Chapitre 1

À quoi bon commencer par le mot "chou" si cette histoire ne parle pas de choux ?

Après on va me dire que je suis dans les choux.

Rahime était arrivé à moi ingénument. Il venait de se trouver un stage dans notre bourgade fourvoyé, et était naturellement heureux de ne plus avoir à se faire des cheveux blancs en cette occasion :

« Eh ! Au fait Nabil ! Je ne t'ai même pas demandé où est-ce que tu faisais ton stage toi !

- Oh, heu... Je vais travailler à la ferme... Avec Percy, bougonnais-je méprisamment. Ne juge pas ! C'est ma mère qui a choisi... Je n'avais pas d'idée, alors elle s'est énervée et est allé chercher à ma place. Selon elle il s'agit d'un très bon stage puisqu'il me rapprochera de la nature et que je serais tout de même aux côtés de Pokémon. Reste à savoir si Percy acceptera que j'emmène mon propre Moumouton.

- Je ne vois pas pourquoi il dirait non.

- Et toi Rahime. Tu le passes où ton stage exactement ?

- Ouf... Je ne crois pas que c'est mieux. Je vais travailler dans une boulangerie.

- Ah. Bah on sera deux à avoir décroché un stage de merde au moins, concluais-je d'un ton flegmatique.

- Ho là là... Les deux losers. On fait pitié n'est-ce pas ?

- Tu l'as dit bouffis. »

Non pas que j'étais dépité à l'idée d'aller m'occuper d'un élevage ovin, de récolter les pois, ou cultiver le chou frisé... Mais être aussi loin de chez moi, aussi longtemps, sous un toit inexploré, pendant un temps, même déterminé, me foutais les chocottes contre mon gré.

J'aurais voulu être plus fort, faire preuve d'un courage spontané face à cette épreuve inexpérimenté. Mais ce Migalos avait déjà tissé sa toile il y bien longtemps. Je m'étais empêtré dans ses fils comme un idiot de premier choix. Et aussi désemparé que j'étais, je n'arrivais pas à m'en défaire.

Rahime me salua de la main avant de prendre la route de son côté :

« On s'appellera... Bah ! De toute façon tu rentreras chez toi, on pourra se voir le soir.

- Hum... Nan... Je serais hébergé sur place. Le trajet est trop long et pénible pour être fait chaque jour.

- Même par Aile volante ?

- C'est cher, mimais-je une pièce avec mes doigts.

- Et Tarak ? Il ne peut pas t'y conduire ? persista Rahime inquiet de me savoir si loin.

- Nope. Que veux-tu... On ne dirait pas, mais il est extrêmement occupé. De toute façon Percy est une connaissance de mon frère, un collègue en quelque sorte, d'autant que ma mère s'approvisionne et se tourne régulièrement vers lui lorsqu'elle cherche de la viande.

- Et... Ah oui ! La poitrine de Moumouton fumée ! saliva mon meilleur ami entre deux phrases, Mais ça va tout même te faire vachement bizarre!

- À qui le dis-tu ? Bon... Je te laisse prendre ton côté. Je dois vérifier une dernière fois si mes valises sont prêtes, si je ne le fais pas c'est ma mère qui va encore s'en charger. Et tu sais comme elle est avec ses listes à cocher.

- Moui... En effet. Une dernière chose avant de se quitter Nabil.

- Ouaipe ?

- Tu te lèves à quelle heure demain ?

- C'est la seule chose qui te préoccupe ? Ha ha ! Eh bien, chanceux comme je suis, je vais me lever à cinq heures demains, afin d'optimiser le temps.

- Tout compte fait je me lève seulement une demi-heure après. On aura peut-être une dernière chance de se croiser.

- Ha ha ! On dirait que tu ne peux plus te passer de moi Rahime ! remarquais-je avec une pointe d'humour. »

Il rougit légèrement en détournant le regard :

« Oh. »

Puis il décampa :

« Bon ! Passe le bonjour de ma part à ta mère !

- Ha. ha... Compte sur moi... le saluais-je, perdu. »

***

En vérité, suggérer que Tarak était débordé n'était pas totalement faux, c'était lui qui s'était libéré pour pouvoir m'amener à la gare. Et par libéré, j'insinue qu'il avait sacrifié de longues heures de grasse-mat pour son idiot de p'tit frère. Et pour continuer sur la lancée, par idiot de petit frère, c'est un abrutit mal dégourdit pas capable de se trouver un stage par lui-même que je désignais du doigt.

Je ne me tenais pas très haut en estime, et je prenais conscience de mon erreur de ne pas avoir essayé de me servir par moi-même, étant obligé d'avoir recours à la méthode "sos maman" pour me tirer d'affaire. Mais c'est pourtant bien sur une marche plus haute que l'on me jugeait. J'allais être semi-plongé dans un monde d'adulte. Et en mon fort intérieur, ça sonnait comme creux :

« Fouah ! Tu es prêt Nabil ? Tu as ton Moumouton avec toi ? Tes bagages ?

- Oui, oui.

- Oulah ! Tu es drôlement chargé. Donne-moi ton sac.

- Ok, ok. »

Tarak l'attrapa vivement non sans s'empêcher de faire une remarque :

« Tu as mis quoi dedans ?! Des vêtements en plombs ?!

- Des guides stratégiques sur les combats Pokémon. Eh oh ! Tu n'es pas maman ! Tu n'as pas intérêt à cafter !

- Comme si c'était mon genre, bougonna Tarak vexé par ma méfiance, Tu sais bien que je ne dirais jamais ri...

- Oh ! C'est Rahime là-bas, discernais-je aussitôt dans l'obscurité, Je vais lui dire à la semaine prochaine. Commence la route sans moi Tarak.

- Inséparables comme vous êtes... »

***

Tarak m'ébouriffa les cheveux. Surement un signe convivial dans son dialecte personnel de grand frère qu'il aime exercer sur moi. Je lui lâchais un sourire radieux, me privant le plaisir de lui sauter au cou pour lui dire au revoir.

Cette scène restait embarrassante pour moi, on aurait dit des adieux alors qu'il ne s'agissait que d'un simple :

« À la semaine prochaine, coupa mon frère, Ton train va arriver d'un moment à l'autre. Tu as bien ton ticket au moins ?

- Mais... Je n'ai plus dix ans !

- Ha ha ! Je plaisantais, hurla-t-il sur le quai en me regardant décoller. »

Je lui souris, avant de lui faire de grand signe à travers ma fenêtre. Mon grand frère préféré.

...

..

.

C'était l'apocalypse dans ma tête.

Il fallait tout de même que je mette ma rancœur de côté afin d'en profiter.

J'allais voler pendant une semaine de mes propres ailes.

Enfin...

On me suspendait toujours par la taille en soufflant sur mes plumes.

Il ne fallait pas croire que j'allais les battre tout seul, ses ailes.

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