Chapitre Huit

Noah
Vingt-quatre Décembre Deux-milles-treize


Après notre visite en Caroline du Sud, nous sommes partis pour la Géorgie, la Floride, l’Alabama, le Tennessee, le Kentucky, la Virginie Occidental, l’Ohio, le Michigan et l’Indiana. Et ce, en l’espace de seize mois, nous ne chômons pas, passant quelques semaines dans chaque Etats, allant de ville en ville, dans l’espoir de la croiser, mais rien de tout cela n’arrive.

De là, nous avons rencontrés pas mal de personnes, pour varier de nos habitudes, certains d’entre eux ont acceptés de nous héberger le temps des recherches, notamment Noam, Bastien et Dévon. Les chefs des gangs de Floride, de l’Ohio et de l’Indiana.

Des gars vraiment super, lorsque nous leurs avons raconter nôtre histoire, ils ont été compréhensifs et ont envoyés leurs membres sillonnés l’Etat à notre place, nous permettant de nous reposer au maximum.

Malheureusement, ça a été sans résultat probant.
Onze Etats supplémentaires pour aucun résultat, absolument rien, et nous voilà maintenant dans l’Illinois, dans un petit diner, le soir du réveillon de Noël.

La décoration de ce restaurant est assez joyeux avec des énormes boules qui pendent au plafond, des guirlandes un peu partout dont certaines sont lumineuses et une musique en fond sonore en rapport avec cette fête de fin d’année. Pourtant, nous n’avons pas le cœur à la fête.

Je repenses à ma sœur, comme souvent en cette période, voilà maintenant un peu plus de trois ans que nous l’avons abandonnée à son sort, je ne sais pas si elle va bien, si il y a un quelconque changement dans sa vie, et je sais aussi, que si j’essaies de l’appeler, Charly fera tout pour m’en empêcher.

Pour lui ou pour moi, je ne sais pas, nous sommes tous les deux près à capituler et partir la chercher, mais ça nous fera perdre un temps considérable, hors, chaque secondes est précieuse, car la vie de Noémie peut basculer à tout moment.

En regardant autour de nous, je remarques que nous ne sommes pas seuls ici, il y a quelques familles présentes aux tables alentours, tous, sans exceptions, dîne hors de leurs maisons parce qu’ils ont brûlés la dinde, je le sais parce que c’est la première chose que la serveuse demande avant de les installés, elle ne pose pas la question avec un air moqueur, mais plus avec un sentiment de compassion, comme si, nous étions tous dans la même galère.

Je revois encore l’homme dépité, qui pénètre en ses lieux avec ses deux enfants, rigolant encore sur le fait que la dinde à prit feu, la mère elle, complètement blasé des talents culinaires de son mari.

A la table de Charly et moi, c’est le calme plat, seuls le bruits de nos couverts se font entendre, créant un gros contraste avec les bruits des places aux alentours. Nous sommes là, en train de penser à tout ce que nous avons fait depuis maintenant trois ans de recherches.

Vingt-et-un Etats, fouillés de fond en comble et ce, avec l’aide des gangs, et pourtant, toujours rien, comme si elle s’était volatilisée. Nous avons fait l’équivalent d’un tiers du pays, et nous savons tous les deux, sans nous concertés, que l’on continuera jusqu’à ce qu’on la retrouve, morte ou vivante.

Même si je préfèrerais vivante.

Notre moral, à l’un comme à l’autre, est au plus bas, changer constamment d’Etat, ce mettre en danger pour, au final, ne rien savoir à propos de Noémie, nous tue à petit feu. Entre ça et notre peur endormie pour Victoria, ne nous aide pas à relativiser sur un avenir meilleur.

- A quoi tu penses ? Demande Charly en me regardant depuis, sûrement, quelques minutes.
- Au futur…
- Et qu’est-ce que tu vois ?

Je me vois mal lui répondre que je nous imagines tous, quelques années plus tard, heureux, avec nos familles. Nombreux soirs je fais le rêve où nous sommes tous réunis dans un jardin, tous avec le sourire aux lèvres et les cris de joies de nombreux enfants nous entourant tous.

Je serais dans un hamac avec Noémie, enceinte de plusieurs mois, en train de nous bercer tendrement, dans les bras l’un de l’autre. Charly serait occupé avec le barbecue, un petit garçon le ressemblant comme deux gouttes d’eaux, accroché à une de ses jambes pendant que ma sœur, rayonnante de bonheur, serait en train de jouer avec nos enfants à nous quatre, un léger ventre rebondit, témoin d’un prochain bébé en route.

Mais le réveil est brutal, je me retrouve dans un lit, avec Charly soit à mes côtés, soit dans un lit à proximité, en train de ronfler, loin, très loin des ronflements discrets de ma tendre moitié. Oui, définitivement, je ne peux pas lui faire part de ce que j’imagine.

- Et toi ? Tu l’imagines comment notre avenir ? Demandé-je sans répondre à sa question.
- Loin d’ici, où je ne sais pas encore, avec Noémie, tout le trois en sécurité
- Et Victoria ?

A ses mots, il me lance un regard noir, je sais très bien que parler de ma sœur ne lui plaît pas, il a arrêté de lui en vouloir pour la disparition de Noémie, mais maintenant, c’est à lui qu’il en veut. Ne pas avoir été là pour ma sœur, ne pas savoir ce qu’elle devient…

Je l’ai entendue plus d’une fois l’appeler dans son sommeil, chercher sa présence lorsqu’il dort seul, et je ne parles même pas des matins où je me réveil dans ses bras, alors qu’il pense qu’il s’agit d’une autre personne. Oui, le prénom de ma sœur est un tabou, un mot qu’il ne doit pas s’échapper de nos bouches, à aucun moment.

- Tu as appelé Elijah ? Demande-t-il en buvant son coca.

Je m’en doutais qu’il n’allait pas répondre, après un soupir de ma part et avoir terminé mon assiette, je l’informe que notre rendez-vous est prévue pour le quatre Février, et que quelques jours plus tard, si nous n’avons rien de concret, nous partirons pour notre prochaine destination : le Wisconsin.

Après notre repas, je laisses Charly payer à la caisse puis nous partons en direction de l’hôtel, la ville est couverte d’un grand manteau blanc, laissant le paysage idyllique pour un réveillon de Noël, les guirlandes lumineuses des maisons et des jardins apportent une part de gaieté malgré le silence présent à l’extérieur des habitations.

L’hôtel est tout aussi silencieux que le reste de la ville, sans prononcé le moindre mot, nous partons prendre nos douches chacun notre tour, puis nous nous posons dans nos lits devant un vieux film de Noël, encore une fête qui se passera qu’entre hommes, loin des femmes de nos vies.

Je ne regardes même pas la fin du film, préférant partir aux pays des rêves, là où je sais que je les verrais, heureuses, en bonne santé et surtout, auprès de nous.

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