Chapitre Quatre

Noah
Trente et un Octobre Deux-milles-onze


Neuf mois sont passés depuis notre échange dans le Vermont, depuis, nous avons été dans quatre Etats différents : le New Hampshire, le Maine, le Massachussetts et le Rhode Island.

Dans ces endroits, plutôt magnifique je dois le dire, nous avons rencontrés Travis, Tobias, Elyo et Eyden. Quatre garçons d'une trentaine d'années qui ont tous, sans exceptions, remués ciel et terre dans leurs Etats pour trouver Noémie, ma princesse, sans grand résultat.

Lorsque nous sommes partis pour les Etats suivants, j'ai noté, dans un cahier qui ne me quitte pas, les différentes destinations susceptible de plaire à la femme de ma vie, les forêts avec les montagnes avec leurs neiges éternelles du New Hampshire, les étendues d'eau dans le Maine et le Massachussetts, la tranquillité de Rhode Island.

Je suis sûr que ça lui plaira, lorsque nous la trouverons, nous passerons quelques jours dans des endroits comme ceux-ci, histoire de nous retrouver tous les deux. Lorsque ma sœur est arrivée à la maison, ce soir d'hiver, seule. J'ai eu l'impression que mon monde s'est effondré, quand Charly s'est mis à crier sur Victoria, je n'ai pas réagis, comprenant son geste.

Cela fait presque un an pourtant, dix mois de recherche sans aucun résultat. Il m'arrive de repenser à ma petite sœur, elle me manque, mais aussitôt, la rancœur revient en masse par rapport à ce qu'elle a fait. Elle n'avait pas à faire attendre Noémie toute seule, dans le froid, surtout pour des choses aussi futile que des cours.

Aujourd'hui, c'est notre dernier jour dans le Connecticut, ce soir, c'est Halloween et Freddy, l'homme que nous devons voir, avait décider, il y a deux mois et demi de ça, que ce serait ce soir-là que nous nous verrons pour l'échange, pas avant.

Durant le laps de temps entre notre arrivés et l'échange, nous sommes allés voir les différents commissariats, puis les foyers d'accueil, les lycées et les hôpitaux même les refuges pour les sans-abris, mais rien, personnes ne l'a jamais vue dans les parages.

Après, elle a très bien pu se couper les cheveux, les teindre ou que sais-je encore, depuis toute petite, c'est une grande fan des déguisements, jouant à se créer une nouvelle identité, une nouvelle vie, juste le temps d'un instant.

Pour se protéger, elle peut très bien le faire aussi, mais elle nous reviendra, elle sera de nouveau dans mes bras rapidement. Notre amour est quelque chose de fort, nous avons accrochés dès le premier regard. C'est plus qu'un coup de foudre, pour moi, c'est une évidence.

Je regardes Charly, occupé à fixer son téléphone sans prononcé le moindre mots. Je sais très bien ce qu'il fait, depuis quelques jours maintenant, il hésite à supprimer tout ce qui concerne ma sœur, sa colère ne diminue pas malgré le temps qu'il passe, j'ai même l'impression que c'est l'effet inverse, plus les jours s'accumulent, plus sa fureur augmente.

Je finis par me poser à côté de lui en poussant un soupir, puis d'un coup, je m'allonge sur le lit, les yeux fixés sur le plafond et je réfléchis à ce l'on fait en ce moment.

Automatiquement, des questions fleurissent mon esprit. Que fais Noémie en ce moment ? Va-t-elle bien ? Est-elle blessée ? Mange-t-elle à sa faim ? Pense-t-elle à moi ?

Puis, des questions viennent se poser en pensant à ma sœur, elles ne sont pas identiques, mais une part de moi ne peut pas s'empêcher de penser à elle.

- Fais-le lance Charly après m'avoir regarder.

Parfois, j'ai l'impression qu'il a le pouvoir de lire dans ma tête, il semble connaitre les moindres pensées qui peuvent traverser mon esprit. Comme si quelqu'un m'avait piquer, je me redresse sur mes pieds, puis me dirige vers ma veste avant de prendre mon portable.

Je n'ai pas à chercher longtemps avant de retrouver le numéro de portable de ma petite sœur, une fois de nouveau installé près de Charly, j'appuies sur la touche verte puis met le haut-parleur.

Les tonalités s'enchaînent lentement avant que sa voix ne se met à raisonner.

- Bonjour, vous êtes bien sur la messagerie de Victoria je..
- Elle est avec moi ! Hurle la voix de Charly en riant.
- Mais arrête c'est sérieux ! Rie-t-elle avant de reprendre. Je ne suis pas là pour le moment mais laissez-moi un message et je vous rappellerait !
- Ça, ça reste à voir ! Fini Charly.
A la fin de votre message, si vous souhaitez le modifié, tapez...

Je ne laisse pas le temps à la voix robotisée de finir sa phrase que je raccroche, en regardant Charly, je vois celui-ci, devenue livide, si je ne voyais pas son torse se soulever au rythme de sa respiration, je penserais qu'il s'agit d'une statue.

- Ça va ? Demandé-je à Charly
- ...Elle a gardé notre répondeur... dit-il d'une voix lointaine
- Tu en doutais ? Dis-je surpris.
- Assez oui... bordel on l'a abandonnée merde, elle devrait nous haïr autant qu'on la déteste !

Je le regarde se lever d'un coup en mettant ses deux mains dans les cheveux, arpentant la pièce de long en large. Là pour le coup, je ne comprends pas sa réaction, il déteste ma sœur, chose que je comprends tout à fait, pourtant il semble perturbé, enfin, ce n'est qu'un répondeur, pas une déclaration d'amour non plus.

- On devrait aller se préparer dis-je en partant en direction de la salle de bain.

Notre lieu de rendez-vous est en plein milieu d'un labyrinthe de botte de paille, évènement traditionnel dans le Connecticut pour la saison automnale.

Pour célébrer Halloween, la ville à organiser une fête au grand air, différents jeux sont proposés, ainsi qu'un défilé, un concours du meilleur déguisement et, bien entendue, dégustation de tarte aux potirons et bonbons en tout genre.

Après m'être déguisé en pirate, je vois Charly sortir de la salle de bain, vêtue en vampire, deux déguisements passe-partout pour l'occasion, je me doute, que pour des jeunes tels que nous, ce genre de déguisement seront privilégiés pour ne pas paraître ridicule.

Lorsque nous arrivons sur place, nous sommes assez surpris des décors posés un peu partout. Des épouvantails, des citrouilles énormes avec des visages effrayants, des attractions aussi intéressantes les unes que les autres. Munie d'un sac à dos, nous traversons la foule de long en large, croisant des familles et des groupes d'amis, le sourire aux lèvres.

- N'oublie pas le pourquoi nous sommes ici. Me lance Charly à l'oreille.

Evidemment que je n'ai pas oublier, je ne suis pas idiot non plus ! Après avoir payé le responsable de l'attraction, nous partons dans le labyrinthe. Des enceintes extérieurs sont placées ici et là avec des appareils à fumigènes, créant que ce soit visuellement ou auditivement, une ambiance pouvant faire frissonner d'effroi le plus téméraire de mes connaissances.

Il n'y a pas à dire, le fameux Freddy devait se douter que ce jeu serait pas très fréquenté. Des costumes posés sur des mannequins à certaines intersections, manques de me faire, faire une crise cardiaque tellement ils sont réels.

Je suis sûr que d'ici le lendemain, plusieurs cheveux blancs seront visibles sur ma tête, les soirées d'horreur ne sont vraiment pas une de mes activités favorites.
Lorsque nous arrivons au centre du labyrinthe, nous voyons un groupe de trois, dont le portrait craché du monstre dans le film les griffes de la nuit. Pourtant, il ne semble pas bouger, peut-être est-il simplement un mannequin pour effrayer les plus téméraires. Les deux autres, semblent enchaînés à même le sol, une lame enfoncée soit dans la tête, soit dans le thorax, au poing qu'elles sortent même de l'autre côté du corps.

Alors que j'étais sur le point de soupirer de soulagement, heureux qu'il ne soit pas vivant, celui-ci se met à bouger, me faisant pousser un hurlement strident qui les faits rires une fois la surprise passer.

- Alors là, si je m'attendais à ça ! Rie le monstre de Freddy Kruger. Je suis Freddy, votre contact, enchanté et bienvenue en cette nuit d'Halloween !

Les deux autres hommes finissent par s'approcher de nous pour nous serrer la main, visiblement, cette blague de mauvais goût les a bien amuser.

Après avoir fait l'échange, Freddy nous donne les renseignements dont nous avons besoin, bien que je m'en doutais, Noémie n'est pas dans le secteur. Une nouvelle déception depuis le début de ce voyage.

Connaissant notre destination suivante, un de ses hommes nous tend un sac à dos identique au nôtre ainsi qu'une lettre comportant un nom, une adresse et une date ainsi qu'une heure :

Malonn, Zoo of Pittsburgh, trois Décembre deux-milles-onze, à dix-sept heures trente, face aux tigres.

- Je penses que vous êtes rodés maintenant lance Freddy en nous donnant en plus, une liasse de billet. Je préviens Malonn de votre venue et lui demande en même temps de chercher la jeune Noémie.

Après l'avoir remercier, nous faisons demi-tour et tentons de trouver la sortie, non sans me donner quelques frayeurs au passage. Nous ne sommes rester que la nuit dans le Connecticut, le lendemain, nous partons pour la Pennsylvanie.

Pour cinq heures de route, Charly me prend les clefs des mains, tenant absolument à conduire lui-même. Je n'ai pas le temps de lui demander le pourquoi du comment, qu'il est déjà au volant. Je finis tout de même à me placer sur le siège passager et regarde les paysages défilés.

J'ai mal dormi cette nuit, préoccupé entre la disparition de Noémie et le fait, qu'en presque un an, nous sommes toujours au même point. Mais aussi pour la vision d'horreur de cette nuit et Charly qui ne faisait que de se retourner dans son lit, pas que nous ayons dormi ensemble, mais les ressorts des matelas sont loin d'être silencieux.

Je sais très bien pourquoi il ne dort pas bien en ce moment, d'habitude, Victoria agissant comme un doudou pour lui, à leur première nuit ensemble, il s'est accroché à elle tels un koala à sa mère.

Elle lui manque, c'est indéniable, pourtant, je ne peux rien lui dire à ce sujet, il n'est pas encore prêt à avouer qu'il a fait une connerie, qu'il n'aurait pas dû la laisser toute seule.

Et moi non plus d'ailleurs, j'aurais sûrement dû insister plus, juste un peu plus.

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