Chapitre Trois
Victoria
Quinze Février Deux-milles-onze
Depuis exactement un mois, quinze jours et huit heures, je vies au jour le jour. Me forçant à me bouger même lorsque je n'en ai pas envie, reprenant avec courage ma vie de tous les jours, même si je suis seule.
Comme tous les matins, je pars courir pendant au moins une heure, cela m'aide à tenir pour la journée qui débute, plus je me fatigue, mieux je dormirais ce soir. Puis je me prépare pour aller en cours, une fois là-bas je ris avec mes camarades même si le cœur n'y est pas, je leurs raconte une vie qui n'existe plus ; un frère surprotecteur avec ses crises lorsque je rentre trop tard, un petit-ami aimant qui me regarde comme si j'étais la première merveille du monde. Tout cela est derrière moi maintenant, très loin derrière.
Certaines me demande si j'ai des nouvelles pour Noémie, elles connaissent tous le lien que j'entretiens avec elle, mais je réponds comme à chaque fois, de manière négative. Ensuite j'ai le droit à leurs regards emplie de pitié, ou de compassion je ne sais pas vraiment, mais je coupes court à tout cela. Je prétends devoir aller à la bibliothèque ou encore, voir un professeur pour un cours que je n'ai pas compris.
Puis je termine le cours de la journée avec la salle de danse, où je n'hésites pas à faire plus d'heure, retardant au maximum le moment où je dois rentrer, me retrouver dans cette maison lugubre, sans vie, complètement froide qui est devenue mon chez moi, même si j'aurais préféré être partout, sauf ici.
Lorsque je rentre à la maison, je me diriges automatiquement vers la chaîne hi-fi et met un CD ou même une station radio au hasard, je veux à tout prix couper ce silence qui m'entoure depuis leurs départs.
Je repenses encore à ce coups de téléphone il y a un peu moins d'un mois. Je ne sais pas de qui il s'agit, étant donné que je ne connaissais pas le numéro et que la seule chose dont j'ai eu le droit, fut un silence et, même si je crois avoir rêver, un souffle ou deux.
Je sais qu'il s'agit de mon frère et de Charly, je le sens au plus profond de moi, pourtant, ils n'ont rien dit, même pas à chercher de mes nouvelles de quelques manières que ce soit. Si j'aurais pu, ne serait-ce qu'une fois, leurs adresser quelques mots, je leurs auraient dit que j'étais désolée pour tout ça, que je voulais qu'ils viennent me chercher, qu'on aille tous les trois parcourir le monde jusqu'à trouver Noémie.
Je me fais un repas rapide qui consiste en un plat de pâte et une tranche de jambon, principalement la seule chose que je sais cuisiner sans risquer de mettre le feu à la maison. Puis mange même si l'appétit ne vient pas.
Le dernier repas que j'ai pris date de la veille d'ailleurs, au cours de danse, plus d'une fois j'ai eu le droit aux vertiges, si je ne veux pas attirer l'attention sur moi, je dois manger un peu plus, je le sais.
Mais, être seule, ne donne pas l'envie de se nourrir, plus de se rouler en boule et d'attendre. Attendre quoi au juste ? Un signe, un jour meilleur, ou même que la mort vienne nous chercher. Enfin, quelque chose qui me permettrait de combler le trou béant incruster dans ma poitrine.
Après ma vaisselle et un brin de ménage, le bruit sur l'ordinateur familial retentit, dans l'espoir qu'il s'agisse de mon frère ou de Charly, j'y cours, manquant par instant de glisser sur le parquet fraichement ciré. Bien que je sois heureuse de voir qu'il s'agit de mon père, je restes tout de même, légèrement déçue.
Une fois avoir accepter la conversation vidéo avec mon père, je m'attache les cheveux en un chignon rapide, mettant par la même occasion, mes cheveux tombants dans la poubelle à proximité. Depuis quelques jours, la chute de cheveux ce fait plus importante, je me demandes si il ne faudrait pas que j'ailles voir un coiffeur pour qu'il m'aide à les garder long, ou je les couperais.
- Bonsoir ma chérie ! lance mon père avec un grand sourire.
Automatiquement, j'entends les autres soldats derrière papa qui commencent à arriver afin de me faire un grand coucou. Je les connais pour les avoir eu plusieurs sorties avec eux. Des déjeuners autour d'un barbecue pour la simple raison de les retrouver à la vie civile. Pour papa, l'armée est toute sa vie, une deuxième famille, plus que de simple lien de sang, c'est un lien de cœur.
- Bonsoir tout le monde, dis-je avec un sourire loin d'être faux.
Revoir toute son unité me fait du bien, hormis les camarades de classe ou de danse, cela fait un mois que je ne vois personnes. Voir papa, même à travers un écran, m'aide à me sentir moins seule, que bien que la famille soit éparpillée on ne sait où, sa présence reste là, dans mon cœur.
- Comment vas-tu princesse ? Reprend mon père lorsque les autres soldats sont partis.
- Ça va, et toi ? Pas trop difficile ?
- Le plus difficile est que vous êtes loin de moi, ton frère et toi, d'ailleurs, il n'est pas avec toi ? Demande-t-il surpris.
Que répondre à ça ? Qu'il est parti ? Ou lui mentir ? Ne voulant pas le rendre triste et impuissant, je reprends donc un sourire de façade avant de répondre.
- Ce soir je suis toute seule, il est parti avec Charly pour ce changer les idées
- Tu n'es pas avec eux ?
- Pour te rater ? Non bien-sûr que non, tu me manques beaucoup trop !
L'entendre rire me met du baume au cœur, c'est exactement ce dont j'ai besoin en ce moment. Nous continuons de discuter d'un peu de tout, bien entendue, le lieux où il est n'est pas mentionné, sujet confidentiel. Je lui ai demandé si il avait une idée de la date approximative de son retour. Après un soupir, il me lance qu'il n'en sait rien du tout, mais qu'il reste prudent pour nous revenir en un seul morceau.
C'est au bout d'une bonne demi-heure que nous coupons la conversation, son créneau est terminé et il doit passer l'ordinateur à un de ses collègues, les au revoir sont durs, mais c'est malheureusement, nécessaire.
Je finis par éteindre la chaîne hi-fi, me replongeant tout de suite dans un grand silence. Après avoir vérifié que toutes les fenêtres et les portes soient bien fermés à clefs, je me diriges à l'étage, direction la salle de bain pour une bonne douche.
Sous l'eau, je me mets à repenser à tout ce qui m'est arrivée, je réfléchis aux différents évènements, aurais-je dû agir différemment ? Qu'aurais-je pu faire de plus de toute façon ? Rien, probablement.
Alors que je me laves les cheveux, quelques mèches finissent par s'entortiller entre mes doigts. Des nouveaux cheveux tombent et coulent jusque dans le siffon. Une fois entièrement lavée, je sors de la cabine et prend les cheveux tomber pour les jeter à la poubelle.
Une fois sec et habillée de mon pyjama, je sors la balance et une fois allumée, je monte dessus. La dernière fois que je suis montée dessus, c'était avant la période de Noël, j'ai sûrement dû prendre un peu de poids, pourtant, lorsque je regarde les chiffres numériques, je me rends comptes que c'est l'effet inverse.
Après avoir constaté que j'ai perdue à peu près cinq kilos, je ranges tout avant d'aller me coucher, demain est un autre jours.
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