Chapitre 6.2


         Lilie avait raison, l'ambiance à l'air plutôt sympa, les lumières ne sont pas éblouissantes, c'est cosy, intime, les invités s'amusent et rient. Apparemment, ils ont tous joué le jeu. Les hommes, tout comme les femmes portent des masques, plus ou moins extravagants, les robes sont sublimes, et les costumes de grandes qualités, je n'y connais toujours rien, mais c'est flagrant, le seul moyen de nous reconnaître, ce sont nos badges et bien sûr, nos plateaux de mise en bouche ou de verres à la main pour ma part.

Je pense qu'il y a une soixantaine de personnes, certains sont encore debout mais la plupart, on prit possession des banquettes ou danse au milieu de la salle sur une musique douce. Je remarque mes collègues qui passent de banquettes en banquettes souriant parmi les invités s'assurant qu'ils ne manquent de rien.

Après avoir remplis mon plateau de flûtes, je me dirige vers un groupe de femmes en pleine discutions dont les verres sont presque vides, il ne faut surtout pas qu'elles aient le temps de les terminer, ordre du patron. Les saouler va peut-être les rendre agréable, j'aimerais voir l'une d'entre elles se rouler par terre complètement ivre, et jeter son soutien-gorge, comme ces groupies dans les concerts, ça mettrais l'ambiance !

Lorsque j'arrive à leur niveau, celles-ci me toisent et me regardent de haut en bas.

Comment me mettre bien mal à l'aise en un regard ! Est-ce que j'ai quelque chose de coincé entre les dents !

RESTE PROFESSIONNELLE ! Le client est roi !

- « Une flûte de champagne mesdames ? »

Mon sourire est légèrement crispé, je ne suis pas vraiment à mon aise pourvue qu'elles ne s'en rendent pas compte et surtout qu'elles soient moins hautaines qu'elles en ont l'air.

- « Volontiers, il est tellement délicieux »

- « Ravie qu'il vous plaise » retrouvant un peu de confiance, je leur souris franchement.

- « Julia, c'est ça ? » me demande l'une d'entre elles en regardant mon badge, souriante.

J'acquiesce lui rendant son sourire, je suis polie, j'ai été bien éduquée par mes parents. Non c'est un nom de scène pour le striptease, spectacle offert en fin de soirée!!

Elle est magnifique avec ces grands yeux bleus et sa longue robe blanche qui colle parfaitement à sa silhouette menue, je suis jalouse, elle semble sublime, même cachée derrière son masque.

- « Votre robe est magnifique, elle vous va à ravir, j'adore les touches de dentelles, elle est sobre et originale à la fois »

Elle m'a l'air sincère, enfin, je suppose sinon je ne vois pas l'intérêt de me parler pour complimenter ma tenue, elle a surement mieux à faire que d'échanger avec le personnel.

- « Merci, c'est une création unique de ma meilleure amie »

- « Elle a beaucoup de talent et de goût votre amie »

Ces amies acquiescent également et félicitent la créatrice.

- « Vous devriez le lui dire, elle s'appelle Lilie, elle travaille ici, elle est sur le toit pour le moment, je lui dit souvent, mais elle ne me croit pas. »

Ce n'est peut-être pas des plus professionnel de leur parler comme ça, mais ma Lilie est la haut, on ne sait jamais ce qui peut arriver. Je leurs souhaite une bonne soirée et me retire discrètement pour les laisser discuter, quand je vais dire ça à Lilie, elle va hurler de joie !

- « Mademoiselle »

Un homme m'accoste, il semble d'un âge avancé, mais c'est difficile à dire avec ces masques, à peine plus grand que moi, il a le regard pétillant, surement dû à l'alcool.

- « Un bourbon sec, rapidement ma jolie»

« Ma jolie » j'en serais presque flattée, si son haleine de ne sentait pas autant l'alcool et s'il ne prenait pas ce ton sec et supérieur. Il a surement l'habitude qu'on lui obéisse sans discuter, sa maman ne lui a pas appris les petits mots de politesse. Aller, on reste calme, ce n'est pas la première fois que j'ai à faire à quelqu'un d'émécher et de peut-être (certainement con).

Je suis vraiment une connasse par moment ! Mais si je l'admets et l'assume, ça m'excuse un peu. Non ?

- « Je vous l'apporte tout de suite Monsieur » je lui souris.

Je me dirige vers la cuisine assez rapidement sentant son regard qui me suit, ce qui me met mal à l'aise, il est ici le lourd de la soirée, je vais lui apporter rapidement son verre et reprendre mon travail sans le recroiser, enfin, j'espère.

Je pousse la porte battante avec mon dos, soulagée de ne plus être dans sa ligne de mire.

Dans ma hâte, je rencontre un obstacle, je ne pense pas qu'un mur ai été déplacé depuis tout à l'heure, alors je suppose que je viens de rentrer dans quelqu'un, je ne comprends pas encore une fois, pourquoi, je ne peux pas m'empêcher de fermer les yeux, mise à part ne rien voir, ça ne m'aide pas à remonter ou arrêter le temps, ni à trouver la solution miracle qui me sortirais de cette catastrophe imminente, je ne l'ai pas senti venir mais là, c'est certain, ça sent la gaffe !

Dans mon élan, je manque de tomber, mais un bras me rattrape, je ressens aussitôt un courant, surement dû à la peur, ça me fait toujours cette sensation étrange, quand je suis sur le point de tomber et de me faire mal, j'ouvre les yeux, et comme je m'en doutais, je suis toujours au même endroit.

Une espèce de couinement ridicule sort de ma bouche, comme un lapin effrayé qu'on attrape, je ne pensais pas imiter si bien ce petit rongeur !

Malheureusement je n'ai pas le temps de rattraper mon plateau, je ne peux que suivre du regard les flûtes qui viennent se briser à mes pieds dans un bruit fracassant qui me fait sursauter et réagir.

- « Merde merde meeerde » Je marmonne entre mes mâchoires serrées, je suis polie la plupart du temps, mais j'ai quelques défauts aussi.

J'oublie de m'excuser auprès de mon collègue qui m'a relâché, je m'excuse auprès de Mike, je sais qu'il est forcément dans cette pièce.

- « Mike, je suis désolée, je... »

- « Ce n'est rien, Julia ça arrive à tout le monde, c'est le métier qui entre ! »

Je commence à perdre mes moyens complètement honteuse, je me penche rapidement pour ramasser mes dégâts.

Qu'elle idiote ! Me réciter mon mantras une dizaine de fois est vraiment inefficace...

- « Laisse Julia, quelqu'un va s'en occuper, tu vas te.. »

Il n'a même pas le temps de finir sa phrase que je ressens une douleur vive dans le creux de ma main droite. Très vite, le sang se met à couler, je n'y suis pas allé de main morte cette fois.

- « Et re-merde ! Quelle conne ! » Oups j'ai parlé trop fort, heureusement en français !

Je ne sais plus ou me mettre, une sensation qui m'arrive bien trop souvent et je ne maîtrise toujours pas la téléportation, si quelqu'un connait un tour de passe-passe pour disparaitre, je suis preneuse !

Une main attrape la mienne, une grande main douce.

- « Je suis désolé, c'est de ma faute »

Je suppose que c'est mon collègue qui se trouvait derrière moi qui s'excuse, sa voix me semble familière, mais je n'arrive pas à savoir lequel de mes collègues c'est, je ne les connais pas encore assez bien et mon sang cogne si fort dans mes tempes que je n'arrive pas à la reconnaître.

- « Non, c'est moi... »

Je relève les yeux doucement, pour le regarder, son costume ne ressemble pas à celui d'un de mes collègues, il est plus sophistiqué, et même si je ne suis pas experte en la matière, il semble de très bonne qualité. Quand mes yeux se plongent dans les siens, je les reconnais instantanément, des superbes yeux bleus turquoise, des yeux que je n'arrive pas à oublier, des yeux que je rencontre souvent, peut-être un peu trop souvent ces derniers temps. J'ai l'impression d'être dans une situation délicate à chaque fois aussi....

                                                                                    ****

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top