Assise dans la salle de jeux, j'observe Alice plantée devant le calendrier de l'Avent. Aujourd'hui elle porte une jolie robe avec des collants de la même couleur que ses cheveux noirs de jais. Je fais un peu tâche à côté d'elle. J'ai mis simplement un legging noir et un sweat shirt gris qui m'arrive presque aux genoux. De toute façon, je ne sors pas aujourd'hui. Les parents d'Alice viennent la chercher ce soir pour aller manger au restaurant. Moi, je ne crois pas que j'en ai le droit. Ou du moins, personne ne m'a averti. Mais je pense que mon père aurait au moins appelé. Il le fera peut-être ce soir pendant les heures de téléphone. Enfin je l'espère.

- Bon allez Emma, c'est à toi d'ouvrir le dernier jour du calendrier, lance Alice.

Je soupire depuis mon canapé.

- Je ne crois pas, je dis, il y a sûrement quelqu'un d'autre qui l'aimerait bien. Je passe mon tour.

Elle lève les yeux au ciel.

- Ok tout le monde, elle hausse la voix, faisant se retourner les quelques personnes présentes dans la pièce. Est-ce que quelqu'un s'oppose à ce que ce soit Emma qui prenne le dernier chocolat du calendrier étant donné que c'est la dernière à être arrivée ?

Je me tourne vers le reste des personnes et les observe du coin de l'œil en fronçant le nez. Je déteste être le centre de l'attention.

Quelques-uns secouent la tête de droite à gauche.

Un garçon, Maxime je crois, que j'avais déjà vu pour avoir été présent lors de l'atelier des gestions des émotions cette semaine lance :

- Pour moi, il n'y a pas de problème. En revanche, je ne crois que pas que ce soit la dernière venue. Y a un mec qui est arrivé ce matin, mais ne compte pas sur moi pour aller lui offrir ce chocolat.

Un nouveau ? je n'étais pas au courant. Généralement, on le sait assez rapidement d'après ce que m'a expliqué Alice.

- Bon dans ce cas, tu peux ouvrir la dernière porte, Emma, dit celle-ci.

Je fais la moue et vais ouvrir le calendrier. Je m'apprête à manger ce fameux chocolat quand des voix nous parviennent du couloir.

- Non, mais vous plaisantez j'espère ! crie quelqu'un.

Quelqu'un d'autre répond mais on n'entend pas depuis là où on est.

- Je suis parfaitement calme !

Alice vient s'asseoir à côté de moi et tourne la tête en direction de la porte.

- Ça y est, ça recommence.

- Comment ça ? je demande.

- Encore un qui pique une crise. Ça arrive souvent, elle m'explique, t'as de la chance, t'as encore vu personne en faire. Parfois c'est super violent et ils sont obligés d'appeler la sécurité.

- Wow.

Les voix se rapprochent jusqu'à s'arrêter devant la porte.

- Écoute Aaron, essaie de comprendre c'est la règle pour tout le monde.

Aaron ? Je fronce les sourcils. Non ça ne peut qu'être qu'une coïncidence. Ça ne peut pas être le Aaron, de mon enfance.

- Non, je ne comprends pas, c'est n'importe quoi cette histoire.

- J'entends très bien ce que tu dis, mais c'est comme ça. Tu as trois jours de séparation.

- Vous avez dit que j'avais le droit de sortir.

- J'ai dit que tu avais le droit de sortir accompagné trois fois cinq minutes.

- Mais je veux juste aller fumer ma putain de clope, vous ne pouvez pas comprendre ça ?!?!

- Parle correctement déjà.

- Quoi ? Vous allez faire quoi ?

Mark apparaît dans le cadre de la porte et on voit deux bras tatoués se lever en face de lui.

- Vous allez m'enfermer, c'est ça ? Bah allez-y, ça ne changera rien de toute façon. Je le suis déjà !

- Alors déjà tu n'es pas enfermé, et deuxièmement oui on peut te priver de sortie suivant ta conduite. Et si tu continues comme ça, c'est ce que je vais faire !

- Eh bien, allez-y faîtes-le.

- C'est pour ton bien que tu es là, Aaron.

- Mon bien ? parce que vous pensez que ça me fait du bien d'être enfermé à l'asile avec les fous de service !

Maxime se lève de son siège et lance un oh d'indignation.

Mark se retourne et lui demande de ne pas intervenir, avant de refermer la porte. J'ai juste le temps d'apercevoir un jeune homme d'une vingtaine d'années se pencher vers l'intérieur de la salle, mais ça m'a suffi pour le reconnaître.