- Tu veux faire quoi ? me demande Alice, étendue sur son lit.

- Échecs ? je propose. Si on a le temps avant midi.

- Ok, elle soupire.

On se lève et on sort de sa chambre pour se diriger vers la salle de jeux.

En chemin, on tombe sur Céline, ma psychologue à l'hôpital.

- Salut les filles, comment vous allez ? elle nous questionne.

- Bien, répond Alice.

- Super, tu n'oublies pas que tu as un entretien cet après-midi, Emma.

- Non, je sais, je lui dis.

- À toute à l'heure alors, bon appétit si vous allez manger.

- Merci.

Elle nous laisse là et Alice soupire.

- Il est quelle heure ? je demande.

- Bientôt midi, elle dit en regardant sa montre.

- On a cas aller attendre dans la salle à manger. On ira jouer après.

- Ok.

Quelle ne fut pas ma surprise de voir Aaron assis à une table quand nous sommes rentrées dans la pièce. Depuis une semaine, il mangeait dans sa chambre car il n'était jamais là pour les repas en commun. Certains avait ce droit au début de leur arrivée. Mais généralement, on mangeait tous ensemble avec quelques infirmiers.

- Repas, cria quelqu'un dans le couloir.

Il releva la tête. Je n'avais pas bougé de l'encadrement de la porte depuis que je l'avais aperçu. Son regard croisa le mien une demi-seconde et puis plus rien. Je n'aurai pas su dire s'il m'avait reconnu et qu'il n'en avait rien à faire ou s'il m'avait calculé comme si on ne se connaissait pas. Il se leva, il était habillé d'un jean et t-shirt noir. Il me passa devant pour aller chercher son plateau. Je me rendis compte que j'avais retenu ma respiration quand je ne sentis plus d'air rentrer dans mes poumons. Je pris une grande inspiration et me plaçai derrière lui pour prendre mon repas. Je remarquai du coin de l'œil que son t-shirt lui moulait super bien le corps de dos et je ne pus pas m'empêcher de le reluquer par derrière.

Durant tout le repas, je ne pipai un seul mot. Cela n'inquiéta pas Alice qui avait l'habitude que je sois dans mes pensées. En général, c'était parce que les voix étaient là et que je n'arrivais pas à me concentrer sur autre chose que sur leurs paroles. Mais aujourd'hui c'était différent. Je sentais un regard planté dans mon dos. Je n'avais pas besoin de me retourner pour savoir à qui il appartenait. Aaron m'avait bien évidemment reconnue.