faite. Il ne s'améliore pas...
Je bois encore une gorgée mais je me rends compte que ça fait bien une demi-heure que je suis dans le salon. Je me lève d'un seul coup, pose ma tasse sur le plateau et me dirige vers l'entrée.
- Je suis désolée, mais maman, il faut absolument que j'aille à l'hôpital, Cathy doit s'inquiéter de ne pas me voir arriver.
Elle se lève et vient dans l'entrée avec moi pendant que je lace mes baskets.
- Je lui enverrai un message, ne t'inquiète pas. Et soit gentille avec ton psychologue, il ne veut que t'aider, tu sais...
- Maman..., je soupire. On en a déjà parlé. Je m'en contre-fiche de ses techniques minables, je ne parlerai pas. Si tous les jours, je dois passer deux heures à le regarder dans le blanc des yeux, dans ce cas ça se passera comme ça à chaque fois...
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Un avis peut-être sur ce chapitre ?😊
Petite note : alors, comme vous le savez, je publie actuellement cette fiction le mercredi et le dimanche. Et bien, en fait, je ne pourrai pas publier de chapitre mercredi prochain, seulement dimanche. Et, à partir de la rentrée (jeudi 1 septembre pour moi), je n'aurai plus aucune publication régulière, je ne saurai jamais quand je publierai, je serai dans le flou autant que vous 🤔
Voilà voilà, je voulais simplement vous prévenir, pour que vous soyez un minimum au courant 😊 j'espère que vous ne m'en voulez pas et je vous fais pleins de bisous 😘
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