* 13 *
Les premiers jours d'août passèrent à leur rythme, chaud et intense, tous semblaient bien occupés.
Raphaël avait cédé aux exigences de Mélodie et avait dilapidé tout son salaire gagné durant l'année pour partir une semaine avec elle, au soleil, sur une île paradisiaque. Mélanie avait tenté de le rejoindre à plusieurs reprises mais il l'avait ignorée, au bout de quelques jours, elle avait abandonné. Pourtant, elle devait lui parler ; elle était désormais décidé à crever l'abcès, même si Chloé ne pouvait venir, elle parlerait soit à Mélodie soit à Raphaël, elle l'enfermerait s'il le fallait mais elle le ferai. Et pour cela, elle pouvait compter sur le soutien d'Alan, elle n'avait rien dit à personne à part lui, elle pensant que cela n'en valait pas la peine et que son frère ou son meilleur ami était de toutes façons, trop impliqués ailleurs et elle ne voulait pas les inquiéter davantage.
Après le départ confus de Chloé et Joseph, Mélanie avait voulu recontacter sa meilleure amie et celle-ci lui répondait toujours comme ci rien ne s'était passé. Elle avait tenté quelques fois d'aborder son ressenti sur son altercation avec Mélodie, mais elle balayait d'un revers de la main toute possibilité de dialogue à ce sujet soit en coupant cours à l'appel soit en faisant comme Mélanie le faisait souvent, elle la renvoyait vers elle-même. Mélanie n'était pas dupe et voyait bien que sa meilleure amie souffrait en silence, alors elle contacta Joseph qui lui fit comprendre à demi-mots que tout ce dont avait besoin Chloé c'était du temps et de la distance avec tout ce qui lui rappellerait ce qu'elle avait fait. Il ajouta que pendant quelques jours, ils avaient craint que Mélodie ne porte plainte contre elle ; pour l'instant rien de tel n'était survenu mais cette peur restait omniprésente pour Chloé. Elle sortait à peine et avait souvent tendance à s'apitoyer sur son sort et sur ce que créerait dans sa vie si un et elle plainte était faite ; elle ne pourrait jamais passer les concours de police et il lui était impossible d'envisager une autre carrière. Joseph lui avait paru préoccupé mais serein sur le rétablissement de Chloé alors Mélanie n'avait pas insisté, pourtant, il ne savait p vraiment comment gérer cette situation ni aider Chloé, il passait ses journées et ses nuits à la rassurer ou à être disponible si elle l'appelait, il était fatigué mais tint bon. De son côté, Mélanie avait écouté Joseph ; cela faisait plus d'une semaine qu'elle n'avait absolument rien échangé avec sa meilleure amie malgré sa grande envie de lui raconter comment elle se rapprochait d'Alan.
Celui-ci d'ailleurs, enchaînait inlassablement les petits boulots ; le café était le plus important mais il lui arrivait d'assurer des emplois d'intérimaires sur quelques jours. Il avait dit avoir des dettes à rembourser, Mélanie n'avait pas insisté pour en savoir plus mais elle l'accompagnait souvent travailler au café et lorsqu'il était de corvée de plonge, l'aidait. Jimmy qui depuis le retour de sa mère et son installation avait finalisé sa formation dans la restauration ne quittait que rarement le café sauf pour rendre visite à sa meilleure amie occasionnellement. Nolan avait trop de travail pour le faire alors il avait chargé Jimmy de faire les comptes. Son niveau en mathématiques n'ayant pas évolué depuis le collège, elle se faisait un devoir de vérifier avec lui chaque détail. Souvent il restait dormir et Mélanie savourait ses simples retrouvailles, elle savait que le temps perdu entre eux se rattraperait avec ces moments là, où ils étaient simplement ensemble.
Les inséparables Nolan et Alexis, se tuaient à la tâche pour faire tourner le petit café en l'absence de leur chef ; elle était trop occupée à s'implanter ailleurs. Accompagnée de sa fille, elle avait quitté la ville pour les deux premières semaines d'août, et avait acheté une énorme brasserie sur la côte qu'elle comptait bien remettre à neuf mais en attendant il fallait que le petit café de la capitale tourne et tourne bien. Daniela, Nolan, Alexis et Jimmy en étaient chargés il fallait admettre que ses exigences étaient élevées mais ils ne voulaient pas la décevoir alors les leurs l'étaient d'autant plus.
Pourtant Alexis sortait seul de temps à autre ce qui ne lui ressemblait pas, Nolan le taquinait souvent la dessus. Il ne savait toujours rien, il avait demandé à Mélanie mais elle n'était pas plus avancée que lui.
Au bout de quelques temps, Mélanie apprit par Jimmy que Raphaël était rentré ; il n'était pas encore retourné travailler et avait fait promettre au jeune homme de ne le dire à personne, mais puisque Mélanie et Jimmy étaient si proches et la plupart du temps ensemble désormais, il n'avait su tenir sa langue. Alors Mélanie ne quittait plus l'appartement attendant désespérément que son cousin veuille bien se montrer, elle se doutait qu'il voudrait l'éviter alors elle fermait les volets tentait le moins possible d'activité par les fenêtres. Après tout, il n'avait que très peu d'affaires avec lui ; il devrait à un moment ou à un autre revenir surtout que son atelier se trouvait ici et qu'il pouvait rester que très peu de temps sans lui. Alexis avait confirmé à sa sœur que leur cousin avait bien payé sa part de loyer pour le mois de juillet ce qui signifiait sans doute qu'il ne souhaitait pas quitter pour le moment la colocation et cela la rassura quelque peu.
C'est lors d'une chaude matinée que Raphaël fit exactement ce qu'elle avait prévu, son stratagème avait fonctionné ; son cousin entra dans l'appartement discrètement et se dirigea directement dans sa chambre une valise vide sous le bras. Il pensait vraiment être seul mais ce fut sans compter sur Mélanie qui le rejoignit, et il sursauta lorsqu'il l'a vit. Après quelques instants de flottement, agacé, il souffla profondément puis ignora sa cousine, mais elle n'avait aucune intention de le laisser s'en tirer à si bon compte e fit preuve d'humour bien malgré elle :
« Alors on dit plus bonjour à sa famille ?
- J'ai rien à te dire...
- Je suis sûre que oui – il secoua la tête sans la regarder – Raphaël, on va quand même pas arrêter de se voir juste pour ça ? Ça n'en vaut pas la peine...
- Facile à dire pour toi, t'as pas eu l'arcade ouverte ou la lèvre déchirée ! Et moi, tu y as pensé ? Ça fait des jours et des jours que je retiens Mélodie de pas porter plainte ! - désormais il lui faisait face et sa colère était plus qu'évidente.
- Tu sais parfaitement que ce n'était pas l'intention de Chloé de faire ça. Tu la connais depuis plus longtemps que Mélodie, tu penses pas qu'il y a une bonne raison derrière tout ça ?
- La seule raison que je vois c'est que vous êtes jalouses de Mélodie. - Mélanie ne pût retenir la surprise qui la saisit – Oui, vous êtes jalouses de Mélodie, de tout ce qu'elle a, de tout ce que nous avons.
- Tu n'y crois pas tout de même ?
- C'est évident, non ? - sa cousine ne savait que répondre, comment une telle idée avait-elle pu se loger dans sa petite tête ? - Toi, tu n'as pas de copain et Chloé aimerait son argent. Maintenant, laisse-moi.
- Raphaël, comment tu peux penser ça de nous ?
- J'arrive pas à me l'expliquer autrement. - souffla-t-il, Mélanie comprit qu'il était surtout confus, elle voulût changer de sujet.
- Et vos vacances ? - il sourit mais ce n'était pas de joie.
- C'est vraiment tout ce qui t'importe ?
- Ce qui m'importe c'est que tu ne me fuis pas. Raphaël, tu es mon cousin, pourquoi tu m'as ignorée ? - il haussa les épaules.
- Je crois... Je crois que j'avais peur, et puis Mélodie... Elle arrêtait ps de répéter qu'il ne fallait plus qu'on vous voie, qu'elle voulait une revanche... - ses yeux avaient quitté ceux de Mélanie et las il s'assit sur le rebord du lit.
- Eh bien, je... - elle ne savait pas quoi dire non plus, elle le rejoignit et posa sa main sur la sienne, ils n'étaient pas coutumiers des contacts physiques et souvent Raphaël les rejetaient mais il acceptait celui-ci pour toute la tendresse qu'il donnait. - Tu lui en veux beaucoup ?
- A qui ? A Chloé ? - Mélanie acquiesça – Évidemment. Franchement, je peux comprendre que vous n'appréciez pas vraiment Mélodie, elle a.. son petit caractère mais elle mérite vraiment pas ça. T'as bien vu ? Elle lui complètement défoncé le visage... - sa cousine hocha de la tête, elle ne pouvait mentir : Mélodie avait été bien amochée.
- Et si... Si elle avait fait ça pour de bonnes raisons... - Raphaël haussa un sourcil étonné et méfiant.
- Comment ça ? - Mélanie ne pouvait faire demi-tour et respira profondément pour trouver son courage et dissimuler la panique qui menaçait de prendre en otage son esprit,elle s'était fixé un objectif, elle le remplirait, elle pouvait le faire, et elle était résolue à le faire.
- Eh bien... Écoute, Raphaël, tu me connais depuis toujours, on est presque frère et sœur vu tout le temps qu'on a passé ensemble.- son cousin sourit à l'évocation de leurs souvenirs, il ne pouvait nier qu'il avait passé pus de temps chez son oncle et sa tante que chez ses propres parents. - Déjà, je crois qu'on devrait pas laisser cet événement nous éloigner, non ? - il ne put que lui donner raison. - Bon, à partir de là, tu as aussi connu Chloé depuis très longtemps, je l'ai rencontré en quoi ? En sixième, je crois, et même si tu l'as pas toujours porté dans ton cœur tu la connais bien...
- Je t'arrête tout de suite, si tu essaies de me dire, que comme je connais Chloé depuis longtemps, elle est tout excusée, tu te mets le doigt dans l'œil jusqu'au coude. - il commença à vouloir se lever mais Mélanie était plus tenace qu'il le croyait et le retint.
- Non, non, non, tu restes là.- Il obéit – Alors, déjà je ne voulais pas du tout dire ça et deuxièmement tu me laisses terminer, merci. - Son cousin fit une moue peu convaincu mais ne protesta pas plus.
- Mélodie m'attend dans la voiture alors fais vite.
- Bon, ce que je voulais dire en soit c'est que Chloé n'est as du genre violent ou sadique et tu le sais, tu la connais. - il hocha la tête comme signe d'approbation – Si elle a agi comme ça, c'est que Mélodie l'a provoquée tu sais, elle franchi la limite vraiment.
- Mais enfin, ça vaut pas ça ! Mélodie provoque toujours tout le monde, c'est une habitude chez elle, faut juste ignorer. Qu'est ce qu'elle a fait de si terrible, cette fois ? Elle vous a dit que votre tenue était moche, que vous saviez pas faire de fête ou que votre mascara coulait ?
- Tu sais très bien qu'on se serait pas énervées pour si peu ! Et pour ta gouverne ce ne sont pas les seuls sujets que nous abordons ! En plus, ça fait bien longtemps qu'on supporte les remarques de ta copine alors tu serais gentil de reconnaître que nous avons fait des efforts ! - Mélanie et Raphaël n'en revenaient pas ; elle avait vraiment réussi à élever la voix et a affirmer autant de choses en si peu de temps, et elle en ressentit une certaine joie alors que son cousin déboussolé ne savait quoi répondre.
- Je...
- Ne nous mets pas dans le même sac qu'elle s'il te plaît, nous, on ferait pas de ces sujets une dispute et encore moins une bagarre. Et tu le sais.
- Méli'...
- Tu as appelé Joseph au moins ? - il secoua la tête, évidemment que non – C'est un de tes meilleurs amis aussi, vous étiez tout le temps ensemble au lycée... - lui rappela-Mélanie non pas pour l'affliger davantage mais plutôt pour qu'il réalise comme elle l'avait fait en s'expatriant, à quel point ces êtres que l'on appelle amis sont précieux.
- Alors dis-moi. Dis-moi pourquoi ça a dégénéré.
- Elle... - Mélanie ne pensait pas que lui dire serait si dur, sa gorge se noua et bien qu'il n'y avait avec elle que son cousin avec qui elle était très proche, elle avait l'impression d'être face à u parfait étranger dont sa vie dépendait. - Chloé m'a défendue, Mélodie était vraiment odieuse avec moi et Chloé est intervenue. - Raphaël ne comprenait pas alors elle ajouta – Elles ne sont pas battues tout de suite, elles se sont d'abord bien disputées.
- Elles se sont disputées parce que Mélodie n'était pas sympa avec toi ? - Il avait du mal à y croire, Mélodie agissait comme une enfant gâtée de temps en temps mais elle avait pus tendance à ignorer les gens qu'elle n'appréciait pas plutôt qu'à les tourmenter.
- Oui, enfin, après la conversation a dérivé sur autre chose...
- Autre chose ?
- Mélodie a insulté Chloé, plusieurs fois. - Raphaël écarquilla les yeux, Mélodie n'avait bien évidemment pas mentionné ce détail. - Et puis, elle...
- Elle ? - Mélanie hésitait mais il lui fallait faire comprendre à son cousin pourquoi Chloé était devenue ainsi.
- Elle a parlé de Louise. »
Alors Raphaël comprit. Il comprit la réaction de sa vieille amie, il comprit les coups et la rage qu'elle y avait mis. Cela ne la pardonnait en rien mais cela la justifiait et lui donnait des circonstances atténuantes, il comprenait. En plus, de défendre Mélanie comme elle le faisait depuis toujours, elle s'était aussi elle-même protégée et Raphaël respectait cela et le comprenait parfaitement.
Devant, le visage troublé et inquiet de Mélanie, il réalisa qu'il n'aurait pas dû n'écouter que Mélodie, sa cousine ne savait mentir et elle aurait admis la faute de Chloé si celle-ci était pleinement responsable mais Mélodie s'était montrée plus qu'intrépide en évoquant Louise devant Chloé et elle n'avait pas dû le faire en de bons termes ce qui rajoutait de la gravité à ses paroles. Il ne savait quoi faire désormais ; avec ce que lui avait dit Mélanie, il ne pouvait ignorer la part de responsabilité de Mélodie et devait lui en toucher deux mots mais cette dernière ne l'accepterai sûrement pas et elle serait d'autant plus hostile à une quelconque réconciliation et il ne pouvait renoncer à sa faille pour elle bien qu'il l'aimait de tout son être. Raphael baissa la tête et la cala entre ses mains manquant désespérément de soutien ; il était totalement perdu, puis la main de sa cousine trouva son épaule et en une prise réconfortante, elle le pressa vers elle. Il se laissa aller à un peu de réconfort fraternel, il savait que sa cousine et Jimmy étaient les deux personnes qui pouvaient l'aider le plus dans cette situation bien qu'elle était la source de cette dispute Mélanie tout comme son meilleur ami, lui serait loyale.
« Il y a quelque chose que je ne comprends pas... -déclara Raphaël en relevant la tête et sa cousine lui fit signe pour qu'il poursuivit – Pourquoi... Pourquoi Mélodie était comme ça avec toi ? - la tête de Mélanie piqua vers le sol immédiatement comme réflexe, elle le fuyait mais se fit violence pour lui faire face – Il doit bien avoir une raison pour ça, non ?
- Il y en a une.
- Je t'écoute.
- Eh bien, j'ai refusé de faire ce qu'elle me demandait.
- Comment ça ?
- Raphaël, écoute, Tu me fais confiance n'est ce pas ?
- Oui, beaucoup. »
« Presque autant qu' à ma copine» avait-il failli ajouter avant que sa cousine ne lui révéla le secret de Mélodie. Tout d'abord, il ne la crût pas, puis, il accepta à demi-mot cette vérité. Tout du moins, il ne la réfuta pas mais voulait une autre confirmation. Il pria Mélanie de ne le dire à personne et surtout de ne pas dire à Mélodie qu'il savait désormais. Il fit ses adieux à sa cousine ; il ne savait quand il pourrait la revoir, elle et les autres, il avait quitté son travail au café et prévoyait de s'installer chez Mélodie mais désormais, il ne savait quoi faire. S'il avait dit à sa cousine qu'il la croyait, il gardait tout au fond de lui l'immense espoir gonflé d'amour qu'elle se trompait et que sa vie tournée depuis bientôt plus de trois ans autour de cette unique être féminin douée de beauté et d'amour pour lui, ne volerait pas en éclats avec cette cinglante trahison.
Si c'était la vérité, il ne savait pas s'il pourrait s'en remettre.
* Bonjour, alors puisque je n'ai pas publié hier, voici un chapitre assez conséquent, je le relirai dans la journée (pour les fautes) et j'en publierai peut-être un autre dans la soirée ou demain. J'espère que la suite vous plaira et je pensais révéler qui est " Louise" dans cette fiction mais en fait, non. J'ai changé d'avis, comme ça vous avez une motivation pour lire les autres.
A bientôt, Ema *
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