Le même soir

Est-ce que je suis vraiment homosexuel ? La question hante mes jours et mes nuits depuis trois mois, au moins. À quoi reconnait-on qu'on est homosexuel, d'ailleurs ? Le désir qu'on éprouve pour un corps du même sexe que le nôtre ? Les sentiments amoureux ? Et au fait, comment reconnait-on qu'on est amoureux ?

Autour de moi, l'appartement est en chantier, encombré de cartons en tout genre. C'est dingue ce que j'ai pu entasser en quelques années.

Heureusement, Nick a rangé les objets qui traînaient avant de partir. C'est officiel, ce garçon est un ange. Il sait ce dont j'ai besoin mieux que moi-même.

Et je l'ai blessé, ce soir, parce que je ne parviens pas à lui rendre autant d'amour que celui qu'il me donne avec tant d'élégance et de générosité.

La sonnerie de mon portable interrompt ma rêverie amère. Curieuse machine qui permet d'être joignable en permanence... Et dont, il y a encore un an, j'ignorais l'existence.

Nick ? Le sourire qui me vient alors que j'attrape l'appareil ne laisse pas de doute sur mes sentiments. Je veux qu'il m'appelle, reprendre avec lui nos longues conversations à l'abri de ma couette, et qui nous emmènent jusqu'au matin.

Mais je me fige, instantanément, en voyant le nom sur l'écran.

-Alexandre ?

Mon père est le seul à m'appeler par mon nom complet. Je crois que même Étienne, au cabinet, s'en était tenu au diminutif. Le seul également à ne pas se fendre d'un bonjour, puisqu'il enchaîne d'une voix froide :

-Sois prêt pour dix heures, samedi. Nous venons te chercher. Et j'espère que tu as préparé tes cartons !

-Oui, Papa, je soupire.

Depuis longtemps, je me suis résigné à ne plus attendre le moindre signe de sa part.

-À samedi, je répète d'une voix atone.

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Le lendemain soir

-Tu vas me manquer...je répète à Nick le lendemain soir, lorsqu'il revient me dire « au revoir ». J'ai dû dire cette phrase quinze fois en deux jours. Et l'ai pensé encore plus souvent.

-Toi aussi, soupire Nick.

Nos regards se croisent et une onde de tristesse se répand en moi. Je le mets à l'écart et je m'en veux, parce que je ne suis pas capable d'exprimer clairement mes désirs. Et lui en souffre.

-À quoi tu penses ? il souffle. Tu as l'air bizarre.

Soudainement, me traverse la pensée étrange et fulgurante qu'il faut absolument que je meure avant lui. Je ne supporterais jamais de le perdre.

J'esquisse un curieux sourire, sans répondre, et plonge dans ses bras. 

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Un chapitre un peu plus court, cette fois, qui nous montre pour la première fois le point de vue d'Alex ! 

Qu'est-ce que vous en pensez ? Sa relation avec Nick résistera-t-elle à l'éloignement géographique ?