Chapitre 1


Nous étions si jeunes, Cedric, tellement jeunes, innocents et pleins d'espoir. J'avais, à l'époque, l'infime espérance que Voldemort ne reviendrait pas et qu'il nous laisserait un monde de paix et de tranquillité. J'étais naïf, aussi. Malgré notre candide jeunesse, nous avons perdu du temps. Nous nous étions seulement rencontrés lorsque j'étais en quatrième année, et toi en septième déjà. Nous aurions pu faire connaissance plus tôt. Cela nous aurais permis de passer davantage de temps ensemble. Mais rien ne nous poussait à nous rapprocher lors de mes trois premières années à Poudlard, si ce n'est les rares matchs de quidditch Gryffondor contre Poufsouffle que l'on était amené à disputer. Ma quatrième année a été le déclic. Celle qui nous a poussé l'un vers l'autre, celle où le destin a décidé qu'il était temps que nos routes se croisent. Elle fut à la fois la meilleure et la pire année de ma vie. La meilleure car elle m'a permis, car tu m'as permis de me sentir vivant. Bien sûr,  tu n'as pas remplacé Ron et Hermione. Tu as occupé et tu occupes toujours une tout autre place dans mon cœur. Eux, je les connaissais depuis mon entrée à l'école de sorcellerie. Toi, tu m'as fait découvrir des sensations que je n'avais jamais ressenti, et tu m'as fait renaître, bien plus que le Phoenix de Dumbledore ne pouvait renaître. J'avais enfin l'impression de me battre pour quelqu'un qui m'aimait et qui en valait vraiment la peine, une personne qui me redonnait le sourire quand j'allais mal et à laquelle je pouvais m'abandonner sans risque d'être trahi.
La pire, évidemment, à cause de mes cauchemars bien trop réels, à cause de la montée en puissance des mangemorts, à cause du retour à la vie de Voldemort et à cause de ton décès, Cedric. La grandiose idiotie qu'était le tournois des trois sorciers t'a poussé jusqu'à moi, et t'a repris aussi sec. Malgré les troubles qu'elle a causé, je lui suis reconnaissant de nous avoir réuni.
Mais ce n'est pas avec cette compétition que tout a commencé. Non. C'était avec la coupe du monde de Quidditch que monsieur Weasley nous avait emmené voir, sa grande famille, Hermione et moi même. Ce fut la véritable première fois où tu m'adressas la parole...

Flashback:

Harry s'était levé tôt, beaucoup trop tôt pour une journée ordinaire. Hermione l'avait tiré d'un de ses nombreux cauchemars qui avaient le don de réveiller la douleur cuisante de sa cicatrice en forme d'éclair. La jeune fille avait, de la même manière et sans vergogne, réveillé quelques minutes plus tôt le pauvre Ron qui dormait comme un bienheureux emmitouflé sous ses draps Canons Chudley. Le pire était sans doute que les deux garçons ne savaient pas pourquoi ils devaient se lever aux aurores de la sorte, et que les peu nombreuses personnes qui semblaient être au courant de la cachoterie ne voulaient rien leur avouer. Après un petit déjeuné à l’ambiance quelque peu léthargique, les adolescents allèrent s’habiller, toujours sans la moindre idée de l’endroit pour lequel ils partaient. Arthur Weasley allait jouer le rôle du guide, et il emmena avec lui Harry, Ron, Hermione, Ginny et les jumeaux. Pour l’occasion, il s’était habillé en moldu, et Harry et Hermione, ayant vécu dans le monde moldu toute leur enfance, se moquèrent silencieusement du résultat quelque peu catastrophique. Monsieur Weasley guida le petit groupe curieux et impatient à travers la forêt de Loutry ste Chaspoule, dans laquelle ils marchèrent pendant un très long moment. Ils étaient déjà tous fatigués lorsqu’ils aperçurent au loin une silhouette trapue et masculine, plantée au milieu du chemin. Plus ils se rapprochaient de l’inconnu, plus ils arrivaient à distinguer son visage joyeux et, surtout, son accoutrement aux vêtements moldus tout aussi dépareillés que ceux d’Arthur Weasley. Les jeunes gens comprirent que cet homme les attendait lorsque le père de Ron courrut à sa rencontre et lui fit une accolade amicale. Monsieur Weasley le présenta : il s’agissait d’Amos Diggory, un ami de longue date, qui avait prévu de se rendre au même endroit que la grande famille. Soudain, un jeune homme sauta de l’arbre dans lequel il était perché, et retomba parfaitement sur ses pieds aux côtés d’Amos.

"Arthur, les enfants, je vous présente mon fils Cedric." Annonça fièrement son père en posant son bras sur les épaules du nouveau venu.

Harry, après réflexion, se dira plus tard que le jeune homme ressemblait à une de ces créatures étranges à la peau pâle et au regard envoûtant. Mais ça ne collait pas. Cedric ne pouvait pas avoir du sang de Vélane, car au lieu d’être blond aux yeux bleus, il avait des cheveux bruns caramel et des yeux gris-verts. Malgré cela, Cedric présentait quelque chose de captivant et Harry en resta tout retourné, si bien qu’il n’arriva plus à détacher ses yeux de lui. Tout le monde salua gaiment Cedric, qu’ils avaient déjà croisé ou vu de loin à Poudlard. Monsieur Diggory leur apprit que Cedric allait entrer en septième année à la rentrée, et il répéta plusieurs fois qu’il considérait son fils comme sa réussite personnelle. Harry, lui, serra la main du jeune homme de 17 ans, qui avait donc trois ans de plus que lui. Ce contact s’apparenta à une décharge électrique pour le survivant. Ce moment de transe fut cependant brisé par Amos qui, regardant Harry avec de grands yeux ébahis, s’écria de toutes ses forces :

"Oh Merlin, ne serait-ce pas le grand Harry Potter ?"

"Euh… Si, monsieur Diggory." Répondit timidement Harry, qui pourtant avait l’habitude que les gens se mettent dans tous leurs états lorsqu’ils le voyaient.

Monsieur Diggory se mit alors à lui détailler les différents exploits scolaires et sportifs de son fils, qui, gêné que son père parle ainsi de lui, préféra aller marcher un peu plus loin. Harry trouva Amos quelque peu arrogant et vantard, mais il ne lui en voulut pas. Après tout, pouvait-on vraiment reprocher à un papa de considérer son fils comme la huitième merveille du monde ? Harry aussi aurait bien aimé connaître ça.

La grande tribu marcha encore un bout de chemin à travers les bois, et gravit ensuite le flanc d’une colline escarpée.

"J’espère que ce pourquoi on fait tellement de chemin à pieds en vaut la peine." Bougonna Ron, haletant.

"T’inquiète, je t’assure que tu vas pas être déçu." Lui répondit Cedric, qui avait entendu ses jérémiades.

Le trio d’or, Ginny, Fred et George comprirent alors que Cedric avait été informé, sûrement par son père, de l’identité du lieu mystère dans lequel ils se rendaient. Au moment où ils allaient le bombarder de questions afin de lui faire cracher la vérité, ils se rendirent compte qu’ils étaient enfin arrivés au sommet de la colline. Tous s’assirent en soufflant et appuyèrent sur leurs ventres endoloris par les points de côtés. Seuls Cedric, son père et monsieur Weasley parurent en pleine forme, pas le moins du monde affectés par l’effort qu’ils venaient de faire. Ils se dirigèrent même directement vers le milieu de la colline, où se trouvait, au sol, une vieille botte marron qui devait avoir connu des jours meilleurs.

"Tenez-vous prêts, les enfants, le portoloin part dans trois minutes !" Déclara Arthur Weasley après avoir consulté sa montre à gousset.

"Le quoi ?" Questionna Harry, perplexe, qui n’avait jamais entendu le mot portoloin de toute sa vie.

Il semblait d’ailleurs être le seul à ne pas avoir compris, car tous ses amis se levèrent et se rassemblèrent autour de la vieille chaussure.

"Encore deux minutes !"

Harry imita tout de même ses congénères et alla les rejoindre. Du point culminant de la colline où ils se trouvaient, le brun put constater que tout ce qui s’étendait à l’horizon étaient des bois, des champs de verdure et des petites tâches formées par des agglomérations.

"Plus qu’une minute !"

Le survivant porta à nouveau son attention sur l’objet insolite autour duquel ils s’étaient regroupés.

"Pourquoi est-ce qu’on attend autour d’une vieille botte dégoûtante ?" Lâcha-t-il en haussant les sourcils, très peu convaincu.

Les jumeaux rirent de son manque d’expérience et lui expliquèrent que cette "vieille botte dégoûtante" était en réalité un portoloin, qui allait leur permettre de se déplacer très rapidement depuis la colline jusqu’à l’endroit inconnu. Harry voulut leur poser davantage de questions sur ce système de déplacement sorcier, mais la botte se mit tout à coup à s’agiter et à renvoyer de la lumière dorée.

"C’est parti les enfants, mettez votre doigt sur la chaussure et accrochez-vous bien !"

Le sorcier à la cicatrice posa juste à temps son doigt sur l’objet, et il eut la douloureuse sensation de se faire tirer par le nombril. Ils passèrent, ou plutôt volèrent dans un couloir coloré, et pas plus de vingt secondes plus tard, ils furent propulsés sur le sol terreux de l’endroit où ils avaient atterri. Encore une fois, seuls Cedric, son père et monsieur Weasley finirent la course en marchant dans les airs, juste avant de venir se poser délicatement sur le sol. Harry se dit que le Poufsouffle devait avoir l’habitude de prendre ce type de moyen de transport, et il se sentit bête et ridicule de s’être lamentablement écrasé par terre, ses lunettes de travers. Ce sentiment fut accentué et accompagné d’une gêne intense lorsque Cedric, avec un sourire bienveillant, lui tendit le bras pour l’aider à se relever. Harry accepta et saisit sa main qui le tira vers l’avant, si bien qu’il fut très vite debout sur ses deux jambes. A nouveau, une étrange sensation parcourut son corps, de la pointe de ses pieds jusqu’à son échine, ce qui le fit frissonner. Il commença même à se poser des questions lorsque la main de Cedric ne quitta pas la sienne tout de suite après l’avoir relevé. Il tenta de le remercier en le regardant le moins possible, car il avait l’étrange impression que son regard intense le brûlait et le passait au rayon X. Il s’empressa ensuite de rejoindre Ron et Hermione pour oublier cet instant peu commun qu’il venait de vivre. Ses deux amis, qui avaient suivi la scène d’un œil détaché avaient l’air de l’avoir trouvée complètement banale, et Harry décida de ne pas s’en formaliser plus que ça. Cedric sortit même complètement de ses pensées lorsqu’ils découvrirent le spectacle merveilleux qui les attendait.

"Les enfants, bienvenue à la coupe du monde de Quidditch !"

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