Chapitre XVII. : Tensions
Annastasya se promenait dans les couloirs du château, les pensées embrouillées. Elle essayait à tout prix de s'empêcher de penser à sa conversation avec Hilda, mais cela n'était pas aisé. Elle avait passé tout l'après-midi avec les jumeaux et ils avaient constitué une vraie diversion pour elle. Cependant, lorsqu'elle regagna sa chambre la nuit tombée, elle ne pût s'y soustraire. Hilda savait tout ! Non... pas vraiment. Mais ce qu'elle savait était tout de même important... et compromettant. Comment en savait-elle autant sur elle, Annastasya n'en savait rien. La question qu'elle se posait à présent était de savoir combien de temps lui restait-il avant que cette vieille folle ne la dénonce. Elle lui avait dit qu'elle tiendrait sa langue. Par ailleurs, la princesse ne lui faisait pas confiance. Elle pouvait parfois se montrer naïve, mais pas à ce point.
Allongée dans son lit, elle s'était tournée et retournée, se demandant si elle devait en parler ou non à Cyrus. D'un côté, il était plus judicieux de l'en informer afin qu'ils puissent trouver une solution. D'autre part, c'était à cause d'elle qu'il se trouvaient dans cette situation alors il lui incombait de régler cette histoire toute seule.
Finalement, ne trouvant pas le sommeil, elle sortit se promener dans le palais. A présent, elle marchait distraitement dans les longs corridors éclairés par la flamme des torches fixées aux murs. Elle avait quitté l'aile ouest pour visiter le côté est. Elle se trouvait à des étages qui lui étaient inconnus. Aussi, lorsque les cloches sonnèrent, elle fronça les sourcils. Quelle heure était-il ? Un...deux...trois...dix coups. Dix coups ! Annastasya regarda autour d'elle. A quelle étage se trouvait-elle ? C'était l'heure du couvre-feu et si l'on la surprenait en train de roder sans raison valable, elle aurait de sérieux problèmes.
Elle se retourna, descendit des marches puis emprunta un couloir dont les murs étaient couvert d'ombres dansants projetées par les torches. Elle tourna à l'angle et s'arrêta net. Deux gardes marchaient dans sa direction. La jeune fille retint son souffle et commença à reculer, espérant qu'ils ne l'aient pas vu.
- Hey, toi ! l'interpella l'un d'eux.
Annastasya détala. Peut-être n'aurait-elle pas dû s'enfuir ainsi, mais elle ne pouvait plus faire autrement : les gardes la suivaient. Sa fuite était plutôt suspecte, elle ne pouvait plus s'arrêter. L'adolescente espéra qu'ils n'avaient pas vu son visage, ainsi, avec un peu de chance, elle réussirait à leur échapper. Mais les gardes qui étaient plus grands qu'elle réduisaient la distance qui les séparait. Tournant à un autre angle, Annastasya se jeta sur les portes qui se trouvait de par et d'autres du couloir.
Par le Créateur ! pria-t-elle. Faîtes qu'elles s'ouvrent ! Faîte qu'elle s'ouvrent !
Les trois premières ne s'ouvrirent pas. Alors qu'elle désespérait du fait que les gardes se rapprochaient dangereusement, la quatrième céda enfin. La jeune fille grimpa l'escalier en colimaçon qui donnait sur une vaste pièce circulaire. Les paupières closes, elle s'adossa au mur, s'efforçant de calmer son souffle et les battements de son coeur. Des pas se firent entendre, puis des voix.
- Diable ! Il a filé ! s'exclama une voix d'homme essoufflée. L'intrus a filé.
- T'as vu qui c'était ? demanda une autre.
- Sais pas. C'est p't-être un de ces gosse qui n'arrête pas de courir partout. ( il y eut une pause.) Viens ! On va l'attendre dans le hall, au cas où il décide de sortir de son trou.
Puis, ils s'éloignèrent. Annastasya soupira. Elle ouvrit les yeux... et se figea. Ses prunelles s'étaient habituées à l'obscurité et elle voyait presque parfaitement dans la pénombre troublée par les rayons lunaires qui traversaient une petite fenêtre vitrée. Des plantes et des fleurs se dressaient partout dans la pièce circulaire. De petites allées les séparaient les unes des autres. Elle n'en avait jamais vu, mais la jeune fille devina qu'il s'agissait d'un jardin d'intérieur. S'y promenant, elle découvrit des fleurs qu'elle connaissait : des pensées, des roses, des gardénias, des statices, des proteas, des liatris et bien d'autre qui lui étaient inconnues. Un peu plus devant, elle découvrit des fleurs isolées au centre de cette flore. Elles étaient entourées d'un carré de verre protecteur. Annastasya s'en approcha. Les pétales rouges et noires étaient repliées en un bourgeon qui semblait sur le point d'éclore. Leur parfum à la fois musqué et sucré ne laissait aucun doute : il s'agissait de la même fleur qui reposait sur son secrétaire et qu'elle voyait chaque jour.
La jeune fille ne savait toujours pas qui la lui avait envoyé et ce qu'elle signifiait. Annastasya leva la main et s'approcha des bourgeons.
- Je ne ferais pas cela si j'étais toi, retentit une voix.
La princesse se figea. Cette voix. Elle fouilla la serre des yeux. Son coeur s'emballa. Dans le fond le la pièce se détachait une silhouette nonchalamment appuyée contre le mur. Par le faible éclairage des rayons lunaires, elle distingua une chevelure sombre, un visage de marbre et des vêtements noires. Des yeux de la couleur du feu étaient rivés sur elle. Elle en eut le souffle coupé. Keenon se tenait devant elle, plus beau que jamais. Annastasya avait l'impression d'avoir une hallucination. Cela faisait presque deux semaines qu'il avait disparu et le revoilà qui apparaissait comme un mirage.
- Pourquoi ?
Pourquoi as-tu disparut tout ce temps ? Pourquoi ne reviens-tu que maintenant ? Pourquoi ? aurait-elle voulut crier. Mais de quel droit se serait-elle permise de faire cela ? Ils n'étaient rien l'un pour l'autre.
- Ce sont des Osis, elles n'écloront jamais si tu les touches, répondit le jeune homme qui n'avait pas saisit la direction de la question. Et je doute que Callum en soit ravis. Ces fleurs ne poussent que dans un seul endroit et c'est un miracle qu'il ait réussit à en planter ici.
- Sais-tu ce qu'elles signifient ? demanda-t-elle.
Peut-être qu'en sachant ce que représentaient ces fleurs, elle saurait qui la lui avait envoyé. Keenon décroisa les bras en se redressant.
- Ai-je la tête de quelqu'un qui s'intéresser aux fleurs ?
Ha, pensa la jeune fille. Toujours aussi détestable.
Elle pinça les lèvres et croisa les bras sur sa poitrine.
- Je te l'ai demandé parce que tu sembles en savoir beaucoup sur ces fleurs, répondit-elle sur la défensive. Que fais-tu ici, d'ailleurs ?
- Je ne crois pas que tu sois en position de me poser cette question. Je n'ai pas de gardes à mes trousses, moi.
La princesse sentit ses joues rougir. Le regard du jeune homme se fit insistant et elle détourna les yeux. La tête penchée, il la dévisageait avec une intensité qui la fit rougir encore plus. Keenon plissa les yeux puis fit un pas vers elle.
- Comment t'y prends-tu, petite fille ?
Sa voix n'était qu'un murmure à peine audible, comme s'il se parlait à lui-même. Il fit un autre pas. Il avançait lentement comme s'il ne voulait pas la brusquer. Tel un prédateur.
" Promets-le-moi, Anna. Promets-moi de rester loin de lui. Promets-moi de ne pas t'approcher de lui. "
Annastasya entendait presque la voix de Cyrus. Il semblait penser que Keenon était dangereux. Certes, la jeune fille sentait qu'il était fort, cela se voyait dans sa manière de se tenir, de se mouvoir. Cependant, elle était certaine qu'il ne lui ferait jamais de mal. Du moins, physiquement. Ses mots étaient blessant et frustrant.
- Tu es insignifiante, continua-t-il en avançant.
Annastasya recula instinctivement. La curiosité avait disparut de ses yeux, remplacée par la frustration et la colère.
- Je ne suis pas insignifiante.
- Si, tu l'es, siffla-t-il, méprisant. Tu es une non-mage alors tu n'es rien. Insignifiante.
Son visage se colora à nouveau, mais de colère cette fois-ci. Ils étaient séparés de plusieurs mètres, mais elle faisait un pas en arrière chaque fois qu'il en faisait un en avant.
- Je ne suis pas une non-mage, je suis une sorcière.
- Oui, une sorcière. ( soudain, il fut juste devant elle.) Une petite chose fragile qui m'a jeté un sort.
Un sourire froid se dessina sur ses lèvres, dévoilant des dents blanches... Et des canines effilées. Des canines de vampire. Surprise, la princesse recula vivement. Mais son pied se posa dans le vide. Elle ne s'était pas rendue compte qu'elle se tenait devant l'escalier et s'imaginait déjà la nuque brisée sur les marches.
Mais une main s'enroula autour de la sienne. Elle se retrouva plaquée contre Keenon, le visage collé a son torse. Le cœur battant la chamade, elle s'efforça de reprendre son souffle. Le corps de Keenon était ferme et chaud, presque brûlant. Annastasya respira à plein poumons son odeur : il sentait le plein air, comme s'il passait beaucoup de temps dehors. Lentement, la princesse leva les yeux pour croiser le regard du jeune homme. Ses prunelles de feu qui restaient paradoxalement froides d'habitude s'étaient transformées en lave qui la consuma intérieurement. La jeune fille se sentit attirer vers lui comme la dernière fois dans la salle d'entrainement. Elle se pencha un peu plus vers lui, attirée par ses lèvres entrouvertes.
Soudain, elle se retrouva toute seule et chancela. Annastasya dût s'appuyer au mur pour rester debout. La sensation d'avoir été abandonnée lui serra le coeur. Elle regarda partout dans la serre et finit par trouver Keenon. Il s'était replié dans un coin, le plus loin possible d'elle. Il ressemblait à une statue, tant il était tendu. Les yeux fermés, il semblait ne plus respirer. Il avait l'air aussi troublé qu'elle, pourtant lorsqu'il parla, sa voix fut sans expression.
- Vas t'en !
Annastasya resta interdite comme si elle n'avait pas saisit ses mots.
- J'ai dit... Vas t'en ! répéta-t-il d'un ton dur.
Cette fois, elle n'hésita pas une seconde et tourna les talons, le coeur battant encore à vive allure.
Cette nuit-là, la jeune fille trouva difficilement le sommeil. Aussi, lorsque les cloches sonnèrent la huitième heure, elle se réveilla en sursaut. Myra l'aida à s'habiller puis elle regagna la salle d'entrainement aussi vite qu'elle pût. Lorsque qu'elle y pénétra, Annastasya retrouva ses camarades. Ils étaient presque tous là, sauf Nakessa et Callum. Ce qui était le plus surprenant était que Floriel était déjà présente. Et Keenon n'était nul part en vue. La jeune fille soupira, à la fois de soulagement et de déception. Toute la nuit, elle n'avait cessé de penser à lui. Un vampire. Keenon MacAllen était un vampire.
De ce qu'elle savait d'eux, les vampires étaient des êtres d'une beauté hypnotique, pâles comme la mort et qui craignaient le soleil. Ils étaient également très rapides et forts. Or, même si Keenon présentait ces dernières caractéristiques et était d'une beauté captivante, il avait la peau dorée et Annastasya l'avait plus d'une fois vu exposer à la lumière du soleil. Mais elle avait vu ses canines et il n'y avait pas de doute : c'était bien un vampire. Un buveur de sang. Inconsciemment, elle se toucha le cou. Avait-il déjà été tenté de la mordre ? Que ressentait-on lorsqu'on se faisait mordre par un vampire ?
- Anna ! s'écria Jazz, interrompant le cours de ses pensées.
Elle lui sauta dessus et l'étreignit. Annastasya le lui rendit maladroitement.
- Tu m'as tellement manqué. Passer cette longue journée sans toi a été horrible. Promets-moi que nous passerons la prochaine Journée de la Grâce rien que toutes les deux.
- Oui oui, dit la princesse en essayant de se soustraire à l'étreinte.
Quand elle y parvint, elle s'avancèrent vers leur camarades et Annastasya remarqua l'immense tapis bleu et rond disposé au centre de la pièce. Un tapis de combat.
- Allons-nous nous battre ? demanda-t-elle.
- En quelque sorte, répondit Jazz avec un grand sourire. En plus d'apprendre la magie, nous apprenons à nous battre.
- Mais pourquoi ? Vous pouvez très bien vous défendre avec la magie, non ? insista-t-elle en fronçant les sourcils.
- Ha ! Quelle naïveté ! s'exclama Priam en s'approchant du mur tapissé d'armes en tout genre. ( il décrocha une dague qu'il examina avec attention.) Imagine-toi en pleine bataille, sans une once d'énergie te permettant d'utiliser tes pouvoirs. Resterais-tu là à assister à ta propre mort ou te défendrais-tu avec les arme que tu as sous la main ?
La jeune fille le regarda manipuler habilement la dague, les lèvres pincées. Il avait raison, bien sûr. Il était important de savoir se battre avec des armes ou à mains nues. Elle-même avait apprit à se battre, bien que cela ne fut pas une activité digne d'une princesse, comme le lui répétait sa nourrice. Elle suivait parfois les entraînements des gardes et s'exerçait une fois dans ses appartements. Pour autant, Priam avait parlé de bataille, ce qui présumait qu'ils prenaient part à une guerre. Annastasya se demanda s'il s'agissait de la guerre qu'il y avait entre Hérèbe et Illyaque ou d'une autre qu'elle ignorait. Mais avant qu'elle ait pu s'interroger davantage, des éclats de voix se firent entendre derrière la porte. Cette dernière s'ouvrit, laissant entrer une Nakessa plus que furieuse.
Le visage rouge de colère, ses cheveux qui étaient presque de la même couleur étaient noués en une haute queue de cheval. Elle arborait une tenue dans laquelle Annastasya ne l'avait jamais vu : une tunique bleu sombre aux bordures blanche. Elle fit volte-face vers la porte pour s'adresser à quelqu'un.
- Je fais ce que je veux !
- Mais votre Altesse ! Le seigneur Goodson ne veut pas que vous vous adonnez à ce genre d'activité, dit une voix de femme d'âge mûr qui semblait scandalisée. Cela ne correspond pas à votre r...
- Je fais ce que je veux ! répéta Nakessa en criant plus fort. Et ce n'est pas toi, espèce de vieille dégénérée, qui va m'en empêcher !
Puis elle claqua la porte au nez de celle qui semblait être sa dame de compagnie. Elle croisa les bras sur sa poitrine, la respiration haletante et son regard brun fusilla chacun d'entre eux. Annastasya la dévisageait les yeux ronds, et elle était presque sûre que les autres en faisaient autant.
- Vu comment tu les traites, je suis surprise que tu sois toujours en vie, remarqua Jazz à la surprise générale. Tu aurais dû finir empoisonnée ou étouffée dans ton sommeil.
La jeune princesse se mordit les lèvres pour ne pas gronder son amie. Nakessa était déjà assez énervée et le mieux était de ne pas la provoquer davantage. Mais le mal était déjà fait. Nakessa vrilla ses yeux sur la louve-garou tandis qu'un sourire froid s'étirait sur ses lèvres rouges.
- Tu n'as qu'a t'en charger, toi, puisque tu es si courageuse, sale clébard.
En un clin d'œil, Jazz fut en face d'elle, prête à lui arracher les yeux. Sans hésité, Annastasya se jeta entre elles. Jazz avait les lèvres retroussées sur ses dents, ses pupilles vertes étaient à présent dorées et avec sa chevelure crépue, elle ressemblait à une lionne en colère. La successeuse de la reine semblait également avoir hâte de lui sauter à la gorge.
- Calme-toi, Jazz, dit-elle fermement avant de se tourner vers Nakessa. Tu ne devrais pas traiter ainsi les personnes qui t'entourent alors que tu vas bientôt être leur souveraine.
Nakessa changea de cible et posa un regard dédaigneux sur la jeune fille.
- Voyez-vous cela ! La pauvre petite roturière orpheline pense avoir des choses à m'apprendre. ( elle renifla d'un air hautain.) Tu crois peut-être que j'ai envie d'entendre les histoires d'une cat...
- Il suffit, Nakessa ! intervint enfin Floriel d'un ton sévère. Ce ne sont pas des manières pour une demoiselle.
- Ha ! il était temps que Floriel, La voix de la raison s'en mêle. ( Nakessa leva les yeux au ciel.) Peut-être que Kallhan souhaite ajouter quelque chose ? ( Kallhan se contenta de la fusiller du regard.) Et vous, messieurs, voulez-vous intervenir ? ajouta-t-elle à l'adresse de Cyrus et Priam.
- Ha non, sans façon, déclina Priam avec empressement. Ne jamais se mêler des querelles entre filles, telle est la devise des hommes.
- Parfaitement. Même si je dois avouer que j'aime beaucoup cette atmosphère électrique.
Tous se tournèrent vers cette voix inconnue qui venait d'intervenir. Un jeune homme se tenait dans l'encadrement de la porte. Il était grand, plus que Cyrus, et semblait dans la vingtaine. Ses cheveux roux étaient taillés en brosse et ses yeux bleus ressortaient sur sa peau mate. Son corps, tout en muscles, était moulé dans un pantalon et une veste cousus dans un tissu souple rouge sombre. Annastasya remarqua un blason sur le côté gauche qui représentait une épée plantée dans cercle flamboyant. Il posa une main massive sur sa propre épée et leur adressa un sourire.
- Ephraïm ! s'exclama Jazz, une fois remise de sa surprise. ( elle se jeta dans ses bras, toute colère oubliée.) J'ignorais que tu venais aujourd'hui.
Ephraïm. La jeune fille comprit immédiatement qu'il s'agissait du frère dont lui avait parlé Jazz. Curieusement, mis à part leur peau brune, ils ne se ressemblaient pas du tout. Le jeune homme caressa les mèches de sa soeur, ses yeux trahissant l'amour qu'il lui portait.
- Petite louve, dit-il, tu as l'air en pleine forme. Je viens juste d'arriver d'Ombreford et j'ai décidé de passer vous donner des raisons de vous battre. Mais je constate que vous n'avez pas besoin de mon aide.
Nakessa - Annastasya l'avait presque oublié - claqua la langue de désapprobation.
- Je n'allais pas m'abaisser en me battant comme une chiffonnières, fit-elle en s'éloignant vers le fond de la pièce.
- Toujours aussi aimable, à ce que je vois. ( Ephraïm traversa la salle pour se planter dans Kallhan. ) Bien sûr, toutes les femmes ne peuvent être aussi belle, douce et tendre que toi, ma très chère Kallhan.
La jumelle de Priam qui, pour une n'avait pas le nez dans un livre, se tordit le cou pour regarder Ephraïm. Les joues en feu, elle le fusilla du regard.
- Je te rappelle que tu as une épouse et que tu n'es pas censé en poursuivre une autre de tes assiduités. Je pense sérieusement que je devrais te dénoncer auprès d'elle.
Ephraïm éclata d'un rire grave qui emplie la pièce.
- Voyons, Sella sait parfaitement que mon coeur lui appartient. Pour autant, mes yeux ont bien le droit de se distraire.
- Wahou ! s'exclama Priam. C'est très spirituel, ce que tu viens de dire, là.
- N'est-ce pas, approuva Ephraïm avec un clin d'œil.
- Bien, maintenant que Sanderbolt a finit de prendre le thé avec ses sujets, pouvons-nous passer aux choses sérieuses ?
Annastasya se statufia en entendant cette voix. Son coeur s'emballa et elle fit de son mieux pour ne pas se tourner vers la fenêtre. Elle se trouvait en face de la porte, dos à la fenêtre, dos à Keenon qui était curieusement entré pas cette ouverture. Elle ne savait pas comment réagir, ni comment lui allait réagir après ce qu'il s'était passé la veille.
- Ha, MacAllen, je me demande comment j'ai pu survivre à Ombreford sans ta douce voix sarcastique pleine d'ironie. ( Ephraïm soupira , feignant la tristesse.) Enfin bon, tu n'as pas tort. Je suis ravis de rencontrer nos nouvelles recrues.
Son regard bleu perçant alla d'Annastasya à Cyrus en les détaillant méticuleusement.
- Cyrus Sky, j'ai hâte de voir ce que tu as dans le ventre. Annastasya gray, tu es minuscule comme une poupée. ( la jeune princesse lui lança un regard noir qui le fit rire.) Avec un regard mortel ! Tu me plais, toi.
L'adolescente se renfrogna. Elle se savait petite, mais détestait qu'on le lui fasse remarquer.
- Bien, reprit leur professeur de combat, choisissez chacun une arme, celle de votre choix et rejoignez-moi sur le tapis.
Tous s'exécutèrent. Annastasya considéra les armes : coutelas, dague, épée, hache, arc, lance, poignard, glaive, arbalète et autres. Elles étaient parfaitement entretenues, mais aucunes d'elles ne l'intéressaient. Finalement, elle repéra ce qu'elle voulait : un long bâton qui faisait à peu près sa taille. Elle le prit et l'analysa. Il était lourd et semblait plutôt solide. Parfait.
- Sais-tu t'en servir ? lui souffla une voix.
Elle se retourna vivement, manquant frapper Ephraïm avec le bâton.
- Je me débrouille, répondit-elle, les yeux rivés sur la petite cicatrice blanche sur son menton.
- Tu n'es pas obligée de te battre, tu sais. Tu es si délicate que je ne voudrais pas que tu te blesses.
- Je sais me battre, cracha Annastasya en lui lançant un regard furieux.
Le sourire qui s'épanouissait sur le visage d'Ephraïm lui fit comprendre qu'il la provoquait volontairement. Annastasya le prit comme un défi et se promit de le relever. Elle savait se servir d'un bâton parce Cyrus avait été son professeur durant deux ans. Lorsqu'il avait commencé ses débuts en tant que cadet dans la Garde royale, il lui faisait profiter de ses entraînements. Malheureusement, depuis qu'elle s'était éloignée de lui, elle n'avait plus touché à un bâton. Cela remontait à deux ans déjà.
Après avoir choisi les armes, ils s'assirent en cercle autour du tapis pour écouter les instructions d'Ephraïm.
- Bien, commença ce dernier, vous allez vous battre en duel, chacun avec l'arme qu'il a choisi. Ne retenez pas vos coups, battez-vous comme si votre vie en dépendait. Après tout, lorsque vous serez à Ombr...
Il s'interrompit brusquement en tournant la tête vers Keenon. Celui-ci avait les bras croisé sur sa tunique noire, sa posture semblait si nonchalante qu'Annastasya failli ne pas remarquer qu'il bougeait les lèvres. Il parlait rapidement et si faiblement qu'elle ne pouvait l'entendre. Mais Ephraïm, qui avait sa superbe ouïe de loup-garou, l'entendait parfaitement et hocha le chef avant de reprendre la parole.
- Bref ! Nous allons commencé. Le premier combat opposera...( son regard passa sur chacun d'eux pendant quelques secondes.) Nakessa à... Annastasya, déclara-t-il avec un sourire narquois.
Bah voilà ! J'en ai mit du temps, mais voici un bon long chapitre pour vous, chers lecteurs. J'espère qu'il vous a plu. Et surtout, laissez-moi vos avis.
Salut salut !!
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