* 11 *

Mélanie se réveilla lourdement, et pour cause quelques rayons traversaient les volets mais c'était surtout la présence de quelqu'un d'autre qui remuait qui l'avait réveillée. Alan tentait de se défaire des bras de Mélanie qui l'entouraient depuis qu'ils s'étaient endormis. Leurs regards se croisèrent, une gêne en rougissements grimpèrent sur les joues de la jeune femme qui retira aussitôt son étreinte.
Ils se levèrent en silence et gagnèrent l'un sa chambre discrètement, l'une la cuisine où son frère était déjà. Mélanie s'attendait à ce qu'il remarqua Alan qui se faufilait discrètement à l'autre bout de l'appartement et l'assomma ensuite de questions mais il semblait préoccupé, plongé dans ses pensées, il lui dit à peine bonjour. Elle était elle-même assez perturbée par les événements de la veille et le rapprochement avec Alan qui avait suivi,  à tel point qu'elle ne s'était pas du tout préoccupée de ses amis.

« Où sont Joseph et Chloé ? -demanda-t-elle en s'asseyant.

- Dans la chambre de Joseph .

- Et Jimmy ? Raphaël est revenu ? - Par là, elle entendait son cousin et Mélodie mais elle ne put se résoudre à prononcer son nom, et bien qu'elle avait une vague idée, elle voyait s'en assurer.

- Il m'a envoyé un message ; ils sont allés dormir chez Mélodie. " Délibérément, il omit de mentionner le passage par le service des urgences qu'avait fait le couple accompagné de Jimmy, Alexis estimait que le dire à sa sœur lui nuirait et puis, il ne voulait pas s'étendre là-dessus pour lui, il valait mieux tout oublier. Puis il tourna vers elle un regard tendre et la servit
" Comment tu te sens ?

- Exténuée.

- Tu n'as pas beaucoup dormi... - admit-il, il était à peine huit heure du matin, mais Alexis s'inquiétait pour autre chose que l'état de fatigue de sa sœur - Et, moralement ?

- Ça va. - Mentit-elle sans hésiter.

- Tu peux mentir à n'importe qui, mais pas à moi. - Mélanie sourit à la pensée qu'Alan lui avait dit à peu près la même chose quelques heures plus tôt. - Ce qui s'est passé ne peut pas te laisser indifférente, d'ailleurs peu de choses te rende indifférente même si tu ne dis rien. »

Son frère s'était penché vers elle et lui avait ébouriffé les cheveux comme il le faisait lorsqu'ils avaient une douzaine d'années. Son regard ne la lâcha pas et elle sut qu'elle ne pouvait pas lui mentir à nouveau. Tous les deux se préparaient à parler mais furent interrompus. Le téléphone d'Alexis retentit et une fois, qu'il vit le nom s'afficher, il le saisit sans hésiter et sortit sur la terrasse. Si Mélanie était déçue de ne pas avoir une petite conversation avec son frère, elle ne pensa pas une seule seconde à le retenir et déjeuna tranquillement seule.

Lorsqu'elle retourna dans sa chambre, se laissant tomber sur son lit, elle se redressa immédiatement et prit son téléphone ; il affichait plusieurs messages et appels manqués de Jimmy. Elle prit peur et consulta immédiatement sa messagerie. En substance, il lui disait que Mélodie était aux urgences, qu'on s'occupait d'elle puis qu'il était rentré Raphaël le lui ayant demandé. Elle paniqua. Les images de la veille refirent surface et elle se perdit petit à petit entre elles; entre ce qu'elle avait fait, et ce qu'elle aurait dû et voulu faire.
Mélanie eut le souffle coupé ;  elle réalisait qu'elle venait de participer indirectement à envoyer quelqu'un à l'hôpital, et de surcroît la petite-amie de son cousin. Sa poitrine fut saisie d'une secousse de remords et de dégoût d'elle-même. 

Mélanie n'en voulait pas à Chloé, elle estimait qu'elle avait réagi de manière impulsive mais pas coupable pour autant. Elle estimait plutôt que c'était à elle, sa meilleure amie, de savoir et d'anticiper les réactions de ses proches et d'agir en conséquence. Jamais au grand jamais, elle n'avait pensé que tout ceci irait si loin, et Mélanie se tenait comme première responsable de la colère de Mélodie, puis de la perte de contrôle de Chloé, elle aurait du se soumettre à la première et mentir à la seconde lorsque celle-ci avait voulu la défendre.

Mélanie agrippa son téléphone et tenta d'appeler celui qui saurait la rassurer ; Jimmy. Après plusieurs échec elle abandonna, mais le désarroi subsistait et elle ne pouvait en sortir seule, elle le savait. Alors elle se leva et voulut ouvrir les volets par réflexe lorsque l'on manque d'air, une chaleur étouffante envahit d'un coup  la chambre et elle fut quelques secondes, aveuglée par la lumière. La jeune femme n'en éprouva que davantage d'égarement. Elle referma aussitôt et avec force les volets, les rideaux et ses yeux ne percevaient plus qu'un paysage troué d'un point rouge sang grandissant.
Elle se laissa tomber au sol défaite par la fatigue et la culpabilité. Elle prenait cette position comme une défense, un réflexe qui s'il n'atteignait pas sa douleur, la rassurait un peu. Elle revit Mélodie dans la même posture vaincue par Chloé et sa colère. Paralysée, elle ne comprenait que trop bien ce qu'elle avait dû ressentir, la puissance de la faiblesse physique, de la soumission, de la passivité, celle de subir, d'être assujettie, et d'être la spectatrice de son propre échec d'être. Elle le comprenait sue trop bien et par la vision de cette scène d'horreur revivait les siennes.

Sa vision était toujours troublée, son cœur toujours serré et sa gorge encore nouée par une flamme de remord lorsque Alan entra dans la chambre. Il la retrouva presque face contre sol, pétrifiée et ne possédant que la moitié de ses facultés.  Il la releva aussitôt et lui parla mais elle ne saisit absolument pas ce qu'il disait avec tant de ferveur, elle acquiesçait mécaniquement.
Sans qu'elle s'en rende compte Mélanie se retrouva vite en bas de l'immeuble entraînée par la main douce mais autoritaire d'Alan dans la ville étouffante de chaleurs estivales. Elle fixait le sol goudronné qui défilait sous ses pas, elle ne pouvait se concentrer sur autre chose que cette forme d'évolution banale mais régulière; elle en avait assez de penser et était saturée de reproches. Les bruits aux alentours n'étaient que des ronflements urbains qui lui donnaient envie de retourner s'enfermer dans sa chambre mais elle n'avait pas la force de protester. Elle retrouva une vue normale durant le trajet, mais sa gorge la brûlait toujours autant et sa poitrine n'en finissait pas de se resserrer. Mélanie se connaissait, il lui fallait exprimer ce qu'elle ressentait sinon, cette peine alimenterait la blessure créée par les autres qui l'avaient précédé. Bien qu'en avoir parler avec Alan l'avait soulagée, ça restait insuffisant. Elle aurait aimé en parler avec quelqu'un qui plus concerné et la connaissant mieux l'aurait rassurée.  Elle regrettait ne pas avoir tout dit à son frère plus tôt ou à Jimmy la veille, et finalement, elle peinait à cet instant à retrouver ce qu'elle était venue chercher et qui lui savait tant manqué ; leur soutien. Elle ne se retrouvait que dans une solitude coupable.

Puis ils s'arrêtèrent, un sol sableux prit place sous les pieds de Mélanie, l'ombre gagna son visage tiré par le soleil auparavant et quelques rires parvinrent à ses oreilles. Elle releva la tête doucement vers Alan qui, les yeux plongés dans les environs savourait l'ambiance innocente du parc. Sans lui jeter un regard il avança sous les arbres qui bordaient une aire de jeu où quelques enfants jouaient en ignorant la chaleur et la sueur qui coulaient de leurs fronts et du ciel. Mélanie ne quittait pas son côté et leva la tête vers les rayons du soleil qui tentaient en vain de l'atteindre, le nœud de sa gorge s'évanouit et la fraîcheur des ombres eut raison de la fièvre qui l'avait saisie. Puis ils s'installèrent sur un banc assez près des enfants pour les entendre mais assez loin d'eux et des passants pour ne pas être vus.

Elle ne regrettait pas d'avoir accepté de suivre Alan, même si elle aurait aimé être ailleurs, ce parc était un meilleur choix que sa chambre. L'appartement en général restait plongé dans les événements de la veille tant par le désordre laisse intact que par se d'habitants qui gardaient une mine grave. Et même si elle adorait sa meilleure amie, elle ne souhaitait pas vraiment lui faire face pour le moment, elle la connaissait très bien mais elle ne saurait pas quoi lui dire ni dans quel état elle serait. Chloé pouvait tout aussi bien être désespérée parce qu'elle avait fait, tout comme furieuse ou les deux à la fois, elle pouvait être assez controversée en soit, et c'est ce qui faisait son charme et sa répulsion chez certains. Mélanie  se demandait s'il y avait même un endroit sur Terre  où elle aurait préféré être à cet instant et réalisa qu'il n'y en avait pas.

« Ça va mieux ? - Mélanie acquiesça – Tu m'as fait peur...

- Merci... - souffla-t-elle en fuyant son regard.

- Faut pas te mettre dans des états pareils pour elles, tu sais... - il vit qu'elle le fuyait d'autant plus, il réalisa que ce genre de conseil était contre productif ; s'il ne faisait que la blâmer, elle se reprocherait son manque de discrétion.

- D'accord. - elle paraissait très eu convaincue, il changea de stratégie.

- Cela dit, je te comprends. Tu as le droit de t'en vouloir. À ta parce beaucoup de gens s'en voudraient, c est normal. - elle releva son regard vers lui – Mais crois-moi, tu n'as rien à te reprocher. D'ailleurs j'ai croisé Chloé, et elle m'a dit que tu n'avais rien fait de mal.

- Non. J'aurais...

- S'il te plaît, Méli'. »

Il la supplierait presque maintenant  si elle persistait à autant se blâmer devant lui, il ne supportait pas de la voir dans cet état même s'il n'était rien par rapport à celui ans lequel elle était quelques minutes plus tôt. Mélanie hocha la tête, et souffla : il avait raison. Alan oublia volontairement de mentionner que c'était Chloé qui l'avait envoyé dans la chambre de Mélanie et il se demandait par quelle faculté elle avait deviné que sa meilleure amie avait besoin d'aide. Il espérait un jour arriver à connaître aussi bien Mélanie pour que personne n'ait à lui dire quand elle avait besoin d'aide. Plis il croyait Mélanie, plus cette idée l'obsédait.
Un long silence s'installa entre eux mais aucun d'eux n'en éprouva une quelconque gêne, ce st le lot des personnes qui se fréquentent honnêtement et simplement. Ils observaient la vie qui se mouvait autour d'eux; des enfants qui pleuraient et riaient, aux passants pressés. Ils se laissaient aller à une certaine nostalgie du temps où lycéens, ils partageaient des après-midis avec leur groupe d'amis au complet à profiter du présent et à planifier l'avenir.
Une fois rétablie, Mélanie saisie d'un courage qui l'honorait, glissa un peu plus près d'Alan sur le banc et il sourit feignant de n'avoir rien remarquer.

« Merci d'être resté hier.

- De rien. J'avais envie de rester de toutes façons. Je suis content qu'on ait pu parler.

- Moi aussi. Je pensais pas qu'on le ferait un jour. » confessa-t-elle.

Alan se tourna vers elle, elle lui présentait un sourire si doux qu'il était tenté de lui dire à quel point cela faisait des années qu'il voulait avoir ce genre de conversation avec elle, et que sa timidité naturelle et le lien d'amitié qu'il avait vu comme obstacle et qui le liait à son frère l'avaient empêché d'être si proche d'elle. Il avait voulu devenir ce que Jimmy ou Chloé furent et étaient toujours pour elle, mais il ne s'était pas senti à sa place, à chaque pas vers elle, il se disait qu'il en faisait trop ou pas assez ou encore qu'il ne pouvait l'envisager de cette façon. Maintenant, tout semblait plus clair; elle était à quelques centimètres de lui, honnête, douce, comme elle l'avait toujours été et lui confiant et prêt à la ravir. Bien que son regard ne quittait pas le sien, il voyait bien qu'une partie d'elle était ailleurs

« Dis-moi ce que tu penses Méli'.

- Rien.

- Si, dis-moi.

- Ça n'en vaut pas la peine.

- Mais si. Tu sais, dis ce sue tu penses, exprime-toi. Une pensée reste une pensée, elle t'appartient et reste abstraite. Exprime-la sans honte tu pourras toujours la corriger. Ne te sens pas obligée de te contenir surtout. - elle pressa ses lèvres en un sourire soulagé.

- Je pensais... Je pensais juste qu'il pourrait y avoir d'autres nuits comme celle d'hier. - il acquiesça, il appréciait qu'elle soir si honnête et demandeuse, cela le rassurait et l'encourageait – Ça me déstabilise toujours de dire ce que je pense. Content de le savoir quand même?

-Oui. Je préfère toujours qu'on dise clairement les choses. - il marqua une courte pause puis se risqua- J'aime les filles faciles à lire et à déstabiliser.

- C'est cruel. - répondit Mélanie de but en blanc, elle.ne surveillait plus sa bouche avec lui, il l'avait demandé après tout.

- Non, je ne fais pas ça pour le plaisir, – railla-t-il amusé  – Je préfère celles qui n'ont rien à cacher, et lorsqu'on vite déstabiliser et capable de le dire, c'est qu'on est honnête, c'est tout.

- Pourtant, ça fait parti du truc je trouve, de se chercher.- objecta Mélanie, et Alan ne put s'empêcher de sourire, heureux de la situation qu'il croyait jusqu'à peu impossible: il parlait drague avec Mélanie!

- Se chercher ne veut pas dire se cacher. On ne sait jamais ce que l'autre peut vraiment dissimuler, si c'est grave ou pas. J'aime la simplicité et j'ai toujours détesté les énigmes.- Mélanie en convenait silencieusement, elle ne le regardait plus mais méritait sérieusement ce qu'il disait – Tu ne trouves pas ?

- Si, tu as sans doute raison. En fait, je n'aime pas non plus les énigmes, et je suis souvent trop naïve pour soupçonner quelque chose.

- Alors pour te séduire, il faudrait que je te dise tout ?

- Je t'écoute.

- Il nous faudra d'autres nuits, beaucoup d'autres nuits...

- Alors c'est décidé ?

- Quoi ?

- On se séduit ? »

* Je viens de finir de corriger, c'était sur mon téléphone donc il y a peut être des fautes de frappe je compte le relire au cas des que possible ( c'est normalement fait, mais il peut en ester alors dites-moi). Mais au moins je suis très contente de pouvoir vous livrer ce 3ème tête à têteN'hésitez pas à commenter du tout et puis à voter et à partager si le cœur vous en dit.
Ema *

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