Une fourchette qui se pose brusquement, une chaise qui se renverse et Chris qui recule d'un pas chancelant. Je me tourne vers lui pour voir ce qui ne va pas. Chris nous observe comme s'il y voyait le diable.

- Je... Il faut que je prenne l'air, souffle t'il.

- Chris, qu'est-ce que...

- Ce n'est pas le moment Inès, me coupe Matt.

- Mais il ne va pas bien. Regarde le, il...

- Laisse le sortir Inès. Il reviendra.

Puis au creux de mon oreille il me confie :

- Je crois qu'il a suivi toute la scène qui vient de se passer entre nous à l'instant.

Mes yeux s'écarquillent.

- Matt, ne le laisse pas seul. Il ne faut pas le laisser seul, dis-je apeuré.

Si ce que dit Matt est vrai, Chris risque de faire une connerie. Tout le monde le croit fort mais il ne l'a jamais vraiment était me concernant. Je suis sa faiblesse, sa raison de vivre comme il m'a toujours dit.

Flash -back :

- Chris ? Tu es où ?

Je me suis absentée suite à une grosse dispute avec lui. Il n'a rien de prévu aujourd'hui et personne de notre entourage n'est dans le coin en ce moment. Il devrait être à l'appart' mais où est-il ? Pourquoi ne répond t'il pas ?

- Chris ? Je suis rentré tu es où ?

Je longe le long couloir qui mène aux chambres et à la salle de bain. Toujours aucun signe de sa présence. La porte de notre chambre est entrouverte. Lorsque j'y rentre je suis affolée par le spectacle qui se déroule sous mes yeux. Tous nos fringues ont été sortis des placards les objets de décorations sont en miettes sur le sol. Le lit ne ressemble plus à rien. Puis je la remarque sur le lit. La boîte qu'il m'a promis de dégagé au plus vite, le sujet de notre dispute.

Je suis prise d'une crise de panique mais mes pieds réussissent à me porter jusqu'à elle. Elle est vide. Et un étui de seringue à était ouvert. Non pas ça... Dites-moi qu'il n'a pas fait ça. Un son étouffé et un grand boum me parvient aux oreilles. Tous ces bruits proviennent de la salle de bain. Je me précipite pour voir ce qu'il s'y passe.

- Chris non, ne fais pas ça. Je t'en supplie arrête-toi. Je suis là, c'est moi. Arrête, pleurais-je.

Chris a chuté, je vois bien qu'il est drogué. Il s'apprête à se piquer mais ayant malheureusement déjà eu l'occasion d'en voir d'autre le faire sous mes yeux, ce qui me frappe à l'instant c'est le liquide dans la seringue. Il y en a trop. Beaucoup trop.

- Chris ne fait pas ça. Si tu fais ça, je ferais pareil à l'instant où tu seras parti. Tu m'as promis de veiller sur moi, de ne jamais m'abandonner. Chris, regarde-moi.

- Ce n'est pas vraiment toi. Inès est parti. Je ne la reverrai plus. Je suis un monstre. Ils ont fait de moi un monstre.

- Tais-toi idiot et donne-moi cette seringue.

- Laisse-moi partir; je ne la mérite pas. C'est un ange elle ne devrait pas aimer le diable que je suis devenu. Même si je l'ai fait pour elle, elle ne devrait pas. Elle a bien fait de partir.

Il divague totalement à cause des quantités de drogues qu'il s'est déjà enfilé. Je saute sur lui et parviens à lui arracher la seringue que je jette à l'autre bout de la pièce.

- C'est fini, je suis revenu. J'étais énervée mais jamais je ne t'oublierais, je t'aime trop pour ça.

- Moi aussi je t'aime. Je t'aime à en crever. Tu es ma petite femme. La mienne celle de personne d'autre.

- Ta femme. Jamais personne d'autre ne m'aura, je te le promets.

Retour au présent :

- Matt, je dois y aller. Je t'expliquerais après, promis fais moi confiance je le connais. Personne ne pourra le calmer dans cet état.

- Inès je ne crois pas que...

- Elle a raison. Il a déjà fait ce type de crise. Et c'est toujours pour la même raison, ajoute Max en m'observant.

Matt comprend vite qu'il parle de moi comme étant la raison de son mal mais le regard de Max est éloquent, il faut réagir au cas où il ne parvienne pas à se calmer seul cela tournera mal. Je suis la seule à pouvoir l'aider pour le moment.

- Merde, la poisse. Bon vas-y mais appelle-moi au moindre problème.

- Tu veux que je vienne Inès, me demande Nath.

- Non. Il faut que personne ne l'approche. S'il est en crise, il peut-être violent sans s'en rendre compte.

- Mais toi ?

- Moi ce n'est pas pareil. Je suis comme ...

- Comme sa sœur me coupe Matt. Même après toutes ces années, il la considère comme sa sœur.

- Sa sœur?! Oui je vois, marmonne Nath.

Elle sait très bien que ce n'est pas vrai mais nous ne sommes pas seuls alors elle ne dit rien et me relâche immédiatement pour que je parte le rattraper.

Chapitre 24:

Je regarde dans tous les couloirs alentours mais il n'y a personne. Je passe près des salles de réunions, je passe même dans la petite cours mais rien y fait, je ne le trouve pas. Puis mon téléphone se met à sonner. Sans regarder, je décroche.

- allo ?

- Inès, j'ai oublié de te donner son numéro de chambre, au cas où.

- J'ai fais le tour de l'immeuble Max, il n'est pas là. J'ai tellement peur. Je ne veux pas qu'il...

- J'ai fais bloquer les sorties lorsque tu es parti. Il doit y être, il n'a pas d'autre endroit où aller. Il est dans ton ancienne chambre.

- Ok j'y vais. Merci Max.

- De rien, prend soin de lui, c'est mon meilleur ami Inès je n'aime pas le voir comme ça. Appelle-moi si besoin et... bon courage.

- Merci c'est promis, je veille sur lui. A plus tard.

Je me précipite vers les escaliers ne préférant pas prendre l'ascenseur, car la montée me semblerait trop longue. Surtout si des gens l'interceptent tout du long de son ascension. Je n'ai jamais était aussi rapide. Lorsque j'arrive à sa chambre je suis épuisée et j'en ai presque la langue qui pend tellement je suis essoufflée. J'ai pensé à récupérer un double de sa chambre au passage au cas où il ne daignerait pas répondre. Je frappe et l'appelle à plusieurs reprises mais n'obtenant aucune réponse et paniquée par ses souvenirs qui me hantent, j'utilise la clé qu'on m'a remise.

La chambre est vide mais tout y a était retourné. Comme à l'époque, pensais-je. Je me dirige toute alerte vers la salle de bain. Je ne fais pas attention au bruit qui m'entoure et ouvre brusquement la porte. Mais je m'attendais à tout, sauf à ce spectacle. Chris est nu et ruisselant d'eau. Il vient tout juste de sortir de sa douche.

-Qu'est-ce que tu fou là, me demande t'il lorsqu'il me repère enfin, sans pour autant se couvrir de sa serviette.

Il est vraiment beau, on dirait un dieu grec. Pas un semblant de graisse ne le couvre, ses abdos sont saillants et le « V » menant ... Merde remonte tes yeux Inès. Ça ne sent pas bon tout ça. Pas bon du tout.

- Inès. Je t'ai posé une question.

Je relève mes yeux dans l'intention de lui répondre mais mes yeux s'accrochent à une inscription sur son cœur. Je ne peux m'empêcher de foncer les sourcils.

« Ma petite Femme.

Tu es ma moitié et même si je t'ai perdu. Ceci restera ta place.

Tu es gravée à tout jamais dans mon cœur. »

- Ma petite femme ne m'a jamais réellement quittée comme tu l'auras remarqué, me sort-il alors que je suis dans mes pensées. Je l'ai fais il y a un peu moins d'un an. Juste après ma sortie.

- Mais...

- Inès, je préfèrerais que tu sortes s'il te plait.

- Hein ?!

- Sors s'il te plaît, je vais m'habiller. C'est préférable.

Il baisse la tête et mon regard suit son geste. Une semi érection a prit forme.

- oh euh... je ... je t'attends à côté.

Je me retourne perturbée par ce que je viens d'apercevoir mais Chris me rattrape avant que je n'y parvienne.

- Je suis désolé. C'est plus fort que moi.

Il ne me laisse aucun répit et se jette sur mes lèvres. Je gémis sous la caresse de son baiser. Et sans même le vouloir mes mains remontent pour saisir ses cheveux.

- Inès. Mon ange. Tu m'as tellement manqué. Je... Merde ! Quel con.

Il s'écarte brusquement de moi comme s'il venait de se brûler.

- Pourquoi m'as tu laissé faire ça ? Pourquoi ?

- Je ... Je n'ai pas réussi à ... je n'ai pensé à rien et... Oh non Matt! Qu'est-ce qu j'ai fais? Qu'est-ce qu'on a fait ?

Il marque un léger temps d'arrêt, je vois bien qu'il n'est pas bien du tout. Est-ce moi qui le dégoûte autant ? N'a-t-il pas apprécié notre baiser ? Oh et puis merde, en quoi ça m'intéresse après tout je suis avec Matt. Oui, mais...

- Bon ce qui est fait est fait. Disons qu'on s'est arrêté à temps et que...

- Tu ne comprends pas ?

- Que veux-tu que je comprenne Inès ?

- Je t'ai laissé m'embrasser. Je t'ai même retenu et serré plus fort contre moi. Tu ne te serais pas écarté, je crois que je serais allé jusqu'au bout. Comme dans le passé, je n'ai pensé à rien d'autre. Comme avec Matt. Je deviens folle ce n'est pas possible je vous aime, je vous aime tous les deux. Mais je n'ai pas le droit de vous aimer tous les deux. Je...

- Calme-toi, gronde t'il alors que je serre mes cheveux dans mes poings et que des larmes me coulent.

Chris se rhabille à la va vite et vient me prendre dans ses bras dans un calin qui se veut apaisant mais je m'en veux tellement. Je suis un monstre, je l'ai laissé m'embrasser sans songer à la réaction de Matt s'il l'apprenait.

- Mon ange, j'étais nu et TU as vu mon tatouage. Tu as vu à quel point je t'aime encore. Et alors que tu l'as dis toi même, jusque-là tu as continué à m'aimer. On n'efface pas un amour comme celui-là du jour au lendemain, c'est normal que tu ais craqué. Tu n'as rien fais de mal, arrête de pleurer. Tu sais à quel point ça me tue de te voir dans cet état! Je préfère de milles fois la scène de tout à l'heure à celle-ci, c'est pour dire, tente t'il d'ironiser.

- Matt a dit vrai. Tu as vu et entendu tout ce qu'on s'est dit...

- Qui ne l'aurait pas vu Inès? J'ai vu la panique qui t'a habité, j'ai vu le soulagement puis re-moment de panique et j'ai lu la souffrance de la trahison qui s'est emparé de toi et la manière qu'il a réussi à employer pour te rassurer. Sans même que l'un de vous ne le formule, vous puez l'amour. C'était ce qu'on faisait toi et moi avant. Pas toi et lui. Et ça m'a ouvert les yeux. J'ai compris que je devais avancer et te laisser tranquille. Même si ça me fait mal de l'admettre, tu en aimes enfin un autre comme tu m'as aimé si ce n'est plus. Pendant ce court instant, tu as même réussi à oublier ma présence dans cette pièce, je l'ai vu, entendu. Tu n'as même pas pensé au fait que je vous écoutais sûrement. Rien Inès.

- J'ai eu peur quand tu es parti. J'ai cru que tu allais recommencer comme la fois où...

- Non, je ne l'aurais pas fait car je sais très bien que si cela arrivait, malgré l'amour que tu portes à Matt, tu tiendrais ta promesse. Tu la tiendrais parce que je suis une partie intégrante de toi. Tu n'aurais pas pu supporter que je me tue à cause de ma peine d'amour. Tu l'aurais pris comme la cause de toi et de toi seule.

Il a raison. Je ne m'en serais pas remise et même Matt n'aurait pas pu m'empêcher de me tuer suite à ça.

- Aller, viens on va parler de toutes ces années loin de l'autre. Toi et moi, on a du temps à rattraper.

Il me serre plus fort encore et m'emmène jusqu'au rebord du lit.