Chapitre 2

Les premiers jours à l'hôpital sont toujours les pires. On pleure. Beaucoup. Parce qu'on n'est pas habitué à ce nouvel environnement, aux infirmiers, aux patients, tous plus fous les uns que les autres. Ou plus bizarres. Ou déprimés.

Généralement, quand on parle d'hôpital psychiatrique on pense tout de suite à asile de fous. Ou un truc dans le genre. Je ne sais pas si c'est parce qu'on a vu trop de films ou lu trop de livres, mais c'est une association qu'on ne peut pas changer. On s'imagine des gens qui bavent, qui se parlent à eux-mêmes, qui se tapent la tête contre les murs... Mais rien de tout cela. Il y a bien des gens qui se parlent tout seul, mais sinon on est tous plus pareils les uns que les autres. Certains sont certes fous à lier et c'est à ça qu'on se rend compte que finalement on ne va pas si mal. Ça m'est même déjà arrivé de penser que je n'avais rien à faire à l'hôpital tellement les autres allaient plus mal que moi au premier regard. Je me disais que je n'avais pas le droit d'aller mal alors qu'il y avait toute cette souffrance ailleurs dans le monde. Je culpabilisais un peu d'être ici, mais je me suis finalement rendue compte que j'avais tout aussi le droit d'être pas bien et d'avoir besoin d'aide pour aller mieux.

J'ai passé trois semaines en cure de désintoxication au Bronx à New York. Quand je suis revenue à Boston, j'ai seulement passé une dizaine de jours chez mon père avant d'être envoyée à l'hôpital psychiatrique. C'était une décision de l'ordre des médecins, ce qui veut dire que ni mon père, ni moi n'avions eu notre mot à dire. Je m'y attendait un peu pour tout te dire. Au fond de moi, je le savais que j'allais finir à l'hôpital. Ne me demande pas pourquoi, je ne le sais pas. Mais quelque part, je savais que c'était peut-être la solution pour aller mieux. Même si je n'y croyais plus du tout. J'étais au plus profond du trou après la mort de James. Je ne pensais pas pouvoir m'en sortir un jour.

Mes hallucinations me faisaient perdre la tête. Mon père ne m'avait jamais vu comme ça. Et il ne savait pas quoi faire pour m'aider. Ce sont les flics qui sont venus me chercher chez lui. Ils ont débarqué du jour au lendemain sans prévenir. Ça ne faisait même pas deux semaines que j'étais sortie de ma cure et j'allais de nouveau être enfermée. Ça m'a quand même fait un choc quand je l'ai appris. Mon père était presque d'accord avec les médecins. Il disait que je devais absolument être prise en charge par des professionnels. Mais il était un peu réticent à l'idée de me laisser partir là-bas. Et c'est compréhensif. L'asile de fous quoi. Qui a envie que son enfant parte là-bas. Moi pas. Mais c'était pour mon bien, et je dois reconnaître que ça m'a changé la vie et que je vais beaucoup mieux maintenant. Surtout grâce aux rencontres et aux retrouvailles que j'y ai faites.

Aaron a changé ma vie. Littéralement. Son retour dans ma vie m'a complétement chamboulée. Tout comme sa mort. J'ai vécu les plus beaux moments de ma vie en sa compagnie. Et je lui en serais éternellement reconnaissante. 

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