Prologue

Un peu fébrile, je suis le reste de mes camarades, le long du couloir brillamment éclairé. Mes yeux furètent partout, n'arrivant pas à se focaliser sur quoi que ce soit de bien particulier. C'est tellement différent de tout ce que j'ai pu connaître jusqu'à présent.

Depuis seize ans maintenant, je vis avec mes autres camarades dans de petites maisons en pierre qui ne comportent bien souvent que trois chambres au grand maximum. Lorsque nos mères ont six ou sept enfants les uns derrière les autres, c'est un peu compliqué pour caser tout le monde. Mais nous arrivons tout de même à dormir sur un matelas, c'est le principal.

Et puis, pour le moment, nous n'avons pas grand-chose à faire en dehors d'aider les femmes avec les plus jeunes. Nous sommes des sortes de nourrices pour les femmes trop sollicitées par leurs marmots.

Un vampire énorme ouvre soudain une double porte devant nous, et nous aboie d'entrer et de nous mettre en rang dans le silence. Je suis la file devant moi, et me retrouve en plein milieu de la salle. Je pense que c'est la meilleure place.

Parce que je ne suis pas devant, je ne risque donc pas de me faire repérer tout de suite. Il va falloir attendre que le chef pénètre un peu plus les rangs avant de me remarquer. Même si mes cheveux roux ne me laissent pas beaucoup de tranquillité. Depuis mon plus jeune âge, je suis vite repéré à cause d'eux.

Mais c'est aussi une bonne place, parce que je ne serais pas dans les derniers à être affecté. D'après les échos qu'on a pu avoir des reproducteurs qui reviennent dans le camp après la cérémonie d'affectation, les derniers sont le plus souvent ceux envoyés pour travailler en usine. Et je n'ai pas vraiment envie de me retrouver là-bas.

Théoriquement, vu la place que j'occupe, je devrais faire partie de ceux qui iront dans une société de services. Je risque de me retrouver à faire le standardiste dans une société quelconque, ou encore homme de ménage.

Bien que nous n'ayons pas beaucoup d'espoir en grandissant comme nous le faisons, j'avoue que depuis quelques années, un rêve grandit peu à peu en moi. J'aimerais être capable de suivre des cours de cuisine et pouvoir travailler auprès de grands-chefs. Ils ne sont plus vraiment nombreux, mais d'après les légendes, il existait il y a plusieurs dizaines d'années des hommes et des femmes qui se défiaient de par le monde pour être le meilleur cuisinier. Et c'est à ces gens-là que j'aimerais ressembler un jour.

Après, tout dépend où je serais envoyé aujourd'hui !

Avant de venir dans cette pièce immense, j'ai dit au revoir à ma mère, puis à mes différents frères et soeurs. Ou en tout cas, ceux que je connaissais. C'est à dire ceux qui étaient issus de notre mère. Comme j'ignore complètement qui peut bien être mon géniteur, je ne sais pas si j'ai d'autres frères et soeurs.

En tout cas, j'ai dit adieu au dix qui resteront avec maman, et ça m'a fait mal au coeur. Je ne pensais pas que ça me ferait aussi mal. Après tout, nous sommes tous élevés dans cette optique que nous devons servir les vampires. Nous ne naissons que dans le but d'être leurs esclaves. Après, c'est le chef qui décide ce qui nous conviendrait le mieux.

Mais j'ai préféré leur dire au revoir, car j'ai quasiment aucune chance de les revoir après la cérémonie de répartition. Seuls les reproducteurs, et les génitrices seront autorisés à retourner dans le camp nursery. Et avec la tête que j'ai, je ne risque pas de donner mon patrimoine génétique.

Qui voudrait d'un roux ?

Cela fait bien dix minutes qu'on nous a fait entrer dans cette pièce, et de petites conversations commencent doucement à se faire entendre. Nous sommes tous autant sur les nerfs les uns que les autres, et discuter entre nous nous permet de faire un peu baisser la pression.

Le silence se fait d'un seul coup tandis que les grandes portes par où nous sommes passées tout à l'heure sont poussées dans un geste brusque, et qu'un homme absolument magnifique ne pénètre d'un pas martial. Son regard hypnotisant s'attarde sur les premiers rangs, et je me félicite une fois de plus pour avoir réussi à me mettre en plein milieu.

Je n'arrive pas à détacher mon regard de cet homme superbe. Je viens de passer ses dernières années entouré d'hommes très sexy, et de femmes toutes aussi belles, mais il y a comme une vibration qui émane du vampire et qui me met les nerfs en pelote. Comme s'il exerçait une attraction étrange sur moi.

Mes yeux ne loupent pas le moindre mouvement qu'il pourrait faire, captant même le plus infime geste de ses doigts. Même ses cheveux n'échappent pas à mon contrôle. Ils sont d'une couleur incroyable et semblent tellement doux.

Je me secoue doucement, ne comprenant pas vraiment les pensées quipassent par ma tête. Jusqu'à cet instant, il ne m'était encore jamais arrivé de regarder un homme de cette façon. Depuis ma plus tendre enfance, on m'a bien expliqué qu'un homme devait aller avec une femme afin d'avoir la possibilité de se reproduire. Mais seuls ceux choisis pour être des reproducteurs auront la possibilité d'avoir des enfants.

Pour tous les autres, c'est passage par la case stérilisation avant d'être envoyé vers les sociétés ou les usines. Les vampires ont préféré mettre des gardes-fou pour éviter de se retrouver avec une révolution.

Quoi qu'il en soit, ce vampire déclenche de drôles de trucs en moi, et j'aime pas vraiment ça. Je baisse donc les yeux, les gardant braqués sur le sol en béton, écoutant le discours qui est prononcé par sa voix mélodieuse et absolument sexy.

Je lève les yeux au ciel alors que ses mots passent dans ma tête, avant de me concentrer sur les paroles prononcées.

« Vous êtes tous arrivés à votre seizième anniversaire, et il a présent temps pour vous d'entrer dans le monde. Comme vous le savez certainement, vous allez aujourd'hui être réparti parmi quatre corps de métier. Ce choix sera fait par moi en fonction de ce que je lirais en vous.»

Quelques messes basses se font entendre, vite éteintes par le regard noir lancé par le vampire. Le stress grimpe lentement en moi. Je n'ai vraiment pas envie de finir à l'usine. Il paraît que les hommes et les femmes envoyés là-bas ne vivent jamais vieux. Mais le pire serait de finir esclave de sang. Ceux-là dépassent rarement les quarante ans.

De toute façon, peu importe ce qui est choisi pour nous, les humains n'ont pas vocation à vivre vieux. Les reproducteurs sont éjectés des camps lorsqu'ils deviennent impropres à la reproduction. C'est à dire lorsque leur système ne récupère plus assez vite.

J'ai vu un homme se faire éjecter deux ans plus tôt parce qu'il n'avait pas réussi à satisfaire plus de quatre femmes dans une seule journée. J'ignore ce qu'il est advenu de lui, mais toujours d'après les rumeurs, les reproducteurs trop vieux pour faire leur métier sont vendus comme esclaves de sang pour les vampires les plus démunis à un prix moindre que d'ordinaire.

Ceux qui travaillent en usine sont usés par le travail. Le plus souvent, les patrons les font travailler plus de quinze heures par jour, avec très peu de pause. L'organisme à du mal à suivre à ce rythme, et arrivés vers cinquante ans, il lâche complètement.

Lorsque l'on est envoyé dans une société un peu moins usante, on peut aller jusqu'à soixante ans, mais la fatigue fait tout de même son office, et une fois de plus, le corps lâche lamentablement. De plus, dans ce genre de société, les vampires préfèrent avoir affaire avec des gens plus jeunes, alors le plus souvent, vous changez de corps de métier en cours de route.

Et enfin, ceux qui sont vendus comme esclaves de sang. Là encore, ce que j'en sais ne provient que des on-dits, et ça n'a pas l'air folichon. En tout cas, ça ne donne pas envie. Il paraîtrait que les vampires qui prennent votre sang, vous prennent aussi votre vie. Je ne sais pas trop comment ça peut fonctionner, mais en tout cas, les humains choisis pour ce rôle vivent encore moins vieux que les autres.

« Lorsque je passerais devant vous, j'annoncerais la catégorie où je vous envoie, et mon second vous donnera tous les documents nécessaires et vous indiquera le chemin pour vous y rendre. Je ne veux aucune contestation. Je suis celui qui décide. Le premier à aller à l'encontre de mon choix sera tué sur le champ. Me suis-je bien fait comprendre ?»

Un silence de mort règne dans la pièce durant plusieurs minutes, avant qu'il ne se mette en route vers le premier garçon de la première ligne.

Nous ne sommes pas extrêmement nombreux cette année. A peine une quarantaine de jeunes de seize ans. Pourtant, le vampire passe plusieurs minutes avec chacun. Certainement pour être sûr de ne pas faire de bêtise.

Les minutes passent. Longues et ennuyeuses, lorsque soudain, je sens un frémissement face à moi. Je relève lentement la tête pour plonger dans les yeux les plus bleus qu'il m'ait été donné de voir. Je me retrouve fasciné par leur couleur incroyable, et mon souffle se bloque dans ma gorge en voyant l'éclat briller en leur centre.

J'ignore ce qu'il se passe chez le vampire, mais je le sens aussi hypnotisé par moi, que je lui suis par lui. J'ai le sentiment qu'il reste beaucoup plus longtemps avec moi qu'il ne l'a fait avec les autres.

Le raclement de gorge de son second derrière lui semble le ramener à l'instant présent et je rougis violemment, baissant rapidement les yeux. Le vampire fait un pas en arrière, se passant une main dans les cheveux, et j'ai presque l'impression de le voir renifler autour de lui.

Il se replace face à moi, posant un doigt sous mon menton pour me relever la tête à nouveau, et la sensation de sa peau contre la mienne me fait frissonner. Un léger sourire étire ses lèvres, et cela ne fait que le rendre encore plus beau qu'il ne l'est.

J'halète durement lorsque je vois sa langue passer sur sa lèvre inférieure, avant de frôler ses crocs qui sont assez impressionnants.

- Monsieur Williams. Que voulez-vous faire de ce jeune homme ?

Le vampire détourne le regard de moi, sans jamais lâcher mon menton, pour regarder son second et le fusiller du regard, avant de me regarder à nouveau.

- Reproduction !

J'ouvre de grands yeux étonnés, certain qu'avec ma couleur de cheveux, je ne serais jamais sélectionné pour donner mes gènes. Le second semble tout aussi surpris que moi, car il s'avance pour chuchoter à l'oreille du chef :

- Vous êtes sûr ? Il n'a pas le profil.

Le grand chef me lâche enfin pour se tourner totalement vers son second, le regard noir de colère. Son visage à quelques millimètres de son second, il lui dit dans un souffle :

- N'as-tu pas entendu ce que j'ai dit tout à l'heure ? Si une personne conteste mes décisions, je le tue ! Contestes-tu ma décision ?

Je vois le second avaler difficilement sa salive, avant de secouer la tête sans ajouter un mot de plus. Le grand chef m'accorde un dernier regard, puis un sourire amical, avant de se planter devant mon camarade à ma droite.

Je respire enfin à peu près normalement, et accueille le second avec un léger soulagement. Au moins, je ne vais pas finir esclave de sang, c'est déjà ça.

On me demande tout un tas d'information, comme la première fois où jeme suis masturbé, quelle quantité de sperme environ est sortie, etc. Je suis un peu mal à l'aise, mais vu ma nouvelle position, j'y réponds tout de même, avant d'être emmené le long d'un couloir dans une grande pièce blanche ou des garçons et des filles du même âge que moi ont déjà été emmenés.

On me fait tout un tas d'examen, prélevant du sang, du sperme, me mesurant, me pesant et me posant encore des questions indiscrètes. Puis, après ce qu'il me semble des heures, nous sommes tous de retour dans le camp nursery.

Mes frères et soeurs me sautent dessus, heureux de me retrouver. J'explique alors à ma mère ce qu'il s'est passé, et je la vois froncer les sourcils, de toute évidence dérangée par ce que jeviens de lui dire.

Je hausse les épaules, m'en moquant totalement. J'ai échappé à une drôle de vie tout de même. Même si je ne finis pas ma vie ici, j'aurais au moins passé la première partie à baiser comme un malade !

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Hello mes poulets !

Et me voilà de retour ! Vous voyez, ça n'aura pas été trop long !

Allez haut les cœurs les amis !

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