Les clichés.... Trop cliché ?
Bonjour ! Cette semaine, nous nous intéressons à un phénomène qui ronge de plus en plus la communauté littéraire du web et lui donne les pire cauchemars : les clichés ! Qu'est-ce donc que cette créature qui s'infiltre partout dans nos villes et nos campagnes ? Va t-elle nous croquer tout cru comme le disent les légendes ? Aucun lieu n'est-il donc sûr ?! Nous allons découvrir ça ensemble.
Pour écrire cet article, j'ai utilisé les résultats d'un sondage posté il y a quelques temps. Tous les résultats sont visibles par ici :
VOIR LES RÉSULTATS DU SONDAGE : en commentaire à cette ligne, clique :D
1. Le cliché, ce démon démoniaque de l'enfer terrible et brûlant
Il est commun de dire que les histoires sur les plateformes d'écriture sont remplies de clichés. C'est ce badboy arrogant et très très méchant, c'est cette fille un peu naïve, ce dragon un peu trop affamé, le français et sa baguette, le sorcier et sa tour maléfique. Tout du moins, c'est ce que disent les auteurs et lecteurs.
On va commencer les festivités tout de suite : un cliché, ça n'existe pas. Quoi ? Mais le titre ! Remboursé ! Enfin si, ça existe. Mais ce n'est pas exactement ce que vous pensez. Le cliché, ça peut être négatif, positif, toucher aux ethnies, aux religions, aux orientations sexuelles, manger vos enfants, tuer vos parents... Si on écoutait certaines mauvaises langues, le monde entier serait un cliché et nous même en faisons partie.
Si le cliché est tellement décrié, pourquoi sommes-nous incapable d'en donner une définition précise dans ce cas ? La réponse est toute simple : le cliché, c'est toi. Oui, oui, toi, Billy ou Biloulette, en train de lire cet article.
Un cliché, c'est une construction personnelle, basée sur nos expériences, nos ressentis, nos lectures. Ainsi, ce qui est cliché pour toi ne le sera pas forcément pour ton voisin. Tu auras beau lui crier que tu as raison, désolée de te l'apprendre, tu as tort. Un cliché est donc quelque chose que vous voyez tellement souvent que ça VOUS embête. Vous et personne d'autre. Bien sûr, vous trouverez toujours des gens d'accord avec vous, mais vous en trouverez aussi beaucoup qui ne le sont pas et il faut les écouter également.
Je vois déjà ta tête déconfite derrière ton écran. Ne t'inquiète pas. Je vais te rassurer : oui, il y a des éléments que l'on retrouve dans de nombreuses fictions et cela peut être agaçant. Je vais t'expliquer le pourquoi du comment que ça marche et ensuite tu pourras râler si tu te sens triste et déboussolé.
C'est parti !
2. Le type : un bloc de marbre à tailler
Bien, à partir de cette ligne, nous n'allons plus parler de clichés. Après tout, chers lecteurs, nous sommes des littéraires dans l'âme et nous allons donc parler littérature. Nous allons parler de types et de stéréotypes.
Dans le sondage, vous avez été nombreux à me donner la définition du stéréotype... Mais presque aucun n'a réussi à me donner la définition exacte du type. En vérité, il ne faut pas chercher bien loin. Si on décompose le mot stéréotype, on trouve Stéréo-, qui correspond à la caricature, au tout-fait et le type, qui correspond à l'idée.
Comme son nom l'indique, un type, c'est donc une idée brute. Si vous voulez, c'est le bloc de marbre dans lequel vous allez tailler votre personnage, votre lieu, votre univers. Pour le personnage, le type, c'est la base que vous allez travailler pour lui donner vie. Par exemple, l'une des premières questions que vous vous posez est l'alignement de votre personnage : bon - neutre - mauvais. C'est un type. Si l'on avance, le fait de décider si votre personnage sera un homme, une femme ou un non-binaire, c'est toujours un type. Caractériser votre personnage comme le boulanger, le milliardaire, le pauvre, c'est également un type.
Pour expliquer plus précisément tout ça, il est courant de prendre l'exemple de Balzac. Dans La Comédie Humaine, Balzac fait évoluer des types de personnages. Et ils sont nombreux : environ 2500 personnages, tous différents les uns des autres. Comment ? Ils ont une facette et s'y tiennent. Si l'on prend le Père Goriot, c'est l'incarnation du bon père de famille, si l'on prend Rastignac, c'est l'étudiant ambitieux. Chez Balzac, le personnage représente une facette de la société. Dans votre livre, le personnage représente lui aussi une facette de votre intrigue : le héros, le méchant, le personnage principal, l'étudiant, l'amoureux, le milliardaire, le malade, ... Tout ça, ce sont des types.
Si l'on sort des frontières du réaliste et qu'on se penche sur les lieux ou les créatures magiques, c'est la même chose. Le dragon, par exemple, c'est un type. Paris, c'est un type.
3. Le stéréotype : quelque chose de négatif ?
Bien, maintenant que l'on a défini le type, intéressons nous au stéréotype. Certains l'ont défini comme étant un cliché, et c'est d'ailleurs à ce point que se situe toutes les interrogations.
Dans la longue histoire de la littérature, il y a des types qui sont devenus célèbres. Est-ce un bien, est-ce un mal, ça, ce n'est pas à moi de juger. Si l'on prend par exemple Tolkien, il y a eu les nains qui détestent les elfes, les dragons qui protègent des trésor, l'elfe beau magnifique et parfait, les orques cruels qui veulent la mort de tout le monde, les sorciers maléfiques à la Saroumane ou à la Sauron... Il y en a tellement que l'on retrouve partout aujourd'hui. Dans d'autres genres comme le fantastique, c'est le vampire jeune et beau, qui brille au soleil, le loup-garou payé juste parce qu'il a de jolis muscles... Et dans les derniers venus, en provenance directe du Japon et des Etats-Unis, on a le fameux bad boy et ses multiples conquêtes. Vu le nombre de personnes qui matent les films de l'après-midi sur M6, je me demande comment ça a pu prendre autant de temps avant de devenir une mode.
Le stéréotype, c'est un dérivé du type. C'est une idée déjà conçue et reprise par d'autres personnes. Si vous voulez, c'est un type qui a eu tellement de succès que pleins d'auteurs ont décidé de se l'approprier. C'est l'une des explications à l'explosion de la New Romance et du Young Adult aujourd'hui : des types qui fonctionnent, exploités à l'excès et répétés encore et toujours. Et parfois, oui, ça agace. Ils sont là vos fameux "clichés" qui n'en sont pas. Ce sont simplement des stéréotypes que vous êtes lassés de voir.
4. Stéréotypes et codes d'écritures : la guerre est déclarée !
Il y a une notion que l'on a pas encore abordé et qui me paraît important de traiter : le code d'écriture.
Les codes d'écriture sont des règles que tous les auteurs suivent pour permettre une identification en genre et sous-genre. Et tout le monde en utilise contrairement à ce que pensent certains. Par exemple, quand vous écrivez un roman, vous écrivez en prose. Bam ! Code d'écriture. Quand vous écrivez une nouvelle, vous savez que ça doit être plus court qu'un roman. Et bam ! Deuxième code d'écriture !
Les codes d'écriture touchent également au schéma narratif. C'est le cas par exemple dans la romance ou dans la fantasy. En romance, on trouve souvent le schéma : première rencontre - tension - premier baiser - joie du couple - tension et épreuves - obstacle - conclusion de la relation. En fantasy, on trouve par exemple : prophétie - héros pauvre - événement qui touche le héros personnellement - début d'une quête - épreuves - événement qui encourage le héros - victoire et conséquences. Ce sont des codes d'écriture, qui nous viennent généralement d'auteurs antérieurs dont on s'est inspirés.
Mais ne vient-on pas de dire à l'instant que les stéréotypes sont des types connus qui sont réutilisés encore aujourd'hui ? C'est le cas. Si on écrit un roman en prose, c'est parce que des auteurs ont inventé le roman en prose et l'ont codifié. Si l'on écrit des prophéties en fantasy, c'est parce que d'autres auteurs l'ont fait avant nous et que ça a fonctionné. Donc dans un sens, oui, les codes d'écriture sont des stéréotypes.
Pour autant, je les considérerais comme une catégorie à part. S'il est relativement facile d'éviter des stéréotypes de personnages, de situations ou de lieu, il est impossible d'échapper aux codes du genre, à moins de vouloir en inventer de nouveau, ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui avec la démocratisation de l'écriture pour tous et le choix de la facilité sur le travail à long terme. Mais qui sait ce que l'avenir nous réservera, on a pas encore assez de recul chronologiquement pour voir ce qu'on a fait de notre XXIe siècle. C'est une affaire à suivre donc.
5. Mais du coup... Nos écrits sont-ils originaux ?
La réponse est donc non... mais avec une grande part de liberté tout de même.
Certes, les codes d'écriture ne bougeront probablement plus beaucoup maintenant, avec quelques réserves, puisque la weblittérature d'avant-garde est en pleine explosion (hypertextes, short short stories, Twittérature, ...) et pourrait bien nous surprendre dans les années à venir. Certes, les stéréotypes aujourd'hui sont très nombreux et envahissent tout. Les plus pessimistes disent qu'on n'inventera plus rien de nouveau parce que tout a déjà été inventé.
Pour ma part, je n'en suis pas sûre. On est à l'ère de la technologie. De nouvelles technologies étranges et farfelues apparaissent tous les jours, de grands dirigeants mondiaux jouent avec des forces qu'ils ne contrôlent pas. Je parierai fortement sur un renouvellement de la science-fiction dans les années à venir et un décalage des textes réalistes sur l'époque contemporaine, puisque beaucoup sont coincés à des types antérieurs à ce qu'on trouve aujourd'hui. De même, dans ce monde pourri, je parie également un retour au merveilleux et à la fantasy très bientôt. Les gens ont besoin de s'échapper et la littérature de l'imaginaire a toujours eu cette ambition. Je suis aussi convaincue que les bad boys vont finir par lasser et vont disparaître. S'il y a autant de protestation contre la New Romance actuellement, c'est qu'une partie des lecteurs commence à se lasser. Souvent, c'est suivi d'une contre-littérature qui va remplacer celle existante. On ne sait pas ce que réserve l'avenir, mais ça va bouger.
De plus, si l'on écarte les stéréotypes, il est tout a fait possible de créer de nouveaux types à partir des types existants. C'est ce qui s'est passé très récemment avec les causes LGBT, les gens commencent à se lancer sur des terrains qu'ils ne connaissent pas. C'est certes souvent un peu maladroit, mais ça reste très, très nouveau pour l'époque. Les voix féministes et contre le racisme commencent également à s'élever et de nouvelles causes sont créées chaque année. La cause Vegan, par exemple, trouvera certainement sa littérature dans les années qui arrivent.
En mélangeant codes classiques et actualité contemporaine, il y a un large spectre de choses à faire et qui seront certainement comblées par notre génération d'auteurs. L'écriture originale a encore de longs jours devant elle et on trouvera toujours un moyen de faire du neuf avec du vieux, il ne faut surtout pas s'en faire.
Quant aux stéréotypes, ils vont et viennent depuis la nuit des temps. Certains sont tenaces, d'autres disparaissent très, très vite. Les stéréotypes d'hier ne sont pas ceux d'aujourd'hui et les stéréotypes d'aujourd'hui ne seront pas ceux de demain. On trouve à toutes les époques des gens qui râlent, vous êtes loin d'être les seuls. Mais il faut faire avec. Vous en avez marre des stéréotypes ? Alors innovez ! Mélangez des types ensemble et créez de nouvelles choses.
Le succès ne sera probablement pas au rendez-vous, mais il faut aussi savoir qu'il y a 90% de chance qu'une idée géniale ne soit découverte que très longtemps après la marque d'un auteur sur cette Terre. Il ne faut pas s'en faire !
Et à ceux qui râlent sur les "clichés"... Bah... Bougez vos fesses, qu'est-ce que vous faites encore là ? Il y a trop de créations qui vous attendent pour que vous vous permettiez de vous détourner de votre oeuvre ! Au boulot !
C'est tout pour cet article qui a mis un peu de temps à arriver, j'en suis navrée. J'ai eu quelques petits soucis de PC (lol, en fait mon ancien PC a flambé, littéralement) et beaucoup, beaucoup de travail. J'espère que cet article vous a plu, n'hésitez surtout pas à me faire parvenir votre retour dessus, j'ai mis un temps fou à l'écrire. Merci aux 119 participants du sondage également ! Je vous souhaite une bonne semaine et on se retrouve le week-end prochain pour un tout nouvel article ! Merci !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top