Chapitre 6.3
Aucun doute, c'est lui, même si je ne vois pas entièrement son visage, j'en suis persuadée, les souvenirs du cimetière et de la soirée sur le bateau me reviennent. Je n'arrive plus à réfléchir, j'ai même arrêté de respirer, quand la douleur et le sang qui coule entre mes doigts me réveille, je dois faire une jolie grimace qui ne doit pas me mettre particulièrement à mon avantage.
- « Vous ne vous êtes pas loupé » me dit-il en m'aidant à me relever.
Je n'arrive pas à le quitter des yeux, complètement troublé, je dois avoir l'air complètement stupide et hébétée pour changer, encore une habitude que j'aimerais pouvoir changer.
Mike m'apporte un torchon et je détourne les yeux pour le remercier d'un signe de tête.
- « Ça va Julia ? On va aux vestiaires, je vais regarder ça. »
Je réponds à peine complètement engourdie.
- « Je vais l'emmener Mike » lui répond l'inconnu, « C'est de ma faute après tout »
- « Comme vous voulez Monsieur Morrison »
Il a un ton a la fois calme et assuré, il doit avoir l'habitude qu'on ne lui refuse rien.
Mike s'écarte pour nous laisser passer, mon inconnu et moi, enfin Monsieur Morrison. Morrison de Morrison Edition, dont c'est le grand patron... ou peut-être le fils, il a l'air un peu jeune pour avoir sa maison d'édition.
Il tient ma main droite enroulée dans le torchon et son bras gauche dans mon dos. A ce contact mon corps réagit, c'est un délicieux courant qui traverse tout mon corps et me donne un frisson, si je n'étais pas aussi troublée, je ronronnerais de plaisir et me ridiculiserais un peu plus.
Ou peut-être que la vu de se sang me fait tourner la tête, c'est certainement cette blessure qui me donne ces sensations.
Il m'accompagne jusqu'aux lavabos, je retire le torchon, il y a pas mal de sang, je ne distingue pas vraiment la coupure pour le moment, je passe ma main sous l'eau froide pour essayer de voir l'ampleur des dégâts. Derrière moi, Monsieur Morrison reste un instant silencieux, regardant par-dessus mon épaule.
- « Ça ne semble pas trop profond, ça va ? »
Je ne réponds rien, je ne réagis pas très bien à la vue du sang, je sens mon visage perdre de ces couleurs, j'ai une sensation de chaud puis de froid, je sens mes jambes se ramollir.
- « Attendez, asseyez-vous »
Il approche rapidement un tabouret près des lavabos et je me laisse tomber dessus avec l'élégance d'une otarie. Ma main saigne encore un peu, il me regarde l'air presque inquiet, il pense peut-être que je vais en mourir. A me voir sur ce tabouret, on pourrait croire que je ne me blesse pas souvent, ou que je n'ai pas l'habitude de voir du sang, pourtant ce n'est pas la première fois, j'ai déjà plusieurs cicatrices qui prouvent le contraire. D'ailleurs celle sur ma fesse droite à été l'une des pires, surtout quand on m'a dit qu'il me fallait des points de suture et que j'ai dû rester allongée sur le ventre les fesses presque à l'air devant, heureusement, une inconnue, je me souviens qu'il m'a fallu plusieurs jours avant de réussir à m'asseoir correctement sur mes deux fesses sans trop souffrir, encore un bon souvenir maintenant que j'y repense, je suis juste tomber pile au mauvais endroit.
- « Tout va bien ? » demande Mike entrant dans la pièce une trousse de secours à la main.
- « Son pronostic vital n'est pas engagé, mais elle s'est bien coupée, vous pouvez nous apporter quelques toasts, elle a besoin de manger quelque chose. »
- « Je reviens tout de suite » et s'éclipse rapidement nous laissant encore seule tous les deux.
Il s'accroupi devant moi et ouvre la trousse.
- « Je ne suis pas médecin, hurlez si je vous fais mal » me sourit-il.
Il essaye surement de me changer les idées, pour que je ne pense pas trop à la douleur, mais c'est supportable, et je ne vais pas jouer les douillettes, ce n'est pas la première fois et je sais d'avance que ce ne sera pas la dernière.
Je suis complètement à l'ouest, perdue, ça en fait beaucoup pour mon petit cerveau, il surchauffe et menace de se mettre en veille. Il est si beau, même avec ce masque, je ne peux que le reconnaitre.
Je lui souris timidement, ou je grimace, je ne sais pas trop.
- « Je dois vous avouer que je n'aime pas trop la vue du sang »
Qui aurait pu croire qu'un homme qui semble si sure de lui puisse avoir peur du sang !
- « Moi non plus, un détail qui m'a coûté ma carrière en chirurgie »
Il sourit plus franchement, quel beau sourire.
L'humour est ma plus grande force, elle me permet de cacher mes sentiments, et m'aide à prendre confiance en moi, enfin, surtout à en donner l'impression.
- « Vous êtes coutumière de ce genre d'incidents ? » me demande t-il finissant mon bandage, me lâchant malheureusement la main.
Euh comment dire environ trois fois par semaine, mais il m'arrive de tenir quatre jours sans qu'il ne m'arrive rien, si je reste au lit sous ma couette. Bien sur, ça ne nécessite pas forcément du désinfectant des pansements, ça va du simple verre brisé ou renversé à... ça !
M'a-t-il reconnu ? Je n'espère pas...
Heureusement, Mike nous interrompt avant que je n'aie le temps de répondre, apportant une assiette de ces différents amuses-bouches.
- « Alors comment va notre blessée ? Tu as repris quelques couleurs »
- « Ça va aller, beaucoup de sang pour une petite entaille, je suis désolée, je rembourserais la casse »
- « Ne t'en fais pas pour ça, le principal, c'est que tu ailles bien. Je peux m'occuper d'elle, si tu veux Liam. »
Liam ? Ils se tutoient maintenant. Quel beau prénom, c'est élégant et sexy ça lui va parfaitement, même si j'aimais bien « mon inconnu » ou « le canon du cimetière » et surtout « le dieu canonissime ! ».
- « Non, j'ai presque fini et puis je suis le seul coupable, je n'avais rien à faire en cuisine ! »
- « Comme tu veux, je suis de l'autre côté si tu as besoin » il lui tend l'assiette qui me fait de l'œil depuis tout a l'heure.
- « Merci, si quelqu'un me cherche, tu leurs dis que je suis occupé à sauver une vie. »
Cette phrase réveille mon imagination, je l'imagine bien en médecin avec une blouse blanche et un simple boxer en dessous.....
Je me l'imagine très bien.... J'ai l'impression d'être une perverse, complètement folle, qui n'a pas vu un homme depuis des mois...
Aller, il faut que je pense à autre chose !
Mike acquiesce et repart en cuisine me laissant mal à l'aise, en compagnie de Monsieur Liam Morrison. Il me trouble, je suis complètement sous le charme, je dois l'avouer, comme toutes les femmes et même les hommes qu'il doit rencontrer. C'est la troisième fois que je le croise et encore une fois je me ridiculise. Heureusement je ne pense pas qu'il m'ai reconnue, j'aimerais un jour être à mon avantage et passer pour une personne normale et saine d'esprit.
- « Un toast ? » me demande en me tendant l'assiette et s'asseyant sur un banc face à moi.
J'avoue que je suis affamée, en plus tout me parait bien appétissant, il y a presque une dizaine de bouchés et verrines différentes. J'hésite, si j'étais seule je me serais déjà jetée dessus pour tout dévorer, mais je me contente de prendre timidement un mini hamburger.
- « Merci »
- « Vous verrez, c'est délicieux »
Humm en effet un délice, je pourrais en manger à chaque repas jusqu'à mon dernier souffle, tellement c'est bon.
Il, enfin lui, ou plutôt Liam en prend également un et le porte à sa bouche, personne ne peut-être aussi sexy que lui quand il mâche ! C'est impossible.
- « Je vous l'avais dit, Mike est l'un des meilleurs cuisiniers que je connaisse »
Nous nous regardons sans dire un mot, il me fixe, sourit, je suis sensée faire quoi maintenant ! Aller courage, tu n'es pourtant pas muette !
- « Je vous remercie, je vais y retourner, ils doivent avoir besoin de moi en salle » dis-je en me relevant
- « Il en est absolument hors de question, c'est finit pour vous ce soir. Attendez ici une minute, je reviens. »
Je n'ai même pas le temps de répondre qu'il a déjà passé la porte.
Quoi !?
Il doit avoir l'habitude qu'on lui obéisse sans discuter, mais c'est bien mal me connaître, je suis du genre têtue, j'en suis même la reine dans cette catégorie. En plus, j'aime beaucoup contredire les gens, surtout quand il pense pouvoir décider à ma place.
Je peux, même me qualifier d'emmerdeuse de haut niveau, si un trophée été décerné chaque année, je n'aurais plus de place sur mes étagères.
Je me lève attrape un second amuse bouche, qui me tentait et pour cause, c'est un délice, et me dirige vers la porte. Mike et Monsieur Morrison interrompent leur discussion quand ils me voient.
- « Ah Julia, ça va mieux ? » me demande gentiment Mike
- « Oui bien mieux, vous voulez que je retourne en salle ou sur le toit ? »
- « C'est finit pour toi ce soir, tu vas te reposer. En plus, ta main va te faire souffrir. Liam a gentiment proposé de te ramener. »
Me ramener ? J'ai vraiment l'air si empoté, je suis capable de rentrer seule. Bon, je dois avouer que, dans ce cas précis, je ne peux pas m'en aller sans Lilie, car nous avons prit qu'une voiture pour venir, mais sans ce petit détail, je suis complètement apte à conduire.
- « Je vais bien, je sens presque rien. Et Lilie, on est venues ensembles ce soir. »
- « Je ne te savais pas si têtue. Je vais aller dire à Lilie ce qui c'est passé, ne t'en fait pas pour ça. »
J'entends Liam rire doucement, je lui lance un regard noir, et il s'arrête aussitôt, j'avais prévenu que je pouvais être méchante, je peux quand même apercevoir un petit sourire narquois sur ces lèvres... « à en faire tomber des culottes » expression peu classieuse de mon meilleur ami karl !
Bon je crois qu'on ne me laisse pas le choix, je ne suis pas du genre à faire un scandale, c'est Mike le patron après tout.
- « Au fait, Tom t'a adoré, il ne tarit pas d'éloges pour toi ! »
- « Merci, il est vraiment adorable et il apprend très vite. Vous êtes sur.... »
- « Ne discute pas et va te reposer, tu es entre de bonnes-mains »
Je rougis... Merde !
- « Vous êtes obstinée Mademoiselle » me dit mon bel inconnu. Ça lui va si bien comme surnom. « Prenez vos affaires, ne discutez pas, mon chauffeur nous attend »
Je rêve, je n'ai pas l'habitude qu'on me parle comme ça, sa voix est autoritaire et pourtant très douce, je n'arrive même pas à refuser cette fois ci ! En même temps, c'est impossible de refuser quoi que ce soit à un sourire comme celui la. Et puis je ne vais pas attendre dans la rue que Lilie finisse vue qu'on a plus besoin de moi ici.
Je retourne chercher mes affaires dans les vestiaires volant au passage un autre amuse bouche, quel délice. A mon retour il est toujours la, j'ai cru un instant qu'il serait reparti ou même que j'avais rêvé tout ce qui c'est passé, mais ma mains encore douloureuse me rappel que non.
- « Allons-y Mademoiselle »
- « Julia » lui montrant mon petit badge encore épinglé sur ma robe.
- « Très bien Julia.. »
Attention au feu ! Mon corps se consume, l'entendre prononcer mon prénom, c'est ..... Si sensuel... voir érotique...
S'il vous plait un éventail ! Ou que quelqu'un me jette un grand seau d'eau glacée tout de suite !
- « A tout à l'heure Mike, c'est parfait comme toujours »
- « Avec plaisir, tu va manquer à tes invités. »
- « Ils ne vont même pas se rendre compte que je suis parti, je vais partir incognito et ne s'apercevront pas de ma courte absence» désignant son masque.
Incognito ? Comment ne pas le remarquer, malgré son masque qui couvre le haut de son visage, il ne passe pas inaperçu, il me dépasse de quinze bon centimètres, et malgré son smoking on peu deviner une carrure athlétique, musclé mais pas trop.... Il en impose tout simplement.
Vite, un nouveau seau d'eau ! Non prévenez plutôt les pompiers...
- « A bientôt Julia, soigne bien ta main, on se voit bientôt »
- « A bientôt, toutes mes excuses... »
Mike me fait de gros yeux avant de sourire, le message est clair, je vais arrêter de m'excuser pour ce soir.
Nous traversons la salle pour nous diriger vers l'ascenseur, les invités le regardent, mais personne ne l'accoste, se demandant certainement ce qu'il fait avec cette pauvre petite serveuse.
Quand les portes de l'ascenseur se referment, je n'ai qu'une envie, qu'il me saute dessus, qu'il m'embrasse et bien plus... Je sais, je m'enflamme, j'ai beaucoup d'imagination, en même temps se retrouver dans une petite boite clause seul avec un homme aussi beau ne peut que donner des idées coquines, surtout après ces quelques mois d'abstinence.
Je trépigne sur mes pieds, comme une enfant qui veut aller aux toilettes et me tord les doigts, lorsque j'ose le regarder furtivement, il sourit, comme s'il pouvait lire en moi et voir mes pensées érotiques. Je pique un fard et me mords la lèvre pour essayer de penser à autre chose. Karl et si je pensais à mon meilleur ami, il me manque tellement, pas à cet instant précis, car il ne pourrait clairement pas s'empêcher de se moquer de moi et je serais obligée d'en venir aux mains pour l'arrêter.
Les portes s'ouvrent enfin sur le hall, l'air ambiant était « calienté » enfin dans mon imagination, c'était très hot !
- « Nous n'avons plus vraiment besoin de ça » retirant son masque.
Et d'un coup, il m'apparaît encore plus beau, encore plus déstabilisant, envoutant, je ne pensais pas que c'était possible, mais... ouah...
Malheureusement, il s'arrête là, moi qui espérais qu'il enlèverait aussi le reste, bien sûr uniquement pour vérifier ma théorie...
Qu'allez-vous vous imaginer...
- « J'adore le mien, je pense ne jamais l'enlever »
- « Je comprends, il est très bien porté »
- « Ohh » je rougis avant de me reprendre, il parle certainement du masque.
Nous marchons côte à côte, lorsqu'il ouvre la porte, la différence de température me fait frissonner et je me rappel soudain, ma petite veste abandonnée sur le toit.
- « Vous avez froid ? Tenez, prenez ma veste » retirant rapidement la sienne pour la déposer sur mes épaules dévoilant une chemise blanche assez cintrée, aucun doute que sous cette chemise, il y a un corps sublime...
- « Merci » je respire discrètement celle-ci, un parfum épicé, fort, mais pas entêtant. Une odeur exquise comme son propriétaire.
- « Venez, nous serons mieux dans la voiture » me dit-il désignant une magnifique berline noire.
Une belle BMW, je ne connais pas grand-chose au voiture, j'en reconnais certaine, les plus connues en général, pour moi, soit je la trouve, soit jolie soit non, je fais quelques exceptions pour certaines voitures américaines que j'adore, enfin surtout mon petit frère et forcément j'ai finis par en connaitre certaine et les apprécier.
Un homme attend devant surement le fameux chauffeur, j'aimerais bien en avoir un moi aussi, ça faciliterais les déplacements surtout quand on a un léger problème d'orientation comme moi. L'homme ne sourit pas, il est assez grand et carré, il fait plutôt penser à un garde du corps avec ces gros bras.
- « Bonsoir Monsieur, Mademoiselle » me souriant furtivement
- « Bonsoir, nous raccompagnons notre blessée chez elle, ou habitez-vous Julia ? »
Je donne mon adresse au chauffeur, puis celui-ci nous ouvre la porte pour nous laisser monter avant de la referme derrière Monsieur Morrison.
Et si cet homme était un psychopathe névrosé coupeur de tête, qui aime démembrer les femmes pour occuper ces soirées trop calme... ou un trafiquant d'organe, je suis sure que les miens sont en plutôt bon état... mon foie aurait peut-être besoin d'un peu de repos, mais le reste fonctionne bien.
J'ai tendance à m'angoisser toute seule ! Je crois qu'on appelle ça de la paranoïa !
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