Nous étions enfermés dans un grand trou comme un puits, accrochés au mur de pierres avec des chaînes. Elles me tiraient tellement les bras que j'ai cru un moment qu'ils allaient se détacher de mon corps. Au fond du puits, à quelques mètres plus bas, il y avait du sable. J'étais prisonnier avec Rose, Robin et Aelig. Il n'y avait pas Juliette car elle était avec les licornes, sûrement toujours transformée.

Je regardais un peu partout une sortie mais je ne trouvais rien. Il fallait déjà qu'on se détache, pensai-je.

" Il faut faire quelque chose, on ne peut pas rester là à pourrir dans ce trou. Dis-je aux autres, il faut qu'on se détache.

- Comment ? Demanda Robin.

- Peut-être qu'avec un de tes sorts, Rose, on pourra se libérer.

- Je vais essayer. " dit-elle.

Elle ferma les yeux et se concentra sur les chaînes. Malheureusement, seul son corps avait bougé mais les chaînes étaient restées figées.

" Il aurait fallu que je sois une fée du feu pour faire fondre les chaînes, c'est impossible avec mes pouvoirs, je suis désolée ...

- Aelig, à toi d'essayer. Dis-je, Tu as des pouvoirs aussi, pas vrai ?

- Oui, je vais essayer. "

Il se concentra à son tour. Au début je pensais qu'il n'y arrivait pas mais je vis les petites visses se détacher des chaînes. Elles s'ouvrirent et Aelig fut libéré. Il tomba alors dans le sable au fond du trou.

" Aide-nous ! Criais-je.

- Heu ... il y a un problème Tristan ! Dit-il paniqué.

- Oublie le problème et aide nous à nous libérer !

- Mais ...

- Aelig !

- D'accord, d'accord ... "

Il nous détacha un par un, je fus le dernier à tomber dans le sable. Nous étions enfin libres, enfin, presque. Car nous n'étions pas seulement tombés sur du sable fin : c'était du sable mouvant et nous étions en train de nous enfoncer petit à petit. Nous étions à nouveau prisonniers.

" Pourquoi tu ne m'as rien dit Aelig ?! Dis-je furieux.

- J'ai essayé de vous le dire mais vous ne m'écoutiez pas ! Dit-il paniqué.

- Ça suffit ! Arrêtez ! On ne va pas commencer à se disputer, on a un problème plus important que vos chamailleries ! Dit Rose énervée, Robin, est-ce que tu as encore ton poignard et ta corde avec toi ?

- J'ai le poignard mais pas la corde, elle était rangée avec les licornes.

- Mince ... "

Nous étions toujours en train de nous enfoncer et Aelig était celui qui était le plus piégé. J'étais toujours énervé contre lui et ma peur de mourir s'accentuait de plus en plus.

Quelques minutes s'étaient écoulées quand j'entendis des bruits de pas venant du haut. Je pensais que c'était les hommes de sable mais je vis apparaître à la place la petite tête de Juliette. Elle souriait, heureuse de nous avoir trouvés.

" Vous êtes là ! Dit-elle, j'ai eu du mal à vous trouver vous savez.

- Juliette ! Cria Rose stupéfaite de la voir, tu as les licornes avec toi ?

- Oui bien sûr et elles ont été très sages !

- Peux-tu nous lancer la corde qui se trouve sur Ecume ?

- Oui tout de suite ! "

Elle prit la corde d'Ecume, la licorne de Robin, et nous la lança en la tenant par le bout. Rose prit l'autre bout et le tendit à Aelig qui la tint fermement de peur de la lâcher. Juliette le tira de toutes ses forces et il arriva très vite près d'elle : il était sauvé. Juliette fit de même avec Rose, elle allait moins vite pour la monter car elle était plus lourde qu'Aelig. Enfin la corde tomba entre Robin et moi.

" Vas-y je peux attendre. Dit Robin.

- Non vas-y toi, j'ai été le dernier à être libéré des chaînes.

- Dépêchez-vous ils vont arriver ! Cria Juliette.

- Bon et bien j'y vais. " dis-je.

Je pris la corde à deux mains et ils m'aidèrent à monter. Arrivé là-haut je vis deux tas de sables qui devaient être les gardes. Juliette les avait anéanti. Robin arriva quelques minutes après et nous étions enfin libres. A présent j'observais avec attention leur temple. Il était immense. Les murs de pierres jaunes étaient grands et les couloirs très étroits. Malheureusement, je sus que nous étions dans un labyrinthe. Rose vint à côté de moi et observa le temple à son tour.

" Un labyrinthe. J'en étais sûr. Dit-elle.

- On fait quoi ? Dis-je espérant qu'elle trouve une solution.

- On cherche la sortie. "

Bien sûr, sa réponse ne me surprit pas. Je pris mes armes que Juliette avait réussi à récupérer et nous nous enfonçâmes dans ce labyrinthe mystérieux.

*

Nous marchions depuis un moment déjà, escaladant des murs, essayant de passer à travers certains passages, sautant au-dessus du vide mais jamais en tombant sur des hommes de sable. Ils semblaient avoir disparus.

Puis soudain, j'entendis des bruits et je vis une énorme tempête de sable venir sur nous.

" Courez ! " Cria Rose.

Nous fîmes demi-tour et Rose nous emmena un peu partout à travers le labyrinthe. À droite, à gauche, entre deux murs très étroits puis elle s'arrêta juste avant de tomber dans le vide. De l'autre côté se trouvait la suite du chemin : il fallait sauter. Robin sauta ainsi que Rose. Juliette se transforma en cheval, porta Aelig et elle sauta comme les autres. Il ne restait que moi. C'était très haut et j'avais le vertige. Rose me criait de me dépêcher car derrière moi, la tempête arrivait. Je pris de l'élan et sautai malgré moi. J'atterris maladroitement et faillis tomber mais Rose me tira par le bras. Je me retournai et vis la tempête se transformer en lion de sable. Il poussa un cri féroce et s'en alla.

" Dépêchons-nous de sortir d'ici. " Dit Rose fatiguée.

Nous avancions encore et encore. Toujours en cherchant la sortie. 

A un moment j'entendis un croassement et j'aperçus un corbeau. Je pensais que c'était un corbeau tout à fait normal mais en y repensant je me suis demandée depuis quand est-ce qu'un corbeau vit dans le désert ? Mince ! C'était sans aucun doute un de ceux de Yüna. Elle savait que nous étions là. J'avertis les autres et nous commençâmes à courir. Il fallait à tout prix sortir d'ici.

J'entendis des bruits d'eau, comme un ruisseau et j'aperçus au loin une grande rivière qui coulait le long du temple. Des décorations comme des ponts ou des torches joliment décorées étaient placés près de la rivière. Je vis un peu plus loin des bouts de bois ressemblant à un bateau. La sortie pouvait être ici.

" Rose regarde là-bas ! Dis-je, l'eau retombe forcément près d'une sortie !

- Tu as raison, il faut se dépêcher. "

Nous courûmes vers les bouts de bois et Rose construisit un bateau avec sa magie. Tout le monde se plaça à l'intérieur quand un homme de sable apparut. Il courut vers moi mais avant qu'il ne m'attrape, Rose utilisa ses pouvoirs en lui jetant de l'eau en pleine figure. Il devint collant et tomba, ne bougeant plus.

Je montai dans le bateau et poussai le rebord avec mon pied pour le faire avancer. Nous avancions très vite, les licornes étaient tranquillement installées à l'intérieur. Grâce à la magie de Rose, peu importe quel poids nous faisions tous ensemble, le bateau ne coulait pas. Je vis au loin la sortie mais étrangement je ne vis pas le bout de la rivière. Je devinais tout de suite ce qui allait se passer. C'était une chute d'eau et nous ne pouvions pas faire demi-tour. Rose vit la même chose que moi et elle paniqua. Nous prîmes tous les sacs des licornes avec nous en les refermant bien et en espérant que rien ne serait perdu. Le bateau avança encore et encore. La chute approchait. Je regardai Rose une dernière fois, espérant survivre à la chute. Elle me tint la main comme pour me rassurer. Le bateau arrivait à la fin, il tangua en avant et nous tombâmes dans la chute d'eau. Je retombai avec force dans l'eau tenant toujours mon sac à la main, les pierres étant à l'intérieur. En remontant à la surface je vis les restes du bateau qui flottaient et qui continuaient leur chemin. Nous étions à nouveau libres mais toujours dans le désert, c'était quand même mieux que d'être enfermés chez les hommes de sable. Nous sortîmes de l'eau, trempés de la tête aux pieds. Rose aida les licornes à sortir et tout le monde monta sur elles. Nous étions à nouveau en route pour notre quête.

*

Après une heure de marche, nous étions arrivés dans la forêt près de la montagne. Il commençait à pleuvoir et j'avais un peu froid. J'avais mis ma cape et nous avancions doucement. Nous cherchions un endroit pour dormir, autre que la forêt. La montagne avait l'air sûre et j'aperçus des creux ressemblant à des grottes. Rose nous proposa d'y dormir. Nous montions avec difficulté et arrivâmes enfin dans la grotte. Au moins, la pluie n'y entrait pas.

Nous nous installâmes tranquillement et Robin partit chercher du bois. Quand il revint il fit du feu et je m'assis pour me réchauffer. Les licornes se reposaient tranquillement, elles étaient endormies. Juliette était enveloppée dans sa couette bien au chaud près du feu et Rose avait sortit à manger de son sac. Aelig était affamé, il patientait à côté de Rose. Robin lui, était assis contre le mur de la grotte et il fabriquait des flèches comme à son habitude.

Je mangeais la nourriture de Rose en observant les flammes du feu. Elles dansaient sous mes yeux et ça m'endormait. J'étais très fatigué, la chaleur du désert m'avait beaucoup affaiblit. Nous mangions en silence, chacun dans son coin.

Après le repas, Aelig s'endormit vite près du feu enroulé dans sa petite cape, il ronflait. Juliette s'endormit vite elle aussi, quand à Robin il s'assit au fond de la grotte pour se reposer. Avec la pluie, j'avais du mal à dormir alors je rejoignis Rose qui observait le ciel gris et le volcan au loin.

Je m'assis discrètement à côté d'elle et observai la vue à mon tour.

" Tu appréhendes ta rencontre avec les fées du feu ? Demandai-je.

- Oui. Dit-elle sans détourner le regard du volcan, c'est vraiment le royaume que je redoute le plus. Elles sont cruelles Tristan. Pires que les sirènes.

- J'avoue avoir un peu peur moi aussi. Dis-je en baissant les yeux.

- C'est normal ne t'en fais pas. "

Nos regards se croisèrent et elle me sourit puis elle se colla à moi et posa sa tête sur mon épaule. Je la pris dans mes bras et nous observâmes la vue ensemble, le soleil qui commençait à se coucher.

On pourrait croire que ce n'est qu'un simple volcan éteint mais malheureusement il est habité par des fées ignobles et par des dragons de feu. Un lieu horrible, remplie de danger.

*

Après avoir observé le volcan un moment nous partîmes nous coucher tous les deux côte à côte. Je fermai les yeux et essayai de m'endormir malgré le bruit de la pluie.