Partie 2.6
Une douce odeur de pancakes et de café vient chatouiller mes narines m'incitant à ouvrir les yeux. Le drap à mes côtés est déjà froid ; Adam doit être levé depuis un petit temps. Je frotte mon visage avec énergie et réactive ma circulation sanguine ce qui a pour effet de me réveiller complètement. Etape par étape, je sors de mon lit, traine les pieds jusqu'à la cuisine et salue Adam d'un câlin. Mes bras s'enroulent autour de sa nuque alors que sa concentration est braquée sur son ordinateur, une assiette de pancakes au sirop d'érables au milieu de la table. Son sourire s'illumine face à moi, debout, dans un état normal. Je me sens juste encore un peu patraque, probablement, la conséquence de mon malaise hier soir.
- Bonjour ma marmotte ! Bien dormi ?
- Bonjour toi ! Oui oui. Dis, il est quelle heure ?
- Onze, tu viens de faire une nuit de plus de treize heures, rigole-t-il.
- Mais pourquoi tu ne m'as pas éveillé pour aller en cours.
La panique monte en moi, occupe chaque centimètre carré de mon corps. Il n'a pas fallu plus de quelques jours pour que je déserte les auditoires. Si je commence ainsi, jamais, je n'arriverai à suivre un an et à réussir mon année. J'ai peur d'échouer. Mais aurais-je été capable d'aller écouter Adrian pendant des heures ? Absolument pas et j'aurais été encore moins capable d'entendre ses remarques sarcastiques. Soit, aujourd'hui, je prends du temps pour moi et cette journée va commencer par un excellent petit-déjeuner, préparé avec amour. De la cuisine, je passe au salon où je m'affale dans le fauteuil, une couverture autour des épaules et un épisode de la série Lucifer à la télévision. Rien ne m'aide à me détendre ! Je ne comprends toujours pas comment je me suis retrouvée dans cette espèce d'état second, à moitié droguée, sujette aux allusions ou alors je suis occupée de sombrer dans la folie. Je devrais peut-être retourner en cours, apprendre et comprendre ce qui se passe en moi. En sursaut, je me redresse, éteins mon épisode et me précipite sous la douche.
- Qu'est-ce que tu fais ?
- Je vais en cours !
- Quoi ? Nolwenn, non, c'est hors de question. Tu restes te reposer ici jusque demain. Tu ne vas pas mourir pour une simple journée.
Je me dégage de son emprise décidée à y aller mais à son regard, je sais que de son côté lui ne va pas céder d'aussitôt. Ceci dit, je n'ai ni l'envie, ni la force, ni le temps de débattre avec lui ce qui me laisse au final qu'une solution : l'emmener avec moi. Je lui pose ma proposition en sachant que de tout manière, il n'ira pas à ses cours. Mon regard s'ancre dans ses yeux sans faiblir. Ce combat dure quelques longues secondes avant qu'il acquiesce dans un grand soupir.
Sa main se glisse dans la mienne, direction le cours d'Adrian. Je ne peux empêcher une onde de stress qui grimpe jusqu'à mon cerveau. Mon plan va échouer ; Adam et Adrian se connaissent, mon conférencier n'acceptera jamais de le laisser rentrer, d'autant plus que ce n'est pas l'amour fou entre eux. A cette heure-ci, les rues avoisinantes sont pratiquement vides ; en effet, la majorité des étudiants sont en cours, cours commencés une quinzaine de minutes avant notre arrivée pour le moins indiscrètes.
- Mademoiselle ! Jeune homme ! nous interpelle Adrian. Depuis quand est-il permis d'être en retard ? N'est-ce pas la première leçon de politesse que vos parents vous ont appris dès votre plus jeune enfance ? Mais rejoignez-moi, allez-y ; descendez !
La honte s'affiche sur mes joues par une couleur rouge pivoine. Il va s'amuser à nous humilier, moi et Adam, devant plus de quatre cents jeunes. Chaque pas dans sa direction me pèse plus que le précédent. Mes doigts resserrent de plus en plus ma poigne sur la main de mon bien aimé. Interdiction de flancher et de baisser les yeux !
- C'est étrange qu'une nouvelle fois vous me preniez en grippe alors que vous n'avez jamais rien reproché aux autres retardataires !
- Ne vous braquez pas ainsi enfin ! Je me questionnais seulement sur l'identité de ce jeune homme, s'explique Adrian bien trop rieur à mon goût.
- Parce que vous connaissez la tête de chacun de vos étudiants ?
J'ai conscience de jouer à un sacré jeu dangereux avec mon très cher professeur mais je ne peux pas m'en empêcher, curieuse de voir jusqu'où il est prêt à aller. D'après sa réaction, la réponse est loin ! Il se déplace jusque dans mon dos, place ses mains sur mes bras et les caresses délicatement. Tétanisée, je suis incapable de le repousser malgré l'air furieux d'Adam qui évite de faire encore plus remarquer. Je n'ose même pas imaginer le nombre de pensées déplacée, voire perverses, que peuvent avoir à cet instant précis les spectateurs de cette scène douteuse. Une sensation de bestioles qui s'installent sur ma peau finit par me sortir de ma torpeur et je la chasse négligemment du revers de la main. Vivement l'hiver que ces horribles mouches et compagnies disparaissent !
- De visages, oui, Nolwenn ! Va t'asseoir et arrête de faire l'intéressante qui veut l'attention du monde entier sur elle, souffle Adrian.
Sans un mot supplémentaire, je me précipite tête basse vers les premières places de libre, Adam sur mes talons. Tant bien que mal, je tente de me concentrer sur le cours mais entre l'humiliation vécue, la fatigue et la colère, Adam a probablement eu raison ; j'aurai dû rester à la maison pour me reposer. Ma tête tombe d'ailleurs lourdement sur son épaule alors que je ferme les yeux quelques instants. J'ai la sensation d'avoir pris un coup de massue, d'être sonnée, perdue dans un espace entre conscience et inconscience. Mes atroces sensations de la veille ressurgissent : mal de tête, vertiges, nausées. Je me tiens fermement à mon siège pour ne pas me laisser partir.
- Nolwenn ? Nolwenn ?
(14/06/2019) Bonsoir,
Un petit chapitre qui nous apprend pas grand chose si ce n'est que notre Nolwenn ne va pas vraiment mieux... De quoi s'inquiéter, je trouve...
MERCI DE ME LIRE ❤
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