Chapitre 7

Ça fait une semaine que je suis arrivée en psychiatrie. Je n'aime pas cet endroit. On s'ennuie toute la journée. Quand je ne suis pas roulée en boule au fond de mon lit, je suis sur mon téléphone à regarder des films ou je lis. Je crois que je vais battre le record de films sur toute la durée de mon séjour à l'hôpital. C'est incroyable comme on n'a rien à faire. Je n'ai pas revu le docteur Mayor depuis mon arrivée, je pense que ça ne saurait tarder. J'ai appris qu'on avait un entretien individuel par semaine. Et que chaque patient avait son propre infirmier et son psychologue attitrés, mais je n'ai pas encore rencontré les miens.

Chaque jour, ils proposent une activité par demi-journée. Ce n'est évidemment pas obligatoire, mais sinon on passe notre journée à ne rien faire. Pour l'instant, j'en ai participé à aucune mais je n'avais vraiment aucune envie de sortir de ma chambre.

Les repas se prennent en commun dans la salle à manger. On est environ une vingtaine de jeunes de dix-huit à vingt-cinq ans. Je me suis directement mis à l'écart pour manger. Je n'ai pas envie qu'on me pose des questions sur la raison de ma présence à l'hôpital.

Un coup frappé à la porte me sortit de mes pensées et je me levai de mon lit où j'étais couchée pour aller ouvrir. L'infirmière Ramirez se tenait devant avec un grand sourire. C'était la seule qui venait prendre de mes nouvelles toutes les deux heures pour voir ce que je faisais et dont j'avais retenu le nom.

-      L'activité sur les émotions va commencer, Emma, me dit Sonia. Et cette fois, pas question de te défiler.

Je soupirai. Je n'avais vraiment pas la motivation pour ça.

-      Oh, je n'ai pas envie, soufflais-je.

-      Allez, tu n'as pas le choix.

Elle me prit par la main et m'entraîna à sa suite, avant que je ne puisse faire quoique ce soit.

Une dizaine de personnes étaient rassemblés autour d'une grande table dans la salle de jeux.

-      J'apporte une nouvelle venue, annonça Sonia.

Une jeune femme blonde se leva de sa chaise et vint me serrer la main.

-      Bonjour jeune fille, je suis Céline, psychologue, se présente-t-elle. Comment tu t'appelles ?

-      Emma, je réponds.

-      Alors bienvenue Emma. On allait justement commencer. Tu peux aller t'asseoir.

Je lui fis un petit sourire et allai m'installer sur la seule chaise de libre. La jeune fille à ma droite se pencha vers moi :

-      Salut, moi c'est Alice. On est voisine de chambre, me sourit-elle.

-      Emma, je dis.

Elle portait un training gris et un t-shirt simple noir. C'est en remarquant la tenue des autres que je pris compte de la mienne. Je portais un legging noir et un grand sweat shirt bleu qui m'arrivait aux genoux. Mais les autres étaient tous à peu près habillés de la même façon, alors je ne m'en préoccupais pas plus longtemps.

-      Bien, on va pouvoir commencer, dit Céline. Aujourd'hui c'est atelier dessin.

Elle prit le tas de feuilles blanches qui était posé sur la table et en distribua plusieurs à chacun.

Je fis un rapide tour de table. Je pus apercevoir deux infirmiers, dont Ramirez, trois garçons et deux filles plus moi.

-      Ce matin, on va un truc tout simple. Je vais vous demander de dessiner l'animal dont vous pensez qu'il vous ressemble le plus. Alors vous avez des crayons gris, des crayons de couleur, des stylos. Vous choisissez ce que vous voulez. Allez-y.

Je me penchais sur la table, attrapai un crayon et me mis à dessiner un chat.

-      Bien, tout la monde a fini ? demanda Céline Quelqu'un veut commencer ?

Tout de suite, Alice leva la main et commença.

-      Alors moi, j'ai décidé de faire un hibou tout simplement parce que je préfère la nuit au jour. Et parce que je suis capable d'observer autour de moi sans me faire remarquer.

-      Comment ça ?

-      Par exemple, je peux entendre des discutions privées entre infirmiers sans que ceux-ci ne me remarquent. Et du coup, j'entends des trucs que je ne suis pas censée savoir, elle répond ce qui en fit sourire plus d'un.

-      Merci pour cette information très utile. On saura pour la prochaine fois, rigola Céline. Quelqu'un d'autre ?

Un garçon prit la parole et expliqua qu'il avait choisis le requin parce que les gens qui ne le connaissent pas, ne voient que son aileron, que ce qu'il veut bien laisser voir. Et les autres savent qu'il a beau être redoutable, il est quand même tranquille et calme. J'ai beaucoup aimé ce qu'il a dit.

Je fronçai les sourcils pendant qu'une autre fille expliquai un truc à propos du renard. Je commençais sérieusement à avoir mal à la tête. Je sentis mes yeux se remplirent de larmes sans que je ne puisse faire quoique ce soit. Je respirai un bon coup et tentai de me calmer.

Les autres continuaient de parler de l'animal qu'ils avaient choisi, mais ça faisait longtemps que je n'écoutais plus. Je prenais sur moi pour ne pas fondre en larmes.

-      Emma ? demanda une voix. C'est à toi.

Je me raclais la gorge et me concentra sur ce que je voulais dire, en essayant de ne pas faire attention aux cris que j'entendais.

-      Euh, j'ai choisi le chat parce que je suis calme et posée comme lui. Parce que je dors beaucoup et que je ne fais pas grand-chose de mes journées. Mais je sais montrer les griffes quand il le faut, je dis les yeux rivés sur le sol.

Je fis une petite grimace et une larme coula sur ma joue.

-      Bien, merci à tous. C'en est fini pour aujourd'hui, annonça Céline, je vous souhaite un bon après-midi.

Un merci collectif retentit. Les chaises raclèrent sur le sol et un brouhaha de discussions commença à se faire entendre, mais je ne bougeais toujours pas de ma place. J'attendais que la pièce se vide pour me lever. Des larmes dégringolaient sur mes joues ; je n'avais pas envie qu'on me voie dans cet état.

Un mouchoir apparu dans mon champ de vision que je pris bien volontiers pour m'essuyer le visage.

-      Qu'est-ce qu'il se passe, me questionna Céline. On n'a pas encore eu le temps de se voir toutes les deux. C'est moi qui serait en charge de toi pendant ton hospitalisation, ainsi que le docteur Mayor que tu as déjà vu et Mark. Je ne sais pas s'il est venu se présenter. Evan m'a un peu raconté ce qu'il t'amenait ici. Tu veux bien m'expliquer ?

-      J'ai mal à la tête, je réponds simplement.

-      Et c'est pour ça que tu pleures ?

-      C'est à cause des voix, je dis. Elles crient, c'est pour ça.

-      Et maintenant c'est passé ?

-      Non, mais c'est moins fort.

Je séchais mes larmes et soufflais un bon coup en relevant la tête. Céline me fit un sourire rassurant.

-      Ça va aller, elle demande.

-      Ouai, j'ai l'habitude, je soupire.

-      C'est bien pour ça que tu es là. Pour que ça ne devienne plus une habitude. Si tu ne le sais pas encore, on se voit demain en entretien.

Elle me souhaita un bon appétit et me laissa.

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