Chapitre XXII : Les Éclaireurs

- Celui-ci est un Numéro trois, dit Annastasya.

- Exact, confirma Ephraïm avec un sourire en coin. Tu apprends vite, Poupée.

La jeune fille lui lança un regard noir sans conviction. Depuis quelques temps déjà, le frère de Jazz avait prit l'habitude de s'appeller ainsi. Elle était lasse d'essayer de l'en dissuader.

C'était mardi et il essayait de faire un cours résumé de démonologie pour elle et Cyrus. Les autres étaient bien sûr bien avancés sur le sujet, comme en témoignaient les commentaires de Floriel. Sur un tableau, avec des exemplaires de Types de Démons, Ephraïm leur apprenait les différentes sortes de démons et leurs niveaux. Les Numéro quatre et trois étaient les moins dangereux comme les goules et autres dont les noms lui échappaient - même si Annastasya ne qualifierait pas les créatures qu'elle voyait dans le livre de "moins dangereux " . Les Numéro deux, des démons ailés dont la plupart crachaient du feu. Floriel ajouta qu'il était très rare de les voir. Les Numéro un, eux, étaient intelligents, capables de réfléchir et donc plus dangereux. Il y en avait bien d'autres, mais il y avait peu de chances qu'il rencontrent cette catégorie-là, disait Ephraïm. Annastasya ne savait pas si elle devait se sentir rassurer. En tout les cas, les illustrations qu'elle voyait dans le livres ne lui disaient rien qui vaille.

Enfin bon, personne ne l'avait obligé à accepter d'intégrer la Division des Éclaireurs. Et puis, toujours d'après Ephraïm, en temps que sorcière, son rôle consistait en premier lieu à fermer le portail dimensionnel et autant dire que ce n'était pas gagner. Elle avait beau s'entrainer avec Floriel et Callum, elle arrivait à peine à condenser son aura plus d'une minute, pas assez pour jeter convenablement un sort aussi puissant. Elle espérait fortement que sa première mission ne serait pas pour les quelques jours à venir.

- Avec un peu de chance, tu auras l'occasion de faire connaissance avec l'une de ces bestioles, plaisanta Ephraïm en souriant.

- Beurk, fit Jazz en grimaçant. C'est sûrement ce que tu dira la première fois, mais cela passera avec le temps. On s'y habitue.

- Parle pour toi, marmonna Kallhan en frissonnant. Je hais ces choses.

- Ne t'inquiète pas, Jolie Kallhan. Tu ne participeras pas à la prochaine mission, annonça Ephraïm.

Kallhan se redressa vivement.

- Quoi ? Pour quelle raison ?

- Tu n'es pas encore assez remise, expliqua Callum d'une voix ferme , assit au fond de la salle.

- Je me sens parfaitement bien, contesta la jumelle de Priam.

Annastasya la considéra et fronça les sourcils. Kallhan qui était mince naturellement semblait plus frêle que d'ordinaire. Elle était plus pâle aussi et flottait presque dans ses vêtements. Non, elle n'allait pas bien du tout.

- Kal, tu sais bien que le traitement met du temps à agir, tempera son frère. Tu devrais te reposer.

- Je vous dis que je vais très bien ! ( elle se tourna vers Callum avec un regard implorant.) Dis-leur, toi, que je bien.

Annastasya haussa un sourcil. Où était donc passé le vouvoiement ? Ils se regardèrent quelques instants dans un silence gênant.

- Tu n'es pas en état, Kallhan, dit finalement Callum, la voix blanche.

La jeune mage d'eau lui lança un regard trahit avant de sortir de la salle en claquant la porte.

- Hé bien, cela s'est plutôt bien passé, commenta Ephraïm avec ironie.

Avec un grognement, Callum se dirigea à grandes enjambées vers la porte, sortit et la claqua. Un nouveau silence tendu tomba sur la pièce, et même Ephraïm ne fit aucun commentaire. Annastasya, elle, était perplexe.

- Nous devrions aborder les différentes manières de tuer un démon, dit Floriel dans une tentative d'alléger, si on voulait, l'atmosphère.

- Excellente idée, s'enthousiasma Ephraïm en se tournant vers eux. Les démons ont tous des points faibles différents, selon leur espèce. Cependant, ils succombent tous à certaines attaques. Le feu, par exemple.

Annastasya hocha la tête, même si elle ne voyait pas trop comment elle pouvait avoir du feu sur elle dans un combat. Cela ne devait être qu'une initiative propre aux mages de feu.

- La décapitation.

En entendant cette voix grave et froide prononcer ses mots, elle ne pût s'empêcher de frissonner. Ils se tournèrent tous pour dévisager Keenon. Il était assit, les jambes étendues sur la table devant lui, ses cheveux sombres désordonnés encadraient son visage à la beauté sombre. A voir sa posture désinvolte, on avait du mal à deviner que c'était lui qui venait de proposer cette mort horrible, même pour un démon.

- Cela marche aussi, répondit Ephraïm en haussant les épaules.

- C'est clair, ajouta Priam, les bras croisés derrière la tête. Peut importe l'espèce.

- Et une dague dans le coeur ? hasarda Annastasya.

Ephraïm rit.

- Ha non, ça, c'est pour les vampires. ( il hocha le menton à l'intention de Keenon avec un sourire narquois.) Tu pourras l'essayer sur lui s'il tente quoi que ce soit.

L'intéressé ricana avec mépris.

- Il n'y a aucune chance, siffla-t-il.

Bien qu'elle sentit son regard lui brûler le dos, la jeune fille ne se retourna pas.

- Je ne m'intéresse pas aux petites filles.

Les points serrés, Annastasya essaya de résister à la tentation de lui répondre. La colère lui colora les joues. Petite fille... Ces mots lui flottèrent dans l'esprit comme s'il les lui avait chuchoté inlassablement à l'oreille. Brusquement, elle fit volte-face.

- Je ne suis pas une petite fille, articula-t-elle, les dents serrées.

Le regard impénétrable, il se pencha en avant.

- Ha oui ? fit-il machinalement alors que ses yeux l'observaient de haut en bas. Hum...

Lorsque leurs yeux se rencontrèrent, ils se défièrent. Ceux de la jeune fille jetaient des éclairs tandis que les siens exprimaient une émotion qu'elle n'arrivait pas à déchiffrer. La tension crépita entre eux et elle eut l'impression qu'ils étaient seuls. Son regard pénétrant lui donna la sensation que Keenon voyait à travers elle, qu'il voyait son âme à nue. Cela la troubla intensément.

- Waouh, souffla quelqu'un et cela suffit à rompre le charme.

Annastasya se détourna, le souffle haché.

- Hé bien, s'exclama Ephraïm. Si je m'attendais à ce qu'il y ait ce... truc entre vous...

- Il n'y a rien du tout entre nous, trancha-t-elle d'un ton caustique, consciente des yeux de feu braqués sur elle.

- Pourtant..., commença à nouveau Ephraïm avec un sourire lorsque la porte s'ouvrit, soulageant la princesse d'un commentaire désobligeant.

Nakessa entra d'une démarche chaloupée, vêtue élégamment comme à l'accoutumée. Ses mèches auburns avaient été nattées pour former une couronne sur sa tête. Cela faisait quelques semaines qu'elle ne participait pas aux cours, sûrement à cause de ses obligations de princesse héritière. En tout les cas, avec son sourire éclatant, elle n'avait pas l'air d'en souffrir.

- Votre Altesse, fit Ephraïm. Vous nous faîtes enfin profiter de votre présence.

Nakessa haussa négligemment une épaule.

- Que veux-tu ? Je savais que vous étiez malheureux sans moi. ( elle marcha jusqu'à la place de Keenon et se pencha vers lui. ) Je t'ai manqué ?

Sans lui laisser le temps de répondre, elle plaqua sa bouche sur la sienne. Annastasya aurait dû détourner les yeux, elle le savait, mais n'en fit rien. Ce qu'il se passait sous ses yeux la fascinait et la révulsait à la fois. Elle ressentait encore une fois ce sentiment que lui inspirait toujours Nakessa : la jalousie. Elle enviait Nakessa et aurait voulut prendre sa place, là maintenant surtout que le regard de Keenon ne l'avait pas quitté. Comme s'il la narguait. Avec difficulté, elle força ses yeux à se poser ailleurs que sur eux.

- Voyons, Nakessa ! fit Floriel d'un ton indigné. Ce ne sont pas des manières pour une jeune fille et encore moins une princesse.

Nakessa se détacha du jeune homme qui affichait une mine complètement ennuyé en levant les yeux au ciel.

- Je t'en prie, épargne-moi ton sermon. Ce n'est comme si nous avions...

A nouveau, les porte s'ouvrirent dans un grincement agaçant. Un jeune homme entra, affolé. Il était habillé d'un uniforme rouge sombre qu'Annastasya avait déjà vu sur Ephraïm. Il se présenta devant se dernier en se mettant au garde-à-vous.

- Capitaine Sanderbolt, le QG m'envoie vous signaler un cas de Code jaune.

Ephraïm se crispa et la tension imprégna ses épaules. Les yeux plissés, il les étudia un à un avant de répondre.

- Aller prévenir Perhaps et dites-lui de nous rejoindre au QG.

- A vos ordres !

Il sortit au pas de charge.

- He bien, on dirait que votre premier tête-à-tête avec les démons va commencer plutôt que prévu.

Annastasya sentit son ventre se noué. À voir son sourire, l'on pourrait penser que c'était une bonne nouvelle. Jetant un coup d'œil à Cyrus, elle se rendit compte qu'il la regardait. Il n'avait toujours pas l'air de vouloir qu'elle participe à cette mission.

- Tu ne vas quand même pas les inclure dans l'équipe pour cette mission ? lança Keenon qui s'était levé de son siège. Ils ne sont pas suffisamment entraînés, ils nous ralentiraient.

Ephraïm haussa les épaules.

- Ils apprendront sur le terrain.

- Si je puis me permettre, intervint Floriel d'un ton hésitant. Ne serait-il pas mieux que Cyrus et Annastasya n'interviennent pas cette fois-ci ? Annastasya n'est pas très au point pour les sorts. Sans vouloir t'offenser, lança-t-elle à l'intention de la princesse.

Celle-ci secoua négativement la tête.

- Exactement, enchérit Keenon en avançant vers le frère de Jazz. ( il désigna Cyrus du doigt.) Il peut se faire bouffer, je n'en ai rien à faire. Par contre la fille, elle, pourrait tous ficher en l'air avec son incapacité à produire de la magie. Crois-moi, nous n'avons pas besoin d'elle.

Annastasya qui n'avait pas encore oublié la colère qu'elle ressentait vis-à-vis de lui ne pût se retenir de rétorquer. Elle se leva, le menton dressé.

- Je ne suis peut-être pas aussi arrogante et prétentieuse que toi,  mais je ne suis pas une incapable, espèce de suceur de sang. Et, si je ne m'abuse, ce n'est pas à toi de décider si oui ou non je peux participer à cette mission.

Le jeune homme lui décocha un sourire goguenard, mais ne dit rien.

- En effet, confirma Ephraïm, je suis le capitaine de cette équipe et je pense que vous ne serez jamais assez prêts. Il faut bien une première fois à tous, non ? Allez venez.

Il se dirigea vers la sortie et les autres le suivirent. Annastasya se tourna vers Jazz qui marchait à ses côtés. Elle avait attaché ses cheveux en une queue de cheval touffue et les bracelets qu'elle portait aux poignets tintaient à chacun de ses mouvements. Quand elle remarqua qu'elle la regardait, Jazz lui offrit un sourire qui fit pétiller ses yeux verts. Annastasya essaya de le lui rendre, mais ne réussit qu'à grimacer.

- Quand ton frère dit qu'il est le capitaine de cette équipe, cela veut-il dit qu'il y en a d'autres ?

- Évidemment. Il doit y en avoir au moins trois autres, hormis la notre. Mais notre équipe est celle que l'on appelle en cas d'urgence étant donné qu'elle est la seule à comporter à la fois des sorciers, des lycanthropes et un vampire.

Par dessus son épaule, elle jeta un regard à Cyrus qui leva les sourcils.

- Et maintenant, nous avons un mage qui maitrise la foudre.

- Plus ou moins, marmonna l'intéressé, les joues légèrement rosies.

Ils longèrent les couloirs, sortirent du château par la porte de derrière puis contournèrent le jardin pour déboucher sur les écuries. Il y avait un large enclos où quelques chevaux broutaient paisiblement l'herbe fraîche. Annastasya regarda autour d'elle, cherchant un quelconque bâtiment qui pouvait faire office de QG pour les Éclaireurs, en vain. À son grand étonnement, Ephraïm, qui était en tête de leur petit groupe, s'engouffra dans les écuries d'un pas décidé. Les autres lui emboîtèrent le pas et elle n'eut d'autre choix que d'en faire autant. L'endroit puait le foin et le crottin de cheval. Le frère de Jazz ouvrit une porte au fond de la pièce et s'engouffra dans un escalier étroit qui descendait. Cyrus qui fermait la marche ferma la porte et ils se retrouvèrent dans l'obscurité totale. Seul le bruit de leurs pas et de leur respiration troublait le silence.

Enfin, après des minutes de marche, de la lumière apparue au bout du chemin. L'escalier donnait sur un couloir creusé à même la roche. Des torches fixées aux murs distillaient leurs flammes jaunes.

- Elles correspondent aux codes d'urgence, expliqua Jazz en se penchant vers elle.

Les lueurs jaunes donnaient à sa peau foncée une couleur effrayante. Quand à ses yeux, ils étaient plus lumineux que jamais.

- Que signifie ces codes ? demanda Annastasya.

- Ils permettent de mesurer la gravité de la situation à Ombreford, répondit Floriel qui marchait devant elle. Il y en a quatre : le vert, le jaune, l'orange et le rouge. Le premier désigne une situation routinière. Le jaune est utilisé pour les cas inhabituel où il y a plus de démons et qu'une première équipe a déjà échoué. L'orange signale la présence de démons puissants et le rouge... Une invasion.

Annastasya sentit un frisson remonté le long de sa colonne vertébrale. Elle n'osait pas imaginer ce que cela pouvait signifier.

- Avez-vous déjà eu un code rouge ?

- Non, heureusement, dit Jazz avec une grimace. Ce serrait l'enfer.

Au bout du couloir étaient postés deux gardes en tenue rouge sombre. Quand ils aperçurent Ephraïm, ils abattirent leur poing sur leur torse avant de leur ouvrir la porte derrière eux. Elle donnait sur une large pièce circulaire grouillante de monde. Des blessés étaient allongés sur des paillasses disposées le long du mur et gémissaient de douleur tandis que des guérisseurs s'affairaient autour d'eux. Ses yeux se posèrent sur une femme portant une combinaison pourpre. Une balafre couvrait une partie de son visage et le sang coulait sur le drap blanc de sa couche. À côté d'elle, un homme avait le bras déchiqueté et hurlait pendant que plusieurs guérisseurs essayaient de le maintenir en place.

- Ne regarde pas, lui chuchota Cyrus.

Trop tard. Il régnait une odeur nauséabonde qu'elle reconnue comme étant celle du sang. Partout où elle posait les yeux, elle voyait des visages grimaçant et des blessures toutes horribles. Quand elle vit une jeune homme à peine plus âgé qu'elle dont le torse avait été mis en miettes, Annastasya sentit la nausée la saisir. Était-ce ce qui l'attendait, également ?

Heureusement, elle n'eut pas à supporter ce spectacle plus longtemps : ils quittèrent la pièce pour pénétrer dans une autre plus petite que la précédente. Un lustre suspendu au plafond éclairait la salle comme en plein jour. Il y avait une porte à gauche et un portique fixé au mur du fond. Plusieurs personnes étudiaient des cartes, assemblés autour d'une table longue. Annastasya en reconnu un : le Général Gibson.
Il se redressa quand il les aperçut et les détailla de ses yeux noirs sous ses sourcils broussailleux. Annastasya se sentit toute petite devant cet homme imposant.

Ephraïm s'avança vers lui et le salua, le poing sur le torse.

- Général !

- Capitaine Sanderbolt, vous êtes au courant de la situation, je suppose ? hasarda Gibson de sa voix de stentor.

- Négatif, monsieur. Je sais juste que nous avons un Code jaune.

- En effet, répondit la seule femme du groupe d'un ton grave. L'équipe de Roskin a échoué. Elle a néanmoins localisé un groupement ennemis dans la zone sud d'Ombreford.

Ephraïm fronça les sourcils, l'air ennuyé. Il croisa les bras.

- Voilà qui est inhabituel, marmonna-t-il.

- Raison pour laquelle nous avons fait appelle à vous, dit un autre homme au cheveux grisonnant. Hager, ajouta-t-il à l'attention de la femme, occupez-vous d'eux.

- Suivez-moi, ordonna-t-elle.

Elle les conduisit vers la porte de gauche qui s'ouvrait sur un couloir comportant deux autres portes. Elle indiqua l'une entre elle aux garçons et les filles pénétrèrent dans l'autre pièce. Elle ne comportait rien d'autre que des vêtements dans ce tissu rouge sombre qu'Annastasya voyait beaucoup en ce moment et des armes de toutes sortes accrochées à un pan entier de mur.

- Nous devons nous changer, dit Jazz en commençant à délasser sa tunique.

Voyant que Nakessa et Floriel s'y mettaient, Annastasya entreprit également de se dévêtir. Floriel lui désigna une combinaison rouge sombre, la même que portait presque toutes les femmes qu'elle avait croisé dans le QG. Le tissu était à la fois doux et résistant et surtout très souple. Elle l'enfila et constata que le vêtement était trop grand pour elle. Mais bien vite, la combinaison s'ajusta à sa morphologie et la moula comme une seconde peau.

- Ce tissu est spécialement créé pour nous, depuis machin, annonça Jazz qui avait déjà enfilé sa tenue et se chaussait de bottes coupées dans le même tissu. ( elle en tendit une autre paire à la princesse.) Porte-les vite, je vais te chercher une dague.

Quand elles furent toutes habillées et armées, les quatres jeunes filles sortirent rejoindre les autres. Les garçons étaient déjà là, vêtus d'un pantalon et d'une veste rouge sombre. Priam avait sanglé une arbalète dans son dos et siffla quand elles apparurent.

- Priam, fit Floriel d'un ton désapprobateur.

- Quoi ? demanda-t-il en toute innocence. Je n'ai rien dit.

Cyrus lui donna une petite tape sur l'épaule.

- Tu n'as pas besoin d'ouvrir la bouche pour exprimer ce que tu penses. Mais je pense que tu devrais garder cela pour toi.

- Parfaitement, approuva Jazz. Hormis Nakessa, aucune d'entre nous n'a envie de connaitre le fond de ta pensée.

Nakessa, qui était évidemment ravissante dans sa tenue de combat, haussa négligemment les épaules en secouant sa chevelure auburn. Elle s'avança vers Keenon et lui murmura à l'oreille. Il fronça légèrement les sourcils, mais ses yeux étaient rivés sur Annastasya. Son regard était intense sans toutefois exprimer quelque chose en particulier. Détournant le sien, Annastasya le promena sur son corps musclé qui se devinait sous sa veste. Deux épées dépassant dans son dos, une dague enfoncé dans sa botte constituaient son attirail. Il avait l'air déterminé à exterminer tous les démons qui oseraient se mettre sur son chemin.

- Hé les jeunes, leur cria Ephraïm en leur faisant signe d'approcher.

Tous se rassemblèrent tant bien que mal autour de la table.

- Apparemment, les démons ont envahi cette zone, commença Ephraïm en pointant un endroit sur la carte. Et le portail se trouve ici.

- En plein centre de la zone infestée, observa Callum qui les avait rejoint, l'air pincé. J'ouvrirai un portail qui nous mènera là.

Le général Gibson hocha la tête.

- Il ne vous reste plus que deux heures avant le couché du soleil. Les magiciens rouvrirons le portail à ce moment-là et vous vous replierez, quelques soit la situation, dit-il d'un ton sévère. Compris, Sanderbolt ?

Ephraïm hocha sèchement le chef.

- Bien, conclut Gibson. C'est le moment.

Floriel et Callum s'avancèrent vers l'arche en échangeant des paroles à voix basse. Ephraïm s'approcha d'Annastasya qui se sentait très agitée.

- Ne t'affole pas, d'accord ? Tu n'aurais peut-être pas à affronter de démons aujourd'hui. ( il esquissa un sourire rassurant et lui tendant un bâton qui devait faire la taille de son bras.) Mais je te donne ça au cas où.

- Tu veux que je tue des démons avec ce bout de bois ? demanda la jeune fille en examinant le bâton.

Il était épais et fendu en son milieu comme si l'on avait collé deux morceaux de bois.

- Laisse-moi te montrer comme il marche.

Ephraïm lui prit le bâton et le fit tourné. Aussitôt, des lames, longues et effilées jaillirent des deux extrémités sous le regard ébahi de la princesse. Il refit le même geste et les lames se rétractèrent.

- Il te plait ? Je l'ai fait faire après que tu aies montré une préférence pour les bâtons.

- Je..., commença-t-elle avant de s'interrompre, la gorge nouée. ( elle était émue par ce geste qui signifiait qu'il se préoccupait d'elle.) Merci. Il me plait beaucoup.

Le frère de Jazz lui ébouriffa affectueusement les cheveux puis se détourna pour inviter les autres à se réunir autour de l'arcade où Floriel et Callum s'affairaient. Les mains tendues vers le mur, ils spalmodiaient un sort , les sourcils froncés de concentration. Des halos de lumières vertes s'élevèrent de leur corps pour se rependre sur le mur qui, peu à peu, se mit à onduler et à scintiller de toutes les couleurs.

C'est donc ça, un portail ? pensa Annastasya, l'air émerveillé.

- Bien, fit Ephraïm. Allons-y.






Salut ! Comment ça va ?
Voilà pour le chapitre 22. Alors, quelles sont vos impressions ?

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