Chapitre 6.
Caché derrière le mur d'un bâtiment, Peter sentit son ventre le nouer. Le fait de voir tous ces sorciers et loups-garous, qui détruisaient tout sur leur passage, le terrifié. Ils avançaient à vive allure, le regard hautain, comme s'ils fouillaient la ville. Peter pensa instantanément qu'il devait encore s'agir de membres de la meute de Gorthaur, de nouveau parti à sa recherche ou celle d'Emma.
Il observa les rares passants qui évitaient le regard des autres, la tête baissée en avant. Ils marchaient d'un pas pressé, faisant presque un bon de côté quand quelqu'un s'approchait trop près d'eux. Ils ne devaient plus savoir en qui ils pouvaient avoir confiance, craignant, que même leur propre voisin de pallier, était une personne étrange, qui leur voudrait du mal.
— Essayons par-là, il n'y a peut-être pas de sorciers là-bas, suggéra Ashley, en pointant une ruelle du doigt.
Ils s'engagèrent dans une rue plus étroite coincée entre deux immeubles délabrés.
— Il faut retourner vers l'immeuble où se trouve mon appartement, il y a un bureau de tabac juste à côté, le gérant est un loup-garou, expliqua Peter à mi-voix.
Personne ne répondit mais Emma acquiesça d'un signe de tête pour lui indiquer qu'elle avait compris. Contrairement à Ashley, Emma et Charlie étaient déjà rentrés à l'intérieur de son appartement.
Le sorcier à lunette se pencha à l'oreille de Peter et lui chuchota :
— J'ai un mauvais pressentiment, j'ai peur que personne n'accepte de nos aider et qu'on ait des ennuis à cause de ces crétins qui trainent en ville et qui font sûrement partit de la meute de tu sais qui.
Peter n'était pas rassuré non plus.
— Je suis sûr que personne ne nous remarquera et même si on arrive à ne convaincre personne, ils y réfléchiront et ils changeront sûrement d'avis.
— Ouai !
— C'est bon, on verra bien quand on sera en face d'eux !
La situation était déjà pénible et Peter ne voulait pas s'imaginer le pire.
Les filles qui marchaient devant se figèrent. Un loup-garou leur tournait le dos, un peu plus loin au bout de la rue. Ils le reconnurent grâce à ces grognements et les griffes qu'ils apercevaient. Il marchait à vive allure et finit par emprunter une autre ruelle sur la droite.
— Ne trainons pas là, murmura Ashley.
Ils se remirent en marche. Peter se retourna sans cesse pour surveiller les alentours, craignant d'être suivi.
Qu'est-ce que ce loup-garou fabriquait dans cette ruelle ?
Peter était convaincu qu'il s'agissait d'un membre de la meute de Gorthaur. Les autres redoutaient de se faire démasquer et de se transformer qu'à la moindre occasion.
A la prochaine intersection, Peter s'arrêta net, tout comme ces compagnons. Ils aperçurent de nouveau le loup-garou, qui se redressa d'un bond et se tourna vers eux. Peter tressaillit. Il n'avait pas envie d'être repéré et son cœur se mit à battre à deux cent à l'heure. Il agrippait d'une main, une femme d'une trentaine d'année qui hurlait. Peter aurait voulu faire quelque chose pour elle. Il était sûr qu'elle ne connaissait pas l'existence de la magie et du surnaturel et qu'elle était innocente.
Il était presque certains, qu'après les évènements dans l'ancien poste de police, lui et ces amis étaient tous recherchés. Emma, parce que Gorthaur rechercher une banshee. Lui-même, pour l'avoir secouru. Charlie, pour avoir aidé son meilleur ami à sauver la jeune fille. Ashley, pour avoir trahi Gorthaur et être parti du côté de Peter.
Le loup-garou se mit à grogner, comme s'il les avait reconnus et qu'il se préparait à galoper vers eux.
— Je pense qu'on devrait se tirer, suggéra Ashley.
Ils se mirent à courir juste après ces mots, sans se poser la moindre question. Lorsqu'ils furent assez éloignés, ils ralentirent le pas, toujours sur leurs gardes. Peter avait des regrets, il aurait voulu aider la femme à fuir ou faire n'importe quoi pour la secourir. Il brûlait d'envie dans discuter, mais il avait perdu les mots comme la scène l'avait rendu malade.
— Ce loup-garou était en train de kidnapper une femme ou de la torturer pour avoir des infos, ça ne fait aucun doute.
Charlie fut le premier à prendre la parole.
— Peut-être qu'il ne la kidnappera pas, il ne peut pas kidnapper toutes les personnes de la ville qui ne lui disent pas ce qu'il veut, répondit Ashley.
— Maintenant, je suis sûr qu'il s'agissait d'un membre de la meute de Gorthaur et que tous les autres sorciers et loups-garous qui sont transformés et qui trainent dans cette ville en font partis aussi, ajouta Charlie.
Peter qui les avait écoutés bavarder jusque-là, se figea. Emma qui n'avait pas prononcé un seul mot et qui n'avait pas pris part à la conversation, ne marchait plus à leurs côtés. Il se retourna et l'aperçu au loin, arrêté à l'entrée d'une rue.
— Charlie ! interpella Peter, qui venait de lui couper la parole comme il continuait de bavarder avec Ashley.
Charlie et Ashley se retournèrent avant de s'avancer vers lui.
— Qu'est-ce qu'il y a ? questionna le jeune homme à lunette.
Peter indiqua Emma, toujours figé devant la rue.
— Je vais aller la voir, mais... allez-y, on n'a pas une minute à perdre, on vous rejoint au bureau de tabac... vous reconnaitrez le gérant, il a des cheveux gris, expliqua Peter.
— Attends, on va la chercher et on y va tous ensemble, s'inquiéta Charlie.
— Oui, Charlie a raison, dit Ashley.
Peter observa les alentours et aperçut un homme, une baguette magique à la main se dirigeait vers la rue dans laquelle ils se tenaient.
— On n'a pas le temps, je n'ai pas envie qu'un de nous se fasse repérer et aient des problèmes, répondit Peter.
Charlie acquiesça d'un signe de tête.
— D'accord, on y va, souffla Charlie.
Ashley ne répondit pas et ils s'éloignèrent en silence tandis que Peter se dirigea vers Emma.
— Emma, qu'est-ce que tu fais ici ? on n'a pas le temps, il faut y aller, demanda Peter, une fois à côté d'elle.
Elle prit quelques secondes avant de répondre enfin quelque chose.
— En face, c'est la rue où vivent mes parents, expliqua Emma d'une voix à peine audible et inquiète.
— Je... je suis désolé Emma, mais il faut qu'on y aille si on ne veut pas avoir de problèmes, lui répondit-il.
Peter regarda autour de lui et vit le sorcier qui marchait dans leur direction d'un pas rassuré.
— Tu ne peux pas aller les voir maintenant, je t'expliquerais en ce chemin si tu veux mais là ce n'est vraiment pas le moment.
Le jeune homme essayait de la convaincre le mieux qu'il le pouvait mais n'y fit, elle n'avait pas l'air d'avoir envie de s'éloigner. Il était persuadé qu'elle avait envie d'aller leur rendre visite, pour prendre des nouvelles, et surtout s'assurer qu'ils allaient bien. Peter savait que ce n'était pas le moment, qu'ils étaient venus en ville pour convaincre le plus de créatures possibles. Mais surtout, il se souvenait avoir jeté un sortilège sur ces parents, avec Charlie, qui leur avait fait oublier l'existence de leur fille, pour les protéger et éviter qu'ils se soient inquiétés et qu'ils aient lancés un avis de recherche.
Malgré l'influence de Peter, Emma se mit à marcher en direction de la maison.
— Attends ! interpella Peter, tout en la rattrapant.
Elle ne répondit pas et ne se retourna même pas. Le fait d'avoir vu la rue où vivaient ces parents, lui avait très certainement rappelé des souvenirs et elle devait s'inquiéter pour eux.
Peter l'agrippa par le bras.
— Mais qu'est-ce que tu fais ? pourquoi tu veux m'empêcher d'aller les voir ? qu'est-ce qu'ils t'on fait ? demanda la jeune fille, d'une voix sèche.
Peter regarda autour de lui, pour vérifier si le sorcier les avait suivis. Il eut de la chance. Il n'y avait personne.
— D'abord, lâche-moi !
Il céda et lui lâcha le bras, qu'elle se mit à masser comme s'il lui avait fait mal. La jeune banshee, qui angoissait pour ces parents, ne l'écouta pas et continua d'avancer jusqu'à la maison. Désespéré de ne pas avoir réussi à la convaincre, même s'il comprenait qu'elle ait envie de les revoir, il souffla un bon coup et la suivit. Ils marchaient en silence, un froid venait de se créer entre eux.
Lorsqu'ils arrivèrent au bout de la rue, Emma tourna à droite, au carrefour qui formait un T. La rue sur laquelle ils se tenaient à présent, été beaucoup plus grande que la précédente et il s'agissait de celle où vivait ces parents. Après quelques minutes de marches, la jeune fille s'arrêta devant la maison. Elle prit une grande respiration, avant d'atteindre le perron et de s'avançait vers la porte d'entrée. Remplie d'émotions, elle hésita à appuyer sur la sonnette. Pourtant, avant d'arriver devant la maison, elle paraissait sûre d'elle et certaines de vouloir les revoir. Peter observa Emma, qui parut choqué et angoissé après avoir jeté un coup d'œil par la fenêtre. Se demandant ce qu'il se passait, Peter s'approcha à son tour de la vitre, près de la porte d'entrée. Un homme, un loup-garou, les dents pointues et des griffes au bout des doigts, agrippait Mme Wright. L'empêchant de s'enfuir à l'aide d'un bras, en la tenant fermement contre lui et les griffes de son autre main contre son cou, en guise d'arme. M. Wright était là aussi, assis en face d'eux sur le canapé. Le loup-garou devait certainement leur poser des questions sur Emma, mais n'ayant pas de réponses, il devait être en train de les menacer.
— Il faut que je fasse quelque chose, murmura Emma, je ne peux pas rester là à le regarder torturer ma mère.
— Non, s'il te plaît, n'y va pas, insista Peter.
— Comment ça ? tu ne veux pas que je les aide ? imagine qu'il s'agisse des tiens, tu irais forcément les aider.
Peter stressait. Il savait que ces parents ne se souvenaient pas d'elle et qu'elle ne pouvait pas rentrer à l'intérieur comme ça. Il hésita à lui dire la vérité au risque qu'elle ne comprenne pas leurs raisons et qu'elle leurs en veuillent, mais il s'agissait de la seule explication qui pourrait la convaincre.
— Tes parents ont reçu un sortilège, commença Peter.
— Quoi ? s'étonna la jeune fille.
Elle regarda de nouveau par la fenêtre, l'air triste de ne rien pouvoir faire.
— Pour oublier ton existence, continua d'expliquer le sorcier.
— Mais qu'est-ce que tu racontes ? c'est une de tes inventions pour que je n'aille pas les aider ? tu as tout fait pour me sauver la vie mais eux, alors là, tu t'en fiche, s'énerva Emma.
— Parle moins fort, s'il te plait.
— Au moins ça détournera son attention et il lâchera ma mère, puisque c'est la seule chose que je peux faire.
Peter réfléchissait, il fallait qu'il trouve un moyen pour la calmer et la convaincre.
— A cause de Gorthaur...
— C'est toujours de ça faute de toute manière, répondit la banshee, d'une voix pleine de colère.
— Bien sûr, c'est lui qui t'a enlever et un sortilège a était lancé sur tes parents à ce moment-là, pour qu'ils puissent oublier ton existence, on n'avait pas envie qu'ils souffrent à cause de ta disparition ni qu'ils préviennent la police qui n'aurait rien pu faire contre Gorthaur et les autres de sa meute, avoua Peter.
— Et tu crois que c'est mieux de les garder dans l'ignorance ?... maintenant ils se font torturer parce qu'ils ne se souviennent pas de moi.
— Et tu penses que même s'ils se rappelaient de toi, ils parleraient ? s'ils t'aiment, ils préféreraient se faire torturés que de dire quelque chose, dit le jeune homme.
Emma jeta un dernier coup d'œil par la vitre.
— Très bien, allons-y, répondit-elle.
Soulagé, Peter rejoignit la route. Quant à Emma, qui avançait derrière lui, se dirigea vers la poubelle métallique près de la boite aux lettres. Elle se défoula, en donnant des coups de pieds dessus, en espérant réussir à faire diversion.
— Qu'est-ce que tu fiches ? s'étonna Peter.
Elle ne répondit pas et essaya de provoquer du raffut pour attirer l'attention de ce loup-garou. Elle voulait que ces parents aient le temps de prendre la fuite.
Après quelques minutes, le loup-garou sortit de la maison par la porte d'entrée. Elle fit soulager d'avoir réussi, mais maintenant il fallait qu'ils parviennent à s'enfuir.
— C'est moi que tu cherches ? cria Emma avant de fuir en courant.
Peter se mit à courir à son tour. Il avait le cœur qui battait la chamade et il savait que ce n'était pas une bonne idée. Il s'agissait d'un loup-garou et pas d'un sorcier, ce qui signifiait qu'il pouvait galoper d'une vitesse incroyable et que dans tous les cas il finirait par les rattraper.
Alors, qu'ils étaient poursuivis, Peter sortit sa baguette magique de la poche de sa veste, peut-importe d'être vu par des personnes qui ne sont pas au courant de la magie et du surnaturel, sa vie était en jeu, tout comme celle d'une de ces amies. Il jeta un sortilège et la poubelle la plus proche se déversa sur le sol. Il espérait qu'il glisserait sur quelque chose et qu'ils pourraient gagner, ne serait-ce que quelques minutes. Ils reprirent la rue par laquelle ils étaient arrivés, toujours en courant le plus vite qu'ils pouvaient.
Lorsqu'ils arrivèrent au bout de la rue, Peter se retourna et prononça quelques mots, en pointant le loup-garou avec sa baguette. Après cela, le loup-garou tomba raide sur le sol, il venait de le pétrifier. Ils n'avaient pas beaucoup de temps avant qu'il se réveille, alors les deux amis se remirent à courir en direction du bureau de tabac-presse.
Peter se figea à l'instant où ils arrivèrent sur la place, devant le bureau de tabac. Cette fois-ci, un sorcier tenait fermement Ashley, qui se débattait, sa baguette magique contre sa tête. Charlie était là lui aussi, paniqué à l'idée de ne pas savoir quoi faire pour sauver son ami.
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