Chapitre 14.
C'était l'odeur répugnante qui commençait à porter sur les nerfs de Peter. Pas la minuscule pièce dans laquelle il se tenait et qui était munie seulement d'un petit lit, d'une petite fenêtre à barreaux ainsi qu'une porte qui contenait elle aussi une fenêtre à barreaux. On lui avait pris sa montre et personne ne lui avait donné un livre, un jeu ou même du papier et un crayon pour s'occuper. C'était l'isolement complet.
Cela faisait à peine vingt-quatre heures qu'il se trouvait à l'intérieur et il n'avait pas fermé l'œil de la nuit. Il avait la tête remplie de pensées, surtout négatives. Il marchait en cercle, autour de la pièce, quand, quelques instants plus tard, la porte s'ouvrit. Il s'arrêta net, stupéfait.
— Cha... Charlie... qu'est-ce que tu fais ici ? demanda Peter avec surprise.
— Il ne faut pas trainer, vient on s'en va, lui ordonna son ami.
— Mais... comment... comment est-ce que tu es rentré ? questionna Peter sans bouger d'un centimètre.
— Je suis revenu te chercher et comme j'ai su que tu n'avais pas le droit à de la visite car tu étais ici, j'ai volé les clés, avoua Charlie.
Les deux amis entendirent à cet instant des bruits de pas, quelqu'un approchait. Paniqué, Charlie entra à l'intérieur et referma la porte derrière lui. Il n'avait pas envie d'être découvert et il s'agissait de la seule cachette qui lui vint à l'esprit. Un homme en uniforme, sûrement un gardien, s'arrêta devant la porte. Le souffle court, les deux amis cessèrent de bouger, espérant qu'il ne l'ouvre pas. De l'endroit où il se trouvait, Peter pouvait apercevoir par la petite fenêtre à barreaux, l'homme à l'extérieur. Il cherchait quelque chose dans ses poches, certainement les clés, avant de s'éloigner. Rassuré, le jeune garçon à lunettes attendit qu'il soit suffisamment loin pour rouvrir la porte.
— Sors d'ici, ordonna Charlie à voix basse pour ne pas être entendu.
Peter sortit de la pièce avant que Charlie la referme à clés. Ils s'éloignèrent le plus rapidement possible, à l'opposé de l'homme en uniforme, en essayant de ne provoquer aucun bruit. Ils tombèrent sur le couloir où étaient enfermées les différentes créatures. Peter s'arrêta à l'entrée.
— Peter ? qu'est-ce tu fais ? demanda Charlie après avoir remarqué que son ami ne le suivait plus.
— Tu crois qu'on devrait les libérer ?
— Euh... je ne sais pas, je ne pense pas... ça va paraître suspect s'il manque autant de pensionnaires et ils vont finir par nous retrouver... aller ! Viens on s'en va, répondit son ami.
Peter regardait les créatures dans les cellules. Seuls des adultes, homme ou femme, de tous âges étaient renfermés ici, ayant certainement dix-huit ans pour le plus jeune. Elles criaient ou encore passaient leurs bras à travers les barreaux. Les loups-garous et les autres créatures n'arrivaient plus à se contrôler, ils avaient tous perdu la tête et étaient devenu fous à force d'être enfermés. Peter avança pour rejoindre son ami et ils ouvrirent discrètement la porte d'entrée du couloir. Charlie regarda à l'extérieur. De là, il pouvait apercevoir la secrétaire aux cheveux bouclés, qui triait des documents à l'accueil. Il referma instantanément la porte lorsqu'elle observa quelque chose dans leur direction. Il la rouvrit le plus silencieusement possible quelques secondes plus tard et regarda de nouveau de l'autre côté. La femme ne se trouvait plus à son poste.
— Nous pouvons y aller, chuchota Charlie.
— Attends, je dois récupérer mon sac et toutes mes affaires, lui expliqua Peter.
— Et... elles sont où d'après toi ? demanda le sorcier.
— Je ne sais pas, la femme les a prises à mon arrivée, elle les a sûrement mises dans la pièce qui se trouve derrière le comptoir de l'accueil, lui répondit Peter.
Ils sortirent tous les deux du couloir comme si de rien n'était. Des patients étaient installés dans le petit salon, à bavarder ou pour regarder le poste de télévision. Charlie s'approcha le plus naturellement possible comme s'il était patient de l'institut afin qu'ils ne se doutent de rien. A quelques mètres du petit salon, Charlie jeta une boule de la taille d'une balle de tennis. Lorsqu'elle tomba sur le sol en plein milieu du salon, de la fumée noire surgit et tous les patients se mirent à crier, préoccupés par la fumée. Les deux amis profitèrent de leur distraction pour courir derrière le comptoir de l'accueil. Peter essaya d'ouvrir la porte mais en vain, elle était fermée à clé. Charlie récupéra sa baguette et la déverrouilla le plus rapidement possible à l'aide d'un sortilège. Ils rentrèrent dans la pièce sombre et refermèrent la porte derrière eux.
— Loma, chuchota Charlie.
Un jet de lumière sortit de sa baguette, ce qui permit de les éclairer jusqu'à ce que Peter trouve l'interrupteur. Des cartons remplis de sacs encombraient le sol ainsi que les étagères métalliques qui étaient installées contre les quatre murs de la pièce. Peter se précipita vers l'étagère qui se trouvait sur la gauche en entrant et commença à fouiller, espérant y retrouver son sac à dos. Il vida les cartons, jetant par terre les sacs ou les autres affaires qui ne lui appartenaient pas.
— Pssss... Peter... tu as vraiment envie qu'on nous entende, chuchota Charlie.
Peter se retourna et le fixa du regard.
— Ne jette pas les affaires par terre, lui ordonna le garçon à lunettes.
Peter ne répondit pas, énervé de ne pas retrouver son sac à dos. Charlie, quant à lui, se dirigea vers l'étagère à l'opposé de son ami et fouilla dans les cartons et les affaires rangées sur les étagères. Aucune trace de son sac à dos ou de ce qu'il avait laissé dans la boîte en plastique.
Alors qu'ils cherchaient toujours sur les différentes étagères métalliques, quelques minutes plus tard, des bruits de pas retentirent. Ils se dirigèrent droit vers la pièce dans laquelle ils se tenaient. Un coup de stress les envahit à cet instant. Comme il n'avait pas retrouvé son sac, Peter ne pouvait pas utiliser sa cape d'invisibilité, alors il se précipita vers l'interrupteur et éteignit la lumière avant de se caler contre le mur à côté de la porte d'entrée. Charlie s'éclaira avec sa baguette magique, juste le temps de rejoindre son ami avant que la porte ne s'ouvre. La secrétaire pénétra dans la pièce et y alluma la lumière. Le stress que ressentaient les deux adolescents s'était transformé en peur. Ils n'avaient pas envie de se faire repérer, d'avoir des problèmes et que Charlie soit enfermé dans l'institut avec Peter. Caché derrière la porte qui n'était pas ouverte en entier, Peter aperçut son sac à dos posé en haut de l'étagère métallique où il avait commencé de chercher. La femme déposa seulement un sac à main avant d'éteindre la lumière et de sortir de la pièce.
Malgré qu'elle ne soit plus à l'intérieur, les deux amis pouvaient toujours entendre des bruits de pas et des gens discuter. Elle devait sûrement enregistrer un nouveau patient. Soulagé de ne pas s'être fait remarqués, le stress qu'ils avaient éprouvé s'estompait mais pas encore totalement. Ils avaient toujours peur que la secrétaire ou quelqu'un d'autres les entendent et ne rentre dans la pièce. Sa baguette magique toujours à la main, Charlie chuchota quelques mots et un jet de lumière en sortit pour les éclairer.
A cet instant, Peter donna une petite tape sur l'épaule de son ami et lui montra du doigt son sac qu'il venait de retrouver. Charlie avait à présent dirigé la lumière vers le haut de l'étagère, constata que le sac à dos de son ami s'y trouvait, puis, il éclaira Peter qui essaya de l'attraper. Mais en vain, il était beaucoup trop haut. Entendant toujours la secrétaire marcher de l'autre côté de la porte et pensant pendant quelques secondes qu'elle se dirigeait vers eux, ils se figèrent un instant. Comme personne n'ouvrit la porte, Charlie pointa sa baguette vers le sac, murmura quelque chose puis il voleta avant qu'il ne le pose discrètement sur le sol, toujours à l'aide du sortilège. Peter l'attrapa le plus silencieusement possible, remarquant au passage une étiquette accrochée à la fermeture éclair sur laquelle il pouvait y lire son nom et prénom. Sûrement la secrétaire qui l'avait mis afin de savoir à qui il appartenait. Il l'ouvrit tout doucement, espérant y retrouver à l'intérieur toute ses affaires.
Il fut soulagé dès l'instant où il aperçut sa baguette magique puis il enleva l'étiquette qu'il mit à l'intérieur avant de le refermer et de le mettre sur son dos. Ayant récupéré son sac à dos et voulant sortir de la pièce, Peter s'approcha discrètement de la porte. Il colla d'abord son oreille à la porte puis il observa par le trou de la serrure afin de savoir si quelqu'un se trouvait de l'autre côté. Il n'entendit aucun bruit et ne vit personne. Le jeune homme fit signe à Charlie qu'il pouvait s'avancer avant d'entrouvrir la porte, espérant que personne ne se trouverait de l'autre côté. Ils eurent de la chance, personne n'était présent à l'accueil ni de l'autre côté du comptoir. La secrétaire devait sûrement faire visiter les lieux à une nouvelle patiente, d'après le sac à main.
Les deux amis sortirent de la pièce, Charlie referma la porte derrière lui puis ils regardèrent autour d'eux si quelqu'un regardait dans leur direction. Seulement trois ou quatre patients étaient installés dans le petit salon, occupés à bavarder et à regarder la télévision. Ils profitèrent qu'il n'y ait personne pour se diriger vers la porte d'entrée de l'institut. Les deux sorciers marchèrent à vive allure, souhaitant ne pas courir pour ne pas paraître suspects mais avancer quand même assez rapidement pour être partis avant que quelqu'un n'arrive à l'accueil.
Dès l'instant où ils sortirent de l'hôpital, Charlie se mit à courir et Peter le suivit à la même vitesse, ne sachant pas où il avait garé la voiture. Il n'avait pas stationné sur le parking de l'institut mais à quelques kilomètres dans la forêt qui bordait le bâtiment. Lorsqu'ils arrivèrent à la Chevrolet, Charlie fouilla dans ses poches, cherchant la clé du véhicule qu'il lança par la suite à son ami.
— Ashley ! s'exclama Peter sur le point de déverrouiller les portières.
— Qu'est-ce qu'il y a ? s'étonna Charlie.
— On ne peut pas la laisser ici, lui expliqua-t-il.
— Quoi ? Elle est ici ? s'ébahit le sorcier à lunettes.
Peter ne répondit, rangea les clés dans son sac à dos et se mit à courir de nouveau vers l'institut psychiatrique Peterson.
— Peter ! Nous ne pouvons pas retourner à l'intérieur, nous allons nous faire prendre, cria Charlie à son ami qui courait.
Peter ne lui répondit toujours pas. Terrorisé à l'idée de retourner à l'intérieur alors qu'il n'en n'avait pas l'autorisation, Charlie se mit à courir à son tour, rejoignant son ami derrière le bâtiment. Ils avancèrent normalement, essayant de ressembler à des résidents de l'institut aux yeux des patients se trouvant dans le parc. Connaissant mieux les lieux que Charlie, Peter avança devant lui avant de s'arrêter près d'une porte se trouvant à l'arrière du bâtiment.
— Nous allons rentrer par ici, avoua Peter à son ami en pointant la porte du doigt.
Il s'agissait d'une petite porte qui contenait une fenêtre afin d'éclairer l'intérieur. Charlie s'avança discrètement, jetant des coups d'œil à l'intérieur de l'hôpital par la fenêtre de la porte. Il put reconnaître une cuisine.
— Tu es fou ! On ne va pas rentrer là-dedans, s'exclama Charlie.
— Nous avons plus de chance de ne pas nous faire repérer que si nous entrons par la grande porte, lui expliqua Peter.
— Je sais bien... mais il est possible qu'il y ait du personnel qui nous repère, qui nous voit, s'inquiéta le jeune garçon à lunettes.
— Je... je dois avoir ma cape... ne t'en fais pas, répondit Peter en fouillant dans son sac à dos.
Il en ressortit quelques minutes plus tard, une cape de son sac qu'il remit immédiatement sur son dos. Il regarda autour de lui et comme personne ne se trouvait dans les parages il fit signe à Charlie de s'approcher de lui. Puis, il souleva la cape et les deux amis se glissèrent dessous. Cachés sous la cape, personne ne pouvait les voir, ils étaient devenus invisibles.
— Je marche devant, suis moi en marchant sans faire de bruit, chuchota Peter à son ami.
Charlie acquiesça d'un signe de tête puis Peter commença à avancer jusqu'à la porte de la cuisine. Malgré la cape, Peter mit sa main sur la poignée avec frayeur. Il espérait, tout comme Charlie, que la porte serait ouverte, que personne ne se trouverait de l'autre côté et que si quelqu'un était présent dans la cuisine, il ne remarquerait pas la porte qui s'ouvre « toute seule ».
La porte s'ouvrit et, sans un bruit, ils rentrèrent à l'intérieur de l'institut, la refermant derrière eux. Ils n'aperçurent personne. Peter s'en douter vu l'heure qu'il était et c'est pour cela qu'il avait décidé de rentrer par la cuisine. Toujours sans un bruit, ils avancèrent dans la pièce silencieuse. Des plans de travail, des gazinières et des hottes étaient installés contre les murs ainsi qu'au milieu de la cuisine. Ils la traversèrent toujours sans le moindre bruit, espérant que personne ne rentrerait à l'intérieur et se douterait de leur présence. Peter poussa le plus silencieusement possible la porte battante qui menait au réfectoire. Ils eurent encore de la chance. Personne n'était présent, même pas la femme de ménage qui nettoierait avant l'heure du repas du midi. Ils traversèrent à la même vitesse la grande salle du réfectoire. Peter reconnut la table, au milieu de la salle, où des garçons s'étaient moqués de lui, ce qui avait provoqué une bagarre et la raison de son isolement. Il aurait voulu l'expliquer à son ami afin qu'il comprenne enfin la raison de son isolement mais ce n'était pas le moment, ils devaient retrouver Ashley et sortir de cet endroit au plus vite. Ils sortirent du réfectoire, toujours Peter en tête avant de jeter un regard au petit salon mais comme elle ne s'y trouvait pas, ils se dirigèrent vers l'accueil. La secrétaire était installée derrière le comptoir pour travailler à son ordinateur.
Il fallait que les adolescents réussissent à la faire partir de son poste de travail pour consulter l'ordinateur et retrouver le numéro de la chambre d'Ashley. Peter jeta un regard vers l'ordinateur et le pointa du doigt. Charlie comprit aussitôt que son ami souhaitait l'utiliser. Le jeune homme fit signe à son ami d'avancer et il marcha alors en tête en direction de l'accueil. La secrétaire, toujours les yeux rivés sur son écran, ne broncha pas et ne bougea pas d'un seul centimètre alors que les deux amis se dirigeaient dans sa direction. Juste devant le comptoir de l'accueil, Charlie profita qu'elle soit occupée à travailler pour sortir le plus discrètement possible le bout de sa baguette magique de la cape d'invisibilité.
— Surditas, chuchota-il sa baguette pointée vers la secrétaire d'accueil.
Il regarda Peter avec un sourire, content et fier de lui. Peter lui répondit également avec un sourire. D'un seul coup, ils purent apercevoir la femme se toucher les oreilles et de les recouvrir avec ses mains comme si elle ne voulait entendre aucun son. Charlie venait de lui provoquer un bourdonnement insupportable dont elle ne pouvait pas déterminer l'origine.
Quelques instants après, elle quitta son poste, les mains toujours au niveau de ses oreilles, sûrement pour rejoindre les toilettes. Heureux que son ami ait réussi à lui faire quitter l'accueil, Peter leva son pouce pour lui faire comprendre sa joie qu'il ressentait sans un bruit. Des patients étaient constamment présents dans le petit salon, ils ne devaient donc toujours pas provoquer le moindre petit bruit. Une boule dans le ventre de peur que la secrétaire ne reprenne son poste plus rapidement que prévu, ils s'avancèrent jusqu'à l'ordinateur juste avant que Peter n'attrape la souris et ne recherche le numéro de la chambre d'Ashley sur un logiciel. Tandis que Peter effectuait les recherches, Charlie surveillait les alentours afin de prévenir son ami sur le retour de la secrétaire ou sur l'arrivée d'un autre membre du personnel. Ne connaissant pas le nom de famille de la jeune fille, Peter dû examiner la liste entière de tous les pensionnaires de l'institut. Une dizaine de minutes plus tard, alors qu'il observait encore la liste, il sentit des coups de coudes derrière lui. C'était Charlie.
— Dépêche-toi, elle revient, lui ordonna Charlie tout en chuchotant.
— Oui je me dépêche, attends encore quelques secondes, lui répondit-il en faisant toujours défiler la liste à l'aide de la souris.
Charlie jeta un rapide coup d'œil à son ami avant de surveiller de nouveau la femme qui arrivait à grand pas vers l'accueil. Elle n'avait plus les mains sur les oreilles, ne devant plus avoir de bourdonnements et de douleurs. Le sorcier à lunettes donna de nouveau des coups de coudes à son ami afin de lui faire comprendre qu'ils ne pouvaient plus rester ici, à moins de se faire remarquer malgré la cape. Peter ferma le logiciel le plus rapidement possible à l'instant où la femme franchit la porte du comptoir de l'accueil pour pénétrer de l'autre côté. Ils s'éloignèrent silencieusement, laissant la place à la secrétaire. Peter fut soulagé d'avoir pu fermer le logiciel juste à temps et d'avoir laissé la place à la secrétaire sans qu'elle ne doute de quelque chose. Ils attendirent qu'elle soit de nouveau concentrée sur son ordinateur pour s'éloigner de l'accueil. Peter marcha devant en direction des escaliers qui menaient aux différentes chambres.
— Numéro quarante-six, la chambre est le numéro quarante-six, expliqua Peter à Charlie, à voix basse alors qu'ils étaient arrêtés dans les escaliers comme il n'y avait personne.
— Tu as réussi à trouver le numéro ? s'étonna-t-il sur le même ton que lui.
— Oui, j'ai vu une Ashley dans la liste et dans les informations la concernant il y avait sa date de naissance qui correspond à l'âge qu'elle doit avoir, j'en ai déduit qu'il s'agit d'elle, de toute façon je n'ai pas vu d'autres Ashley sur le logiciel, ajouta Peter.
Un jeune homme qu'ils ne connaissaient pas, sûrement un pensionnaire, monta les escaliers. Ils ne dirent aucuns mots et attendirent que l'escalier soit de nouveau désert pour rejoindre le couloir destiné aux filles. Ils avancèrent toujours sans le moindre bruit possible, dans le couloir du premier étage tout en cherchant la chambre qui contenait le numéro quarante-six. Peter était paniqué tout comme Charlie. Ils n'avaient pas envie que quelqu'un ne se doute de leur présence ou de ne pas réussir à retrouver Ashley pour la faire sortir de cet abominable endroit. Ils marchaient le long du couloir, étonnés du numéro de la chambre puisque que la première contenait le numéro un et les autres numéros se suivaient. Espérant ne pas s'être trompé avec la précipitation, Peter avançait, son ami toujours derrière lui.
Au fond du couloir, une autre allée tournait vers la droite, menant à d'autres chambres. Comme le dernier numéro qu'ils purent lire au bout du couloir était le trente-cinq, ils pénétrèrent sur la droite. Aucun bruit n'était présent et cela les rassurait. Cela signifiait que personne ne se trouvait dans les parages. A l'instant où ils reconnurent le numéro quarante-six affiché sur la porte en bois de la chambre, comme toutes celles de l'institut psychiatrique Peterson, Peter mit sa main sur la poignée, espérant que la porte ne serait pas verrouillée. Ils eurent de la chance. Comme Ashley était pensionnaire dans l'hôpital, la chambre était ouverte. Ils s'introduisirent à l'intérieur et Charlie la referma derrière eux. La chambre était vide, Ashley ne s'y trouvait pas.
Tranquille, ils retirèrent la cape qui les avait cachés jusque-là.
— On va attendre qu'elle revienne dans la chambre, suggéra Peter en rangeant la cape dans son sac à dos.
— Attends, tu n'as pas une meilleure idée ? Imagine qu'elle ne revienne que pour dormir parce qu'elle a des rendez-vous avec des médecins ou qu'elle se promène ou je ne sais pas quoi, s'inquiéta Charlie.
— C'est tellement grand ici que nous aurions du mal à la retrouver surtout si ne voulons pas nous faire repérer, lui expliqua son ami.
Désespéré de devoir attendre, le garçon à lunettes s'assit sur le lit et Peter fit de même. La poignée de la porte se mit à bouger une trentaine de minutes plus tard. Ils espéraient tous les deux qu'il s'agissait bien d'Ashley et pas d'un autre pensionnaire parce qu'ils s'étaient trompés de chambre ou un membre du personnel qui viendrait faire du ménage ou changer les draps du lit. Soulagé, Peter se leva du lit une place sur lequel il s'était installé pour patienter.
— Qu'est-ce que vous faites ici ? s'abasourdit Ashley, refermant la porte derrière elle.
— Nous sommes venus te chercher, tu ne vas pas quand même pas rester ici, s'empressa de répondre Peter.
— Comment est-ce que vous avez fait pour trouver ma chambre et comment est-ce que tu as fait pour rentrer ? questionna la jeune fille en tournant la tête vers Charlie toujours assit sur le lit.
Peter se dirigea vers la porte.
— Nous t'expliquerons plus tard, nous devons partir au plus vite, répondit Peter.
— La cape ? Je ne veux pas que quelqu'un nous repère, expliqua Charlie.
Peter la sortit de son sac à dos et la jeta à son ami qui la récupéra aussitôt.
— Nous ne pourrons pas nous cacher tous les trois dessous, prend la pour toi comme tu n'es pas pensionnaire ici, lui avoua Peter.
Le jeune homme à lunettes l'enfila puis il devint invisible. A présent, personne ne pouvait savoir où il se trouvait.
— C'est vraiment sympa de m'aider à sortir d'ici, surtout que je n'ai aucune raison d'être enfermée dans cet endroit pourri, expliqua la jeune fille blonde.
— Oui, je comprends pour moi c'est exactement la même chose mais nous ne devons pas traîner si nous ne voulons pas avoir de problèmes, ajouta Peter en ouvrant discrètement la porte, surveillant si quelqu'un était présent dans le couloir.
L'allée était silencieuse, aucun individu n'y était présent. Les patients devaient sûrement assister à des rendez-vous médicaux ou comme un soleil radieux éclairait le ciel ils se promenaient certainement dans la cour de l'institut. Ils sortirent chacun leur tour de la chambre avant que Charlie ne referme la porte derrière lui. A cause de la cape d'invisibilité, Peter et Ashley avaient comme l'impression que la porte bougeait toute seule mais ils étaient conscients que ce n'était pas le cas. Peter avança le plus silencieusement possible, il s'agissait du couloir destiné aux filles et il n'avait pas l'autorisation de s'y rendre. Lorsqu'ils empruntèrent l'escalier pour descendre jusqu'au hall d'entrée de l'hôpital, Peter et Ashley marchaient le plus décontracté possible, comme si de rien n'était et qu'ils se promenaient seulement dans les lieux à leurs heures perdues. Un coup de stress les envahit tous les trois à l'instant où ils descendirent la dernière marche. Des médecins dont le docteur Douglas qu'avait rencontré Peter ainsi que des gardiens et d'autres membres du personnel se trouvaient là, devant le comptoir de l'accueil. Peter reconnut également la jeune fille aux cheveux courts qu'il avait entendu au téléphone après son rendez-vous avec le psychologue Douglas. Les trois adolescents restèrent immobiles en bas des escaliers, ne sachant pas s'ils pouvaient traverser le hall d'entrée malgré leur présence.
Mais Peter comprit assez rapidement qu'ils ne pouvaient pas rester ici et qu'ils ne pouvaient surtout pas franchir le hall. Le personnel devait avoir constaté qu'il n'était plus présent dans sa cellule, en isolement. Il ne voulait pas risquer de se faire prendre, de devoir y retourner et qu'Ashley y soit renfermée aussi pour complicité car elle l'aurait aidé à s'enfuir. Alors qu'Ashley et Peter remontèrent les escaliers pour se cacher de nouveau dans la chambre de la jeune fille et pour réfléchir à un plan, Charlie se dirigea vers le réfectoire, toujours caché sous la cape. Le self n'était pas situé très loin des escaliers qui menaient aux dortoirs. Comme l'heure du repas approchait à grands pas, une femme de ménage était présente. Elle nettoyait les différentes tables mais Charlie ne fit pas attention à elle, y sortit sa baguette magique qu'il pointa vers une table et chuchota « Lumina posuit ». La table prit feu dès l'instant où il eut prononcé ces quelques mots. La femme de ménage leva la tête et s'agita dans tous les sens, ne sachant pas comment s'y prendre.
— A l'aide, au secours, il y a du feu, un incendie, cria-t-elle paniquée.
Le feu se propagea d'une table à l'autre tandis que la femme récupéra son seau d'eau dont elle se servait pour faire le ménage pour y jeter le contenu et d'essayer de l'éteindre. Satisfait, Charlie se dépêcha de monter à nouveau les escaliers, toujours caché grâce à la cape, pour y rejoindre la chambre de la jeune fille, espérant les retrouver. Alors qu'il montait les marches, il entendit de l'agitation au rez-de-chaussée. Des gens hurlaient tandis que d'autres couraient dans tous les sens. Avant d'accéder à la chambre, il appuya sur le bouton de l'alarme incendie se trouvant à l'entrée du couloir. Il espérait que tout le personnel descendrait au réfectoire et qu'ils pourraient sortir plus tranquillement.
— Nous vous demandons de bien vouloir garder votre calme et de rejoindre les sorties les plus proches, les surveillants viendront vous aider à sortir, retentit une voix masculine des haut-parleurs alors que l'alarme hurlait dans tout l'institut.
Charlie pouvait entendre des gens courir à tous les étages ainsi que dans les escaliers, devant paniquer. Des pensionnaires criaient dans tous les sens. Le garçon à lunettes put apercevoir des patientes sortir de leur chambre, certaines encore en pyjamas alors que l'heure du repas du midi était proche. Des hurlements de paniques résonnaient dans tout l'établissement. Il se précipita vers la porte quarante-six, ne faisant pas attention aux regards des patientes pour rentrer dans la chambre, se disant qu'elles devaient avoir des troubles mentaux et ne feraient pas attention à la porte ou bien qu'elles ne se souviendraient pas de ce qu'elles auraient pu voir à cause de la panique et de l'agitation. Il referma la porte derrière lui et retira la cape avant de remarquer de la stupeur sur le visage de Peter, debout avec Ashley au milieu de la pièce.
— C'est moi, rassura Charlie, j'ai provoqué un petit incendie et allumé l'alarme, comme le personnel est distrait par le feu dans le réfectoire nous pouvons sortir plus facilement.
— N'oublie pas qu'il y a les surveillants qui se promènent dans les couloirs pour essayer de faire sortir les patients, ajouta Ashley.
— Je sais bien mais nous pouvons passer inaperçus, sachant qu'ils les font sortir dehors, répondit Charlie.
— Ne perdons pas de temps alors, s'exclama Peter se dirigeant vers la porte.
Charlie renfila la cape puis ils sortirent de nouveau de la chambre. Paniquée, une patiente se roulait sur le sol. Peter aurait bien voulu l'aider à sortir du bâtiment mais ce n'était pas le moment s'il ne voulait pas avoir d'ennui surtout qu'il s'était échappé d'isolement. Ils descendirent les marches quatre à quatre et aperçurent une énorme agitation près du self-service. Des membres du personnel essayaient d'éteindre les flammes grâce à des seaux d'eau, tandis que d'autres faisaient sortir les pensionnaires dans la petite cour. Ils purent également entendre la secrétaire demander de l'aide au téléphone. Elle devait sûrement téléphoner aux pompiers. Charlie jeta un coup d'œil à l'intérieur du réfectoire et s'aperçut que l'incendie qu'il avait provoqué s'était sans aucun doute agrandit et propagé dans toute la pièce. Les adolescents se mélangèrent aux autres patients de tous âges pour sortir dans la cour de l'institut psychiatrique.
Une fois à l'extérieur, ils jetèrent des coups d'œil autour d'eux, espérant ne pas repérer de surveillants ou de tout autre personnel qui aideraient les pensionnaires. Une femme en blouse blanche s'avança vers eux. Paniqués, Ashley et Peter penchèrent la tête en avant, essayant de ne pas se faire remarquer. Ils avancèrent avec les autres pour ne pas paraître suspects. Ils eurent de la chance, la femme resta près de la porte qui menait vers le petit salon pour faire sortir les pensionnaires. Lorsqu'il n'y eut plus aucun membre de l'hôpital dans les alentours, ils s'éloignèrent du groupe en marche rapide, contournant le bâtiment pour rejoindre l'avant.
Dès l'instant où ils arrivèrent au niveau de la porte principal de l'institut, ils se mirent à courir à toute vitesse en direction de la Chevrolet. Charlie, caché sous la cape avait de la chance, il était sûr et certain de ne pas se faire repérer. Quant à Peter et Ashley, ils stressaient, ne voulant pas se faire démasquer à cause du bruit qu'ils pouvaient provoquer en courant. Charlie retira la cape d'invisibilité qu'il redonna à son ami, quelques minutes plus tard, lorsqu'ils atteignirent le véhicule. Même de là où ils étaient garés, les adolescents pouvaient entendre le son de l'alarme et entendre très brièvement la voix masculine qui retentissait dans l'hôpital sans comprendre ce qu'elle disait aux vues de la distance.
— Je vous remercie de m'avoir aidé, c'était juste un cauchemar à l'intérieur, leur dit la jeune fille blonde.
— C'est normal, tu m'as bien déjà aidé l'autre jour avec le Kanima, expliqua Peter en recherchant ses clés dans son sac à dos.
— Nous ne devons pas traîner ici si nous devons retrouver Emma, s'exclama le jeune sorcier à lunette.
Ashley jeta un coup d'œil à Peter qui venait de trouver les clés.
— Emma ? Je vous accompagne, déclara Ashley.
— Il n'en est pas question, je ne veux pas que tu risques ta vie encore une fois, s'énerva Peter.
— Elle sera en danger toute seule, elle ne pourra pas partir bien loin, quelqu'un finira par la retrouver et l'envoyer de nouveau dans ce fichu endroit et nous l'aurions libéré pour rien, expliqua Charlie.
Peter ouvrit le véhicule du côté conducteur.
— Je sais bien mais nous ne pouvons pas rester avec elle, elle aura encore des ennuis à cause de nous, surtout à cause de moi, ajouta Peter.
Il ouvrit la porte arrière et y posa son sac à dos sur le siège.
— Je t'ai aidé plus d'une fois et je sais que tu as besoin de mon aide, j'ai des pouvoirs que tu n'as pas, se défendit Ashley.
— Elle a raison, lui fit remarquer le jeune homme à lunettes.
— Bon très bien, qu'elle nous accompagne, finit par déclarer Peter.
Il sortit la mèche du bocal et utilisa la dernière goutte de potion de localisation qu'il leur restait.
— Dernière goutte, s'exclama Peter en la versant sur la mèche de cheveux.
— J'espère que nous n'en auront plus besoin, s'inquiéta Charlie en montant dans la Chevrolet à l'avant, du côté passager.
Ashley monta à son tour à l'arrière du véhiculepuis Peter rangea le bocal avant de s'installer à la place du conducteur et de démarrer.
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