Chapitre 12
Nous marchions doucement dans la forêt où Ambre nous avait emmenés. Nous passâmes devant la rivière où nous nous étions baignés et le souvenir de cette journée me revint. Ce moment me paraissait si loin désormais. Je m'étais tellement amusé ce jour-là avec les autres, c'était comme si la quête n'avait jamais existé. Mais maintenant, il fallait la reprendre là où nous l'avions laissée. S'amuser, se détendre, manger comme bon me semble, tout ceci : c'était terminé. Je devais me concentrer sur mon objectif principal : les pierres.
Nous étions côte à côte Rose et moi, nos licornes marchaient ensemble et je pouvais la regarder et lui parler. Nous étions très détendus après cette belle nuit que nous avions passée.
" Tu ronfles quand tu dors. Me dit-elle en souriant et discrètement en évitant que les autres nous entendent.
- Ah bon ? Je dois tenir ça de mon père. Dis-je en rigolant.
- J'ai pu te regarder dormir au moins.
- Je ne dois pas être très beau à regarder ! Dis-je en m'imaginant baver sur l'oreiller.
- Non au contraire tu es beau, et très paisible.
- J'aurais bien voulu te regarder toi. Dis-je.
- Peut-être qu'un jour, tu me verras. " Dit-elle en me faisant un clin d'œil.
Un peu plus tard, après une heure de marche, nous vîmes une forêt complètement brûlée par le feu.
" Les flammes d'un dragon sans aucun doute. " dit Rose.
Les dragons. Ces créatures que j'allais rencontrer. Dans mon monde les dragons ne sont qu'un mythe, mais ici ils sont bien réels. Je les imaginais très bien dans ma tête et vu ce que m'avait dit Rose sur eux, ils semblaient vraiment être comme ceux dans les films. Grands, méchant et crachant du feu. Je vous laisse imaginer la peur que j'avais d'en voir un en vrai mais j'en avais aussi très envie. C'était l'excitation mélangée à la peur.
Pendant la marche je feuilletais le livre de Mortroz. Il était vraiment très complet et il m'aidait beaucoup à comprendre les créatures de ce monde. J'ai ouvert le livre à la page dédiée aux dragons et j'ai lu. Rien que le dessin les représentant me faisait redouter le jour où j'en verrai un en vrai. La page disait qu'ils étaient très intelligents et que leurs sens étaient très développés. Tuer un dragon était très difficile, leurs écailles étaient une armure pour eux, même les flèches de Robin ne pouvait pas la briser.
Nous nous étions arrêtés pour déjeuner vers midi et demie. Nous étions près de la sortie de la forêt et nous pouvions déjà voir le désert au loin. Il faisait encore plus chaud ce jour-là. Nous avions rangé nos capes dans nos sacs et nous avions rempli nos gourdes à ras-bord. Nous mangions des sandwichs des fées de l'eau puis nous nous reposions un moment.
J'étais assis dans l'herbe, regardant le désert qui nous attendait quand Rose vint s'asseoir près de moi.
" C'est le désert que je redoute le plus. Dit-elle.
- C'est dangereux ?
- Je n'y suis jamais allée mais mon père m'a dit que c'était très dangereux.
- On va faire attention, ne t'inquiète pas. Ce qui me fait peur moi, c'est qu'on ait plus d'eau !
- Ça va être dur ... "
Je voyais bien qu'elle n'était pas très rassurée. Je m'approchai de son visage, tournai la tête pour voir si personne ne nous regardait, puis l'embrassai. Je devais la rassurer, il ne fallait pas que l'un de nous perde espoir. D'accord, le désert ne rassurait personne mais nous devions être forts, c'était notre devoir.
Après notre petit moment de repos nous partîmes dans le désert. C'était très difficile, le sable était chaud, bouillant même. Le vent faisait voler les minuscules grains de sable que nous recevions dans les yeux. Le soleil nous tapait sur la tête, j'avais mis ma capuche pour ne pas attraper d'insolation. J'essayais aussi de cacher chaque partie de mon corps car ici la crème solaire n'existe pas et, me connaissant, les coups de soleil arrivaient vite. Les licornes avançaient difficilement, le sable les empêchait d'avancer plus vite. J'avais très soif mais je ne buvais pas beaucoup pour éviter de finir la gourde en entière. Je voyais les autres qui étaient dans les mêmes conditions que moi. Juliette s'était transformée en dromadaire et elle semblait être la plus à l'aise. Nous ne parlions pas. Il n'y avait que le vent qui faisait du bruit. Nous avions du mal à avancer et je savais que nous allions prendre un temps fou avant de sortir de ce désert interminable.
Après un certain temps, Rose nous fit signe de s'arrêter et elle descendit de sa licorne. Elle avait un drap blanc autour de son visage comme les Égyptiennes. Elle avait remonté ses manches et elle avait mis des bottes en cuir.
" Il faut qu'on se dépêche si on ne veut pas passer la nuit ici ! Je sais que c'est difficile, mais la nuit tombera bien plus vite si on garde cette allure.
- Les licornes sont beaucoup trop épuisées. Dis-je.
- Je sais mais il faut continuer malgré tout.
- Tu ne pourrais pas utiliser tes pouvoirs pour ralentir le vent ?
- C'est trop difficile ... J'ai déjà essayé.
- Il faudrait trouver un Oasis.
- Il n'en existe qu'un dans ce désert et j'ai bien peur qu'il soit loin ...
- Alors on continu, il faut avancer. "
Elle me regarda, désespérée par ce qui nous arrivait. Je repensais à la veille, le soir, quand elle était venue dormir avec moi. C'était tellement apaisant et si loin en même temps. Maintenant nous nous retrouvions dans le désert, en pleine panique. Je ne pensais pas que la quête serait si difficile.
Nous continuions notre chemin à travers ce désert avec ce soleil qui nous brûlait la tête. Je n'aurais jamais pensé dire ça avant mais traverser ce désert a été plus difficile à vivre que d'être avec les pirates.
Après une heure, nous n'avions presque plus d'eau, Aelig semblait être celui qui buvait le plus et j'essayais à tout prix de l'empêcher de finir la gourde. C'était la seule chose qui continuait à me donner de l'espoir, le fait d'avoir de l'eau. Nous devions continuer sinon il y avait de forte chance pour que l'on meurt assoiffés.
La fin d'après-midi approchait, cela faisait déjà plusieurs heures que nous étions dans le désert quand nous vîmes une tempête de sable. Cela y ressemblait beaucoup de loin. Elle venait droit sur nous. Rose cria de courir et nos licornes galopèrent ainsi que Juliette en dromadaire. Le problème, c'est que la tempête nous suivait, comme si quelqu'un la contrôlait. Les licornes galopaient vite, elles avaient peur. Malheureusement nous étions trop lents pour elle et la tempête arriva sur nous.
Nous nous envolâmes, impossible de rester à terre avec la force de la tempête. J'avais le tournis à force. Tout le monde paniquait, Rose par contre, essayait de contrôler la tempête. Elle réussit et nous tombâmes sur le sable brûlant. La tempête disparut d'un seul coup et je vis apparaître à la place, un homme de sable. Je l'avais lu dans mon livre, il disait qu'ils étaient très peu et que le seul endroit où on pouvait en voir était dans le désert –logique vous me direz - Ils contrôlent le sable, d'où leur nom, et sont considérés comme des voleurs. Ils capturent des inconnus et les enferment dans leur temple immense. Cela ne faisait aucun doute : nous étions des inconnus pour eux.
J'en vis d'autres sortir du sable doucement, ils étaient huit. Une dure bataille commença. Rose projeta un homme quelques mètres plus loin pour ne pas qu'il l'attrape. Aelig utilisait ses pouvoirs pour se défendre mais malheureusement il fut le premier à être capturé. Juliette était toujours en dromadaire et elle dut rester avec les licornes car un des hommes de sable les tenait par les rennes. J'avais réussi à prendre mon épée mais apparemment elle ne servait à rien. Comment les tuer ? Au lieu de les transpercer et de faire couler du sang mon épée se plantait dans leur corps de sable comme un simple parasol que l'on plante à la plage. L'homme de sable sourit et jeta mon épée plus loin. Je ne pouvais plus rien faire, j'étais désarmé et je n'avais plus qu'à me rendre. Robin quant à lui, n'avait pas eu à se battre, deux hommes de sable s'étaient alliés pour l'attraper et lui attacher des chaînes solides : il ne pouvait plus bouger. On me mit les mêmes chaînes ainsi qu'à Aelig et à Rose après qu'elle se soit battue durement contre eux. Elle avait utilisé le vent pour les empêcher de créer une tempête mais ils avaient réussi à l'attraper. Nous étions à présent agenouillés en ligne côte à côte, enchaînés de force par des hommes de sable. Ils ne parlaient pas, c'était ce que j'avais lu dans mon livre, ils communiquaient par la pensée. Et là, ils étaient en train de communiquer. Puis, ils nous forcèrent à nous lever et nous marchâmes les uns derrière les autres, chacun surveillé par un des hommes de sable. Même les licornes étaient emmenées ainsi que Juliette qui était toujours transformée. Ils ne l'avaient pas remarquée. Je vis un des hommes qui avait mon épée dans son fourreau.
*
Nous nous étions encore fait capturer. J'avais l'impression qu'on ne faisait que ça. Bien sûr, la quête n'était pas terminée. Ils nous emmenaient avec eux, sûrement dans leur temple. Comment allions-nous nous en sortir ? C'est là que je regrettais beaucoup les beaux jours passés dans le royaume des fées de l'eau. Maintenant, la réalité avait repris le dessus et nous ne pouvions pas faire marche arrière.
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