III - Et si ...
Alors, dis-moi, je fais quoi ?
Non parce que ce n'est pas le tout de lire ces lignes, encore faut-il m'aider. Toi évidemment, tu es pénard dans ton hamac ou sur ta serviette à la plage (plutôt sur les rochers, tu sais, quand tu prends à gauche, sous la tour, là où l'eau est claire et qu'il y a plein de poissons. Et des oursins petits mais hyper bien remplis de corail rouge l'hiver, miam, la petite Clara en salive encore).
Ou dans ton bus, ton tram ou pire ton métro. Si c'est le cas, toutes mes condoléances. Là, je ne peux pas faire grand-chose pour toi. A part t'offrir ces millions de cactus qui défilent sur cette route infinie, pour te consoler de ta condition avec un grand bain d'immensité.
Tiens, maintenant, on aperçoit la mer entre les montagnes et les couleurs sont encore plus belles. Le brun de la montagne, l'ocre des reflets du soleil couchant sur les cactus et le bleu de la mer. On va arriver dans moins d'une heure, et tu ne m'as toujours pas aidé.
Tant pis, j'improviserai.
Mais ça risque d'être plus long.
Mets toi quand même à l'ombre, ça risque de griller sur ta serviette. Désolée, mais je ne peux pas me résoudre à l'idée que tu puisses être entassé comme une sardine dans une rame de métro trop chauffée et branlante. J'en étouffe presque pour toi. Vite, de l'air, de l'air frais de cette fin d'après-midi mexicaine bordée de cactus.
Etudions ensemble, si tu le veux, la possibilité que je le quitte, Antoine. Vu que je suis célibataire, autant que ce soit seule.
Ca peut sembler évident de prime abord, mais il vaut mieux être claire. Pour ne pas finir comme ces couples divorcés obligés de rester sous le même toit pour finir de payer le crédit.
Prenons les choses dans l'ordre : 1) rentrer à la maison.
Euh, juste un détail : faut-il que je rentre de suite ou bien que je finisse de profiter de mes vacances , même avec Antoine ? Ce qui revient à insérer avant une question 0. A laquelle je réponds de façon unanime : pas question qu'il me gâche les vacances. Parce que qu'est-ce qui m'attend chez « nous », hein dis-moi ? Mon petit appartement lugubre et froid ? C'est tellement idiot : habiter à la campagne et même pas avoir un bout de jardin pour pouvoir buller sur des bons fauteuils bien moelleux en mode « roi du monde » ou mieux, pour me balancer au rythme de l'air dans un hamac. Doigts de pied en éventail, bras pendant nonchalamment dans le vide, bercée par le rythme des grillons, de mes yeux mi-clos je regarderais avec fierté mon jardin, mon joli jardin fleuri de roses trémières (j'adore les roses trémières, elles sont sauvages, indomptables, elles ne poussent que là où elles en ont envie et quand elles en ont envie) et mon potager. Pas très grand le potager, juste ce qu'il faut pour faire pousser des tomates, les plus juteuses du monde.
Au lieu de ça, j'ai juste un petit balcon. Bon c'est déjà pas si mal, je peux me mettre au soleil, mais c'est pas pareil, je ne suis pas sur la terre, je suis au-dessus. Je ne suis pas reliée à la terre, il n'y a pas les odeurs, ni l'herbe qui chatouille les pieds, ni les fourmis. C'est con, mais je ne suis pas sur ma terre.
Moi qui croyais être de la race des nomades, me voilà me prenant à rêver d'un bout de terre. C'est tellement idiot : si chacun exige son bout de terre pour pouvoir égoïstement se promener pieds nus, si chacun exige ne serait-ce que 100 m² : 7 milliards d'habitants multiplié par 100 m², ça fait 700 milliards de m², soit 700 000 km². Il y a combien de surface émergée sur la terre en déduisant l'Antarctique ?
J'aurais aussi une petite mare pour les grenouilles dans mon jardin. J'adore le bruit des grenouilles la nuit, ça m'endort. Et puis ça mange les moustiques les grenouilles. Et c'est plus facile à dompter qu'un serpent ou qu'une chauve-souris dans le genre prédateur moustiquivore.
C'est ça le kif de ma vie ? Devenir propriétaire ? Augmenter mon patrimoine comme on dit. Mais pour en faire quoi ? Pour en faire quoi, des tomates ?
Tu peux me donner toutes les bonnes raisons valables que tu veux, mais moi je veux mes tomates ! Je veux des tomates qui soient bonnes, qui soient juteuses, qui aient bon goût. J'en ai marre des tomates insipides du supermarché ou même du marché. Ah elles sont provenance France les tomates, c'est de l'achat patriote ça, maptitedame ! Elle vient même du patelin d'à côté, la tomate ! 3 euros 50 le kilo de tomates locales, bien rouges, bien fermes, bien fades ! Il n'y a pas si longtemps, avec 3 euros 50, tu lui aurais acheté toute sa cagette à la petite vendeuse. Mais à l'époque, on payait avec des francs.
Des tomates insipides donc qui valent de l'or. C'est de là que vient leur nom de pomme d'or ? Or ou pas, t'as intérêt à bien l'assaisonner ta tomate pour qu'elle ait du goût. Humm, la bonne huile d'olive bien jaune et bien douce mélangée au vinaigre de mon papa ... Et n'oublie pas de bien saler et poivrer pour lui faire ressortir le peu de saveur qu'elle a ta tomate et l'accompagner avec du basilic (ça, pas de problème, ça pousse sur le balcon).
Ce serait pas mieux une vraie tomate à la place d'une vinaigrette camouflant l'absence de saveur de cet élément comestible qui n'a de tomate que la couleur ?
Mais pour ça, il faut un jardin.
Réponse donc à la question 0 : hors de question, je reste en vacances au milieu de mes cactus. Et je profite. Na ! On verra le point 1 dans un second temps.
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Bon, tu as compris le principe, je ne vais pas te bassiner avec ça, mais voter c'est important pour que l'histoire gagne de la visibilité sur Wattpad.
Alors , à la fin de chaque chapitre, si tu as aimé (et même si tu es du genre à détester les hamacs ou les jardins, ou même les tomates), n'oublie pas de voter SVP.
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