NICK (7) - Je veux être avec toi
Je le fixe d'un air sombre. Ce soir, je ne suis pas d'humeur à me faire briser le cœur. J'ai déjà donné dans la journée, merci. À partir d'une certaine heure, on a bien droit à une pause, non?
-Nick!
Je m'étais à peine aperçu que je m'étais détourné, et m'apprêtais à passer mon chemin. Il me rattrape en courant presque, pose sa main sur mon bras. Une habitude, presque, depuis notre dernière scène.
-Je te demande pardon, il murmure, son corps frôlant le mien. J'ai mal agi, mais pourtant je tiens à toi.
-Pourquoi tu ne vas pas rejoindre Cécile ? je murmure. Ma rancune n'est pas décidée à laisser la place, pas encore.
Il lève les sourcils en signe d'interrogation.
-Pourquoi ? Cécile m'a aidé pour obtenir un stage chez Xeres, son beau-frère y travaille. Mais nos relations s'arrêtent là.
-Moi aussi, j'aurais pu t'aider....
Je baisse la tête, un peu honteux malgré tout. Je suis bassement jaloux, voilà la triste vérité. Mais le regard d'Alex reste limpide quand il continue :
-Je n'osais pas t'en parler parce que je savais que tu le prendrais mal. Je ne pouvais pas refuser une belle opportunité et puis l'exil à Strasbourg, ce n'est que pour six mois ! Ensuite je rentre !
Il me lance un regard confiant, et j'ai encore plus honte. Mais je retrouve un peu d'espoir, aussi. Il poursuit.
-Cécile a tenté de se rapprocher de moi, c'est vrai. Mais je n'en ai pas envie. Sa froideur me gêne, avoue-t-il. Elle me considère comme un trophée de chasse, rien de plus.
Cette fois, je commence à me détendre, et je sens une vague de chaleur qui se déverse dans mes veines. Comme à mon habitude, avec mon hyper sensibilité, j'ai dramatisé la situation....
Nos yeux se croisent, se sourient. Alex paraît heureux, et mû par une impulsion subite, j'ouvre les bras. Je n'ai pas le temps de craindre quoi que ce soit qu'il s'y est déjà blotti, et je le serre contre moi, passionnément, j'embrasse ses mèches brunes, je passe mes mains sur son cou...
C'est Alex qui, le premier, pose ses lèvres sur les miennes. Un baiser tendre, maladroit mais qui me bouleverse.
-Je veux être avec toi, il murmure.
Le temps s'arrête.
-Moi aussi, je souffle.
Autour de nous, les Parisiens ont continué de défiler, les voitures de rouler, mais ni Alex ni moi n'en sommes conscients. Lorsque je reprends mes esprits, j'effleure ses boucles noires, douces et je le serre contre moi.
-Viens.
Je le prends par la main et je l'entraîne vers la station de métro. Ce soir, tant pis si on nous voit. Moi qui suis tellement attaché à la discrétion, je n'y pense même pas.
*******
Une semaine plus tard.
Je chantonne en posant des bibelots dans un carton. L'euphorie de mon histoire récente avec Alex est toujours là, et j'ai bien l'intention de ne jamais la laisser s'enfuir.
Il m'a demandé d'aller doucement, je le sens encore timide et peu à l'aise avec l'idée d'être en couple avec un autre garçon. Alors je veille sur lui discrètement, je n'impose pas ma présence chez lui tous les soirs (même si j'en meurs d'envie).
Dans trois jours, il part pour l'Alsace. Le temps qui nous a été imparti pour dénicher un appart était remarquablement court, je ne sais pas comment Alex a fait pour ne pas l'anticiper. Il est lunaire, parfois. Trop jeune encore pour ne pas être soutenu....
Enfin, ça y est. Le studio qu'on lui a trouvé est super, en plein centre-ville. Son père accepte de payer le loyer mais il a dû rendre son appartement parisien. C'est moi qui m'occuperai de l'état des lieux, Alex sera suffisamment pris par son travail.
-Merci, fait Alex derrière mon dos. Heureusement que tu es là, pour les cartons.
-Pas de problème, je souris en l'embrassant au bord des lèvres, un peu timidement. Lui se raidit un peu, mal à l'aise, puis m'attire à lui.
C'est Alex tout craché, ça. Plus contradictoire, ça n'existe pas. Il me chauffe, il me repousse, il revient.... Notre relation n'est d'ailleurs pas allée plus loin que les simples embrassades (bon, toute la nuit, en caleçon dans un lit, mais rien de purement sexuel à proprement parler).
Il m'a demandé d'être patient, je le suis. Le jeu en vaut la chandelle d'ailleurs, tant sa candeur est touchante, et ses caresses d'une grande douceur. On a parlé, longtemps, et quand il se laisse aller, il est...
J'ai quand même tout imaginé, en bon angoissé que je suis.
-Tu veux être avec moi ou pas ? Si tu es mal à l'aise, tu peux partir, tu sais. Je ne vais pas te faire de procès, ni t'enfermer dans un placard.
C'était un soir, tard, il y a deux ou trois jours. J'étais allongé sur le dos, sur son minuscule canapé lit. J'avais froid, mal à la tête et j'ai été pris d'une furieuse envie de mettre les choses au point.
-Mais non !
Alex, torse nu, s'était collé à moi, câlin, et son baiser m'avait ôté l'envie de me plaindre.
Et maintenant, il s'en va. J'ai déjà prévu une journée pour l'accompagner à Strasbourg, et je pense que nous nous reverrons toutes les quinzaines, au moins.
-Tu vas me manquer.
-Toi aussi, il murmure en se laissant tomber sur son canapé. Je ne sais pas ce qui m'a pris, de vouloir partir.
Je m'assois à côté de lui.
-C'est normal d'avoir de l'ambition, à ton âge, je le rassure. Surtout que tu es brillant.
-Merci. C'est cool de ta part de dire cela....
J'ai fini par m'en convaincre, depuis qu'il est spontanément venu vers moi. L'éloignement temporaire, ce n'est pas si grave....
-Bon, on part samedi ? je demande pour alléger la tension qui s'installe. J'ai pris mon lundi, au cabinet.
-Ah.... Alex toussote. Tu.... Tu es sûr que tu veux m'accompagner ? C'est loin, Strasbourg.
Je hausse les sourcils devant son air embarrassé. Il me cache quelque chose, c'est certain. Je commence à le connaître.
Je me lève du canapé et me trace un chemin vers la bouilloire. Des fringues, des bibelots et autres gadgets qu'Alex semble adorer entasser jonchent le sol en attendant que je leur trouve une place dans un des nombreux cartons marqués du logo des déménageurs bretons que j'ai dénichés dans une brocante du 14ème arrondissement, ce week-end.
-Je n'aurais peut-être pas dû sortir autant d'objets avant de savoir où les mettre, je rigole en
attrapant une tasse. Tu en veux ?
Pour ce que je m'apprête à entendre, le thé va me faire le plus grand bien.
-Je t'ai dit que je louais une camionnette pour transporter tes paquets, tu n'as pas soulevé d'opposition, je remarque. Évidemment que je tiens à t'accompagner !
-C'est que mes parents viennent, murmure Alex, et enfin, je....
J'hoche la tête sans lui demander de continuer. Il ne veut pas que ses parents se posent de questions sur ma présence.
-D'accord, je soupire. Il y avait une option "annulation" sur ma location, de toute façon.
Je n'ai pas envie de provoquer une énième grande explication sur ce qu'il assume ou non. Il doit être suffisamment gêné par la situation.
-Tu vas t'en tirer ? je me contente de demander en le regrettant aussitôt. Qu'Alex me croit persuadé qu'il ne peut se débrouiller seul ne va rien arranger.
Il acquiesce.
-Mes parents et Emma seront là, et tu peux venir la semaine d'après, si tu veux, sourit-il.
Je saisis au vol ce lot de consolation.
-Évidemment. Je réserve mes billets, alors ?
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Bonsoir les amis,
Est-ce que l'attitude d'Alex vous étonne ? Pensez-vous que leur relation puisse être possible ?
Bonne soirée.
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