Souvenir.

Je courrais. La bête était sur mes talons. J'entendais nettement ses grognements de rage quand elle arrachait les arbres morts. Elle me cherchait, c'était sûr.

Combien de temps pourrais-je encore fuir ?

"Cinquante-deux...

Cinquante-trois...

Cinquante-quatre ...."

Les battements de mon coeur secouaient mon corps à chaque fois. Et les compter ne les ralentissait pas.

D'aussi loin que je me souvienne j'ai toujours compté les choses quand j'avais peur...

Il faisait presque nuit. Papa était parti me chercher dans le jardin pendant je jouais avec Matt et maman faisait à manger. On jouait à cache-cache et c'était à moi de me cacher ! J'étais si fière d'avoir trouvé ce trou dans le tronc d'arbre, Matt ne penserais jamais à me chercher là . A moi la victoire ! J'étais blottie contre l'écorse humide, mes jambes ramenées contre moi et j'attendais. Matt avait finis de compter jusqu'à 250.

"Trop fort... J'y arrive seulement jusqu'à 100..." et là, il m'appelait.

Comme si j'allais sortir comme ça ! Je pouffa de rire à cette idée quand un craquement de bois me fit me retourner.

C'était une sorte de renard... Un renard à deux queues et aux yeux jaunes. Il était beau et son pelage brillait à la lumière des lucioles. Je tendis la main lentement, et lui caressa le museau. Il se laissa faire jusqu'à ce que Matt arrive si près que je crus qu'il était juste derrière moi. Le renard à du avoir peur des bruits de pas, et essaya de me mordre. Je retira ma main et me mis à pleurer en tremblant.

"Un, deux, trois, quatre, cinq. J'ai cinq doigts sur une main."

Matt me trouva bien vite, sûrement à cause de mes pleurs, et me tira hors de ma cachette. Il appela papa en voyant ma détresse, qui accoura.

Je m'étais d'abord fait engueulé car je ne devais pas aller par là, que c'était dangereux. Puis j'ai eu des câlins et des bisous de mon papa chéri et de ma maman adorée. On avait mangé des crêpes et ce soir là, je dormis avec Matt.

"Si seulement Matt ou Salie étaient là... Ils sont sûrement restés à la maison." J'espérais de tout coeur que la bête ne leurs avait pas fait de mal...

Je leva les yeux et regarda le ciel, la lune était pleine et brillait intensément. Elle était apaisante, comme une veilleuse quand on a peur du noir. Le bois était silencieux, le vent ne soufflait pas, et bien évidemment aucun animal n'y vivait.

"Le silence.... Mais ou est la bête ? " Je me redressa difficilement, ma jambe me faisait souffrir même si je ne saignais plus.

Je boitais lentement dans le bois, regardant de droite à gauche. Il n'y avait rien, plus de monstre.

C'était impossible elle ne pouvais pas juste s'évaporer ! M'étais-je assoupie en repensant au passé ?

Pas le temps de réfléchir, mieux vallait sortir de là avant son retour. Je ne pouvais pas retourner chez moi, si c'était un piège il fallait éviter de mettre ma famille en danger. Je pris la direction de la rivière dans l'espoir de nettoyer un peu tout ce sang.

Une quinzaine de minutes interminables d'efforts et de souffrance plus tard, j'entendis l'eau. Je me précipita, si je puis le dire,  sur la rive et m'assied par terre, fis tremper ma jambe dans la rivière en nettoyant doucement ma cuisse et mes pieds meurtris et en profita pour boire un peu. J'arracha un morceau du bas de mon t shirt pour me Vander la cuisse.

La lune se reflétait sur l'eau, comme un miroir ouvrant un portail vers une autre dimension. C'était le seul endroit qui n'avait pas l'air saccagé par la mort. Mis appart les arbres nus, il n'y avait ni de dépouilles, ni de sang, ni de créature sortie des enfers. Je m'allongea sur le sol froid et humide et ferma les yeux. Je sentai mes muscles se détendre au fil des respirations, plus de peur, plus de douleur, juste de la fatigue. Et plus rien.

_Dis papa pourquoi je dois pas aller dans le fond du jardin... ?

Je le regardais en étant assise sur mon lit. Une semaine était passée depuis l'incident du renard.

_Tout simplement car je ne veux pas que tu te fasse mal ma puce. N'y retourne plus, et couche toi maintenant.

_Mais tu sera là demain... ?

_Non, je dois travailler sur une affaire.

Ah son affaire... Ça faisait des mois qu'il travaillait dessus, sans jamais nous dire ce qu'il faisait. J'avais quand même cinq ans ! Je pouvais comprendre les choses.

_Mais... Je veux t'aider moi...

Il me sourit, m'embrassa le front et me borda en évitant ma remarque.

_Bonne nuit ma puce, je t'aime.

_Je t'aime aussi papa bonne nuit...

Il alluma ma veilleuse en forme de loup et sortit de ma chambre.

Le croassement d'un corbeau tout près de moi me réveilla en sursaut. Le jour s'était levé, la forêt était de nouveau pleine de verdure. Abasourdie par ce doux spectacle, je pris le temps de l'admirer. Le soleil traversait les arbres, donnant aux feuilles et à l'herbe un éclat presque irréel comparé à la nuit passée. Le paysage se reflétait dans la rivière.

Il n'y avait plus de sang, plus de dépouilles d'animaux. Seulement du vert, de la vie. Mais étrangement pas de chants d'oiseaux ou de grillons.

J'ai encore halluciné ? Non...

La douleur dans mes pieds et ma jambe me rappela rapidement que ce n'était ni une hallucination, ni un cauchemar. J'étais bel et bien à moitié nue, en T-shirt, seule et blessée dans la forêt. Les larmes me montrèrent aux yeux.

"Je veux ma maison... Je veux retrouver ma famille... " retenant mes larmes, et reniflant, je me persuada. "Tout ceci était forcément une hallucination et je suis tombée en me faisant mal. Oui, rien de plus que ma folie. "

Tout allait bien, je devais retrouver mon frère, ma chienne et ma mère... Deux heures de marches m'attendaient vu ma rapidité et la distance. Au moment de me lever, le corbeau s'en alla dans un battement d'ailes. Le regardant s'éloigner, je me mis en chemin.

"Tout vas bien... Tu est juste folle..." cette phrase tournait en boucle dans ma tête le temps de rentrer chez moi.

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Un chapitre à améliorer sûrement !
La suite prochainement ! Avez-vous des avis ou autre ? 😝

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